Palais, Musées, Scuole à Venise

Museo della Ca' d'Oro (Cannaregio)

La Ca' d'Oro est un palais au bord du Grand Canal dans Cannaregio presqu'en face des marchés et un traghetto permet de traverser.

Disons tout de suite que cette présentation est un résumé de tout ce qu'on peut y voir. Selon ses goûts on pourra y rester une heure, ou alors une grosse demi-journée. Dans ce dernier cas, il faut acheter le guide papier complet. Sinon ce guide en images et les explications dans le musée suffiront.

Histoire

Le palais est conçu vers 1420-1425 par les frères Bon pour le procurateur de Saint Marc Marino Contarini. Il fut terminé vers 1440. C'est la plus luxueuse résidence du Gand Canal, et elle fait beaucoup penser au Palais des Doges.

Mais avec le temps la Ca d'Oro se dégrade. Napoléon prend la ville en 1797, et plus tard la vend aux Autrichiens.

Le palais a servi à sauvegarder les œuvres des pillages de Napoléon au début du 19ème, puis des Autrichiens dans une moindre mesure.

Chose incroyable, le palais est vendu en 1802 comme "ruine" à un certain Pozzi, qui la revend à un prince russe. Sa maitresse Maria Taglioni décide de restaurer le palais, mais l'architecte Meduna, qui fut choisi, le réaménage (très mal, par exemple il fit démolit le magnifique escalier intérieur !) au lieu de le rénover. Cependant beaucoup d'œuvres sont récupérées des autres musées ou palais (San Maurizio, …)

Enfin en 1894, c'est le Baron Giorgio Franchetti qui le rachète et décide de le restaurer comme avant. Il paraîtrait qu'il fît pour cela chercher des morceaux démembrés ou des peintures vendues par Meduna !

En 1916, Giorgio Franchetti fait don du palais et de ses collections d'art à l'Etat (Wikimedia dit 1922, c'est l'ouverture du palais aménagé en musée), la Ca' d'Oro devient un des plus riches musées de Venise.Il y aurait des milliers d'autres choses à dire sur ce palais, pour cela le guide est approprié.

Extérieur

A noter son style gothique (et à Venise, gothique "fleuri") avec une façade splendide. Les colonnes à gauche et à droite ont été finement sculptées en chevrons, et de petits lions sculptés ornent les extrémités des balcons eux aussi ouvragés. Au rez-de-chaussée, le portique central est entouré de 4 ouvertures gothiques qui forment la porte d'eau au niveau du Canal. Au premier et second étage, des fenêtres en gothique tardif qui rappellent fortement les frises gothiques quadrilobées du palais des Doges (Contarini l'a voulu ainsi) et laissent entrer la lumière dans les étages nobles. Et la frise crénelée au sommet rappelle parfaitement celle du Palais des Doges aussi. Cette façade était à l'origine dorée à l'or fin (23000 feuilles) et on imagine mal l'effet que cela a dû faire pour les Vénitiens et pour la réputation de Contarini. A bien regarder (depuis la pescheria ou un vaporetto), certains disent qu'il manque l'aile gauche du palais. En effet il est construit sur les pieux de l'ancien palais Zen, mais rajouter des milliers de pieux aurait coûté trop cher et seuls quelques ajouts ont été faits. Depuis les peintures au lapis-lazuli et les dorures ont disparu (comme les fresques très nombreuses des autres palais du Canal comme le Fondaco dei Tedeschi face au Rialto) mais cela reste beau.

A ne pas manquer non plus la cour intérieure au rez-de-chaussée, avec ses pavements rappelant le style byzantin, l'escalier (qui rappelle celui de la maison de Goldoni à San Polo) et son puits sculpté en marbre de Vérone par Bartolomeo Bon. Les pavements sont un luxe que s'est payé le Baron Giorgio Franchetti dernier propriétaire qui restaura tout le palais. Car il admirait sans réserve les mosaïques de la Basilique et celles d'autres églises comme Saint Marc, Donato à Murano, ou l'Assunta à Torcello. Deux techniques étaient utilisées pour associer les pierres et les éléments. La première est dite sectile (opus découpé), elle consiste à prendre de gros (relativement) morceaux de pierre découpés pour les assembler en décorations, qui ne sont pas des mosaïques à proprement parler (c'est cette technique qui est employée ici). La seconde est dite en tesselles (opus tesselatum, du latin tessela qui signifie cube ou dé) et consiste à prendre de petits cubes de pierre ou de verre, de 1 à max 2 cm, pour fabriquer des mosaïques et des ornements plus fins. Les paons que l'on voit dès l'entrée en sont un bon exemple. (plus petit, on parle de l'opus vermiculé).

Intérieur

Très bien entretenu depuis le legs de Franchetti en 1916, le musée ouvert en 1922 est très bien agencé pour recevoir aussi bien des tableaux que des sculptures et en profiter tranquillement (plutôt le matin). La suite montrera les principales œuvres (pas toutes, et de loin, sinon prendre le guide) qui sont commentées en anglais (cela a peut-être changé). En particulier la Madone de Bellini, et d'autres tableaux comme les paysages flamands ne sont pas ici, mais votre visite au musée vous les fera admirer.

Références

Très bonnes pages web chez OlaiKlod : https://oliaklodvenitiens.wordpress.com/2012/01/11/visite-guidee-de-la-ca-doro-2/

Adresse : Cannaregio 3932 calle di Ca' d'Oro

Horaires : 09:00 19:00 (sauf lundi : 09:00 14:00)

Site Web : http://www.cadoro.org/

Rev1 01/12/2019

La Ca' d'Oro est un des plus beaux palais sur le Grand Canal. De style gothique tardif typiquement vénitien de la 1ère moitié du 15ème siècle, il est bâti sur un ancien palais Zen, la place manquant pour une aile gauche symétrique.

La façade reprend les frises et les colonnes quadrilobées du Palais des Doges. Marino Contarini était Procurateur de Saint Marc et avait fait poser 23000 feuilles d'or. Les balcons et les salles servent souvent à exposer les œuvres de la Biennale (on peut zapper).

Les plus grands peintres avaient peint à fresque les façades de tous les palais du Canal à l'époque. Le palais change ensuite souvent de propriétaire. Napoléon et les Autrichiens passent aussi par là, mais beaucoup d'œuvres furentcachées ailleurs.

Les balcons sont ornés de lionceaux, et toute la façade (écussons, fenêtres) est finement sculptée. Mais en 1802 c'est une ruine. Plus tard un prince russe installe sa maitresse la ballerine Staglioni et le fait transformer (et dégrader) par l'architecte Manudo.

La cour intérieure, en gothique plus classique. (à Florence la Renaissance démarre déjà).

Magnifique escalier rappelant celui de la maison de Goldoni ou de Marco Polo. Et le puits sculpté par Bartolomeo Bon lui-même.

Le baron Giorgio Franchetti qui acquit le palais délabré et défiguré en 1894, aménagea la cour avec des pavés et mosaïques à motifs byzantins.

Il adorait les pavements des anciennes églises comme Saint Marc, Santi Maria e Donato ou à Torcello. Les techniques sont identiques (opus sectile, où les éléments sont plus gros que la mosaïque fine), mais les motifs plus modernes.

La frise du haut de ce mur, semblable au Palais des Doges, est typiquement byzantine avec ses les crénelures en briques. A gauche un ange porte les armoiries des Contarini.

La visite des œuvres commence au premier étage. Attention, on ne trouvera pas tout dans ce document, mais on en aura une idée qui donnera envie.

Le San Sebastiano par Andrea Mantegna, maître de Padoue (1504, 2 ans avant sa mort).

Plus pessimiste que les 3 autres qu'il a peints, il apporte la Renaissance en Vénétie. Le Véronèse à San Sebastiano s'était contenté de 3 flèches, ici il y en a un peu trop …

L'Annonciation (Vittorio Carpaccio, 1506).

Il est né à Venise en 1465, fut élève de Bellini, et a travaillé pour les Scuole (voir ses chefs d'œuvre à San Giorgio degli Schiavoni à Castello, et la vie de Sainte Ursule aujourd'hui à l'Accademia).

La Visitation (Carpaccio, 1506).

La Mort de la Vierge, même année.

Bas-reliefs en métal racontant la Passion du Christ (panneaux de portes).

Il y a beaucoup trop de monde au Golgotha et lors de la mise au tombeau mais bon, le commanditaire en voulait pour son argent …

Et c'était la mode pour les portails d'église (voir Florence ou Padoue), sorte de bande dessinée concentrée pour les fidèles souvent analphabètes.

Vierge adorant l'Enfant (Francesco Botticcini, 1475).

Jésus regarde le spectateur avec son index dans la bouche, mais c'est surtout la Vierge qui est resplendissante et le fin décor derrière.

Plateau biface (donné lors des mariages) : Hercule tiraillé entre la Vertu et le Plaisir.

Vierge à l'Enfant (Jacopo del Sellaio).

Les adieux à la mère du Christ (Jacopo di Barbari, 1498).

(en 1500 puis 1511, Jacopo de Barbari a exécuté une incroyable carte de Venise depuis une hauteur de 400m au moins en vue cavalière, où tous les détails de l'architecture de Venise (ponts, églises, palais, canaux, maisons et campi, etc) sont donnés. (6 pans de papier sur bois, à voir au musée Correr). On ne sait pas comment il a fait, même aidé. C'est proprement incroyable d'avoir pu faire cela. On peut la voir en tête de chaque page de ce site web !

Vierge à l'Enfant en Majesté avec St Pierre et St Paul (Ricci di Lorenzo).

(à côté, la Madone de Bellini, non placée car photo trop floue).


Le Procurateur Nicolo Priuli (Le Tintoret).

La Vénus au miroir (Le Titien).

L'extraordinaire bande dessinée de Biagio di Antonio Tucci (Florentin) de l'histoire de Sextius Tarquin et Lucrèce femme de son ami Collato (2 tableaux contenant plusieurs épisodes mélangés, faute d'espace, 1485).

On est au siège d'Ardée assiégé par Tarquin Superbe (Barbare), dernier roi et tyran sanguinaire de Rome (-534 -509). Il prend le pouvoir par la force et tue tous les sénateurs ayant soutenu l'ancien roi Servius Tullius.

Son fils Sextus (débauché comme lui) avec des amis décident d'aller à Rome voir si leurs femmes sont fidèles.

Toutes s'avèrent en train de faire la fête sans leurs maris, sauf une, Lucrèce, femme de Collato (ou Tarquin Collatin, général de sa propre famille). Alors Sextius décide de la violer pour qu'elle soit infidèle comme les autres.

Il la menace, la force, et s'enfuit.

(les deux panneaux sont partie d'un coffre de mariage).

Le lendemain, Lucrèce dit la vérité sur Sextius Tarquin et son forfait, et de honte, se donne la mort devant tous les présents dont son mari.

On emmène Lucrèce, Brutus rameute le peuple romain, abolit la dynastie des Tarquin, Brutus est alors nommé consul de la nouvelle République de Rome. Noter que les personnages ont leur nom en jaune majuscules sur leur corps !

Les épisodes sont un peu mélangés mais au total c'est extraordinaire (à gauche la fuite de Sextius Tarquin). Au crédit de Tarquin le superbe, le circus maximus et le cloaca maxima de Rome et le temple d'Apollon au Capitole.

Portrait de Marcello Durazzo (Anthony Van Dyck, 1622).

Vénus endormie (Pâris Bordone, mi-16ème).


Vénus endormie (Pâris Bordone, mi-16ème).

Il y a un foisonnement de personnages, de sculpteurs, et d'artisans qui discutent.

La Svenuta (l'évanouissement), (Jacob Ochtervelt).

Ecole de Bartolomeo Vivarini, Vierge allaitant Jésus (fin 15ème). Le genre de tableau en 1000 exemplaires qu'on voit partout (il y en a beaucoup à l'Accademia, Correr et aussi en Europe).

Polyptyque de la Passion en 13 scènes détaillées) (Antonio Vivarini (début 15ème), comme on aimait faire à cette époque.

Quatre Docteurs de l'Eglise (Carlo Bracceschi).

Vénus et Mars (Sandro Botticelli). Remarquer les satyres (enfants) avec leurs armures, surtout celui qui souffle dans l'oreille de Mars avec le bénitier ! La Vénus ressemble à celle des Uffizi.

Guardi, la Zecca, la Marciana et la Salute (18ème). (il en a fait très un grand nombre, changeant un peu la zone et les personnages).

La piazzetta (Guardi).