Guide en images des églises de Venise

Santa Maria Mater Domini (Santa Croce)

Histoire

C'est une des églises quasi-invisibles, cachée au coin de deux calli étroites, à la façade simple, pas très grande, et à première vue sans intérêt vue de l'extérieur. Mais elle mérite vraiment une visite si on passe par là (euh.. y a jamais grand monde, car le campo à côté et la voie normale du trafic piétonnier pousse vers le Sud, ou bien le long de l’église, mais on ne passe pratiquement jamais devant la façade, et tous ces facteurs la rendent encore plus écartée du monde.

Au départ, c'est une église byzantine (la version finale a gardé le plan à croix grecque), dédié à Santa Cristina, construit par les familles Zane et Cappello vers 960 (information non confirmée sauf par la tradition).

Elle devient Santa Maria Mater Domini en 1128. Démolie en 1503 car fermée par le Conseil des Dix (il est mentionné en 1488 que son porche était bloqué après minuit à cause des sodomites l'utilisant comme lieu de rendez-vous, et si on consulte San Cassiano et les alentours comme certaines pâtisseries, le Ponte delle Tette et les Carampane, on voit que ça devait être un gros problème), sa reconstruction est confiée à Mauro Codussi (avec Giovanni Buora), avec une finition et une façade Renaissance avec tympan triangulaire de Jacopo Sansovino vers 1512. Elle est consacrée en 1540.


Extérieur

Rien à dire, sa façade est quasi invisible avec la rue très étroite qui sort du Campo à côté, et on la longe sans s’en rendre compte en allant vers l’ouest. Du Ciel, on constate qu’elle n’est pas très grande mais elle possède un très beau campanile.

Le campanile (invisible) fait 33 mètres, initialement construit pour la première église, mais reconstruit en 1503 et rénové en 1743.

Elle est restaurée en 1740.

Intérieur

L'intérieur est à 3 nefs, sur un plan à croix grecque, un chœur et deux chapelles latérales. Murs blanc crème, peu de décorations et sensation de vide. Mais les œuvres à voir sont nombreuses : un Tintoret de jeunesse, un magnifique Catena, des statues intéressantes, un bas-relief insolite, (visite aidée avec un plan de l'église et ce qu'on peut y voir donné par un paroissien de garde aimable).

Elle est quelque peu rénovée récemment par Venice in Peril dans les années 80 (toit, et 2 tableaux Sainte Christine, et la Transfiguration). Antonio Zanetti a sa tombe ici (bibliothécaire de la Marciana, et auteur en 1771 d'un énorme catalogue des peintures vénitiennes qui fait référence).

Adresse : Campo Santa Maria Mater Domini, Santa Croce

Horaires : Lun-Sam 10:00-12:00

Rev3 14/03/2019

La façade de Santa Maria Mater Domini, pas facile à voir, très simple en style Renaissance ultra classique (Sansovino), avec une rosace et un tympan triangulaire. On devine les larges nefs latérales, plus basses, de chaque côté.

Fin 15ème elle fut fermée car devenue le lieu de rencontre des sodomites chassés du Rialto dans ces quartiers. Petite église, peu fréquentée, comme la Fava, et comme elle aussi coincée au coin de deux calli.

En venant du Campo, les piliers de ce magasin annoncent l'église, avec une date : 1575.

(était-ce une dépendance ?)

Bien que pas très grande, elle donne l'impression d'espace avec ses trois nefs et son plan grec.

Deux autels de chaque côté, des transepts retaillés et deux chapelles à côté de l'abside.

Pas de décorations luxuriantes, un ensemble gris, blanc crème rehaussé de marbres dans les nefs latérales (visite par la droite).

Les Apôtres Pierre, Paul et André (Lorenzo Bregno).

Sculpteur de la Renaissance classique, il est mort à Venise en 1530, a travaillé aux monuments funéraires de B. Pesaro et A. Pasqualino aux Frari, ainsi qu'à la Basilique, Zanipolo et San Martino).

Autel de Sainte Christine (Cristina), la Vision de Sainte Christine (Catena, 1520, élève de Giovanni Bellini), on y voit la Sainte regarder le Christ au Ciel.

Le cou pris par une corde à laquelle une pierre à moudre (tenue par les anges) est attachée (elle sera jetée dans le lac Balsena près de Rome en l'an 300).

Remarquer les murs plaqués de marbres (la nef principale n'en a pas).

La Cène, Bonifacio Pitati, 16ème siècle. Les vêtements des Apôtres sont bien colorés, la nappe est très blanche, tout le monde ne semble pas très intéressé.

Le chien est tout à droite, et Jean dort à la gauche de Jésus. Un petit peu original, mais sans plus.

Chapelle à droite de l'abside : San Francesco del Lotti (Lorenzo Bregno, 1537).

Belle statue qui a traversé le temps.

Le chœur, ultra simple pour une église Renaissance. On a l’impression que l’argent n’est pas venu aussi facilement dans cette église comme ailleurs, et les décorations, même de Pitati ou du Tintoret, sont minimalistes.

Au centre au-dessus de l’autel, cette simple mais très belle Vierge à l’Enfant en relief.



La conte-façade vu du chœur, avec un petit orgue et une jolie balustrade.

Le flanc gauche.

Transept gauche, l'invention de la Croix, Le Tintoret (1561, œuvre de jeunesse plus claire que par la suite).

Assez difficile à examiner car en hauteur.

(je passe sur cet épisode, où Hélène mère de Constantin, retrouve la Vraie Croix du Christ, et vu déjà au moins dix fois dans les autres guides).

(San Moisé, Angelo Raffaele, San Pietro di Castello, Gesuiti, San Giovanni in Bragora, etc). Ici on voit même les Vrais Clous.

Juste en dessous, une vierge byzantine, dont les mains écartées ont (vraiment) l'air d'être transpercés de clous. Illusion : ceci est une ancienne fontaine rituelle rapportée de Byzance au 13ème siècle.

Les "clous" sont les trous (bouchés) par lesquels passaient les robinets, elle a été transformée en bas-relief dans ce transept (mais la légende tenace veut que sur son autel dans la première église byzantine, elle continuait à faire des miracles).


Vierge du Rosaire, Antonio Buona, 16ème, très fine. Mais le petit Jésus est lui très moyen.

Transfiguration, Francesco Bissolo, 1512.

(restauré par Venice in Peril)