Guide en images des églises de Venise

Madonna dell'Orto (Cannaregio)

Histoire

La première église est construite en 1365 par Fra Tiberio de Tiberi (de Parme), patron de la Congrégation des Humiliés (sa sépulture se trouve dans l'église). Elle fut d'abord dédiée à Saint Christophe, le saint patron des voyageurs.

La légende dit qu’une statue de la Vierge était tombée du ciel dans le jardin voisin du sculpteur Giovanni di Santi, et elle faisait des miracles. Pour mieux accueillir les pèlerins venus en nombre, on décida en 1377 de la placer sur l’autel dans l’église (et depuis c’est la Madonna dell’Orto, "orto" signifiant le verger). La réalité plus probable est que cette statue, commandée initialement par le Prieur au sculpteur Santi, fut refusée par les Frères, et la statue se retrouva dans le verger de Santi, inachevée. Mais elle faisait des miracles, et le 18 juin 1377 on la plaça dans l’église pour financer, grâce aux dons de pèlerins de plus en plus nombreux, les travaux de réfection.

L'église reposait en effet sur de faibles fondations et le Grand Conseil affecta le 11 novembre 1399 deux cents ducats à une importante œuvre de réfection conduite la même année : une façade nouvelle, le monastère agrandi, la décoration intérieure refaite entièrement.

En 1475, les Humiliés sont expulsés pour mœurs licencieuses, et l’église est attribuée aux chanoines de San Giorgio di Alba, et la restauration se termine en 1476. L’église et le couvent passent aux Cisterciens de Lombardie en 1669. En 1787, les Cisterciens s‘en vont et l'église est reprise par l’Etat.

En 1810, elle fut déclarée oratoire de Saint Martial et, en 1841, le gouvernement autrichien ordonna une restauration générale à ses frais. En 1845, le gouvernement autrichien restaure la façade mais ne peut pas achever le reste.

Utilisée comme grange puis dépôt de munitions et étable, elle est de nouveau restaurée et reconsacrée en 1868 (date incertaine). D’autres restaurations ont lieu en 1912 et en 1931 sous l’égide des moines de San Giuseppini del Murialdo. L’acqua alta de 1966 l’abîme de nouveau, mais une magnifique restauration entre 1970 et 1980 par « Venise en Péril » permet d’embellir cette église qui fourmille de chefs d’œuvre du Tintoret et du Titien. L’ensemble offre un bel exemple de gothique vénitien avec des ajouts de style Renaissance comme le portail.

L’extérieur

L’extérieur possède une façade (1464) magnifique à saillants en brique, en trois parties verticales reflétant l’intérieur. Sur le haut du frontispice trônent les statues Apôtres (début 16ème siècle), protégées par de petits abris sculptés, le tout en pierre d’Istrie. Cinq statues du 18ème siècle, rapportées de San Stefano à Murano, sont posées sur les colonnes de la façade et tout en haut représentant la Prudence, la Charité, la Foi, l'Espérance et la Tempérance. Au sommet du dôme, peu visible, la statue du Rédempteur.

Deux fenêtres gothiques agrémentent les côtés. La grande rosace est ornée d’un Saint Gabriel avec Tobie, et on voit difficilement le dôme tout en haut mais impressionnant. Le portail en pierre d’Istrie est entouré de 2 colonnes corinthiennes et il est surmonté d’une frise finement sculptée avec en haut Saint Christophe, et de chaque côté Gabriel (Nicolo Fiorentino) et la Madone (Antonio Rizzo).

A côté se dresse un magnifique cloître, très bien restauré mais un peu trop minéral, avec une grande cour carré et une belle restauration qui rend le lieu extrêmement agréable.

L’intérieur

La famille Tintoret (Jacopo et Domenico en particulier) habitait à un jet de pierre de l’église, il n’eut donc pas de mal (en tous cas moins que pour la Scuola San Rocco) à convaincre tout le monde de décorer l’ensemble (ou presque) de l’église. Il y a d’ailleurs sa tombe dans la chapelle latérale droite. De plus, derrière l’église, dans le magasin de jardinerie que l’on atteint par le quai le long de la Misericordia (vers la lagune), c’est là que le Tintoret a peint l’immense toile du Paradis de la salle du Conseil au Palais des Doges.

C’est une nef tripartite avec de grandes colonnes jointes par des arcatures aiguës, avec deux travées latérales. Le flanc droit ne possède aucune chapelle tandis que le flanc gauche en abrite plusieurs. Le chœur est de forme pentagonale, et est agrémenté de deux chapelles latérales. A noter la décoration presque exclusivement faite par Jacopo et Domenico Tintoretto. Hormis le Jugement dernier et le Veau d’Or (dans lequel il s’est représenté dans le tableau en porteur de l’idole), le plus beau chef d’œuvre est sans conteste la Présentation de Marie au Temple avec ses signes cachés et les personnages choisis. La perspective et la lumière contribuent vraiment à en faire un chef d’œuvre absolu.

Egalement la sacristie vaut la visite avec la Madonna dell’Orto, statue retrouvée dans le jardin derrière.

Adresse : Fondamenta Madonna dell’Orto, Cannaregio 3512

Horaires : Lun-Sam 10 :00-17 :00

Site Web : http://www.madonnadellorto.org/ (ne marche pas)

Rev3 06/11/2019

1365 est la première année où une église est construite ici, dans un jardin (du sculpteur Giovanni di Santi …) ayant reçu par miracle une statue de la Vierge. En 1399 exige une réfection considérable de l’ensemble, terminée en 1476.

Portail au tympan en porphyre et fines colonnes corinthiennes portant la Madone (attribué à A. Rizzo) et l’archange Gabriel, en haut St Christophe (de Nicolò Di Giovanni Fiorentino).

Après 1565 Les Tintoret (Jacopo et Domenico, qui habitent à côté) s’attaquent à toute la décoration intérieure (90%).

Jouxtant l'église, le magnifique cloître rectangulaire avec un puits en marbre est à voir s'il est ouvert.

En 1787 les Cisterciens s’en vont.

L’Etat reprend l’église. Au 19ème siècle elle sert de grange et de dépôt de munitions !

Les 5 niches en pierre d’Istrie surmontant les pilastres contiennent des statues du 18ème récupérées à l’église de Saint Etienne à Murano, (démolie) représentant les Vertus : la Prudence, la Charité, la Foi, l’Espérance et la Tempérance (on retrouve ces Vertus dans la coupole du chœur par le Tintoret).

Le dôme en oignon, de style oriental, en briques, avec le Christ au sommet et les 4 Evangélistes aux coins (école de Pietro Lombardo). Le campanile est de 1503.

De chaque côté les Apôtres abrités par des niches travaillées en pierre d’Istrie. Tout à gauche au-dessus la Madone.

Au-dessus des Apôtres, dans un clocheton, tout à droite au-dessus Gabriel et tout à gauche la Madone.

Sous la Rosace, Saint Christophe. Et sur les côtés, Gabriel et la Madone.

Intérieur à 3 nefs séparées par de longues colonnes en marbre.

Visite par la droite.

Saint Jean Baptiste avec Saint Pierre, Saint Marc, et Saint Jérôme (Girolamo) et Saint Paul (Cima de Conegliano, 1495).

Magnifique rendu des personnages, avec Jésus sur le socle de pierre, Saint Pierre un peu gêné d'être là, Saint Paul attentif …

Saint Christophe, une copie de l’original de Cima de Conegliano (à l'Accademia) fin 15ème.

Autel de l’Immaculée Conception (1593) pour accueillir la statue miraculeuse (aujourd’hui dans la chapelle San Mauro, la sacristie).

Monument à Girolamo Cavazza (Giusepppe Sardi 1657) Cavazza est une famille patricienne de Venise du 18ème, originaire d’Allemagne, et eut un comte à Padoue.

Martyre de Saint Laurent, Daniele Van Dick (ca 1650).

Sacristie (Cappella San Mauro) Saints et Bienheureux Vénitiens (anonymes, 17ème siècle).

La Madonna dell’Orto, Giovanni di Santi derrière, Madone à l’Enfant avec des Saints, (attr. à Pâris Bordone, 2ème moitié du 16ème siècle).

Présentation de Marie au Temple (Le Tintoret 1562) Un chef d’œuvre absolu ! Initialement, le tableau était en 2 volets pour fermer l’orgue, les parties intérieures sont aujourd’hui placées ici aussi dans le chœur (Apparition de la Croix à Pierre, et Décollation de Paul)

L’escalier de 15 marches (nombre en référence aux 15 Psaumes 120 à 134 que récitaient les pèlerins montant à Jérusalem) est décoré comme l’escalier des Géants du Palais des Doges.

Le grand'prêtre Zaccarie, l’obélisque et Marie sont tout en haut.

A gauche les voleurs, les estropiés, et les Pharisiens.

Chapelle à droite du chœur (chapelle du Tintoret). Les Saints Agostino e Girolamo (Girolamo Santacroce ca. 1510).

Tombe de Jacopo Robusti, dit le Tintoret (date de 1863). Y sont aussi 8 personnes de sa famille dont son beau-père, et ses enfants, Marietta et Domenico (peintre aussi).

Le chœur. Le Tintoret a peint 10 tableaux pour l’église de 1552 à 1569 (son fils Domenico aussi).

En haut, 5 Vertus cardinales qui sont du Tintoret aussi sauf la centrale.


A gauche, Tempérance et Justice.

Au centre la Foi qui elle est de Pietro Ricci, ca mi 17ème siècle.

A droite, la Force et la Prudence.

Au centre, une Annonciation de Palma le Jeune, ca. 1600. Bizarre ce petit (relativement) tableau à côté des immenses toiles sur les côtés du chœur.

A droite, la Décollation de Saint Paul (Le Tintoret, ca 1552).

Gauche : Saint Pierre et l’apparition de la Croix.

A droite du chœur, le Jugement Dernier. Peut-être 15 mètres de haut (ou plus).

Impressionnante toile par la taille et la profusion des personnages et des scènes (idem pour l’autre à gauche).

Détails insensés, arrangements et couleurs fabuleuses. On peut y rester une heure.

A gauche du chœur, le Veau d’Or. Là aussi, au moins 10 scènes différentes, des femmes splendides et des reliefs inouïs.

Femmes magnifiquement vêtues alanguies sous une tente.

Jacopo s’est peint en porteur du Veau d’Or, à côté d’une belle femme. C’est le porteur de devant au centre avec la barbe, et les autres porteurs pourraient être Giorgione, le Titien et Véronèse).

Chapelle della Scuola dei Forneri (gauche de l’autel) Saint Laurent Justinien (Lorenzo Giustiniani) et autres Saints (copie d’un Pordénone, 1869).

Saint Georges terrassant le dragon avec Saint Jérôme (gauche) et Saint Tryphon, (Matteo Ponzone, après 1600).

Le Père éternel dans sa gloire (Domenico Tintoretto 1590).

Flagellation du Christ (Matteo Ponzone)

Chapelle Contarini avec sur les murs, la famille : Alvise (+1651), Tommaso (+1578), Tommaso (+1614).

Carlo (+1688), Gasparo(+1542), Alvise (+1579) .

Au centre, le miracle de Sainte Agnès (J. Tintoretto, 1577).

Le Tintoret sait faire prendre des poses incroyables à tous ses personnages !

Mariage mystique de Catherine d’Alexandrie (école du Titien).

Flanc gauche suite

Chapelle Morosini. La Nativité et Saint Dominique (D. Tintoretto, 1625).

Naissance du Christ.

De chaque côté, des anges porteurs d’encensoirs (D. Tintoretto, ca 1627).

La Crucifixion (Tiens, un Palma le Jeune, 1579).

Chapelle Vendramin.

Christ mort accueilli par le Père Eternel, la Vierge des douleurs, et Saint Jean de Matha (Bartolomeo Litterini 1708).

Tobie et l’ange Raphaël.

Saint Vincent martyr entouré de St Dominique, le pape Eugène IV, St Laurent Justinien et Sainte Hélène (Palma le Vieux, 1523).

On a là une grande église, pas très large, mais qui fait impression.

Orgue de bois de Pietro Bazzani datant de 1878.

La suite est un aperçu des fresques sur les arches joignant les colonnes des nefs, avec des centaines de représentations dont celles des Evangélistes.