Guide en images des églises de Venise

San Stefano (San Marco)

Eglise CHORUS

Histoire

Créée vers 1294 par des moines mendiants de St Augustin (déjà installés à Castello au 12ème siècle), l’église dédiée à San Stefano est terminée en 1325.  (en français Etienne ou Stéphane comme le traduit le site Chorus de l’église, le nom vient de stephanos en grec signifiant couronne). Voir à la fin de cette introduction l'histoire de Saint Etienne, en fait un Juif à 100%, fait néanmoins protomartyr (premier saint martyr) de l'Eglise.

Il ne reste rien de l'église primitive reconstruite au 14ème siècle avec l'entrée donnant sur la rue et non le campo (suite à des problèmes avec les riverains du Campo). Au 15ème siècle, on rénove tout avec le toit en coque inversée (carène de navire), orné de peintures, posé sur de (relativement) fines colonnes de marbre rouge de Vérone et de marbre blanc de Grèce reliées par de grosses poutres en bois décorées. On installe le portail de Bartolomeo Bon (1438-1442) en style gothique fleuri. 

Au 16ème siècle on prolonge la nef, et l'abside actuelle est construite sur un pont enjambant le rio del Santissimo (visible sur le côté gauche depuis le campo San Anzolo). Au 18ème siècle de nombreuses modifications ont lieu à l'intérieur.

L'intérieur est à 3 nefs sans transept, avec deux petites chapelles de chaque côté du chœur très imposant. Fin 19ème l'église est en très mauvais état, une restauration a lieu en 1900. Dans cette église on dénombra plusieurs meurtres et agressions, aux 14ème et 15ème siècles principalement, ce qui donna lieu à de multiples re-consécrations après ces faits sanglants. 

Extérieur

A noter tout d’abord, que depuis le campo Sant’ Angelo derrière, on voit un très joli rio, bien nommé "del Santissimo" car il passe juste en-dessous du maître-autel de l’église !

Cette église on la voit mal. Depuis le campo Sant’ Angelo, on ne voit que le campanile et les bâtiments qui cachent le couvent. Depuis le devant de la façade, on ne voit qu’un bout de cette façade qui est très haute, avec son joli portail assez imposant et très ouvragé, mais on n’a pas de recul pour l’apprécier. Depuis le campo San Stefano, on ne voit que le flanc droit de la nef droite et les fenêtres surplombant la nef centrale, le tout en briques rouges et agrémentés de lésènes un peu massives. L’abside est cachée par les bâtiments du campo. 

Les raisons ? Des plaintes et des histoires sans fin entre les moines et les habitants, qui ont exigé plusieurs choses : d’abord, que la façade ne donne pas sur le campo !  Ensuite, que le rio existant soit préservé des constructions, ce qui explique que l'abside de l'église est construite sur un pont sous lequel passe le rio

Mais on a là une grande église, bien que dedans on ne se sente pas perdu comme aux Frari par exemple.

Le campanile carré, aux longues lésènes de briques entrecoupées de rebords en pierre d’Istrie, est très haut (61m) et se voit de loin, mais curieusement pas ou presque depuis le campo San Stefano (il faut aller au campo Sant’ Angelo pour l’apprécier). Il est très penché aussi suite à un tremblement de terre en 1902, d’où une forte consolidation des soubassements. Il date de la seconde moitié du 15ème siècle(début Renaissance). Il est donc plus ancien que l’édifice actuel. Il prend feu en 1529. En 1585 il reçoit la foudre, ce qui fond les cloches, et une partie s’écroule sur les maisons en-dessous. Les cloches furent remplacées (probablement) par d’autres provenant d’Angleterre (où la Reine Elisabeth avait ordonné la destruction des églises catholiques pour assoir la nouvelle église anglicane. On rêve …). Il est encore reconstruit aux 17 et 18ème siècles. Au sommet, le tambour octogonal muni d’un balcon blanc surmonte le logement pour les cloches en pierre d’Istrie, comportant 3 ouvertures en arc de pierre d’Istrie sur les côtés.

Intérieur

L’intérieur est à trois nefs, avec de gracieux et fins piliers aux deux couleurs en alternance (marbre blanc de Grèce, et Brocatelle, le marbre rouge de Vérone). Les murs au-dessus des arcades sont reliés par des poutres en bois, sculptées et décorées.

On se doit de signaler que les tableaux de la sacristie changent de place de temps en temps. C’est une habitude ici, en effet, presque tous les autels dans les deux nefs, ont subi plusieurs transformations ou déplacements des œuvres, au gré des concessions, des congrégations et des Scuole associées aux autels. 

Le maître-autel, assez large est mis en valeur par l’abside percée de nombreuses fenêtres gothiques. Il contient deux candélabres de bronze  d’Alessandro Vittoria. Les murs sont décorés d’imposants monuments en marbre aux niches ornés de statues, mais l’ensemble est moins pompeux qu’élégant, contrairement à d’autres chœurs où les tombes et les statues foisonnent avec orgueil. De part et d’autre, on trouve deux chapelles absidiales, celles-là plutôt sombres, et aux autels simples. L’ensemble est léger (d’ailleurs c’était voulu parce que l’endroit était marécageux à souhait, et, malgré les pieux enfoncés, ne pouvait pas supporter trop de charge).

Les murs sont peints en formes de briques de couleur, aux motifs en losanges identiques à celui du Palais des Doges. Les côtés et les arcades sont décorés de frises en feuilles d’acanthe qui rendent l’ensemble plus agréable que la plupart des intérieurs d’églises à Venise.

Le magnifique plafond, assez haut et très long, semble suspendu à la structure de bois entourant les fenêtres. Il est en coque de navire inversée, tout en bois, et éclairé par de nombreuses fenêtres semi-circulaires placées au-dessus des murs des nefs latérales et dont les côtés rejoignent en une courbe le plafond. 

Les œuvres à l’intérieur, mises à part la sacristie couverte de tableaux (dont 3 Tintoret moyens et sombres) et avec un beau triptyque de Vivarini (Bartolomeo), ne sont pas impérissables mais de bonne facture et surtout, assez cohérentes entre elles (Mariechi, Manescardi, Brusaferro, Liberi, Corona, Angeli, Lodi) et des sculptures intéressantes de Buora ou Canova pour la dalle funèbre de Giovanni Falier.

La contre-façade elle est très jolie avec la statue équestre en bois doré de Domenico Contarini, non pas le Doge de l’an mille ou celui qui le devint plus tard en 1659, (le monument date de 1650), mais le condottiere commandant dans la bataille de Melegnano, en 1526.


Etienne, un Saint ?

C'est une histoire bizarre que la vie de cet Etienne, prédicateur juif du courant helléniste au début du premier siècle. Il est cité par Luc dans les Actes des Apôtres. Très instruit et orateur hors pair, il accomplit des prodiges auprès des gens, mais il est dénoncé et accusé de blasphème pour avoir prononcé le nom de Dieu (défendu chez les Juifs). Le Sanhédrin (assemblée législatives des Hébreux), le condamne à la lapidation. Par la suite, il est proclamé premier Saint de l'Eglise naissante. Il donne son nom à une grande quantité de lieux en Europe, ainsi que d'églises et cathédrales. Le tableau de son martyre dans la nef gauche est intéressant, mais il faut aussi absolument voir cette même scène peinte par Jacopo et Domenico Robusti (Le Tintoret) dans l'église San Giorgio Maggiore (surprise garantie) !


Adresse : Campo San Stefano 2774 San Marco

Horaires : Lun-Sam 10:00-17:00

Rev4 15/12/2023

Depuis le campo San Stefano, on voit mal l’église du même nom, juste les murs de brique de la nef droite et les fenêtres semi-circulaires avant le toit. 

Aller sur le campo Sant’ Angelo derrière, où le rio del Santissimo traverse carrément sous l’abside (conséquence des conflits avec les riverains lors de la reconstruction). 

Et d’où l’on peut voir le très haut (62m) campanile au tambour octogonal au sommet. En 1902 un tremblement de terre faillit le mettre par terre (il s’était déjà écroulé). Et en 1585, la foudre a fondu les cloches ! 

Façade en briques de 1438, peu visible car tournée sur la rue, avec le portail attribué à Bartolomeo Bon en style gothique. 

L'intérieur paraît vaste avec son toit élevé, et les fines colonnes bordant la grande nef principale, les deux nefs latérales étant curieusement étroites. 

La contre-façade, avec une statue équestre de Domenico Contarini (1650), le célèbre condottiere commandant de la bataille de Melegnano en 1526. 

A droite, monument à Antonio Zorzi, Sénateur mort en 1588. La contre-façade fut « cédée » en 1644 par les Augustiniens à la famille Contarini. 

A gauche, le tombeau du médecin Jacopo Surian (1551)  de l'église (un bas-relief du 16ème représentant la Vierge et l'Enfant porte son buste près de la sacristie). Il avait réservé une place aux Frari en 1488 ! 

Remarquer un seul buste à gauche du condottiere Domenico Contarini, celui de son neveu Angelo (procurateur de Saint Marc) il manque celui de son autre neveu Domenico. 

Au sol, la tombe du Doge Francesco Morosini, général de la Flotte, terreur des Turcs appelé le Péloponnésiaque (il a un arc de triomphe exceptionnel au Palais des Doges) (Parodi, 1694, année de la mort à Nauplie de Morosini). 

On a un magnifique plafond en bois en forme de coque inversée (certains disent fabriquée par les Arsenalotti …). 

Les murs des nefs sont joints par d’élégantes poutres sculptées.

Les murs sont ornés de motifs en fausses briques colorés et animées comme la façade du Palais des Doges. La structure est très légère, mais c’est parce que le sol est très instable en-dessous. 

(visite par la gauche).

Nef gauche. L’intérieur est à trois nefs, avec de gracieux et fins piliers aux deux couleurs en alternance (marbre blanc de Grèce, et Brocatelle, le marbre rouge de Vérone).

A remarquer aussi, les grandes arcatures décorées qui donnent à l’ensemble une grande légèreté qu’on ne retrouve pas ailleurs. 

Il y a une remarquable homogénéité des autels tous semblables avec leurs 4 colonnes en marbre veiné, et la décoration presque identique. 

Premier autel gauche : Madonna à la ceinture (con i santi Agostino, Monica, Stefano, Nicola da Tolentino e Guglielmo d’Aquitania), (Leonardo Corona, 16ème)

 (dit aussi Madona della Cintura, de la Scuola dei Cinturati, les moines du monastère attenant). 

Deuxième autel : Lamentation sur le Christ mort (Teodoro Matteini, fin 18ème ?), 

Noter les colonnes corinthiennes en marbre et la corniche orange). 

Statue de Saint Nicola da Talentino (marbre de Carrare, Pietro Lombardo),  et toile du Couronnement de la Vierge (école du Tintoret). 

4ème autel : martyre de San Stefano (Antonio De Ferrari, fin 16 ème), remplace l’ancien de Sainte Monique avec un polyptyque de Vivarini éparpillé ? L’autel est calqué sur celui de la Cintura et a changé de nom en 1708.

La Vierge et l'Enfant, Saint Marc, Phocas (Foca), Pierre (Girolamo Brusaferro, ca 1720).

Avant la chapelle absidiale, la porte de bronze menant au monastère et au cloître augustinien. Les bas-reliefs illustrent le mystère du Salut de la Création à la Pentecôte. 

Chapelle absidiale gauche, au centre l’archange Saint Michel, provenant de l’ancienne église Sant’ Angelo et ayant remplacé le tableau de la Sainte Famille maintenant dans la sacristie. 

Mur droit : catafalque de Gian Battista Ferretti (Alessandro Vittoria, 1557). A gauche en bas, monument funèbre à Marino Zorzi (anonyme, 1532), au-dessus, l’urne de Giovanni Boldu. 

Le chœur, aéré et très beau par sa simplicité mais aussi par la richesse de la décoration. 

Au-devant de l'autel deux candélabres en bronze, d’Alessandro Vittoria. Les stalles du chœur ont été sculptées par Marco da Vicenza et Leonardo Scalamanzo, en 1498. 

Mur gauche de l'autel : statues de Giovanni Buora, ca 1480, avec entre autres Saint Nicola da Talentino, Saint Simpliciano.  

En haut 6 Apôtres (école des Lombardo). 

L'autel est d'Antonio Puzo du 15ème siècle. 

Mur droit du chœur (Buora, ca 1480) avec entre autres statues : Saint Paul Ermite, Santa Chiara da Montefalco, 

En haut 6 Apôtres (école des Lombardo).

Chapelle du Saint Sacrement à droite de l'autel.  A gauche, Sant’Agostino, San Guglielmo, San Nicola da Tolentino, Santa Monica e Angeli (Leonardo Corona, 1591). 


Le tabernacle, agrémenté de nombreuses et belles petites statues en bronze, avec Saint Pierre et Saint Marc sur les côtés (Giulio del Moro, 1604). 

Nef droite, la porte de la sacristie. En haut à gauche, monument à Lazzaro Ferro (anonyme, 1692). 

La porte de la sacristie ouvre sur un véritable musée rempli de tableaux. On commencera par la contre-façade au-dessus de la porte.

Contre-façade, avec 4 toiles de Gaspare Diziani de 1733. Les 2 toiles du bas représentent le Massacre des Innocents.

Partie droite. 

En haut, Adoration des Mages. 

En bas, le massacre des Innocents 

Partie gauche.

En haut à gauche, la fuite en Egypte. 

Dans la sacristie on verra aussi la Sainte Conversation de Palma le Vieux, des bas-reliefs et des statues de Vittore Camelio,. 

Le massacre des innocents (partie 1). 

Parcours par la gauche.

Enfin un tableau joliment exécuté : la Saint Famille avec Marie-Madeleine et Catherine d’Alexandrie. (Bonifacio de’ Pitati, fin 15ème siècle), Comment se fait-il que Marie-Madeleine soit ici ??? Mystère. 

La prière au Jardin des Oliviers, (Le Tintoret 1579, très sombre). Les tableaux du Tintoret étaient originellement destinés à la Scuola di San Rocco, dont il fit l'ensemble de la décoration. Voir la page web Sc di San Rocco (San Polo) 

Le lavement des pieds (Le Tintoret, 1580).  Sombre, triste aussi. 

Les stalles sont de Marco da Vicenza et Leonardo Scalamanzo (1498). 

A gauche, tableau de Pietro Liberi (1660) la Trinità con Sant'Agostino e Santa Chiara da Montefalco, qui devait aller sur l’autel de Saint Augustin.

Retour à la porte d’entrée, face à un grand tableau représentant le martyre de San Stefano, sa lapidation à Jérusalem (Sante

Peranda, 1630). 

En-dessous, deux volets d’un triptyque de Vivarini., Nicola de Bari à gauche et Saint Laurent à droite (B artolomeo Vivarini, 1475), et au centre la Crucifixion (Giuseppe Angeli, 1775). 

La Résurrection (Le Tintoret, ca 1565). 

La dernière Cène (Le Tintoret, 1579). Curieux la façon dont il a placé les personnages, Jésus en bout de table (La Tintoret est farceur …) 

Ce n’est pas sa meilleure Cène et le chien, la jolie servante sont bien là ! Quant aux Apôtres, ça ressemble à une fin de beuverie. 

Dans une vitrine, une précieuse crèche en ambre. 

A côté (sacristie utilisée ?), des objets religieux précieux derrière des présentoirs. 

Belle collection de ciboires, statues. 

Dans le baptistère, beaucoup de petits tableaux.

Baptême de Jésus (Amalteo Pomponio, 16ème siècle). 

 Autel de Saint Augustin. Saint Augustin chassant les hérétiques (Giustinio Menescardi, ca 1740). Jusqu’en 1668, l’autel était dédié à San Nicola da Talentino et avait une statue, elle fut enlevée pour ce tableau lors de la canonisation de

Giovanni da Facondo.

La Vierge avec Jean Népomucène et Sainte Lucie (Jacopo Marieschi, ca 1752). Maintenant dédié à l’Immaculée Conception, celui-ci était voué à Sainte Catherine ou à Santa Maria dei Pistori à qui elle était concédée, 

San Luigi Gonzaga, Sant’Antonio Abate e San Francesco Saverio, par Giuseppe Angeli (1775).  Comme beaucoup d’autres ici, les dédicaces des autels ont changé parfois plusieurs fois.

Originellement pour l’église

Sant’Angelo, il remplaça ici un autel en bois dédié à San Girolamo qui fut plus tard encore remplacé pour un Santa Monica (quel chaos !) 

Madonna alla Cintura, en bois et non en marbre comme on peut le penser, et "vêtue" en 1938 par le sculpteur Zennaro après la perte de ses nombreuses tenues en soie et or lorsque la Scuola fut fermée en 1806

Naissance de Marie (Nicolo Bambini, 1709).Tableau commandé par la congrégation féminine de Sainte Anne la mère de Marie pour cet autel concédé en 1709 et reconstruit en marbre, semblable à celui de la Madone à la Sainte Ceinture. 

Le cloître attenant.

(entrée par l'extérieur, souvent fermé)

Aux murs, de nombreux tombeaux et bas-reliefs en marbre.