Guide en images des églises de Venise

San Pietro di Castello (Castello)

Eglise CHORUS

Histoire 

(note : les sources sont contradictoires parfois sur les dates)

C'est selon la légende une des églises qu'aurait fondées Saint Magne (l'évêque Magno d'Oderzo, 580-670) sur des apparitions divines (voir ci-dessous).  Une église primitive existait dès le 6ème siècle, dédiée aux Saints Byzantins Serge et Bacchus de Rasafo (Sergio et Bacco), sur l'île d'Olivolo (mot issu des oliviers qui y poussaient là, ou de la taille petite du fort installé là, et qui deviendra Castello plus tard). 

Saint Magne l'aurait reconstruite vers 774 (mais en 774 Magno était mort depuis 100 ans !) sur l'ordre de Saint Pierre vu en songe, elle s'appellera alors San Pietro. Elle devient le siège du nouveau diocèse de Grado, créé exprès par le Doge Maurizio Galbaio (élu en 764). 

En 766 les Francs de Charlemagne détruisent le duché des Lombards et récupèrent la Vénétie (d'aujourd'hui) et l'Istrie. Le pouvoir qui réside encore à Malamocco penche pour une alliance avec les Francs féodaux, alors que Cittanova et le Rialto restent farouchement anti-féodaux et fidèles à l'empire d'Orient (de nombreux doges auparavant ont été énucléés ou assassinés pour avoir essayé de prendre le pouvoir absolu).

En 775 Giovanni Galbaio devient Doge, le diocèse d'Olivolo est créé et une nouvelle église est reconstruite et dédiée à San Pietro. Le Rialto devient le centre des affaires.

En 804 Cittanova est envahie par les Francs. Obelario (bizarre, car il était plutôt pour le féodalisme) remplace Galbaio comme Doge, et de fait prête allégeance à Charlemagne à Aix-la-Chapelle. Mais Byzance ne l'entend pas ainsi et contre-attaque, envahit la Dalmatie et assiège  Malamocco. Obelario et son frère Beato capitulent. Les partisans de Byzance et de l'empire romain germanique s'opposent. En 809 Pépin fils de Charlemagne a la mauvaise idée d'envahir la lagune avec son armada, mais se heurte aux Vénitiens qui les piègent dans les hauts-fonds (ils avaient enlevé les palines, ces gros pieux démarquant les canaux navigables), avec les Byzantins les attendant en mer. Désastre pour les Francs. Rialto devient en 810-812 la capitale du gouvernement, et ensuite, après des guérillas sans fin, il faudra attendre 840 pour obtenir la paix entre Francs et Byzance (le Pactum Lotharii). Les Francs reconnaissent l'indépendance complète du Duché de Venise, qui ne sera donc jamais enlisé dans un système féodal et restera stable politiquement, ce qui explique son essor énorme ensuite.

En 841 Orso Partecipazio (fils et petit-fils de Doge) reconstruit la cathédrale. 

La cathédrale est incendiée en 1120, reconstruite en plus grand, et ensuite remaniée plusieurs fois pour devenir en 1451 une basilique (le Duché de Grado est supprimé) et  la nouvelle cathédrale du Duché, par une bulle du Pape Nicolas V. Lorenzo Giustiniani est nommé Patriarche le 8 octobre 1451 jusqu'à sa mort en janvier 1455. 

En 1508, Contarini effectue d'importants travaux, (chapelles, pavements et décorations intérieures), et en 1556-1558 le nouveau patriarche Antonio Diedo demande à Andrea Palladio de refondre l'édifice (qu'il n'achèvera pas). Les travaux reprennent en 1596 avec  Francesco Smeraldo qui achève la façade quasiment selon les plans palladiens. En 1603 un incendie détruit presque tout, et de 1619 à 1621, l'intérieur est refait entièrement par Girolamo Grapisca (ou Grapigia ?? selon Wikipedia, ou Giangirolamo Graniglia selon CHORUS Venezia ?). C'est en gros ce que l'on peut voir aujourd'hui.

San Pietro restera le siège de l'épiscopat vénitien jusqu'à la chute de la République en 1807. Napoléon qui a envahi Venise 10 ans plus tôt transfère le siège patriarcal à Saint Marc. C'en est fini de San Pietro qui devient isolé dans l'île de Castello. Eugène de Beauharnais fait même du monastère une poudrière.


Extérieur

(photo ci-dessus crédit Didier Descouens Wikipedia Commons)

L'église, sur des plans d'Andrea Palladio, est en croix latine, à 3 nefs (par abus de langage, voir plus bas) . Elle rappelle fortement celle du Redentore sur la Giudecca (chef d'œuvre de Palladio). Deux chapelles latérales entourent le chœur, et les nefs latérales sont moins hautes que la centrale (ce que la façade rappelle bien avec ses trois éléments distincts).

La façade, très élégante mais curieusement sans statues dans les niches entre les colonnes,  comprend une partie centrale correspondant à la nef, avec 4 imposantes colonnes corinthiennes surélevées et un tympan triangulaire surmonté d'une croix et avec au centre un bas-relief de la Charité (18ème). Les côtés, correspondant aux nefs latérales, reprennent en plus petit l'architecture de la partie centrale, formant un tout très homogène et très palladien (classique).

Une grande coupole est posée vers l'autel central, elle est masquée par la façade mais visible depuis le cloître et bien sûr de la lagune. 

Le campo devant San Pietro et le monastère est un beau jardin avec des allées empierrées (rares à Venise). Exactement à mi-chemin entre le canal et le portail de l'église, sur le chemin empierré, une pierre blanche indique le point où se rencontraient le Doge venant par la lagune de San Marco, et le Patriarche de Venise évêque de San Pietro venant de son église, ce qui permettait à l'un de ne pas se considérer comme inférieur en ayant à se déplacer trop vers l'autre pour le recevoir ou être reçu, soit au rio, soit à l'entrée de l'église. Il y avait en effet de nombreuses processions officielles à San Pietro (la Peste, la fête des Maries, les victoires sur les Dalmates, etc.) où les deux personnages devaient participer.

Le campanile initial de 1463, foudroyé ensuite, est reconstruit par Mauro Codussi en 1482, terminé en 1490, Il est de style Renaissance, tout en pierre d'Istrie (nouveau à Venise), et terminé par un tambour polygonal élégant (mais il penche fort !).

Intérieur

Les trois nefs se détachent par les colonnes de part et d'autre de la nef principale, mais il n'y a pas de chapelle comme au Redentore, seulement des autels. Le chœur est flanqué de deux chapelles absidiales, du Santissimo (Esprit Saint), et de la Croix  (della Croce), et deux autres chapelles ont poussé vers le milieu de la nef gauche (Vendramin et Lando bien avant). Le magnifique autel de Francesco Cavrioli assisté de Giusto Le Court, Melchior Barthel et Clemente Moli (ténors bien connus de la sculpture  à Venise) contient le catafalque de San Lorenzo Giustiniani, premier patriarche de Castello, canonisé par Alexandre VII en 1690. Il est célébré aussi dans le plafond de la coupole et du chœur ainsi que dans les multiples tableaux de Lazzarini, Belluci, etc.  Noter aussi un très beau Véronèse dans la nef gauche, et une statue de l'Immaculée Conception de Gian Maria Morlaiter que l'on retrouve décidément partout dans les églises de Venise.

Anecdote que l'on ne peut inventer qu'à Venise (c'est pour cela qu'on aime) : début février 943 (ou 2 février 944 ?), une cérémonie rassemblait depuis des années les filles à marier, avec les garçons intéressés, pour une bénédiction. En pleine cérémonie où 12 jeunes filles modestes allaient être bénies, des pirates Narentais venus donc de Dalmatie débarquent à l'improviste, et enlèvent les demoiselles sur leur bateau. Mais les hommes se ruent, avec leur Doge, sur leurs navires et poursuivent les pirates jusqu'à les rattraper. Ils reprennent leurs fiancées et leurs bijoux, ne font pas de quartier, puis reviennent dans la liesse à San Pietro. Cette fête des Maries devient une institution, elle a lieu, depuis, le jour de la Purification (version complète plus bas).

 

Sur Saint Magne (mort en 670)

L'évêque Magno (Saint Magne) est un personnage primordial dans le développement de Venise au 7ème siècle. Né à la fin du 6ème siècle, d'abord ermite, il devient ensuite évêque d'Oderzo (Opitergium) et contribue à éradiquer l'arianisme dans les îles de la lagune (Venise n'existait pas, ni un gouvernement vénitien). Lorsque les Lombards s'emparent de la ville, il émigre à Eraclée où il fait construire une cathédrale. Dans la foulée, on lui prête des visions divines, et des songes imagés où il reçut l'ordre de bâtir 6 églises (d'autres disent 7 comme Sanudo, ou même 8 selon Dolfin) dans les îles réaltines au 7ème siècle.  Plus précisément :

Saint Pierre lui commanda San Pietro di Castello là où il verrait des bœufs et des moutons.

Anzolo Rafaele (San Raphaële Archangelo) là où, lui indiqua l'Archange en songe, il verrait un rassemblement d'oiseaux.

Santa Maria Formosa là où, lui dit la Vierge qui lui apparut sous la forme d'une femme belle plantureuse) il verrait un nuage blanc descendre et rester sur le sol.

San Giovanni in Bragora, (Saint Jean Baptiste), là où, lui ordonna le Saint, il verrait arriver une compagnie de grues. 

Santi Apostoli, car les douze apôtres lui dirent de regarder un lieu où seraient posées douze cigognes.

San Zaccaria, pour le père de Saint Jean Baptiste.

San Salvador, où le Christ lui demanda de rechercher un nuage rouge descendant sur ce lieu où bâtir une église dédiée à lui  (le Sauveur).

Santa Giustina (près de San Francesco della Vigna), que le Saint martyr padouan lui demanda de construire là où une vigne porterait des fruits mûrs.


Sur Andrea Palladio

Au début du 16ème siècle en pleine Renaissance, le style gothique cède la place à l'Antique (le Classique issu des Romains) en architecture. C'est le règne d'Andrea Palladio (un Padouan ! né en 1508, devenu un opposant farouche au gothique), qui prend la succession de Sansovino comme Architecte en chef de Venise en 1570. De 1553 à 1580, année de sa mort à Vicence, on lui attribue plus de 65 édifices. Parmi les plus connus à Venise, on compte les églises  de San Giorgio Maggiore, le Redentore, et les façades de San Francesco della Vigna et de San Pietro di Castello. Mais il a aussi beaucoup travaillé dans les villes de Vicence (le théâtre olympique de Vicence est sa dernière œuvre qui sera achevée après sa mort par son fils et par Scamozzi), de Padoue, de Vérone, d'Udine et d'autres villes du Nord de la Vénétie. 

Palladio fait republier en 1556 le "De Architectura" de Vitruve (écrit en -25 AVJC et composé de 10 livres couvrant absolument tout ce qui concerne la construction, les styles, les matériaux, les proportions, les types d'édifices, les écoulements, la décoration, l'utilisation de l'eau dans les jardins, etc !). Il écrit lui-même ses "Quatre Livres de l'Architecture", une véritable Bible de cette nouvelle architecture néo-classique, en totale opposition avec le gothique ambiant, et qui rayonnera sur toute l'Europe des architectes pendant plusieurs siècles comme ouvrage de référence. Palladio a beaucoup travaillé sur les façades qui à Venise sont évidemment le signe de la prospérité des habitants des Ca' et des villas : les frontons à triptyques (inspirés d'Alberti et des Romains) sont agencés de diverses manières, avec des balustrades et des serliennes (fenêtres à 3 baies dont la centrale est munie d'un arc en plein cintre, les autres étant rectangulaires), inspirées de Serlio leur inventeur premier. 

Avec son style architectural, directement issu de l'architecture romaine de Vitruve, mise à jour en plus moderne et plus majestueuse, Palladio est la coqueluche de Venise. Les Nobles vénitiens et de Terre Ferme lui commandent villa sur villa dans les campagnes de la Vénétie (on en compte au moins  29, dont 24 sont inscrites au Patrimoine mondial de l'UNESCO). Chaque villa est un monument unique avec des trouvailles extraordinaires. Palladio n'a jamais travaillé à l'étranger mais a inspiré des milliers de bâtiments dans toute l'Europe dans les siècles et des centaines d'architectes jusqu'à nos jours (Ricardo Bofill pour ne citer que lui au 10ème siècle).

 

La fête des Maries

Début février 943 (ou 944 ?) dans l'église San Pietro, une cérémonie rassemblait depuis des années tous les couples de fiancés pour fêter leur prochain mariage, que bénissait l'évêque. Ce jour-là, en pleine cérémonie où 12 jeunes filles modestes mais pour l'occasion richement vêtues, allaient être bénies avec leurs fiancés, des pirates Narentais (des Dalmates, aujourd'hui Croates et Bosniaques, cachés dans le delta de la Neretva, avec ses milliers de canaux et de clémentiniers) débarquent à l'improviste, et enlèvent les demoiselles sur leurs bateaux pour en faire des esclaves. Mais les hommes, la stupeur passée, se ruent, leur Doge en tête, sur leurs navires et poursuivent les pirates dans l'Adriatique jusqu'à les rattraper. Ils reprennent leurs fiancées et leurs bijoux, ne font évidemment pas de quartier, puis reviennent dans la liesse à San Pietro. Cette fête des Maries devient une institution, et un cortège part de San Pietro jusqu'à San Marco avec costumes d'époque, tambours, trompettes et hommes d'armes, et bien sûr les jeunes filles superbement habillées. La fête, tous les ans le 4 février jour de la Purification (40 jours après la Nativité soit en fait le 2) (et juste avant le Carnaval !), a été remise en vogue avec un grand succès par le quotidien vénitien (Il Gazzettino) en 1999.

Une "Nef", c'est quoi ?

"Navire" en latin, la nef désigne en principe l'ensemble de l'intérieur d'une église, y compris les narthex, transepts et les collatéraux. Si les collatéraux sont plus bas que la partie centrale, on les appelle les bas-côtés. En langage non technique on parle de nef centrale (du portail au chœur) et de nefs latérales (en général séparées par des colonnes et des arcs)  s'il  y en a.

 

Références

Site Chorus de la basilique

https://www.chorusvenezia.org/fr/basilique-de-saint-piero-di-castello

Site Wikipedia https://fr.wikipedia.org/wiki/Basilique_San_Pietro_di_Castello

Site Cityzeum https://www.cityzeum.com/san-pietro-di-castello

Didier Descouens pour la photo de couverture sur Wikipedia Commons,

https://commons.wikimedia.org/wiki/File:San_Pietro_di_Castello_Facciata.jpg?uselang=fr (remplaçant les 5 ou 6 similaires que j'ai perdues suite au vol de mon appareil mais je reviendrai les refaire un jour)

 

rev31 26/10/2023

Arrivée par le pont …. San Pietro, on est frappé par l'inclinaison du campanile.

Saint Magne évêque d'Oderzo (580-670), aurait construit une église ici en apercevant des bœufs et des moutons comme lui avait soufflé en songe Saint Pierre. (WC-DD), mais les premiers signes d'une église byzantine seraient de 774 donc beaucoup plus tard ! 

Le patriarche Contarini décide une restauration massive de 1508 à 1524.  La nouvelle façade d'Andrea Palladio fut commandée par Antonio Diedo en 1556. 

La place est plaisante avec ses arbres et ses pelouses agrémentées d'allées de pavés. 

La pierre blanche à mi-chemin de l'allée diagonale entre le rio et le portail, marque l'endroit où le Patriarche et le Doge ….

… se rencontraient lors des grandes occasions, à mi-distance exacte, pour ne  pas froisser les amours-propres de chacun (leur diplomatie n'avait d'égale que leur susceptibilité) !

Initialement dédiée à 2 saints byzantins obscurs de Rasafo (Sergio et Bacco), puis à Saint Pierre au 9ème siècle, elle entre en concurrence avec Grado. 

Reconstruite en 841 par Orso Partecipazio, elle brûle en 1120. Reconstruite encore et plusieurs fois remaniée, elle devient la cathédrale de Venise par la bulle de Nicolas V. 

En 1558, Andrea Palladio commence le nouvel édifice extérieur, mais il ne l'achèvera pas car il décède en 1580. Francesco Smeraldi finira le travail en 1596, et en particulier la façade classique qui suit les plans palladiens. 

L'intérieur aussi est refait à partir de 1619 par Gerolamo Grapiscia  (donc on est en plein baroque, avec des restes byzantins épars, mais l'ensemble est remarquable). 

Le cloître du monastère, transformé en poudrière par Eugène de Beauharnais après les exactions de Napoléon contre les églises de Venise. 

Le campanile en pierre d'Istrie est refait, après un coup de foudre destructeur, par Mauro Codussi en 1482 avec un tambour supérieur octogonal et restauré en 1670. 

Le portail principal, repris aux deux côtés de la façade en plus petit (les nefs). La façade est très réussie avec ses 3 tympans et ses colonnes corinthiennes surélevées, des décorations sobres, avec des niches latérales vides (??). Les côtés ont la largeur des nefs latérales internes. (visite par la droite). 

Il n'y a pas de chapelle comme au Redentore, seulement des autels. Les nefs latérales sont prolongées par les deux chapelles absidiales du Santissimo (Esprit Saint) et della Croce (de la Croix), et deux autres chapelles ont poussé dans la nef gauche (Vendramin et Lando). A côté, l'urne funéraire de Filippo Corner. 

A gauche de la porte : le repas chez Emmaüs, Pietro Malombra et Antonio Vassilacchi (detto l'Aliense), ca 1618. 

A droite de la porte : le repas dans la maison de Simon (Jacopo Beltrame, 1618). 

Premier autel avec un beau crucifix (Jacopo Spada, 17ème) apporté d'ailleurs. L'autel baroque est dédié au départ à Saint Georges, rapporté de l'église Corpus Domini au 19ème siècle. Statues de la Méditation et de la Foi (Orzio Marinali, 18ème siècle). 

Le Père en gloire (Tiziano Vecellio , neveu du Titien, début 17ème siècle).  Avec une belle icône de Madonna col Bambino d'origine byzantine, dans un cadre baroque finement doré et ouvragé.

Beaucoup d'anges accompagnent ce Père peu visible. 

On remarque qu'il n'y a pas de chapelle latérale, seulement des autels sur les murs. 

La légende présente ici la chaire de l'Apôtre Pierre alors évêque d'Antioche, donnée au Doge Tradenico (poignardé en 864) par l'empereur d'Orient Michel III dit l'Ivrogne. La réalité : ce siège est construit à partir d'une stèle islamique du 13ème siècle, portant des sculptures arabes et des versets du Coran en caractères coufiques. 

L'autel Trevisan érigé en 1581 par le patriarche Giovanni Trevisan affiche ses belles colonnes de marbre veiné rouge supportées par des socles en marbre jaune (très rare), avec les statues d'Isaïe et de Jérémie. Saint Pierre est sur son trône. 

On voit le patriarche avec les Saints Nicolas, Andrea, Giacomo et Antonio Abate (Marco Basaiti, ca 1560,  rapporté ici depuis la chapelle de la Scuola dei Peoli d'Istria). 

Autel Morosini. Sur les côtés en haut, les bustes au mur de Francesco et de sa femme Elena Cappello (Clemente Moli).  Appelé le Péloponnésiaque" car  il reprit violemment la Grèce aux Turcs, et il a une salle entière au Palais des Doges en son honneur. 

Il fit sauter le Parthénon à Athènes en le bombardant car il était utilisé par les Turcs comme poudrière! Au centre, tableau de la Vierge avec Sainte Hélène, Thomas et François, commandé  à Francesco Ruschi par le Procurateur lui-même en 1640.  Au centre, tableau de la Vierge avec Sainte Hélène, Thomas et François, commandé  à Francesco Ruschi par le Procurateur lui-même en 1640. 

Le corps de Sainte Hélène (Elena mère de Constantin) fut un temps placé ici avant d'être transporté dans son église au bout de Castello. Les socles vides portaient auparavant les bustes de Morosini et de sa femme Elena Cappello.

La chapelle du Saint Sacrement à droite du chœur. L'autel est entouré de 4 gros piliers et d'anges dorés, et un tabernacle imposant classique (qui rappelle Saint Pierre). 

A droite, le  Châtiment des serpents (Pietro Liberi, ca 1660), comme il y en a plein à Venise. Pendant la fuite d'Egypte avec Moïse, des serpents du désert tuaient les Hébreux.

Dieu lui demanda de mettre un serpent de bronze ou d'airain) sur une perche et dit : 

"Quiconque sera mordu et le regardera, vivra" Et effectivement  c'est ce qui se passa.

L'Adoration des Mages (Pietro Ricchi detto il Lucchese, ca 1662), L'ensemble est sombre.

Mais les lumières sont savamment étudiées pour mettre en valeur les personnages de l'Enfant et du Mage à genoux. 

Les deux autres attendent derrière, et en fait il y a un monde fou près de cette crèche, des serviteurs, des chevaux, des montagnes et des arbres, des trompettes et des instruments. 

La voûte et le plafond sont richement décorés de festons de fleurs en stuc qui laissent voir la terre cuite par endroits. 

La fresque représente Joseph (vendu comme esclave en Egypte par ses frères, mais devenu Gouverneur du pays ensuite) qui reconnaît ses fils venus rechercher du blé chez le Pharaon, qui invite alors toute la famille à venir à Canaan pour les nourrir pendant 5 ans lors du fléau annoncé de 7 ans de famine. 

Au-dessus de l'autel, une fresque colorée au plafond avec le Père, le Christ, deux archanges et des putti en pagaille. C'est la Gloire de la Sainte Trinité (Girolamo Pellegrini, 1695).

Le chœur avec son autel et ses nombreuses statues et son plafond dédié à Lorenzo Giustiniani (Girolamo Pellegrini, ca 1695). 

Sur un plan de Baldassare Longhena, les sculpteurs Cavrioli, Giusto le Court, Melchior Barthel, et Clemente Moli se sont régalés. 

Lorenzo Giustiniani (1380-1455), quand Nicolas V déplaça le patriarcat à San Pietro, devint le premier Patriarche vénitien (1451). Il est  béatifié par Alexandre VIII en 1690. Ici il est entouré de la Foi, l'Espérance et la Charité (les trois Vertus théologales), et Pierre barbu prend sa main et la tend vers Venise au diadème (?). 

A gauche Saint Pierre et Jean Baptiste, à droite, Saint Marc et Paul. On a utilisé des marbres précieux provenant de France (rouge), Vérone (jaune), blanc (Carrare), noir (Afrique) et vert. Orgue du Dalmate Peter Nacchini (1754), revu en 1884 par Pietro Bazzani, restauré en 1975. 

Reconstruit par Clemente Moli en 1646 suite à la folle vénération pour Lorenzo, l'autel porte son urne avec 6 angelots et deux anges, et trois plaques en cuivre doré devant : Foi, Espérance, Charité. 

Sur l'urne, San Lorenzo Giustiniani et 2 anges portant la crosse (il est partout, normal c'est très politique aussi de montrer ce Patriarche après que Venise eut décidé de transporter de Grado la rebelle le patriarcat ici). 

Les tableaux autour du chœur sont dédiés au Saint. A droite, il intercède pour la libération de Venise de la peste de 1447 (Antonio Belluci,  1695). 

C'est très pompeux comme le reste, mais touchant de religiosité et les tenues sont somptueuses. 

Fenête droite, à droite, la Mort du Saint (Giovanni Segala, 1695), à gauche, il donne la communion à une nonne (atttr. à Domenico Ghislandi, mi 17ème). 

Fenêtre gauche, à droite, l'Enfant Jésus lui apparaît (Daniel Heinz, ca 1695), à gauche, il libère un obsédé (Antonio Molinari, ca 1695). 

A gauche, la Charité de San Lorenzo (Gregorio Lazzarini, 1691). En-dessous, les boiseries rapportées de Sant'Andrea della Certosa et adaptées au chœur d'ici.

Sur la gauche du tableau, un mystérieux amalgame de personnages, loin du Saint qui distribue ses aumônes. 

Le trône en-dessous du tableau, un moment rangé à Saint Marc, est revenu à sa place à la fin du 20ème siècle. Chapelles de gauche : Vendramin et della Croce. 

Cappella della Croce à gauche du chœur. Au fond une croix byzantine (18ème siècle, anonyme). Devant, un crucifix anonyme du 16ème siècle. La croix au mur est entourée, à droite de Saint Jean l'Evangéliste … 

… et à gauche de Marie-Madeleine et de Marie. Les colonnes grecques proviennent de l'ancien baptistère qui existait sur le côté de l'église en 1120  et qui a disparu. 

Exaltation de la Croix (Francesco Solimena, 1730). Au plafond, la Gloire de San Carlo Borromeo. 

L'invention de la Croix par Sainte Hélène (on trouvera ceci au moins 10 fois à Venise), (Francesco Solimena, ca 1730). 

Entre della Croce et Vendramin, quelques décorations baroques et un buste d'Aloisio Sagredo, (1742), Patriarche de Venise en 1678. 

La Chapelle Vendramin de Michele Ungaro,  conçue par Baldassare Longhena mi 16ème,  et dédiée à ND du Carmen, célèbre le patriarche Francesco Vendramin en 1605. 

Cette grande chapelle est remplie de hauts reliefs un peu abimés et de 6 belles statues d'allégories de Michele Ungaro, Melchior Barthel, et leurs ateliers (très baroque …) 

Paul V coiffe la mitre de cardinal à Francesco Vendramin (Michele Ungaro, ca 1675). A droite : allégorie de l'Astronomie. 

Madonna col Bambino au-dessus d'âmes du Purgatoire. C'est curieux comme Marie regarde le spectateur en coin), (Luca Giordano, ca 1650). 

Triomphe de la Croix, avec la Mort hideuse en bas portant une inscription : "Francesco Vendramin creato da Paolo V degno e pio patriarca della città di Venezia e cardinale della chiesa … 

… d'inclito lignaggio e di purissimi costumi porge all'evangelista il simbolo della Croce. La morte ha in quella mano il vessillo di Cristo". 

Saint Jean l'Evangéliste, Saint Pierre (à gauche), Saint Paul (à droite), très haut tableau de 3,20m de Paolo Caliari (le Véronèse, ca 1585). 

La nef gauche, très semblable à la  droite, avec ses 3 autels et à droite l'entrée de la chapelle Lando. 

Petite, et de style gothique témoignage de l'église gothique précédente du 12ème siècle, elle contient une superbe mosaïque "La Gloire des Saints". 

Le dessin est de Jacopo Tintoretto, la réalisation d'Arminio Zuccato (1575). 

A voir aussi un buste de Saint Laurent, et un fragment de mosaïque datant du 5ème siècle (inséré dans le mur au pied de l'autel). 

Sur le mur droit, fragment de mosaïque de la période romaine tardive. Au plafond, une toile célèbre la gloire de San Carlo Borromeo. (Charles Borromée, 1538-1584, évêque de Milan, proactif au Concile de Trente, canonisé par Paul V en 1610). 

Suite de la nef gauche. Derrière le pilier droit, les fonds baptismaux avec une statue de Saint Jean Baptiste baptisant le Christ. (marbre et bronze). 

Autel de l'Immaculée Conception (Immacolata), en style baroque avec 4 colonnes de marbre grec, rapportées de l'église del Corpus Domini  … 

…détruite sous Napoléon, et la belle statue de Gian Maria Morlaiter du 18ème, rapportée ici de la Scuola della Carita supprimée aussi. 

Autel Priuli (construit par le Cardinal Priuli et Maria Loredan) et le Martyre de Saint Jean l'Evangéliste (Il Padovavino, 1620, retouché ensuite par Michelangelo Schiavone). On dit que Jean aurait été torturé, sous l'empereur Domitien. 

On le plongea dans une cuve d'huile bouillante devant la Porta latina à Rome. Saint et sauf par miracle, il fut ensuite banni à Patmos, une îIe de la mer Egée, où il rédigea le texte de l'Apocalypse. Saint Jean est mort vers l'an  100. 

Dernier autel, du Sacré Cœur de Jésus,  sur lequel on n'a pas d'information. 

La Vierge et l'Enfant. Cette fois-ci, c'est plutôt Marie qui est ratée. 

Au fond, Saint Georges et la princesse, copie du 19ème siècle d'un original de Basaiti du début 16ème et conservé à l'Accademia. 

A remarquer aussi, ces sièges sculptés et décorés qui ornent l'église auprès des piliers.