Récits et Légendes de Venise

Le Tintoret dans les églises de Venise

chefs d'oeuvre, surprises et facéties

v4w 20240312

note  : cette page web est différente du document du même nom, qui a du être réduit par manque de place. Elle présente toutes les églises contenant des oeuvres du Tintoret à Venise.


 

Introduction

Jacopo Robusti est né le 29 septembre 1518, son père était dans la teinture sur soie, venant probablement de Lucques, capitale de la Toscane, où les guerres en Italie (principalement avec Florence) avaient fait fuir nombre d'artisans au 14ème siècle, et que Venise accueillit et protégea volontiers.  En effet Lucques, au nord de Pise, avait développé dès le 11ème siècle le travail de la soie. Cette cité, indépendante, passe de mains en mains à l'empire germanique, puis à la France en 1334, pour finir sous la domination des Pisans en 1342. Son histoire, très agitée, continuera avec des intermèdes d'indépendance et de soumission. De très nombreux ateliers de soie fuirent la ville pour s'installer en nombre ailleurs, dès le 14ème siècle à Venise ou à Lyon en 1494, où l'industrie de la soie se développa rapidement.


Un autoportrait de 1547.

En 2007 on découvre que son père s’appelait Comin, donc lui aussi !

Le nom honorifique Robusti a été donné à son père en 1511 après la défense de Padoue contre la Ligue de Cambrai en guerre contre Venise (France, Empire germanique, Espagne, puis le Vatican, qui retournera sa veste pour rallier Venise), et son père et ses descendants ont gardé ce nom.

Petit, il est doué pour la peinture,  et utilise les couleurs de son père, repeint les murs de l'atelier.

Il part en apprentissage chez Le Titien en 1530 (mais ce n’est pas sûr).

Celui-ci, voyant ses dons, le renvoie, et deviendra son plus grand adversaire

En parallèle il étudie les chefs d’œuvre de Michel Ange, de Schiavone, Paris Bordone et Véronèse qui sera son grand concurrent plus tard. Sa devise dans son atelier ouvert en 1539 est « le dessin de Michel Ange et la couleur du Titien.

 

Le Tintoret s’imprègne très tôt du courant maniériste toscan et romain.

Le Maniérisme est un courant artistique dérivé de Raphaël et Michel Ange, qui débute à la fin de la Renaissance (1520) en réaction à l’art classique qui demande la perfection des corps et de la perspective, entre autres règles.

Il introduit le mouvement, la gestuelle.

On délaisse l’art de la perspective classique dite Albertiste pour des artifices élaborés (doubles points de fuite).

 

Très tôt il entre dans le cercle fermé des protégés de l'Arétin. Mais cela ne s'est passé tout seul : il médisait sur le Tintoret, et un jour, ils se croisent et le peintre sans se démonter  lui propose de faire son portrait. Dans son atelier, il prend alors un grand couteau tranchant et s'approche de l'Arétin assis; celui-ci est terrorisé, quand le Tintoret lui dit "c'est pour prendre vos mesures !". Du coup ils deviennent amis. Pierre L’Arétin est un poète et collectionneur lettré influent, réfugié à Venise après le sac de Rome par Charles Quint en 1527. Il l’introduit dans la noblesse vénitienne et les artistes, et lui permet de découvrir le maniérisme de son ami Schiavone, de Pontormo ou Parmesan, ainsi que les œuvres de Michel Ange à Rome.


Dès 1540, il peint surtout des portraits pour les Patriciens vénitiens, il en fera toute sa vie. Les commandes affluent et sa réputation grandit à Venise.

A 23 ans il a sa première grande commande en 1541, du Noble Vettor Pisani qui lui demande 16 fresques sur les Métamorphoses d’Ovide.

En 1545 l’Arétin lui demande 2 tableaux mythologiques et lui donne 1 mois après, l'Arétin s’étonne et se vexe de sa rapidité d'exécution.

 

Car le Tintoret peint à une vitesse incroyable, fait énormément de dessins de personnages, mais fait rarement des esquisses préparatoires, et souvent commence directement ses tableaux sur place. On le surnomme Il Furioso ou Il Terribile.

Il utilise des maquettes de scènes de théâtre et il fabrique de petites figurines en cire qu’il modèle et examine sous toutes les coutures pour constater les ombres et les lumières, les statures des corps, les positions relatives.

Il fera ainsi toute sa vie.

En 1547 il s’installe à Cannaregio dans cette maison sur la Fondamenta dei Mori. Sa plaque est toujours présente sur la façade, avec son Hercule et sa massue.

 

Hormis les commandes pour la noblesse, il peint surtout des scènes mythologiques ou chrétiennes, particulièrement dans les églises de Venise. J’en compte 24. En 1548 il peint le miracle de Satin Marc sauvant l'esclave pour la Scuola di San Marco (aujourd'hui à l'Accademia), et devient très connu. 

On visitera les églises une à une et par sestière, plutôt que de faire une description chronologique des œuvres du Tintoret présentes à Venise. Cependant dans cette nouvelle version très différente de la première, nous ne détaillerons  que quelques églises, pour laisser la place (et surtout le temps) de développer les trois autres sites riches en œuvres du peintre : la Scuola di San Rocco, le Palais des Doges, et l'Accademia.

 

NOTEZ BIEN : sur presque chaque tableau, il y a des surprises étonnantes !  Je vous demanderai de découvrir la partie surprenante que le Tintoret a glissée volontairement et qui ne se voit pas immédiatement.


Où voir des Tintoret ailleurs ?

Le Tintoret est aussi présent dans le monde entier :

 

Mais aussi … A Lyon au Musée des Beaux-Arts, avec 2 tableaux

 La Vierge, Sainte Catherine et les Saints Augustin, Marc, et Jean Baptiste, 1545, très classique.

Mais SURPRISE ?

Avez-vous remarqué comment il a peint le lion de Marc en touffe de poils informe ??

Danaé et la pluie d'or

L'histoire : le roi d'Argos Acrisios, marié à Eurydice, enferme sa fille, suite à une prédiction d'un oracle, dans une tour d'airain close par d'épais barreaux au sommet, pour qu'elle n'ait pas d'enfant qui deviendrait son parricide.

 

Thème classique oedipien …

Mais Zeus se transforme en pluie de pièces d'or, traverse les barreaux, et conçoit avec elle un fils, Persée.

La prophétie, comme pour Œdipe, se réalisera : lors d'un tournoi, Persée rate sa cible et touche mortellement son grand père spectateur.

La SURPRISE dans ce tableau ?

Danae est dans un magnifique salon avec de belles ouvertures donnant sur la campagne alors qu'elle est censée être enfermée dans sa tour.

Le Tintoret à Dorsoduro

Dorsoduro est le sestiere le plus à l’ouest. Très peu de monde à part les locaux avec leur rame ou leur panier de commissions. Des canaux et des palais, la seule jardinerie à Venise, qui se visite, des façades, bref une ambiance minérale et sereine qu’on ne retrouve nulle part ailleurs.

On y trouve Le Tintoret dans Madonna dell Orto, San Felice sur la Strada Nova, et San Marcuola sur le Grand Canal.

Santa Madonna dell'Orto

On le trouve d'abord à Santa Madonna del Orto ("SON" église, puisqu'il a tout fait dedans hormis quelques toiles, à San Marcuola, et à San Felice.

Son père habitait tout près, et lui-même s'installe en 1547 sur la fondamenta dei Mori dans la maison qu'on a vue, à moins de 100m de cette église.

Créée en 1377 pour abriter une statuette de Marie miraculeusement tombée dans le jardin d'un sculpteur, elle est refaite en 1399, terminée en 1476. La façade remarquable date de 1464, Le Tintoret en décore tout l'intérieur.

A voir aussi sans faute : la tombe des Tintoret, la sacristie avec la petite statue, le cloître si ouvert.

En 1552 il peint l'orgue de l'église, dont il nous reste un pan et 2 vantaux exposés ici. Plus tard vers 1560, concurrencé par son rival Véronèse sur des commandes importantes, il approche les chanoines de l'église et leur propose 2 toiles gigantesques.

Présentation de Marie au Temple

 (nef droite au fond près de sa tombe, mal éclairée mais extraordinaire)

Pour moi c'est un chef d'œuvre absolu, avec une composition  typique du peintre. On est en contre plongée, et les personnages, principaux sont dans un cône de lumière courbé.

DETAILS SURPRENANTS ?? 

L'escalier possède 15 marches, c'est une référence aux 15 psaumes 120 à 134 que récitaient les pèlerins montant à Jérusalem.


D'autre part, les contremarches sont identiques à celle de l'escalier des Géants du palais des Doges. 


Sur la gauche dans l'ombre, les voleurs, les estropiés, les Pharisiens qui assistent subjugués au spectacle.

Marie est née de Joachim et Anne, parents alors très âgés, mais un ange leur apparut et ils purent concevoir une fille.

Son parcours n'est pas dans le Nouveau Testament, mais dans le protoévangile de Jacques au 2ème siècle, d'où la vénération pour Marie est née. En 431 le concile d’Ephèse la définit comme mère de Dieu. Toute église a une statue de Marie.

Elle ira croissante avec plein de légendes sur sa vie, presque toutes inventées mais nécessaires pour assoir son culte dans la religion chrétienne.

 

Juste pour comparer, voici la Présentation de Marie par Le Titien de 1534.

Ca n'a rien à voir, c'est plus léché, mais assez froid.

 

Revenons à Madonna dell'Orto.

Au premier plan, au centre, une femme et son enfant montrent l'escalier.

SURPRISE ??

Ce n'est ni Anne ni Marie. On dit que c'est sa femme Faustine et sa fille Marietta, peintre aussi très talentueuse et morte jeune à 45 ans. Les Robusti eurent 8 enfants, en plus de Domenico son fils adultérin qui l'a assisté dans ses oeuvres et a lui-même peint quantité de tableaux aussi

Noter la position de Marie, tout en haut perdue dans ce décor grandiose et ces personnages. C’est une invention typique aussi du Tintoret qui souvent placera le personnage principal ailleurs qu'au centre comme l'art classique le faisait (on le verra encore mieux dans le Lavement des pieds plus loin).

 

Marie se trouve donc tout en haut, éclairée, devant le Grand Prêtre Zaccharie, et l'obélisque symbolise l'Orient.

Noter le ciel blanc puis marron, les couleurs franches, parfois acides et les contrastes violents.

Tout au fond, on pense que le vieillard qui assiste à la scène est son père Joachim (mais rien de certain).

L'abside

A droite du choeur, le Jugement Dernier, avec une foule de personnages dans toutes les positions, un désordre incroyable, comme avec Michel Ange à la Sixtine, mais il y a plus de mouvement. On retrouve les classiques de Michel Ange, du Titien ou de bien d’autres (voir la mosaïque incroyable à Torcello dans Santa Maria Assunta. 

Le Christ et les Elus en haut qui font le tri en pesant les âmes, à droite la descente aux enfers, à gauche les humains jugés bons montant du Purgatoire, en bas l’enfer et les diables.

Le tableau fait plus de 14 mètres de hauteur.

Curieux : on le date de 1559-1560, d’autres rapportent 1562-1564, et d’autres 1544 !!

Le choeur

Dans le chœur derrière l'autel, au centre une Annonciation de Palma le Jeune, de chaque côté Saint Paul, et Saint Pierre peints par le Tintoret (ils faisaient partie des battants de l'orgue).Et on devine sur les côtés les 2 immenses tableaux.

Coupole du choeur

En haut, au centre la Foi de Pietro Ricci (l'une des 3 Vertus théologales avec l’Espérance et la Charité), et du Tintoret les 4 Vertus cardinales (définies par Platon et Aristote puis Cicéron, et reprises par les Chrétiens), l’ensemble peint en grisailles superbes.

Le Tintoret avait un don extraordinaire pour peindre les femmes, il en mettra partout, même dans des lieux improbables comme la Cène ! 

 

A droite la Force d’âme (glaive) et la Prudence (miroir et serpent).

A gauche, la Justice (balance) et la Tempérance (2 récipients avec l'eau coulant de l'un à l'autre).

Ces femmes magnifiques sont étirées, tordues, très dynamiques, à la mode maniériste.

A gauche, le Veau d'or

Noter les contrastes violents entre ombre et lumière, et la femme en bleu dont le corps est étiré et courbe, qui doit mesurer plus de 2 mètres.

SURPRISE ?? Coquin, le Tintoret s'est représenté en porteur du Veau d'or, devant cette femme, et les autres pourraient être Giorgione, Le Titien et Véronèse.

On compte (selon les spécialistes) 10 scènes différentes ajustées dans le tableau.

SURPRISE ENCORE ? Cette scène étonnante des femmes superbement habillées (en plein désert !!!) et alanguies sous une tente. Elles regardent passer le Veau d’Or d'un air distrait, et le défilé infini des Juifs derrière et reniant leur Dieu.

 

Il y a bien d'autres tableaux du Tintoret, et aussi de son fils adultérin Domenico qui l'a assisté  toute sa vie (jusqu'au Paradis au Palais des Doges), avec un style semblable mais plus léché.  Un exemple :

Détail du Miracle de Saint Agnès (1577)

Son histoire est un grand classique : jeune chrétienne romaine elle est courtisée par le fils du préfet de Rome, qui lui ordonne de se convertir aux dieux païens. Refusant bien sûr, elle est dénudée et envoyée dans un lupanar pour être livrée à la prostitution, mais des cheveux lui  poussent sur tout le corps.

Un ange transforme le lupanar en lieu de prière. Le fils amoureux arrive mais un démon l'étrangle.

Alors Sainte Agnès ressuscite le fils sous les yeux du Préfet accouru.

Le préfet toujours en rage ordonne qu'elle soit brulée, mais ce sont les bourreaux qui prennent feu. Elle est ensuite égorgée, fin (303)

Je ne peux pas montrer tout ce qu'a peint le Tintoret ici, avec l'assistance de son fils Domenico, mais on est bien dans l'église du peintre.

San Felice

 

Quittons Madonna dell Orto pour San Felice, sur la strada Nova (grande rue large qui relie la gare au Rialto).

Elle a été pillée par Napoléon, (dont une Cène qui est restée au Louvre) et ce qu'on y trouve provient d'ailleurs mais elle vaut le coup.

Un seul tableau y est resté, qui représente Demetrius, un militaire Grec de Salonique.

 

SURPRISE ??

Le Tintoret l'a vêtu en Romain avec son armure, dont on ne sait pas grand-chose, sinon qu'il a été persécuté pour prosélytisme chrétien.

 

Dans ce tableau de 1545, on y voit comme souvent le commanditaire Zuan Guisi.

Les Gesuiti

L'église des Gesuiti est un joyau extraordinaire, recouvert de marbre de bas en haut, il ne faut pas la rater car elle est très différente des autres églises.

Elle se trouve près de Fondamenta Nove au nord de la ville.

Ici le tapis qui recouvre le sol en marbre est en marbre.

Là les voilages de la chaire sont aussi tout en marbre.

Le Tintoret y a peint une Assomption assez classique, mais de toute beauté (1555).

San Marcuola

San Marcuola, c‘est aussi l'arrêt du vaporetto 1, pratique. Très belle église bien entretenue, même si on n'a jamais pu terminer la façade de plaques de pierre d'Istrie (comme beaucoup d'autres d'ailleurs).

San Marcuola est une plaie pour les photographes, les permanents qui l'entretiennent interdisent les photos et sont sur notre dos en permanence, mais heureusement on a des astuces si on est deux (l’un prend une photo ouvertement, ils lui foncent dessus, pendant ce temps l'autre peut en faire une autre (mais c'est chaud).

On y trouve une Cène (une œuvre de jeunesse de 1547), considérée comme un de ses premiers chefs d'œuvre.

Le Lavement des pieds

Grand tableau de 5,33m par 2,28m. Mais c'est une copie, l'original est au Prado. Le Christ lave les pieds d'un apôtre. (image wikipedia)

Vous voyez où il est ? Tout à droite.

SURPRISE ?? Bien au centre et au premier plan, un chien. Un clin d'œil au peintre Bassano (il l'a placé dans d'autres tableaux).

Ailleurs, des apôtres à peine concernés.

Un se fait enlever ses bottes.

Un autre sèche ses pieds.

Un autre est contre un pilier et se désintéresse totalement de l'évènement !

A Castello

Passons au sestiere de Castello (est de Venise), mon sestiere favori avec Cannaregio


San Zaccaria

 

Ne pas rater la crypte remplie d'eau et les magnifiques retables dans la sacristie !

 

A San Zaccaria, il a peint une Naissance de Jean Baptiste (et une autre qui est au Musée de l'Ermitage à Saint Petersbourg).

Naissance de Jean Baptiste

Sur le devant de la scène on voit bien les sages femmes et infirmières, et très mal le petit Jean Baptiste.

L'ange qui illumine cette conception est perdu dans un tourbillon lumineux, on ne voit que son bras droit.

 

SURPRISE ??

Pire, les parents Elisabeth et Zacharie sont relégués en haut à gauche ! Et Zacharie le père est presque en dehors du tableau, à peine visible ! C'est tout Tintoret …

San Marco

Dans le sestiere de San Marco, on trouve du Tintoret en 5 endroits : SM del Giglio, San Stefano, San Zulian, San Moïsé, San Giorgio Maggiore. Je ne compte pas le palais des Doges bien sûr.


Santa Maria del Giglio

Superbe église Santa Maria del Giglio (du Lys), refaite en 1778 avec une façade remplie des statues de la famille Barbaro qui a occupé des postes prestigieux dans la République, 

mais aussi décorée de plaques illustrant les villes conquises par Venise (Zara ou Zadar, Herakleion, Corfou, Rome, Padoue, Split), et de navires de guerre vénitiens.Tout à gauche, le kiosque en bois est ce qui reste du campanile détruit en 1774 (trop penché).

On admirera les Sibylles sur la contre façade, les Palma le Jeune et les statues de Gian Maria Morlaiter.

Et aussi le seul Rubens de Venise, du 17ème siècle, de la chapelle de droite aux reliques, représentant la Madone avec Jésus et Jean Baptiste.

 

Au plafond de la chapelle, une Madone à l'enfant du Tintoret, mais cela ne vaut pas le Rubens.

Le tétramorphe selon le Tintoret est représenté de façon hallucinante.


Rappel : le Tétramorphe est la représentation des quatre évangélistes sous leurs formes allégoriques, (l'homme pour Saint Matthieu, l'aigle pour saint Jean, le taureau pour saint Luc et le lion pour saint Marc). Son origine est sans doute dans le Livre d'Ezechiel qui décrit les 4 créatures ailées tirant le char de sa vision. Jean les a sortis de l'oubli en s'en inspirant dans son Apocalypse. Enfin plus tard les Pères de l'église les ont reconnus comme les emblèmes ou attributs des Evangélistes, avec des assimilations fantaisistes et des justifications assez tirées par les cheveux :

·         L'homme (ou ange) de Matthieu car Matthieu commence son évangile par la généalogie de Jésus,

·         Le lion de Marc, car celui-ci débute son évangile en mentionnant un cri dans le désert qui llui fait peur,

·         Le taureau de Luc fait référence à son allusion à Zaccharie au début de son évangile, qui fait un sacrifice à Dieu (mouis, le taureau est un animal de sacrifice …).

·         L'aigle de Jean, car son évangile débute par le mystère céleste.

Hum, c'est limite (er d'ailleurs Marc s'était vu attribuer l'aigle au départ, on a changé mais Venise a gardé les ailes sur son lion !

Le Tintoret y a peint aussi en 1552 les quatre Evangélistes, ici Jean (l’aigle) et Marc (lion).

SURPRISES ??

Le lion est derrière  Marc à peine esquissé, aussi touffu qu'au MBA (dans le tableau de Sainte Catherine).

Quant à l’aigle, il est peut-être à droite de la tête de Jean.


Sur l'autre panneau, Matthieu (avec l’homme ou l’ange, bien visible.

(mais derrière l'ange on distingue une silhouette étrange).

 et Luc (le taureau, totalement au bord gauche avec une corne et un museau noir !).

On voit encore mieux la rapidité du peintre sur les plis de la chasuble de Luc, simples traits rosés ou sombres.

San Moisé

Tout près de la Piazza, San Moise (1668) est ainsi nommé aussi pour Moïse Venier et la famille présente sur la façade. Elle se distingue par son immense maître-autel sculpté de Heinrich Meyrin représentant Moïse recevant les tables de la  Loi, le tout très laid.

On trouve le Lavement des Pieds du Tintoret, avec le même positionnement de Jésus  tout à droite  à l'arrière-plan alors que le reste du tableau est encombré d’une foule de gens.

San Giorgio Maggiore

Je ne vous dis pas où elle se trouve…

On y trouve au moins 4 tableaux du Tintoret.

Un Saint Etienne, premier martyr de la chrétienté (bizarre car c’était un pur juif qui a soit disant blasphémé en prononçant le nom de Dieu),  et qui finit dilapidé. Le Tintoret s'est bien amusé avec les cailloux !

Dans le choeur on y trouve :

La descente de la Manne (1588 ou 1593), le Tintoret est proche de sa mort mais continue à peindre. 

 

SURPRISE ??

Ca devrait se passer en plein désert, avec des Juifs épuisés et affamés puisque Dieu leur envoie de la nourriture, mais ici on voit une grande activité et de beaux habits.

Une Cène, de 1592, presque païenne, très sombre et brouillonne, avec un monde pas possible, Jésus se demande ce qu’il fait là, franchement, le Tintoret parfois exagérait. On est loin de Léonard de Vinci.

Ma photo n’étant pas réussie je montre en attendant celle de Wikipedia …


San Stefano

 

 Je vous ai déjà parlé du campo San Stefano où on peut voir des traces rondes sur les pavés dues aux mortiers servant à fabriquer la thériaque, ce remède miracle aux 65 ingrédients. Ces pavés ont plus de 700 ans !

L’église a le chœur qui se situe exactement au-dessus d’un rio souterrain visible du campo Sant’Angelo derrière.

 

On y retrouve 2 toiles du Tintoret sur des thèmes déjà vus.

Une Cène de 1579,  avec moins de monde que précédemment,

 

SURPRISE ??

Les Apôtres aux tenues bariolées ont l’air plus ou moins avinés. La vérité est que leur excitation se déroule non pas lors de la célébration du pain et du vin, qui a lieu plus tard, mais au moment où Jésus leur annonce que l’un d’eux va le trahir et le livrer. Ils ont pris de stupeur et se questionnent frénétiquement pour savoir qui a trahi.

Et le Christ se trouve en bout de table !!

Et le chien pile au centre.

Autant le Tintoret savait être sérieux, autant il a réussi des coups audacieux avec des toiles religieuses remplies de gags et de surprises.

On peut aussi voir le Lavement des Pieds, avec des Apôtres plus concernés qu’auparavant, mais on ne voit pas vraiment de pieds !!

San Zulian

 

A San Zulian, avec la façade dédiée au Sieur Rangone qui l'a financée, riche commerçant ayant fait fortune dans une potion contre la syphilis, et qui a sponsorisé le

Tintoret dans le fameux tableau de l’enlèvement de Saint Marc à Alexandrie, on trouve encore La Cène (1579).

Le Tintoret était littéralement subjugué par cet épisode de la vie du Christ, et en a peint des dizaines.

 

En fait ce tableau pourrait être de l’école du Véronèse. Si c’est le cas, cela confirme les ressemblances des peintures de l’époque basé sur le maniérisme.

A Dorsoduro

A Dorsoduro, nous trouvons SM de la Salute, les Gesuati, San Trovaso et SM dei Carmini.

Sans compter les nombreux tableaux résidant à l’Accademia.

Les Carmini

L’église des Carmini se trouve près du Campo Santa Margherita.

 

Ne ratez pas la magnifique Scuola juste à côté, et le petit jardin derrière avec une belle vue du campanile qu'on voit de loin.

Le Tintoret a peint une Déposition très laide où le Christ "déposé" de la croix est au-dessus de la tête de Saint Dominique, très bizarre. Sans doute une commande aux ordres très précis des religieux.

Et aussi une Présentation de Jésus au Temple (1541), pas très emballante non plus.

Les Gesuati

 L'église des Gesuati (Santa Maria del Rosario), sur les Zattere, est une superbe église au magnifique plafond de  GB Tiepolo en trois volets (la descente du Rosaire, 1738). La façade est décorée des 4 vertus cardinales, et l'intérieur, en baroque vénitien, est remplie de magnifiques statues de Gian Maria Morlaiter.

La Crucifixion

Tableau réalisé vers 1565 et remis dans l'église rénovée en 1743 après une restauration maladroite du Piazzetta jugée maladroite.

 

SURPRISE ??

Il a  peint 5 femmes au pied de la Croix : en fait il semble qu'elles étaient trois Marie sa mère, une autre Marie de Clopas sa sœur, et Marie-Madeleine, toujours en pâmoison. En tous cas leurs toilettes sont magnifiques !

Mais on ne sait pas comment il en a trouvé 2 de plus.

La Salute

A la Salute, on trouve dans la sacristie Les noces de Cana où Jésus a changé l'eau en vin (1561).

Belle toile assez minutieuse pour Jacopo Robusti. Une copie est visible au Louvre.


Le peintre en a fait bien d'autres, sous des angles différents, sans doute pour embêter Véronèse qui lui aussi en a fait beaucoup (dont une immense qui est au Louvre emportée par Napoléon, avec une copie à la fondation Cini de San Giorgio Maggiore.

San Trovaso

 San Trovaso est une église à 2 entrées pour permettre aux clans ennemis (Arsenalotti de Castello et Nicolotti de San Nicolo dei Mendicoli), d'entrer sans s'écharper. En effet, ils se mesuraient dans des combats bien réglés sur les ponts (sans balustrade évidemment, voir le Ponte dei Pugni le bien nommé au rio San Barnaba).

La Cène

Une Cène hallucinante du Tintoret (ce n'est pas la seule).

Chaise renversée de Judas s'enfuyant avec une énorme bourse

Jean à gauche de Jésus (on le place en général à sa droite),

Pagaille totale autour de la table.

On ne comprend pas mais cela marque les esprits !

A San Polo

A San Polo, le Tintoret est présent à San Cassiano, San Giovanni Elemosinario, San Silvestro, San Polo, San Rocco, et la Scuola di San Rocco à côté contenant plus de 100 peintures.

San Cassiano

San Cassiano est une église incontournable à Venise. Calme, haute de plafond avec des fresques magnifiques, une sacristie extraordinaire, on peut y passer une bonne heure.

La chapelle à gauche du chœur contient 3 toiles du Tintoret.

La Résurrection

La Résurrection avec Saint Cassien et Sainte Cécile (1575), derrière l'autel, difficile à voir, mais

 

SURPRISE ??

Le Christ plane vers le ciel un peu en diagonale, en totale contradiction avec le Concile de Trente (fini en 1563) ayant exigé à l'époque de le représenter vertical. Le Tintoret le savait !

La Crucifixion (1568), vue de profil, considérée comme un des meilleurs chefs d'œuvre du peintre (personnellement je ne trouve pas du tout).

 

Le Christ aux Limbes

A droite le Christ aux Limbes (le royaume des Morts), de la même année, accueilli par Adam, et avec une Eve jugée très sexy à l’époque.

San Giovanni Elemosinario

A San Giovanni Elemosinario (pas loin du Rialto, Ruga Ravano, on ne voit que la grille de l’entrée) et San Giovanni Evangelista (plus loin mais avec sa magnifique Scuola), on trouve des toiles de Domenico son fils qui l'a longtemps assisté dans son atelier.

A San Il y a  un portrait du Doge Grimani et de la dogaresse Morosina Morosini (non montré ici), entourés des mécènes, la Confrérie des Poulardiers (l'église est proche du Rialto et des Beccarie, le marché des bouchers maintenant dédié aux poissonniers (la Pescheria).

San Giovanni Evangelista

 

A San Giovanni Evangelista (ne pas rater la Scuola en face), une Crucifixion, où on voit que le style de Domenico  est légèrement différent de celui de son père (plus précis).

San Polo

A San Polo, il faut d'abord voir le narthex et la série de tableaux magnifiques illustrant la Via Crucis de Gian Domenico Tiepolo (fils de Gian Battista Tiepolo le fameux Védutiste) décrivant la passion du Christ.

La Cène

On peut aussi y voir (encore) une Cène ultra brouillonne, avec Jésus debout pas très calme et des apôtres toujours très indisciplinés. .

Le Tintoret joue avec la lumière et les contrastes, les corps sont étirés, le maniérisme est bien là.

San Rocco

San Rocco subit la concurrence de la Scuola juste à côté, mais elle contient plein de chefs d'œuvre, dont de nombreux Tintoret qui ont fait sa réputation.

Entre autres,

La guérison du paralytique.


Saint Roch guérissant les pestiférés.

Santa Maria Mater Domini (Santa Croce)

A Santa Croce, Santa Maria Mater Domini, toute petite église au coin d'un carrefour, presque invisible, avec une Invention de la Croix et une Sainte Hélène plantureuse.

Cette page continue avec les textes du document, suivi des présentations des oeuvres du Tintoret à  la Scuola di San Rocco, au Palais des Doges et à l'Accademia.


Les Cènes du Tintoret

Il en a peint des dizaines. Au début, assez classiques, mais ensuite il dépeint le plus souvent non pas le moment de l'Eucharistie avec Jésus au centre de la table et faisant la célébration, mais le moment où Jésus annonce que l'un d'eux va le trahir, d'où des scènes hallucinante des Apôtres très énervés.

A  sa décharge, il avait une très grande connaissance du Nouveau Testament et des textes de l'Ancien Testament.

La Cène, le Lavement des pieds, la Crucifixion apparaissant souvent, mais aussi des épisodes  peu connus de l'Ancien Testament.

D'autres tableaux de la Cène sont présents entre autres à

·         San Marcuola (Cannaregio)

·         San Giorgio Maggiore (San Marco)

·         San Stefano (San Marco)

·         San Zulian (San Polo)

·         San Polo (San Polo)

·         San Trovaso (Dorsoduro)

 

Ailleurs dans Venise

Je liste en vrac les autres églises non mentionnées plus haut (par manque de place).

 


San Giovanni Evangelista à San Polo :  La Crucifixion, Domenico.

San Pietro Martire  à Murano : le Baptême du Christ.

 


La Scuola di San Rocco

Impossible de décrire la Scuola et la centaine d'œuvres laissées par le Tintoret pendant 24 ans en quelques pages, je renvoie le lecteur à la page web du site  Menu Palais... Sc di San Rocco qui la présente beaucoup plus en détail

On va donc ici résumer au maximum.


Scuola : association de Laïcs dédiée à une cause sociale : malades, victimes d'épidémies, aides aux pauvres (veuves de pêcheurs, mendiants), enterrements, mutuelle d'assistance dans une Confrérie (bouchers, soyeux, batteurs d'or, pharmaciens, etc).

Elle a un saint Patron, qui fait affluer les dons (pèlerins, nobles) et les legs parfois énormes, d'où sa richesse.

Le bâtiment de la Scuola se doit d'être au niveau de sa réputation et de sa richesse, d'où des palais magnifiques (Rocco, Carmini, San Marco)

 

La Scuola di San Rocco est dédiée aux victimes d'épidémies, en particulier la peste qui  a tant sévi à Venise.  Saint Roch, ermite de Montpellier, l'a attrapée, s'est réfugié dans une forêt, et a survécu grâce à un chien du château voisin qui lui apportait une miche de pain tous les jours. Sa statue, avec le chien et le pain dans sa gueule, trône au sommet de l'église San Rocco à côté.

Le magnifique bâtiment fut commencé en 1516 (la Scuola était très riche), et terminé seulement en 1560.

Le coup du Tintoret en plusieurs péripéties

Pour la décoration intérieure, un concours est lancé en le 31 mai 1564. Y participent Schiavone, Véronèse, Il Salviati, Zuccheri (entre autres).

1 Pendant que les autres font leurs esquisses, il  peint le Saint Roch en Gloire et le 22 juin, et avec des complicités intérieures, il le fait installer au centre du plafond de l'Albergo, et le dévoile le jour du Jury ! Pas contents les autres candidats et les membres du jury, mais c'est quand même très beau.

 

2 Le jury fait valoir qu'il attendait des esquisses. Le Tintoret déclare alors : "c'est ma façon de dessiner (ce qui est exact, il peignait directement sur la toile) et c'est mieux de juger sur des œuvres finies dans un concours, non ?"

Et il ajoute : "si ça ne plaît pas, j'en fais don aujourd'hui même à Saint Roch".

Phrase anodine pour les ignorants, mais le malin, il savait bien que selon le règlement de la Scuola, un don fait à un Saint ne peut pas être refusé !!

3 Dans la foulée il se propose de peindre, gratuitement, 16 autres toiles au plafond. Tout le monde capitule, ensuite il est même élu à la Confrérie plus tard, et peint la crucifixion en 1565 sur le mur où aurait dû se trouver une toile du Titien (la toile fait 12m par 5m36 !). Il termine l'Albergo en 1567.

De même en 1575, pour la grande salle capitulaire, il décore gratuitement plusieurs tableaux du plafond. Et finalement il est choisi pour décorer toute la Scuola, l'église San Rocco, et basta !

Et il fera tout le reste, pendant 20 ans (sauf l'escalier).

 

Le rez-de-chaussée

Il montre des épisodes de la Vie de Marie : l'Annonciation, l'Adoration des Mages, la Fuite en Egypte, la Circoncision, l'Assomption, et d'autres scènes (Saint Marc et le lion à l'entrée, le Massacre des Innocents, Sainte Marie d'Egypte, Marie Madeleine). Quelques images:

La salle capitulaire (1er étage)

Grande salle rectangulaire où les tableaux du Tintoret font l'admiration, mais ne pas manquer les boiseries et les statues en bois magnifiques.

 

Sur les murs le peintre a illustré des épisodes de la vie de Jésus, dans un ordre bizarrre :

·         La Tentation du Christ 539 × 330 cm

·         L'adoration des bergers 1578-1581, toiles de 542 × 455 cm

·         Le Baptême du Christ toile de 538 × 465 cm

·         La Nativité, 1578-1581, toile de 542 × 455 cm

·         La Piscine probatique, 533 × 529 cm

·         La Résurrection 529 × 485 cm

·         L'Ascension 538 × 325 cm

·         La Cène, 1578-1581, toile de 538 × 487 cm

·         La Multiplication des pains et des poissons.

·         La prière dans le jardin


Quelques toiles des murs :

L'Adoration des Bergers   

La Piscine Probatique

La Tentation au Désert  

La Montée au Calvaire

Le plafond porte une multitude de scènes de l'Ancien Testament. Se munir d'un miroir pour ne pas prendre un torticolis ! Impossible de montrer tous ces médaillons retraçant des moments importants de la Genèse, des Livres des Prophètes, Le Tintoret laisse éclater sa compétence dans les textes sacrés.

Quelques images du plafond dédié à des scènes de l'Ancien Testament, avec au centre, le Serpent d'airain puis Moïse faisant jaillir l'eau du rocher :    

Le péché originel    

La colonne de feu

Au Palais des Doges

Il ne pouvait pas ne pas y avoir des toiles du Tintoret, d'autant plus que l'incendie du palais en 1577 demanda la reconstruction du palais et bien entendu sa décoration intérieure. Paolo Véronèse, grand concurrent du Tintoret pendant toute sa vie, y tient une place importante, mais le Tintoret y a laissé de nombreuses toiles, dont bien sûr l'immense tableau du Paradis dans la salle du Conseil.

 

La salle de l'Anticollège (scènes mythologiques), la salle du Collège (scènes de Doges), la salle du Sénat (scènes de batailles)  contiennent de belles toiles du peintre qui est déjà âgé mais continue de peindre éperdument. On donnera ici un aperçu seulement des œuvres au Palais, par manque de place.


L'Anticollège : salle d'attente des délégations étrangères

Belle salle richement décorée 

Bacchus, Vénus, Ariane 

La forge de Vulcain 

Mercure et les Grâces

La salle du Collège : archi décorée pour impressionner, comme l'Anticollège, les visiteurs demandant audience à la Sérénissime.

C'est le cœur du gouvernement de Venise, avec un Président, le Doge et ses 6 conseillers, 3 membres du Conseil des Dix, et le Chancelier.

Entièrement refaite après l'incendie de 1574, son plafond à caissons fut dessiné par Andrea Palladio.

Les fresques et les tableaux sont de Véronèse (dont le fameux Enlèvement d'Europe) le plafond illustre les "Vertus" de Venise (Fidélité, Prospérité, Mansuétude, Simplicité). Au-dessus d'une porte, un tableau du Tintoret, le mariage mystique de Sainte Catherine d'Alexandrie. (Véronèse en a aussi  fait un, il est à l'Accademia).

La salle du Grand Conseil

C'est une salle imposante (53mx26mx10m), c'est le Parlement de Venise créé en 1172, qui contenait jusqu'à 2000 patriciens au 16ème siècle (Nobles, issus de la Serrata de 1297, inscrits au Livre d'Or, avec transmission héréditaire décrétée en 1423).

Les membres avaient un pouvoir illimité, élisaient le Doge dans une procédure très complexe à 4 tours.

Sur le mur de la présidence, on trouve le Paradis du Tintoret. 

L'incendie de 1577 avait endommagé la fresque de Guariento, on décide de la changer. Comme souvent, Véronèse (assisté de Bassano) et le Tintoret sont en finale du concours et Tintoret n'est pas choisi pour son âge déjà avancé. Mais coup de théâtre, Véronèse meurt en 1588, et le Tintoret est désigné pour réaliser ce tableau de 25m de long par 10m de haut et réalise un exploit. Il le fera avec son fils adultérin Domenico, jusqu'en 1594, sans esquisses préalables, dans l'ancienne Scuola vecchia della Misericordia à Cannaregio près de son domicile.

Le tableau comporte 500 personnages ! Tout le monde est là, autour de Jésus et sa mère :

Sur la gauche, les figures de l'Ancien Testament : Adam et Eve, Moïse, David, Salomon, Isaïe, Abraham, Noé, etc.

Les Saints et les Martyrs : Roch, Louis, Jean Baptiste, Barbe, Lucie, Justine, Agnès, Marie Madeleine, Augustin, François d'Assise, Dominique, Georges, Antoine de Padoue, etc.

Au centre du tableau, l'archange Raphaël

En-dessous du Christ, les Evangélistes

·         Marc et son lion,

·         Luc et le taureau contre sa jambe

·         Matthieu en bleu

·         Jean en rouge et l'aigle auréolé, écrit son Apocalypse

 

Je recommande vivement la description des pages web du site e-venise :

https://www.e-venise.com/art-peintres/tintoret_le_paradis_palais_ducal_venise.htm

Ailleurs dans le Palais

Dans la salle du Conseil, un des grands tableaux décrit la bataille et la chute de Constantinople en 1204.

Il y a aussi des toiles dédiées aux Doges, et un "Triomphe de Venise", moins grandiose que celui de Paul Véronèse dans la salle du Grand Conseil.

Faute de place, je ne montrerai que quelques tableaux du Tintoret au Musée de l'Accademia.

La Vierge aux Camerligne

La Tentation d'Adam

Marc sauvant l'esclave condamné.

Pour finir, un autoportrait du Tintoret de 1588, il a 70 ans mais continuera jusqu'à sa mort le 31 mai 1594.

Il aura travaillé toute sa vie comme un forcené, imposant son style tout en luttant contre ses concurrents et détracteurs.