Récits et Légendes de Venise

Les petits secrets du Grands Canal

Deuxième partie

Introduction

On poursuit notre balade le long du Grand Canal. Après avoir déambulé du Bacino au pont du Rialto dans la première partie, nous continuons à découvrir des endroits discrets, mais chargés de légendes, d'histoires et d'Histoire. Cette fois-ci, on fera nos découvertes à pied et non depuis le vaporetto, du Rialto jusqu'à la Pescheria.

v2 10/03/2024

La tête d'or au Rialto

Il faut vraiment la chercher, au milieu d'une foule compacte déversée depuis ou vers le Rialto, des magasins et des stands innombrables d'objets de peccadille chinoise.

Quand vous êtes en bas du pont, côté San Marco, prenez tout droit la salizzada Pie X, et ne regardez que le premier étage des maisons sur votre gauche. Vous tomberez sûrement sur une majestueuse tête d'homme à l'allure romaine, toute dorée (et pas encore volée).


Elle est le vestige d'une pharmacie vénitienne, la Speziera alla Testa d'Oro, parmi les 7 ou 8 qui avaient le privilège de fabriquer la fameuse Thériaque à Venise.  J'entre dans les détails de la thériaque dans ma conférence sur les  maux et les remèdes à Venise. Voir la page web Peste et Thériaque dans le menu Récits et Légendes

Mais qu'est-ce que la Thériaque ? A l’origine, on a un poème portant sur les morsures par des animaux, par un poète grec au 2ème siècle AVJC en Ionie. Il s’intitule la Thériaca (qui signifie vipère), un antidote contre les venins.

Le roi Mithridate en 65 AVJC, roi du Pont (-Euxin, ou Mer Noire aujourd'hui) en Turquie, mit en œuvre cette potion pour se prémunir d'un empoisonnement, avec 46  ingrédients, tous exotiques, tous bien précisément dosés.

Plus tard, Andromaque le Vieux, le médecin de Néron vers l'an 55, rajouta 25 autres produits, encore plus exotiques mais où l'opium avait toujours une très bonne place. Le fameux philosophe et médecin Galien lui donne dans ses ouvrages son nom définitif et ses lettres de noblesse au 2 ème siècle.

A Venise elle connut un grand succès (l’empoisonnement était assez courant au Moyen-Age).  Sa production était longue, extrêmement réglementée par le Sénat et les Provéditeurs à la Santé de Venise.

Aujourd'hui cette tête dorée nous rappelle l'importance de cette potion guérissant absolument tout (grâce à la bonne dose d'opium). Sous la tête d'or on peut encore voir l'inscription "Theriaca di Andromac Vecchio".

Anecdote : j'ai trouvé des tas de pots à pharmacie signés Teriaca dans les apothicaireries des châteaux en France (Hospices de Beaune, château de Chenonceau.Mais aussi à la Cité Gastronomique à l'Hôtel Dieu, dans la reconstitution de la magnifique ancienne pharmacie.

Fondaco dei Tedeschi

Fondaco, ou Fontego, vient de l'arabe Fonduk signifiant entrepôt.

Pour y aller, tourner à gauche dans le campo San Bartolomeo, passer la statue  de Goldoni, tout droit et les entrées du magasin sont sur la droite.

 

Ah, ce bâtiment a connu bien des histoires depuis 1222 !

Le Sénat de Venise l'achète pour y loger les marchands de Nuremberg, Augsburg et ensuite d'autres villes allemandes, et permettre d'y entreposer leurs marchandises venues d'Orient et transitant à Venise, et de recevoir celles partant en Méditerranée. Venise en effet contrôlait strictement les mouvements des bateaux et de leur contenu, ainsi que les personnes y travaillant, essentiellement pour prélever les taxes obligatoires (la "tassa doganala") qui ont fait la richesse de la République. Elle faisait de même pour les Turcs (Fondaco dei Turchi, aujourd'hui le musée d'histoire naturelle, les Juifs  dans la soie, etc.

Au rez-de-chaussée, l'entrepôt, d'accès facile sous des colonnes, pour les marchandises :

Dans les étages, l'hôtel avec cuisines, dépendances et dortoirs pour les ouvriers, les commerçants, les comptables.

En 1505 il brûle, le Sénat le fait illico reconstruire et décore en 1508 la façade avec d'immenses fresques de femmes dénudées, œuvres du peintre Giorgione et son élève le Titien. 

Ces fresques ont disparu, hélas, mais trois ont été conservées à la Ca'd'Oro ou à l'Accademia :  La Nuda de Giorgione, et du Titien la Judith et le Combat des Géants et des Monstres. On imagine le luxe de la façade au 16ème siècle.

En 1797, à la chute de la République sous Napoléon, le fondaco est supprimé et plus tard le bâtiment devient de 1870 à 2008 la Poste centrale de Venise. Il est vendu au groupe Benetton mais son projet de rénovation est refusé.

Finalement il est racheté par le groupe LVMH en 2016 qui le transforme complètement en magasin de luxe en franchise duty free. Boutiques de grandes marques, restaurant gastronomique décoré par Philippe Stark, épicerie fine, etc….

Mais le plus intéressant pour nous touristes (qui n'avons pas tous les moyens) est le dernier étage, aménagé par LVMH. Cette terrasse permet une vue grandiose sur la ville. L'accès est gratuit mais le lieu est assez couru. Situé à la courbure du Grand Canal, il offre des vues splendides sur les palais qui bordent le Grand Canal. A voir absolument, gratuit, mais depuis peu il faut réserver par internet et la visite est limitée à 15 minutes !

Le Campiello del Remer au Rialto 

Déjà, signaler qu'il y en a trois ou quatre dans Venise !

Pour aller au campiello de Cannaregio près du Rialto, ce n'est pas évident :

Au Rialto aller au campo San Bartolomeo et prendre la calle vers le Fondaco dei Tedeschi puis passer devant l'église San Giovanni Crisostomo. Sur la gauche, une borne à incendie et un bureau de tabac. Prendre la calle étroite, continuer dans le sottoportego et vous êtes arrivé.


Et d'ailleurs, "remer" ça veut dire quoi ?

 

Le Remer à Venise est le fabricant des forcole, ce métier n'existe qu'à Venise. Il fabrique aussi des rames.

Et c'est quoi la forcola ? (fourche, et remer est proche de rameur non ?)

La forcola (la fourche) est la pièce de bois qui permet de manipuler la rame d'une gondole. Elle est taillée en fonction de la taille du gondolier, et comporte des échancrures précisément taillées pour opérer les différentes fonctions de la rame : pousser, tourner, avancer, freiner, etc.

C'est l'ancien palais Lion Morosini du 13ème siècle, décoré beaucoup plus tard avec un lion au début de l'escalier installé il y a moins d'un siècle.

Noter aussi un joli puits en marbre de Vérone du 13ème siècle, mais installé ici seulement en 1932.

Il est transformé en hôtel, et abrite un bon restaurant où l'on peut boire un excellent spritz ! 


En journée, la vue est fabuleuse sur le Canal :

A gauche, le Rialto, le Fondaco dei Tedeschi, et en face le palais des Camerlinghe et les Fabbriche Vecchie d'Antonio Abbondi (dit le Scarpagnino), 1522 qui abritaient  les administrations de la navigation et du ravitaillement.

A droite les Fabbriche Nuove, pour l'administration du Commerce, bâties par Sansovino en 1556, aujourd'hui la Cour d'Assises.

Le soir, c'est encore plus féérique, avec toutes les lumières des palais et du Rialto, les vaporetti, les jeunes assis au bord de l'eau en face.

Mais une sombre légende bien vénitienne relate un drame qui s'est déroulé ici à la fin du XVIIe siècle.
Le noble Fosco Loredan était amoureux fou, et surtout très jaloux de la belle Elena, une des nièces du Doge Marino Grimani.

Un soir, le Doge passant dans les alentours du campo Remer entend les cris d'une femme, puis le bruit d'une épée que l'on dégaine. Guidé par les cris, Marino Grimani arrive sur le campiello Remer et y trouve Elena, sa propre nièce, et Fosco son amoureux, qu'il reconnaît tout de suite.

Fosco demande au doge de ne pas intervenir : " C'est mon affaire, cette dame m'a trahi ".

Elena à son tour intervient : " Ce n'est pas vrai. Lui est rongé par la jalousie parce que j'ai fait la connaissance d'un jeune homme qui pourrait être mon fils, sauvez moi, mon oncle ! ".

Le Doge sort son épée, et Fosco n'ose pas l'attaquer vu son rang.

Il s'agenouille devant le Doge et lui dit : "je suis votre serviteur, votre volonté sera la mienne."

Alors le doge rengaine son épée,

Mais l'instant d'après, Fosco lève la sienne et tranche la tête d'Elena. Furieux, Marino Grimani ordonna à Fosco : " Prends la tête de cette femme et le reste de son corps sur tes épaules. Sans jamais les quitter, de jour comme de nuit, va à Rome et porte les au Pape. Ce sera lui qui décidera de ton destin ".  Et ainsi, Fosco part pour Rome. Il arrive 5 mois après, mais le Pape ne veut même pas le recevoir. Il revient alors à Venise et se jette dans le Grand Canal depuis le campiello Remer.

Et le soir parfois, au bord du quai, on peut voir son corps remonter à la surface, avec ses mains crispées sur la tête d'Elena Grimani, et son corps sur les épaules …

La Ca'Sagredo

Situé au campo Santa Sofia, en face de la Pescheria et à l'arrivée du traghetto joignant les deux, le palais et construit au 14ème siècle à la vénitienne. Sa belle façade est asymétrique suite aux multiples travaux mais conserve ses luxueuses fenêtres trilobées copiées sur le Palais des Doges comme à la Ca'd'Oro juste à côté. En revanche, et comme très souvent à Venise, les autres côtés sont très simples (parce que les seules façades sur le Canal coûtaient extrêmement cher).

Ah cette famille Sagredo ! Un vrai gros roman …

Commençons par le premier, Gerardo  Sagredo, qui  est le seul et unique Saint vénitien, né sur l'île de San Giorgio Maggiore. Moine bénédictin, il part pour la Hongrie, devient évêque sous le nom de Gellert (ou Gerhard),  et aussi le précepteur du fils du roi.  Mais en 1046, les païens le capturent, le torturent et le mettent  dans une barrique percée de longs clous pointus, et il dévale la colline de Buda (140 mètres quand même), futur Budapest, jusqu'au Danube. Il devient alors un Saint martyr, et on lui érige en 1904 une grande statue de 12 mètres sur la colline qui porte son nom. Plus tard en 1918 il aura son magnifique hôtel  4* au bord du Danube, de style Art Nouveau, internationalement connu. Gellert  est le saint patron de la Hongrie et protecteur de la capitale !

D'autres Sagredo ont servi la République : un Doge Nicolo en 1674, plusieurs Ambassadeurs (Nicolo au Vatican, Agostino chez Louis XiV, des Procurateurs de Saint Marc ou Patriarche de Venise (Alvise), des scientifiques (Giovanni Francesco ami intime de Galilée). La famille est au Grand Conseil depuis 1110. Tous les hommes et femmes Sagredo se marièrent avec des femmes et hommes  de la très haute aristocratie vénitienne (Tiepolo, Foscarini, Grimani, Pisani, Malipieru, Venier, Zen, etc).

Le palais, reconstruit mi-16ème siècle par la famille Morosini, est racheté par les Sagredo au milieu du 17ème siècle. Il subit des transformations mais toujours dans l'embellissement, en particulier à l'intérieur.

Zaccaria au début du 18ème siècle, transforme radicalement le palais, il commande l'escalier des Géants de Tirali, terminé en 1732, qui sera ensuite décoré à fresques par Pietro Longhi. Zaccaria remplit le portego de 100 tableaux et de milliers d'ouvrages.

Hélas, vers 1775, tout cela est vendu, et remplacé par les scènes allégoriques et de la vie mondaine de ce temps.

En 1913 le palais quitte la famille Sagredo, passe par plusieurs propriétaires, avant d'être cédé en 2007  pour devenir un hôtel de luxe 5*. Il a conservé son aspect du 18ème siècle avec des rénovations très coûteuses mais digne de son contenu.

On le visite pendant les biennales, ou en demandant gentiment à la réception.

Passée la réception, le palais se découvre avec la porte menant à l'escalier monumental de Tirali, réalisé en 1732. En soi cet escalier est un chef d'œuvre (voir les sols, les deux angelots, les marches). Mieux, les murs très hauts sont décorés en 1738 de la seule fresque mythologique réalisée par Pietro Longhi, dans sa jeunesse (il avait 32 ans).

 

Elle représente la Chute des Géants avec un Jupiter tout en haut foudroyant les Géants. On admirera ces corps puissants, enveloppés d'énormes nuées de couleur, le tout est très impressionnant.

Aparté facultatif, un peu de culture : pour la forme, Jupiter (Zeus) qui est le fils de Saturne (Cronos), et  le mari d'Ops (Rhea), dévorait ses enfants, suite à un oracle prédisant son assassinat par un de ses enfants (histoire qui se reproduira indéfiniment dans la mythologie gréco-romaine). C'est (Ovide) l'Age d'Or. Rhéa met une pierre dans des langes de son dernier nouveau-né (Jupiter), et Saturne l'avale comme les autres, sans autre désagrément. Jupiter (Zeus) est éloigné et élevé au Mont Ida. Jupiter détrône ensuite Saturne (Cronos) comme l'oracle l'avait prédit. C'est l'Age d'Argent, Jupiter crée les 4 saisons. Avec sa femme Junon ils eurent les Dieux Olympiens (Bacchus, Diane, Apollon, Mercure, Minerve, Vénus, Mars et Vulcain, en termes romains) et bien d'autres. Mais les 40 Géants, monstrueux (cent bras, tête hirsute, pieds-serpents), enfants d'Ouranos et de Gaïa les tout premiers nés du Chaos, se révoltent contre Zeus-Jupiter et les Cieux.  Après des affrontements terribles (je simplifie), Zeus alors les foudroie et les répand blessés sur la Terre, achevés par Héraclès. Plus tard, Zeus déclenche le Déluge (eh  oui, ici aussi, et la mythologie grecque en compte 4 ou 5 !) pour anéantir la race humaine devenue trop violente. Jupiter découvre ensuite deux survivants en Béotie sur le mont Parnasse, un homme et une femme : Deucalion (fils de Prométhée) et Pyrrha (fille d'Epiméthée). Deucalion, prévenu par son père Prométhée le Titan, avait construit une arche qu'il avait rempli de provisions. Le dieu est ému par ces humains justes et bons. Il décide alors d'arrêter le Déluge. Deucalion et Pyrrha jettent des pierres derrière eux, qui prennent vie et deviennent des hommes et des femmes. Fin de l'aparté. 

En haut de l'escalier, on pénètre dans le Portego, la grande salle de réception du palais, qui fut rénovée et refaite plusieurs fois. Très en longueur, on peut y voir les 4 fresques, réalisées par en 1780 par Andrea Urbani, représentant des scènes allégoriques de chasse et de vie mondaine. A noter aussi les trois lustres imposants mais gracieux de Murano, les médaillons au-dessus des portes.

La salle latérale, dite Salle Amigoni, longue et étroite, fait la connexion avec les 3 autres.

On y a placé les figures du Doge Leonardo Dona qui recevait Galilée et sa lunette astronomique en 1609, la toute première qu'il avait créée en 1607 à partir de lentilles hollandaises (grossissement x3 !).

La salle du Doge qui suit possédait un tableau du Doge Nicolo Sagredo, Au plafond, Nicolo Bambini a peint la Défaite des Vices, où Jupiter et les Dieux pourchassent les sept péchés capitaux.

La salle Tiepolo est ornée d'une de ses fresques, très reconnaissable aux visages des femmes et à leurs vêtements splendides. Ici on voit un hommage à Venise, avec cette femme figurant Venise, que Tiepolo a peint et repeint dans de nombreux endroits. Toutes les autres œuvres de Tiepolo ici ont disparu. Noter les moulures pastel de Abbondio Stazio et Carpoforo Mazzetti au début du 18ème siècle.

La Salle de Musique (ou de Bal), au bout, a gardé ses murs extraordinaires. Les stucs magnifiques, de couleurs rose pastel, d'Abbondio Stazio et Carpoforo Mazzetti Tencalla, de Lugano, embellissent encore plus le décor.

 

Quatre immenses tapis rouges cachent un peu le Terrazzo (sol d'une pièce, fait de petits carreaux de pierre et de marbre sur un ciment de gravier fin, appelé aussi seminato veneziano, spécialité de la ville), dont l'avantage est sa légèreté et également sa flexibilité. 

Dans ce carré de 12m de côté et 9m de haut, à l'acoustique parfaite (on y donne encore de nombreux concerts), on peut admirer au centre des murs les fresques de Gaspare Diziani (1737-1797), avec des balcons en trompe l'œil.

Sur les murs, on trouvera 8 grisailles peintes dans des niches en trompe-l'œil, de Jupiter, Minerve, Mercure, Vénus, Mars, Neptune, Cybèle et Junon, faites par d'autres artistes.

Une des grisailles cache une porte secrète. Cette porte était empruntée par les favorites du prince et menait à sa chambre (ou au casino plus haut ?).

Au plafond, une fresque représentant Apollon sur son char jetant les péchés capitaux sur terre.

La Pescheria au Rialto

Ah, la Pescheria aussi a son lot de petits secrets ! On ne connaît pas vraiment la date de création du marché aux poissons de Venise, et il faut attendre 1227 pour en avoir des traces écrites, car les Vénitiens, très bureaucratiques, ont très tôt édicté des centaines de règlementations concernant les modes de pêche et les types de pêcheurs, les tailles des poissons, les revendeurs et les lieux autorisés.

Les poissons provenaient en majorité des fermes piscicoles de la lagune (les Valli) réservées aux Nobles et aux monastères, qui les donnaient en location à des fermiers (Vallesani). Les valli couvrent  plus de 11000 ha

Une page complète de mon site web est consacrée à la pêche, et à la Pescheria (voir dans le menu Palais).

 

Avant se trouvait ici le palais du conjuré Marco Querini, tué lors du coup d'état projeté lors de la conjuration de Baiamonte Tiepolo en avril 1310. Le Doge fit raser son palais par en représailles, et on y installa des Boucheries

(Beccarie). A l'époque, le marché aux poissons se situait tout près du Rialto. Mais les odeurs sous les fenêtres incommodaient trop les  banquiers, commerçants et douaniers vénitiens, qui  en 1459 les repoussèrent vers le rio delle Beccarie, à l'endroit actuel. 

 

En 1907 on demande à l'architecte Domenico Rupolo de rebâtir l'ensemble que l'on voit à présent, en style pseudo-néo-gothique utilisant le marbre et les briques classiques. On comptait près de 160 poissonniers en activité à la fin du 19ème siècle, aujourd'hui il n'y en a pas plus de 16, qui vont se fournir au marché de gros de Tronchetto. Le marché est ouvert tous les jours sauf dimanche et lundi, de 7h à 11h (après, il n'y a plus grand monde ni plus beaucoup de poissons).

Sur la façade, un Lion de Saint Marc à gauche, et un portrait de l'Arétin (Pietro Aretino, célèbre libertin mais surtout écrivain et grand critique d'art. Il a habité le palais Bollani en face du marché de 1527 à 1556  Autour de sa tête, sa devise "la vérité est fille du temps". Protecteur entre autres du Tintoret, l'Arétin avait une grande influence à Venise 

A l'extérieur, au coin sur le Canal, statue de Saint Pierre, en bronze, de Cesare Laurenti (pas très attirante, il est tout maigre).

 

Depuis l'Erberia (marché aux fruits) on passe dans ce couloir qui sépare en 2 la Pescheria.

Ne pas manquer sur la gauche la table des tailles minimales des poissons vendus ("mailles"). Après avoir cherché des heures la traduction de ces espèces, même avec un dictionnaire vénitien-italien, je ne suis parvenu à en traduire que quelques-uns.

Pour finir la liste, la blagounette rajoutée, qui est régulièrement effacé par les fonctionnaires, mais qui reparaît aussitôt après !

Puis une jolie niche votive, toujours fleurie.

En continuant, passer à gauche le long du rio. Examiner les deux portails en fer forgé (au 341), le plus grand porte sur le linteau l’inscription " Piscis primum a capite foetet " le poisson commence à sentir d’abord par la tête ".

Les Vénitiens disent aussi : " le poisson a 24 vies et il en perd une par heure ".  Raison de plus pour venir tôt acheter ses seiches ou ses daurades locales.

Ici l'entrée par le campo delle Beccarie  qui a gardé le nom des anciennes boucheries.

L'autre carré des poissonniers, avec plus d'étals. Mais il faut le visiter après la fin du marché pour admirer les chapiteaux des colonnes. Ils sont ornés de têtes de poissons (mais pas que). 

Des hippocampes, endémiques dans la lagune Des tourteaux

Des mulets Des poulpes

Des dorades Des têtes d'hommes

Des barques de pêche et leurs vieri (paniers recevant les poissons)Des oiseaux tenant des poissons dans leur bec