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Fondation Giorgio Cini San Giorgio Maggiore (San Marco)


L’ile de San Giorgio Maggiore, qui fait partie du Sestiere de San Marco, était appelée Memmia au 7ème siècle car elle appartenait à la noble famille Memmo. Le Doge Tribuno Memmo céda l’ile à la fin du 10ème siècle au moins bénédictin Giovanni Morosini, qui termina l’assainissement de l’ile pour y construire un monastère. Bien plus tard, l’église en bois du 3ème siècle est remplacée par la basilique San Giorgio Maggiore dont la façade fut dessinée par Andrea Palladio de 1556 à 1580 (voir le guide en images sur la basilique, ou sur le site web). Le monastère reçoit la bibliothèque de Longhena. Mais l’ensemble se dégrade, Napoléon emporte presque tout lors de la prise de Venise par les Français en 1797, et au 19ème siècle, et détruit le monastère. Plus tard ce sont les militaires autrichiens qui occupent les lieux, puis ensuite l’armée italienne. On y trouvera une prison, une poudrière, le tout tombe en ruines.

Ce n’est qu'en 1951 que le comte Vittorio Cini décide de réhabiliter le monastère. Financier richissime né à Ferrare et mort à Venise à 92 ans en 1977, il participe à la création de Marghera, et devient pour une courte période ministre des Communications de Mussolini qu’il quitte rapidement.

Prisonnier à Dachau en septembre 1943, il doit à son fils Giorgio sa libération avec la complicité de fonctionnaires SS corrompus. En 1949 Giorgio meurt dans un accident d’avion près de Cannes. Vittorio se consacre alors entièrement à la ville de Venise, et achète toute l’ile de San Giorgio Maggiore, et crée la Fondation Giorgio Cini en l’honneur de son fils. Pour cela il restaure entièrement le monastère, avec ses deux cloîtres et l’escalier de Longhena. Il y remet la bibliothèque (15000 volumes), les peintures (Les Noces de Cana de Véronèse entre autres). Il y crée plusieurs instituts de renommée mondiale, accueille savants et historiens, réalise des congrès et des conférences prestigieuses. Il y a un institut de l’histoire de la société de Venise, un institut d’histoire, un institut Antonio Vivaldi, d’histoire de l’art (avec plus de 150000 ouvrages), etc. D’après ce que l’on sait de l’état des locaux avant Vittorio Cini (salle des photographies), le travail réalisé pour cette restauration est simplement incroyable.


L'extérieur

La fondation occupe toute la partie bâtie de l’ile, sauf quelques bâtiments à l’extérieur des murs du monastère. On ne le visite que depuis peu avec un guide. L’église de San Giorgio Maggiore semble encastrée contre les deux cloîtres, dans cet imposant ensemble de 2 ou 3 étages que seules deux grilles identiques permettent d’en deviner un peu l’intérieur. La vue est d’ailleurs plus explicite depuis le sommet du campanile de San Giorgio Maggiore (qui permet aussi des points de vue uniques sur la Giudecca, San Marco, Les Jardins, les îles et le Lido, donc à faire absolument).

Il y a aussi la Foresteria, un hôtel de luxe réservé aux invités importants de la Fondation qui y passent un certain temps ou donnent des conférences.

Derrière les cloîtres, et le long de l'arrière des monastères on trouve le labyrinthe Borges (l'écrivain argentin) fait par Randoll Coate en son honneur et inauguré en 2011. En 2018 les jardiniers s'affairaient quotidiennement sur les buis composant ce labyrinthe pour tenter de les soustraire à la redoutable chenille de la pyrale, qui dévastent les forêts de buis dans toute l'Europe depuis des années.

L'intérieur

On découvre d’abord les deux cloîtres : le premier est le cloître des lauriers, qui date de la fin du 17 ème et dont l’architecte fut Andrea Palladio, dans son style unique de la Renaissance classique qu’il propage dans toute l’Europe (y compris Venise et toute la Vénétie évidemment, voir à ce sujet les deux guides en images sur les villas de la Brenta sur le site web). L’autre cloître est appelé cloître des cyprès en raison des arbres plantés à l’intérieur, il est signé Andrea Buora et date du début du 16ème siècle, en pleine Renaissance. A noter aussi l’escalier d’honneur de Baldassare Longhena construit en 1643 pour accéder aux appartements de l’abbaye avec une belle perspective sur les cloîtres et le jardin extérieur.

Des bâtiments on ne voit pas tout car les instituts, archives et bibliothèques occupent beaucoup de place. Néanmoins, on visite le réfectoire palladien avec au mur l’immense toile de Véronèse, les Noces de Cana, la salle des photographies, la bibliothèque de Longhena de 1670 aux magnifiques rayonnages en bois. Citons aussi la Nuova Manica Lunga, qui est l’ancien dortoir des Bénédictins construit par Buora, transformé en une superbe bibliothèque moderne par l’architecte Michele de Lucchi.

On peut aussi admirer depuis le balcon le magnifique labyrinthe de haies de buis derrière les deux cloîtres.

On peut venir plusieurs journées sur l'île de San Giorgio Maggiore : un jour pour l'église et son campanile, un autre pour la visite de la Fondation, un autre pour les jardins et les ateliers d'artistes. Les vues sur la lagune sont uniques, le calme est absolu et de nombreux événements y ont lieu.

Adresse : Ile de San Giorgio Maggiore

Horaires : Horaires : tour guidé ouvert depuis mars 2018, puis suspendu un temps, et reprise depuis le 8 décembre 2018. voir sur le site www.cini.it

Rev3 27/06/2019

Depuis le campanile de Saint Marc le complexe de San Giorgio Maggiore est impressionnant.

Autour de l'église se trouvent les monastères et les résidences ecclésiastiques longtemps utilisés jusqu'à l'arrivée de Napoléon.

Evidemment la façade de Palladio ne laisse pas indifférent.

Et la vue du Bacino et du Palais non plus.

La grande esplanade devant l'église est entourée de deux corps de bâtiments de la fondation Cini.

Au large la Salute et la canal de la Giudecca rempli d'embarcations.

Y compris ces stupides navires de croisière (un MSC en juin 2019 a heurté un autre petit bateau et abimé le quai vers le port, augmentant la colère des Vénitiens).

Depuis le campanile de l'église, on voit bien les deux cloîtres du monastère. Derrière le transept, le cloître des lauriers.

L'autre est le cloître des cyprès de l'architecte Boaro.

Et à gauche le labyrinthe de buis.

Vers l'est, les grands jardins et les bâtiments techniques.

Notre guide nous fait entrer par la porte à droite de l'église.

On découvre le cloître de lauriers, dit aussi de Palladio. Plus de lauriers mais un beau parterre entouré des colonnades majestueuses de Palladio, élancées et hautes pour un monastère.

Plus de lauriers mais un beau parterre entouré des colonnades d'Andrea Palladio, élancées et hautes pour un monastère.

Un œil en passant sur l'autre cloître (de Buora) qui le continue. On voit déjà la différence de hauteur des colonnades.

On voit aussi dans le premier des colonnes doubles alors de celui des cyprès a des colonnes simples.

Au centre du carré du cloître des cyprès ce joli puits octogonal entouré de 4 gros arbres.

De là on a des vues originales de l'église de San Giorgio Maggiore.

Un grand et étroit escalier nous mène au réfectoire palladien


Mais avant d'y entrer, sur la droite, on découvre ce tableau des Noces de Cana, réduction de ce qui attend le spectateur.

C'est une copie car Napoléon l'avait fait partir au Louvre (comme des milliers d'autres œuvres, y compris les chevaux de Saint Marc), et il n'a pas été restitué. Les Autrichiens nouveaux patrons de Venise plus tard ont exigé de la France de tout rapatrier!

Mais certaines œuvres sont restées … au Louvre! Ceci dit, la dernière restauration fait de cette copie un tableau remarquable par les couleurs. Quant au lieu et aux personnages, on est très loin des habitants et des bâtiments de Cana en Galilée. Et Jésus semble bien perdu

L'original est du Véronèse, et date de 1563. Des nobles, des chiens, des perroquets, des musiciens et un (très) grand nombre de convives. On est dans l'opulence de la période vénitienne.

Une multitude de scènes étranges et surprenantes mais divertissantes pour les moines du réfectoire.

Magnifiques lévriers devant les musiciens.

On entre ensuite dans une grande salle dite salle des photographies.

Au centre un très grand tableau de la Vierge à l'Enfant.

On arrive au grand escalier d'honneur, de Baldassare Longhena, majestueux (1643).

Il mène au premier étage dans les appartements de l'abbé.

Il donne sur le cloître palladien et on voit au fond l'autre (d'Andrea Buora).

On passe ensuite dans la grande bibliothèque de Longhena (ca 1670 ?).

On admire les boiseries abritant des milliers de livres et de magnifiques fresques aux extrémités et au plafond.

De chaque côté à l'étage, deux balcons longeant toute la pièce avec des milliers d'ouvrages.

Au plafond quelques fresques aux belles couleurs (il faut se dire que la Fondation est récente et que tout a été restauré avec soin).

Tout le long des couloirs au premier étage, des dizaines de tableaux.

On entre dans la grande bibliothèque "Nuova Manica Lunga", ouverte à tous. C'est l'ancien dortoir du 15ème siècle avec des cellules individuelles aussi.

1400 mètres d'étagères, 128m de long, 56 cellules, près de 100 000 ouvrages, dessinées par Michele de Lucchi. L'ensemble très moderne a été refait entre 2005 et 2010.

Juste après, la terrasse donne sur le labyrinthe de Jorge Luis Borges. Reconstruit entièrement , il est inauguré en 2011, 25 ans après la mort de l'écrivain argentin. Borgès a été toujours fasciné par le concept de labyrinthe ("le jardin des sentiers qui bifurquent").

Vu du ciel les haies écrivent son nom (au fond), et son nom en miroir (premier plan) et d'autres mots.

Mais vu du sol, ce labyrinthe ne dit pas grand-chose … En 2018, avec les invasions de pyrales en Europe, des dizaines de jardiniers pulvérisaient tous les jours des produits contre cette pyrale qui a déjà dévasté des millions de km2 en Europe.