Guide en images des églises de Venise

San Zulian (San Marco)

Histoire

Zulian est le vénitien de Giuliano ou Julien, natif d'Antioche. 

Jeune, il se convertit à la religion, mais ses parents le marient de force à Basilissa (chrétienne aussi). Ils vivent dans la chasteté et se consacrent aux malades. Le gouverneur Marciano de l'époque les emprisonne (c'est la période des persécutions sous Dioclétien)  et ils sont martyrisés (torturés et décapités) en 304 à Alexandrie.

Une première église existe déjà dès 829 du temps du Doge Giovanni Partecipazio, au centre des affaires de San Marco. Elle est reconstruite après l'incendie terrible qui ravagea en 1105 les quartiers proches du Palais. 

Tombant peu à peu à l'abandon, elle est refaite en 1553 par Jacopo Sansovino et ensuite Alessandro Vittoria grâce au financement de Tommaso Rangone (voir plus bas). Mais Sansovino dut la refaire suite à son écroulement pendant la construction de la façade (d’ailleurs à bien regarder la corniche supérieure du tympan, on constate qu’elle a encore bougé …). Elle ne fut consacrée qu’en 1580 par Giulio Superchio évêque de Caorle. 

A noter qu'exceptionnellement et par décret de la République, ce sont 4 laïcs nommés qui géraient l'église, et nommaient aussi le "piovan" (prêtre), et en 1405, le Pape Innocent VII en fait une collégiale, mais sur pression du Doge Michele Steno et des paroissiens, la gestion en est donnée à un conseil de 4 Capitulaires laïcs chargés de gérer la moitié des fonds perçus par la paroisse. 

L'autre exception de cette église, est que le financeur de la reconstruction, Tommaso Rangone, obtint du Sénat l'autorisation d'avoir sa statue sur la façade, chose normalement impossible pour un laïc à l'époque. Rangone, à la fois médecin, philosophe et astrologue, venait de Ravenne, et avait fait fortune à Venise avec une potion à base de plantes dont la salsepareille et la gomme arabique, censée guérir de la syphilis (il avait la clientèle toute trouvée à Venise …) et la fièvre jaune. Il écrivit aussi un ouvrage savant expliquant comment vivre 120 ans (il vécut 84 ans tout de même ...). Sansovino reçut de lui des consignes strictes pour que la façade, qu'il finançait, soit entièrement à sa gloire : sur son catafalque, sa statue de bronze, et des panneaux en plusieurs langues sur sa renommée en tout. 

En 1807 la période napoléonienne supprime la paroisse de Saint Julien (Giuliano ou Zulian) et range l'église sous la coupe de San Salvador.

Extérieur

La San Zulian, coincée dans les rues étroites des Mercerie, se remarque à peine, sauf par sa façade blanche et la statue au-dessus du porche d'un citoyen peu ordinaire. D’ailleurs cet endroit est un carrefour où passent chaque jour des milliers de touristes pressés qui contournent l’église presque avec agacement tellement il y a peu de place pour se croiser (400 autres magasins les attendent plus loin ...).

Comme d’autres églises à Venise (San Moïsè, Santa Maria del Giglio, entre autres), tout le devant est laïc et il n’y a pas une statue de Saint. 

Le campanile initial fut démoli en 1775, et reconstruit au-dessus du toit de l'église (extrêmement rare à Venise où les campaniles sont tous détachés). L'église a été rénovée grâce à Venise en Péril dans les années 1990.

Intérieur

L'intérieur, autrefois à 3 nefs, est aujourd'hui un espace carré simple avec deux chapelles de part et d'autre du chœur, et 3 autels sur les côtés. Les couleurs dominantes sont le rouge (les colonnes sont drapées de toiles rouges et dorées) et l'or des cadres et des décorations en bois du plafond, le reste est très simple (pas ou peu de fioritures baroques sur les murs nus). 

Elle contient une toile de Véronèse (1 ère à droite) mais son titre, La Piétà, prête à confusion car la majorité du tableau est fait de personnages imposants, avec une Piétà tout en haut et peu mise en valeur

On a aussi des statues de Saints par Alessandro Vittoria, ainsi qu’une  Vierge à l'enfant avec des saints de Boccaccio Boccaccino. Egalement une Cène attribué autrefois au Tintoret, mais plutôt de l’école de Véronèse. 

Le plafond à caissons de bois, magnifiquement décoré et doré, représente Saint Julien en gloire de Palma le Jeune (Jacopo Negretti).

On y trouve aussi des Palma le Jeune, Santa Croce et des sculptures baroques intéressantes. 

Adresse : Campo San Zulian 604 San Marco

Horaires : (sous réserves) Lun-Dim 08:00-19:30 .


Rev4 16/12/2023

La façade est difficile à examiner au milieu des Mercerie.  Première église en 1553 par Sansovino. A noter qu'on peut faire le tour de l'église, (rare à Venise). Moins rare la statue d’un laïc en façade. 

Avec trois ouvertures en haut du tympan, elle est constellée  de reliefs à la gloire de Tommaso Rangone On remarque que le portail est construit vers l'intérieur (manque de place). 

Le catafalque de marbre (on dit qu'il épouse le corps de Rangone) et sa statue de bronze (de Sansovino). Elle est entourée de deux globes. 

A droite représente le globe céleste à 44°30 (la latitude de Venise) et les constellations à sa naissance le 18/08/1493. 

Sa main gauche tient son ouvrage (« comment vivre 120 ans et plus »). Il avait étudié les Vénitiens qui c'est un fait avaient de longues vies, voir les Doges en particulier. Il est mort à 84 ans tout de même. 

A gauche la Terre avec l'Afrique et l'Amérique du Sud (d'où provenait le bois d'Inde). Dans sa main droite, deux plantes (la salsepareille, et la gomme arabique) entrant dans la composition de son remède contre la syphilis. 

Panneau indiquant la permission donnée par le Sénat d'ériger cette église au souvenir de l'âme pieuse de "Thomas", philologue de Ravenne et Physicien. 

D'autres cartouches portent des inscriptions ici en hébreu, mais aussi en grec et en latin. 

Ils glorifient la grandeur et la générosité de Rangone (il était aussi mégalomane que bon homme d'affaires). 

L’intérieur était à 3 nefs, mais Sansovino a tout changé en 1553. C’est carré, plus simple avec deux piliers massifs délimitant le chœur et les chapelles latérales. 

L’intérieur est rempli de statues et de tableaux, avec une décoration or et rouge très belle et en même temps assez chargée. 

Le flanc droit. Bien que muni de fenêtres assez vastes, l'intérieur semble sombre et en même temps très coloré de rouge et d'or. (visite par la droite).

On remarque que l’église n’a pas de maisons accolées et plein de fenêtres. A droite, les Saints Marc, Jean (d'autres disent  Roch) et Jérôme avec le Christ mort soutenu par les anges (Marco, Giovanni o Rocco, e Girolamo), (le Véronèse, Paolo Caliari, ca 1582) 

En fait ils assistent à une apparition, celle d'une Piétà, tout en haut du tableau,  et les personnages autour du Christ l'assistent dans sa descente …. 

C’est Alessandro Vittoria qui a été chargé de superviser toute la décoration interne. 

Assomption (Palma le Jeune), entourée de deux belles statues d'Alessandro Vittoria (Daniel à droite, Catherine d'Alexandrie à gauche, patronne de l'église primitive). 

Chapelle droite, tableaux de Palma le Jeune, au centre la Conversation sacrée de Paolo Véronèse. 

Le chœur, avec le Couronnement de la Vierge, de Girolamo da Santacroce (début 16ème siècle), peintre vénitien, assistant de Giovanni Bellini et dans l'atelier de Cima de Conegliano. 

J'ai mis trois jours et 150+ pages web visitées pour enfin trouver, presque désespéré, les trois Saints : ce sont Vito, Giuliano l'Ospedaliere et Girolamo (Fondation Federico Zeri, Université de Bologne, MERCI). www.fondazionezeri.unibo.it 

Les tableaux sur les côtés du chœur sont d'Antonio Zanchi (?). 

Chapelle latérale gauche du Saint Sacrement (Scuola del Santissimo Sacramento). Stucs de Smeraldi (1582) (autre source : Vittoria).

Le Christ mort soutenu par les Anges, œuvre de jeunesse de Girolamo Campagna (1579). 

La dernière Cène, (attribué au Tintoret, mais plus probablement de l'école du Véronèse). 

La Vierge à l'Enfant avec les Saints Pierre, Michel Archange, Jean Baptiste et Jean l'Evangéliste, (Pietro, Michele Arcangelo, Giovanni Battista, Giovanni Evangelista) de Boccacio Boccacino (un air de Bellini …). 

(sans réponse. On voit Saint Sébastien, Saint Jacques très hirsute, et le 3ème est un prêtre avec un crucifix que je ne connais pas) 

Magnifique orgue de G Callido (1784), souvent encore utilisé pour des concerts (mais rien sur les tableaux l'entourant). 

Le plafond richement décoré avec l'Apothéose de Julien (Zulian), de Palma le Jeune.