Balades au calme dans Venise

San Michele in Isola (et cimetière)

Notes :

  1. Cet itinéraire n'a pas la même structure que les autres, sachant que l'on va faire le tour de lîle de San Michele, au gré des découvertes et sans lieux précis.
  2. Les références REF : des références vers les guides pour en savoir plus (pas toujours), et éventuellement un lien vers une page du site (référence commençant par JCS-xxxxxx , la page étant aussi accessible dans la liste à gauche des églises et des palais)
  3. Guides en photos disponibles (voir menu à gauche) pour :

Cet itinéraire n'en est pas vraiment un, puisqu'il consiste à passer une demi-journée (voire plus) sur l'île de San Michele, à peu de distance de Cannaregio, pour y visiter l'église, ses monuments, et le cimetière renommé pour ses tombes célèbres et son espace immense saturé de tombes et de columbariums. La visite s'impose naturellement si on a déjà parcouru un peu Venise, et elle peut être couplée, pour les "rapides", avec la demi-journée consacrée à Murano. Elle peut aussi durer toute une journée si on veut apprécier le calme et examiner les tombes des illustres Vénitiens ou non-Vénitiens présents ici. Faute de place, j'ai dû éliminer un tas de photos intéressantes, mais ce guide servira de première introduction à l'île, le parcours dans les allées et sections du cimetière est laissé à l'appréciation du lecteur. A ne pas manquer, l'église de Codussi, la chapelle Emiliani, un certain nombre de tombes de personnalités célèbres et d'autres chapelles peu visibles mais remarquables.


rev3 07/05/2019


01 Départ Fondamenta Nove avec le 42, arrêt San Michele L'île fut occupée dès 1212 par des moines Camaldules qui bâtirent une église (consacrée en 1221), puis un monastère qui prit de l'importance avec un ermitage vers 1250, puis une abbaye (ils y restèrent jusqu'en 1818). Auparavant une première église dédiée à l'archange Saint Michel existait sur le site au 10ème siècle. Les Vénitiens ont longtemps enterré leurs morts dans des cimetières proches des églises, et c'est Napoléon qui décida de créer sur l'île un cimetière unique sur San Michele en 1804. Le cimetière devint vite saturé, et on décida de combler en 1835 le canal qui séparait l'île de San Michele de sa voisine Cristoforo della Pace pour l'agrandir et le restructurer. (du coup le nom de la deuxième île fut oublié)Le Vaporetto passe tout près de


02 la Barque de Dante, une sculpture majestueuse et moderne en bronze du Russe Georgy Frangulyan pour la 52ème Biennale et transportée ici pour y rester près du cimetière. On y voit Dante et son guide Virgile qui traversent (dans la Divine Comédie) le fleuve Acheron bouillant et rugissant sur une barque-gondole. Virgile d'ailleurs montre de son bras gauche l'île-cimetière.

Comme toujours ici, l'église fut reconstruite à partir de 1469 par Mauro Codussi, dont c'est la première construction à Venise. Elle est terminée en 1480 environ, dans le style Renaissance cher à l'architecte, avec sa façade typique en pierre d'Istrie.

Elle sera copiée et utilisée comme modèle dans des dizaines d'autres édifices religieux de la ville, non seulement par Codussi lui-même (ce qui semble normal, comme à Santa Maria Formosa ou San Zaccaria, la scuola di San Marco, etc), mais par beaucoup d'autres architectes.

Quant au cimetière, il fut structuré par le célèbre architecte Gian Antonio Selva. Il est organisé en Campi (champs) et Recinti (Enclos), et en zones différenciées selon les moyens et les positions des personnes enterrées ici.

03 Le ponton du Vaporetto 42 se trouve au nord-ouest de l'île, près de l'église, cette vue est moins intéressante que lorsqu'on vient de Murano (voir à la fin de la présentation une image de San Michele par le bateau depuis Murano).

(tout le monde aura reconnu une image Google Earth, que tout le monde aussi remercie ici).


04 On entre dans un jardin bien entretenu et fleuri, avec à droite le cimetière et sur la gauche les deux cloîtres et l'entrée de l'église Saint Michel.


Par un couloir issu du monastère, on entre dans

05 l'église San Michele in Isola. Pas très large elle possède néanmoins trois nefs.

05 l'église San Michele in Isola. Pas très large elle possède néanmoins trois nefs.

Sur le maître-autel, trois statues de Paolo Callalo : l'archange Saint Michel terrassant le Diable,

entouré à gauche de Saint Benoît (avec le Livre des 73 règles des Bénédictins) et à droite de Saint Romuald, portant un bâtiment (il a construit moult monastères et ermitages)

Dans la nef gauche, la chapelle de la Croix. Les deux anges sur l'autel supportent un cadre doré contenant une croix.

Chapelle absidiale droite (pas d'infos sur les statues)

Une séparation d'arches en pierre d'Istrie (on appelle cela une "barque") finement ciselées sépare la nef du vestibule et du portail d'entrée plus loin.


Sur la droite, la sacristie avec ses stalles baroques, et surtout son plafond en trompe-l'œil de Romualdo Mauro (18ème)

Dans la galerie, deux belles statues (dont la Prudence) et au sol la tombe de Paolo Sarpi (1552-1623), célèbre historien vénitien qui défendit Venise contre le Pape Paul V et écrivit l'histoire détaillée du Concile de Trente. Une fois passée la galerie, on se trouve dans le vestibule qui donne sur le porche d'entrée (et le parvis glissant donnant sur la lagune, mais on n'y va jamais).

A gauche, l'Adoration du veau d'or, de Gregorio Lazzarini.

A droite, le très classique (ici à Venise) Châtiment des Serpents d'Antonio Zanchi, au-dessus d'un Christ en croix du 17ème siècle, en bois polychrome, entouré de Saint Jean et de la Vierge.

La porte donnant sur la chapelle Emiliani (ou Emiliana).


Et puisque le porche d'entrée était ouvert (très rare), quelques vues de la façade, typiquement codussienne avec ses trois parties et son petit tympan triangulaire au- dessus du porche central avec une Vierge à l'enfant, avec la porte donnant sur le monastère avec l'Archange terrassant le dragon.

La partie haute correspond à la nef centrale avec un oculus et quatre disques en marbre polychrome. Elle est surmontée, au-dessus des pilastres, d'un fronton semi-circulaire.

Le parvis permettant d'entrer dans l'église n'est jamais utilisé, mais on peut voir ici le génie de Codussi (ou Coducci) pour la finesse de la décoration et l'agencement des différentes parties, rehaussées par la pierre d'Istrie très blanche, qui sera utilisée ensuite pour presque toutes les belles églises de Venise (les autres ont des façades en briques, recouvertes ou non de marbre). Noter aussi la porte donnant sur le monastère avec sur le tympan l'Archange terrassant le dragon une fois de plus et tenant une balance.

06 Entrer dans la Chapelle Emiliani (à gauche dans le vestibule). On voit tout de suite qu'il va y avoir beaucoup de marbres polychromes. La chapelle est construite par l'architecte Guglielmo dei Grigi de 1528 à 1543 (choisi par les Procurateurs de Saint Marc, il était de Bergame et avait déjà travailllé à Venise, entre autres à Fondaco dei Tedeschi et les Procuratie Vecchie sur la Piazza).

Elle est rénovée par Sansovino en 1560, et sa forme hexagonale est unique à Venise. L'intérieur est couvert de 37 sortes de marbres colorés, polychromes, ou veinés. Elle fut financée par un legs de la veuve du patricien Giovanni Emiliani un siècle auparavant (!!) en 1427. On dit que celle-ci, dénommée Margherita Vitturi, fut d'abord une courtisane célèbre à Venise et que "ce legs pour une chapelle et son entretien à perpétuité" lui permettrait de soulager son séjour au Purgatoire.

La veuve voulait cette chapelle près de San Francesco della Vigna et avait défini tous les détails des autels et des décorations. Mais on ne put trouver d'emplacement adéquat à cet endroit.

Selon ses vœux respectés même après un siècle par l'administration vénitienne, trois côtés sont décorés d'autels avec des sculptures de Giovambattista da Carona. De Grigi fit lui-même le sol en marbres de couleur en 1540. La chapelle a été (très bien et sans doute très chèrement) restaurée de 1999 à 2006 par Venice in Peril (désalinisation des sols, renforcements des bases minées par les vagues et les bateaux, réfection de la coupole extérieure, etc), qui rend l'ensemble exceptionnel.

L'adoration des Bergers

L'adoration des Mages

L'Annonciation et les panneaux de marbres polychromes.



En comparant avec l'image de l'extérieur on constate que la coupole extérieure (toute rénovée en pierre d'Istrie) est bien plus haute que la coupole intérieure (dont Venice in Peril a totalement imperméabilisé les faces pour éviter les infiltrations).

En ressortant on peut voir déjà des colombariums sous les voûtes du monastère du 14ème.

07 Le premier cloître du monastère, du 15ème siècle, aux colonnes en pierre d'Istrie et son puits en marbre bicolore de 1709.

Le campanile fait 40m de haut, il date de 1460, et en l'examinant bien, il est fait de montages décoratifs de briques surmontés d'un dôme circulaire et d'une flèche en pierre blanche. On repasse dans le second cloître pour revenir au


08 cimetière. Il est créé en 1807 par Napoléon qui voulait regrouper tous les petits cimetières éparpillés près des nombreuses églises pour des raisons d'hygiène.

Commencé sur l'île San Cristoforo della Pace, il est agrandi en comblant le canal le séparant de San Michele en 1835. Aujourd'hui il est quasiment saturé. Des travaux sont en cours pour l'agrandir.

Dans cette structure semi-circulaire, on trouve des chapelles de grandes familles, superbement décorées (mais la plupart invisibles car les grilles et les vitres sont très salies ou l'intérieur non entretenu).

Ces chapelles contiennent souvent des mosaïques extraordinaires (ici la famille Salviati, célèbres et riches verriers de Murano).

On traverse pour une autre structure semi-circulaire (dans l'autre sens) où s'alignent des chapelles ou des plaques funéraires et qui donne sur tout le cimetière et ses Campi. Les Campi (champs, ouverts) sont notés par des lettres, les Recinti (enclos, fermés) par des numéros. Certains sont affectés à des militaires (de Terre, et de Mer), d'autres aux Protestants, aux Orthodoxes, aux enfants, etc.

09 En allant sur la gauche on arrive au centre avec l'allée centrale et la magnifique chapelle de San Cristoforo della Pace. Son intérieur est couvert de mosaïques splendides. Là aussi des familles très riches ont leur monument.

A droite, le monument Suppanich (Annibale de Lotto).

Tombes de Vera et Igor Stravinski (enclos XIV, des Orthodoxes ("Greci"). Pas loin, Serguei Diaghilev, impresario russe et créateur des Ballets Russes, puis de ballets fameux avec les plus grands compositeurs et danseurs des années 1910-1920. (voir le site de OliaiKlod cité plus bas).

10 ll suffit maintenant de flâner au gré des monuments et des tombes pour apprécier le calme et la beauté du site (malgré de nombreuses tombes en mauvais état voire pire, les fleurs et les arrangements donnent un charme fou à l'endroit).Le cimetière a été conçu par l'architecte Gian Antonio Selva (qui conçut également la Fenice).

Pour (énormément) plus de détails, voir l'excellente page Web :

http://www.landrucimetieres.fr/spip/spip.php?article1474

et aussi celle de OliaiKlod (plus loin).


Tombes de Vera et Igor Stravinski dans l'enclos XIV, des Orthodoxes ("Greci").

Pas loin, Serguei Diaghilev, impresario russe et créateur des Ballets Russes, puis de ballets fameux avec les plus grands compositeurs et danseurs des années 1910-1920. (voir le site de OliaiKlod cité plus bas).

Ci-dessus, Monument à Antonio dal Zotto, sculpteur mort en 1918 (enclos XX),

Ici monument à Pacifico Ceresa (Sénateur). (ces 2 photos "empruntées" à OliaiKlod), Voir leur incroyable page sur

https://oliaklodvenitiens.wordpress.com/tag/cimitero-di-venezia

(ces 2 photos "empruntées" à OliaiKlod),

Reprendre l'allée centrale.

Au bout, essayer de voir (à travers des grillages et des vitres opaques …) la chapelle Stucky pleine de décorations magnifiques.

La chapelle au soleil couchant vue de Fondamenta Nove.

Vues de San Michele quand on vient de Murano, qui permet de voir les contours de l'église de Codussi, et le monastère derrière avec son campanile roman.

FIN DE L'ITINERAIRE