Balades au calme dans Venise
Castello Est
Une balade qui nous emmène loin de la foule de la Piazza, dans une Venise plus moderne à l'extrême est, et assez différente car très variée d'un lieu à un autre, mais aussi chargée d'histoire et berceau des plus anciennes traditions. Dans cette partie de Venise proche de l'Arsenal, populaire et loin (relativement) des ministères, Napoléon et ses troupes détruisirent beaucoup en 1797 : rues, quartiers furent transformés pour permettre aux troupes d'y circuler facilement.
De 1807 à 1812, les jardins publics (Giardini) sont apparus au prix de quartiers entiers et deux églises démolis. Des pâtés d'immeubles se dressent, carrés, sans magasins et déserts, sur un sol minéral. Mais aussi, on y trouvera encore des ruelles et des ponts où se perdre, une ambiance villageoise, de magnifiques maisons bourgeoises, et des églises conservées, comme San Pietro di Castello ou Santa Elena.
On pourra facilement découper cette journée en deux si on veut flâner un peu dans ces ruelles et ces campi déserts, sans restaurant et sans cafés ou presque. Et on traverse les grands jardins de Venise, c’est une autre ambiance.
On visitera le Musée historique naval (Museo Storico Navale) et ses dépendances si elles sont ouvertes, tout près des tours de l'Arsenal (décrit dans une autre balade, Castello centre). La visite n'est pas obligatoire dans cette balade, et peut être reportée pour un jour moins agréable. Puis on entre dans la grande avenue façonnée par Napoléon, la Via Garibaldi, toute droite, avec des bars sympas et l'église San Francesco da Paula. Elle se termine par un quartier ancien typique de Venise et son vendeur installé sur son bateau. Ensuite, zigzags dans les ruelles et les campi, puis on visitera San Pietro di Castello, une église intéressante et pleine de légendes. On redescendra par le Ponte Quintavalle vers les jardins. Ensuite marche vers l'est avec de jolies maisons modernes et au bout, l'église Sant'Elena. On remontera vers le centre par les différents jardins qui méritent vraiment le détour et nous changent un peu de la Venise minérale. Si Biennale, ils seront plus ou moins réservés.
Il est assez curieux que les guides ne citent que rarement cette promenade, à l'exception de GV, dont l'itinéraire proposé est quasiment identique à celui-ci, mais c'est une similitude totalement fortuite, je ne connaissais pas ce guide en 2011 lorsque j'ai tracé et parcouru cet itinéraire. Brunetti aussi en parle dans BR 295.
Souvenirs et satisfaction garantis !
Mise à jour : v41 05/03/2020
L'itinéraire est jalonné de 30 à 35 points intéressants (église, musée, palais, villa, scuola, bâtiment, etc.). Certains sont décrits séparément par des Guides en images, sur le site web (KDP ayant du mal à convertir). Ils sont notés JCS- xxxxxxxxxx dans le texte. Ils incluent un maximum de détails uniques, instructifs et rares (photo, auteur, date, raison d'être, contenu et personnages, historique, etc.). Cliquer dessus. La page principale du site est www.venise-balades-visites-culture.com
Notes techniques
Les numéros 01, 02, ... dans l'itinéraire se rapportent aux lieux numérotés sur la carte. Les lettres (a), (b), ... se rapportent aux endroits où on peut manger ou boire rapidement (en général très bon).
Pour les autres guides papier sur Venise, ils annotés dans les textes par une abréviation et la page du guide (avec les éditions ultérieures la page peut varier) :
VIS (à garder sur soi en permanence : Venise insolite et secrète, Thomas Jonglez et Paola Zoffoli, Editions Jonglez, ISBN 978-2-9158-0766-0), GV (Venise et la Vénétie, Guides VOIR, Hachette), EDV (le guide Encyclopédie du Voyage Venise, Gallimard), CM (Venise, Itinéraires avec Corto Maltese, Hugo Pratt, Guido Fuga, Lele Vianello, Lonely Planet, Casterman), GB (le Guide Bleu Venise Hachette), WE (Un grand Week-end à Venise, Hachette Tourisme).
Guides en images des églises ou palais disponibles pour
Museo storico Navale (02), Arsenal, San Francesco da Paula (06), San Pietro di Castello (11)
Carte pour la partie Nord (début de la balade)
01 Arrivée à la station Arsenale, on traverse le pont et on arrive devant la façade de San Biagio dei Marinai. Ce Temple fait partie du Musée attenant (par donation en 1958) et dépend de la Marine Italienne depuis 2001 après restauration.
La première église est byzantine et date du 9ème, puis elle est reconstruite en 1332. A la chute de la République elle est supprimée et grandement détériorée.
Sous la domination autrichienne elle est rouverte et les pavements de l'église Santa Anna détruite y sont placés. (heures de visite inconnues, elle serait ouverte le dimanche à 11h30 pour la messe, REF VIS 310).
Tout à côté, avec sa grande façade hlm en briques (mais il faut pardonner c'était un ancien entrepôt de l'arsenal jadis) le
02 le Museo Storico Navale, (hors Dim, 8 :45-13 :30) REF JCS-CastelloEst_Museonavale, GV 118, EDV 180, CM 35, le Bucentaure modèle réduit, des dizaines de maquettes de navires et barques vénitiennes de toutes sortes, cartes et portraits des grands navigateurs vénitiens, compter de 1h30 à 2h.
Disons qu’il ne faut pas penser à éviter ce musée qui est unique et rassemble presque tous les bateaux et barques qu’on a pu créer à Venise, et aussi de nombreuses maquettes de navires étrangers en particulier asiatiques. Horaires : Lun-Ven 08:45-17 :00 Site Web
http://www.marina.difesa.it/storiacultura/ufficiostorico/musei/museostoricove/Pagine/IlMuseo.aspx
Il y a la maquette du dernier Bucentaure, le navire d’apparat du Doge, qui a subi la foudre de Napoléon lors de son coup sur Venise en 1797. Le bateau a été démembré, fondu et vendu en pièces détachées, en même temps que l’Arsenal était pillé et détruit.
On verra aussi les différents types de barques de pêcheurs adaptée à la lagune peu profonde de Venise, des uniformes et des cartes, et l’engin qui permettait de remonter une galère pour la réparer (pas évident mais astucieux).
On peut y voir aussi de nombreuses gravures de Doges, Capitan del Mar, héros des batailles navales avec les Turcs, Pise, Gênes ou Africains. De plus sont montrées, sous forme de petites maquettes de bois, les différentes embarcations utilisées par les Vénitiens : puparin, sandolo, batela, peata, caorlina, etc.
Remonter Fondamenta del Arsenale. Avant le pont, avec le billet vous pouvez pénétrer si une porte à droite est ouverte (pas toujours) .
03 par une grande porte à droite, dans une partie des halles de l’Arsenal ,et si c'est ouvert, on peut admirer une foule de bateaux de toute époque dans les halles bordant les darses de l'arsenal. On y voit aussi des gondoles du siècle dernier et des engins à vapeur.
Revenir à San Biagio et continuer sur la Riva du même nom vers l'est pour
04 traverser le Ponte delle Cadene (ou della Veneta Marina). Tout droit, on a la Riva dei Sette Martiri (quai qui remplaça les chantiers navals de 1931 à 1937, et appelé ainsi en hommage aux 7 prisonniers politiques exécutés ici par les Allemands en 1944), et sur la gauche commence la Via Garibaldi.
Cette large rue (avenue ?), peu courante à Venise, fut créée par Napoléon en 1807 en comblant un canal, pour "aérer" la ville et surtout pour permettre aux troupes de circuler plus vite. Appelée au début la Via Eugenia (le vice-roi d'Italie était Eugène fils de l'impératrice Joséphine), elle prit le nom de Garibaldi en 1867. D’ailleurs pour manger il y a quelques bons petits bars à cichetti sur la rue (El Refolo, 1580 via Garibaldi, panini, excellent sur le pouce).
05 La maison des frères Cabot. Elle fait l'angle au début de la rue. Les frères donnèrent naissance au mot Cabotage, car Jean Cabot était un navigateur vénitien (né à Chioggia) au service de l'Angleterre, qui "découvrit" le 2 mai 1497 Terre-Neuve en allant chercher une route pour les Indes pour le compte de Charles VII. REF EDV 181.
Découverte controversée, car les environs de Terre-Neuve étaient déjà connus des pêcheurs européens. Jean meurt l'année suivante. Deux plaques commémorent John Cabot, dont une fournie par le Canada.
Deux plaques commémorent John Cabot, dont une fournie par le Canada. REF EDV 181.
On poursuit dans Via Garibaldi, toujours très animée, passante, avec marchés aux poissons, aux fruits, et des cafés et restaurants.
Ça fait bizarre d’être à Venise dans une rue large comme 4 fois la moyenne des calli du centre tandis que celles qui partent de la rue à droite sont sous les maisons ou très étroites). La via Garibaldi est bordée de jolis palais et de belles maisons bourgeoises, mais on a l’impression que ce n’est pas la grande richesse ici (volets délabrés, murs décrépis, portes abîmées).
En poursuivant notre marche étonnante dans cette avenue de plus de 17 mètres de large, sur la gauche avant l'église, on peut voir une maison aux petites fenêtres et aux volets verts, ainsi qu'une plaque en mémoire de Marguerite reine d'Italie avec Victor Emmanuel.
Sur la gauche au 1728, le sottoportego menant au Corte Polacca, et puis des maisons fleuries de style byzantin aux fenêtres arrondies aux contours blancs, très jolies mais pas vraiment aussi attirantes que ce qu'on peut voir dans San Marco ou Cannaregio.
Ne pas hésiter à pénétrer dans une calle étroite ! En poursuivant on arrive, sur la droite à un palazzo juste avant l'église
06 San Francesco da Paola.
Très belle église, qui ne contient pas autant de trésors artistiques que d'autres, mais qui mérite le détour (Contarini, Palma le Jeune, Tiepolo quand même …).
Voir le guide en images REF JCS_Castello _SanFrancescodaPaula. Enigme non résolue : pourquoi la façade est-elle ornée d'une horloge en peinture marquant 9h30 fixement ?
Juste en face en sortant, on trouve la place et la statue de
Cette église est très bien soignée, et vaut la visite même rapide, mais je n'y ai jamais vu personne hormis le surveillant qui s'occupe des bougies et la vieille dame qui change les fleurs.
En sortant, ne pas hésiter à pénétrer dans une sottoportego étroit ! En poursuivant on arrive, sur la droite à un palazzo juste avant l'église
Juste en face en sortant, on trouve la place et la statue de
07 Giuseppe Garibaldi.
Bon, on ne va pas faire l'histoire de l'Italie ni même de Garibaldi dont la vie est tellement incroyable de rebondissements, de batailles et de luttes politiques), mais en résumant, il est né à Nice en 1807 et mort en 1882.
Homme politique, général, aventurier, exilé en Amérique du Sud, il participe aux événements qui ont fini par constituer la république italienne, dès 1848.
Homme politique, général, aventurier, exilé en Amérique du Sud, il participe aux événements qui ont fini par constituer la république italienne, dès 1848
Et en 1860 il est nommé "dictateur" de l'Italie. Il bat Cavour, entraîne l'adhésion de Naples et la Sardaigne dans le nouvel Etat, et est l'artisan de la première république italienne en juin 1861.
Par la suite il est de toutes les batailles jusqu'à la prise de Rome en 1870 et l'indépendance finale de l'état italien. (sans doute non rassasié, il rejoint la France pour la guerre de 1870 !).
Pour le reste, la consultation de l'excellent article sur http://fr.wikipedia.org/wiki/Giuseppe_Garibaldi sera très instructive.
Quant au monument, placé au bord la via mais aussi sur l'allée conduisant aux Giardini (on y passera plus tard), il est construit en 1885, par Augusto Benvenuti.
Le Lion est à ses pieds, et derrière le rocher, on trouvera son fidèle soldat Giuseppe Zolli, un de sa compagnie de gardes personnels. Une légende dit qu’on le vit plusieurs fois tourner autour de la statue pour défendre son maître, d’où la décision de la Ville de mettre sa statue à cet endroit
Poursuivre tout droit vers le rio Santa Anna, le prendre sur la gauche pour admirer le marchand de fruits sur son bateau et la maison derrière du 14ème en très beau style gothique.
On ne peut pas partir de Venise sans avoir vu les marchands sur leurs bateaux à San Barnaba, à Cannaregio, et ici à Castello !
Sur la gauche, on a une belle vue en traversant le ponte San Daniele (rio et au loin les murs de l'Arsenal). Ici c’est le calme plat.
Pas de vaporetto, pas de gondole, juste du linge qui pend entre les maisons au-dessus du rio, et quelques femmes avec leur cabas. Génial.
Continuer jusqu'au pont suivant (le traverser juste pour voir la belle statue de la Vierge juste en face au 993 mais reprendre la Fondamenta San Gioacchino),
08 voie classique, prendre à gauche la Calle Gioacchino, ou mieux, aller jusqu'au bout du quai et prendre le sottoportego (Drio el Forner) à gauche qui après quelques zigzags mène à la Fondamenta Riello et au pont éponyme que l'on prend à droite, pour continuer dans Calle Riello, cela mène à un carrefour, on prend à droite la Calle Ruga qui nous amène au
09 Campo di Ruga, un grand rectangle de pavés avec un joli puits au milieu (comme il y a 7 siècles), sympa, belles maisons fleuries, et un café pour faire une pause.
Au 334 sur la droite, ce que l'on dit être le plus bas sottoportego de Venise (Zurlin) où il y eut un temps un panneau « Attenzione alla testa » car il est vraiment bas), avec au bout juste le rio.
Il faut dire qu'en ces temps anciens où ont été construits ce bâtiments la taille des humains était (en général, et c'est vrai que les Doges même vieux étaient assez grands) plus petite qu'aujourd'hui, ce qui rend les sottoportego délicats à traverser.
Continuer tout droit dans Salizzada Stretta (pas si étroite que ça, belles façades dans cette rue qui tourne légèrement), jusqu'à atteindre, sur la droite
10 Calle Larga San Pietro. Belles maisons, linge qui pend, magnifique, et là on est en face de San Pietro. Il n’y a personne et si vous êtes perdu là, personne ne pourra vous aider pendant un moment.
En se plaçant avant le pont, on peut constater à quel point le campanile de San Pietro penche.
Depuis le pont de bois, belles vues sur l'extrémité de l’Arsenal, le très large canal di San Pietro, et le campo arboré.
On atteint l'île de San Pietro, qui semble habitée depuis le 5ème siècle et portait le nom de Olivolo (pour sa forme en olive ?) et resta détaché du Rialto jusqu’au 8ème siècle.
Elle abritait un imposant un château protégeant les îles de Rivo Alto, et une église qui remonte au 7ème siècle (de l'évêque Magno dont on a beaucoup parlé dans d'autres itinéraires car il est censé avoir bâti 7 églises après des révélations divines lui indiquant les sites).
Sur Saint Magne (mort en 670)
L'évêque Magno (Saint Magne) est un personnage primordial dans le développement de Venise au 7ème siècle. Né à la fin du 6ème siècle, d'abord ermite, il devient ensuite évêque d'Oderzo (Opitergium) et contribue à éradiquer l'arianisme dans les îles de la lagune (Venise n'existait pas, ni un gouvernement vénitien). Lorsque les Lombards s'emparent de la ville, il émigre à Eraclée où il fait construire une cathédrale. Dans la foulée, on lui prête des visions divines, et des songes imagés où il reçut l'ordre de bâtir 6 églises (d'autres disent 7 comme Sanudo, ou même 8 selon Dolfin) dans les îles réaltines au 7ème siècle. Plus précisément :Saint Pierre lui commanda San Pietro di Castello là où il verrait des bœufs et des moutons.Anzolo Rafaele (San Raphaële Archangelo) là où, lui indiqua l'Archange en songe, il verrait un rassemblement d'oiseaux.Santa Maria Formosa là où, lui dit la Vierge qui lui apparut sous la forme d'une femme belle plantureuse) il verrait un nuage blanc descendre et rester sur le sol.San Giovanni in Bragora, (Saint Jean Baptiste), là où, lui ordonna le Saint, il verrait arriver une compagnie de grues. Santi Apostoli, car les douze apôtres lui dirent de regarder un lieu où seraient posées douze cigognes.San Zaccaria, pour le père de Saint Jean Baptiste.San Salvador, où le Christ lui demanda de rechercher un nuage rouge descendant sur ce lieu où bâtir une église dédiée à lui (le Sauveur).Santa Giustina (près de San Francesco della Vigna), que le Saint martyr padouan lui demanda de construire là où une vigne porterait des fruits mûrs.11 San Pietro di Castello.
Visite obligatoire. REF EDV 182, GB 219, et surtout toutes les informations sur l'histoire et les détails de l'église avec le guide en images JCS_Castello_SanPietrodiCastello.
Elle fut reconstruite en 841 par l'évêque Orso Partecipazio (fils et petit-fils de Doges), et devient cathédrale et siège de l'épiscopat vénitien en 1451, jusqu'à la fin de la République et au-delà même, en 1807 où Napoléon transfère le Patriarcat à Saint Marc.
Anecdote que l'on ne peut inventer qu'à Venise (c'est pour cela qu'on l'aime) : début février 943 (ou le 2 février 944 ?), une cérémonie rassemblait depuis des années les filles à marier, avec les garçons intéressés, pour une bénédiction.
En pleine cérémonie où 12 jeunes filles modestes (certains disent riches, allez savoir) allaient être bénies, des pirates Narentais venus donc de Dalmatie débarquent à l'improviste, et enlèvent les demoiselles sur leur bateau.
Mais les hommes se ruent, avec leur Doge, sur leurs navires et poursuivent les pirates jusqu'à les rattraper au début de l'Adriatique vers Jesolo. Ils reprennent leurs fiancées et leurs bijoux, ne font pas de quartier, puis reviennent dans la liesse à San Pietro.
Cette fête des Maries devint une institution, elle eut lieu le jour de la Purification (le 2 février, premier jour du Carnaval mais ça peut varier). Malheureusement elle tomba en désuétude et fut supprimée en 138. Mais, tourisme oblige, on la remit au goût du jour, avec force participants en costumes, et des officiels aussi, en 1999. Grâce à un cinéaste italien et le journal de Venise (Il Gazzettino), une procession part de San Pietro di Castello, passe par la via Garibaldi et les quais pour arriver place Saint Marc. Douze des plus belles filles de Venise défilent en costume du 16ème siècle avec leurs demoiselles d'honneur et (portées par) de nombreux jeunes hommes, suivis par le cortège des officiels et de nombreuses troupes (soldats, musiciens, etc.) accompagnées de nombreux badauds. A la fin du Carnaval on élit celle qui portera la mémoire de l'évènement pendant un an. Cette tradition retrouvée met un peu d'histoire au milieu des touristes en tenue grotesque de carnaval.
L'église rappelle fortement celle du Redentore sur la Giudecca (chef d'œuvre de Palladio). Deux chapelles latérales entourent le chœur, et les nefs latérales sont moins hautes que la centrale (ce que la façade rappelle bien avec ses trois éléments distincts).
La façade, très élégante mais curieusement sans statues dans les niches entre les colonnes, comprend une partie centrale correspondant à la nef, avec 4 imposantes colonnes corinthiennes surélevées et un tympan triangulaire surmonté d'une croix et avec au centre un bas-relief de la Charité (18ème). Les côtés, correspondant aux nefs latérales, reprennent en plus petit l'architecture de la partie centrale, formant un tout très homogène et très palladien (classique)
Du pont au portail, cette pierre blanche qui indique le point, à mi-chemin entre le canal et le portail de l'église, où se rencontraient le Doge venant par mer de San Marco, et le Patriarche de Venise évêque de San Pietro, ce qui permettait à l'un de ne pas se considérer comme inférieur en devant se déplacer trop vers l'autre pour le recevoir ou être reçu, soit au rio, soit à l'entrée de l'église.
Il y avait en effet de nombreuses processions officielles à San Pietro (la Peste, les victoires sur les Dalmates, etc) où les deux personnages devaient participer.
Le cloître du monastère, transformé en poudrière par Eugène de Beauharnais après les exactions de Napoléon contre les églises de Venise.
Le cloître du monastère à droite fut transformé en poudrière par Eugène de Beauharnais après les exactions de Napoléon contre les églises de Venise. Il n'est pas en bon état.
L’église fut refaite en 1558 (avec Palladio comme architecte, sa première œuvre ici, reprise par Smeraldi en 1596), et 1610.
On y voit le "trône de Saint Pierre" (en fait une stèle islamique en marbre portant des versets du Coran), l'autel dessiné par Longhena, des statues de Le Court et Morlaiter, et de beaux tableaux (Lazzarini, Ricchi, Giordano, Véronèse et d'autres moins connus).
En sortant voir le campanile, planté dans la verdure, penché depuis 1463, tout blanc car recouvert de pierre d'Istrie. Il a été détruit par la foudre et reconstruit en 1482 par Mauro Codussi, le joli campo avec ses grands arbres (rare à Venise).
On pourra se balader dans le quartier très vénitien derrière l'église, avec de belles maisons avec belles vues sur la lagune et le Lido, et surtout, personne
12 Calle Dietro il Campaniel (belle maison au coin), qui ramène à la Fondamenta Quintavalle le long du canal,
13 Calle et Ponte Quintavalle.
Tout droit, on retraverse le canal de San Pietro. Remarquer la largeur du canal, plus grand que le Grand Canal lui-même.
La raison en est que l’île d’Olivolo était vraiment assez loin de ses voisines et les habitants n’ont pas eu la force de le combler (contrairement aux îlots du centre-ville qui étaient plus faciles à combler où à mettre en forme pour y construire ensuite des ponts de petite taille. Retrouver, sur l'autre rive, le rio Santa Anna, on continue sur
14 Fondamenta Santa Anna, pour revoir le marchand de fruits, jusqu'à la statue de Garibaldi.
C’est l’occasion de prendre un verre ou de manger quelques cichetti (parce que la suite de la balade est quasiment vide de tout bar ou restaurant).
Examinez encore l’édifice qui supporte la statue de Garibaldi, mort en 1882 : (complément d'information: il se trouve sur une espèce de rocher. C’est l’ile de Paprera où il regardait la mer). Prendre à gauche
15 Viale Giuseppe Garibaldi. Enfin de la verdure, des bancs, des arbres. C'est ce qu'on appelle les Giardini (65000 m2), largement occupés par les pavillons des pays lors des biennales.
C'est (encore) une œuvre de Napoléon, qui rasa en 1807 une partie de Venise pour permettre aux troupes de circuler plus vite. Cette très longue allée boisée nous ferait oublier Venise, mais la lagune n’est pas loin, juste en face on voit le Lido.
Profiter un peu, jusqu'au bout, et quasiment au bout, prendre l'allée qui part à gauche pour
16 Fondamenta Sant'Isepo et le Rio San Giuseppe. C’est désert, c’est le calme plat.
Marcher jusqu'au pont et traverser pour passer devant l'église et le
17 Campo San Giuseppe. Tout droit devant, un autre campo avec un joli puits, puis à gauche dans Rio Terra di San Giuseppe, que l'on fera en regardant à droite les numéros, pour ne pas rater de
18 tourner à droite après le 793
Sinon (voir les images page suivante) en regardant le quai, on trouve normal de continuer tout droit et on va au bout du Rio Tera di San Giuseppe. Malheureusement :
Au bout on a bien le canal qu'il faut traverser pour aller plus loin, mais pas le pont qui le permet ! Encore une occasion de se perdre dans Venise …
Prendre ensuite à gauche dans Paludo San Antonio.
On longe, un peu comme dans le nord de Cannaregio, des immeubles plus récents, et des rues minérales en général totalement désertes et sans grand intérêt (sauf celui de découvrir justement ce type d'endroit dans Venise).
On longe, un peu comme dans le nord de Cannaregio, des immeubles plus récents, et des rues minérales en général totalement désertes et sans grand intérêt (sauf celui de découvrir justement ce type d'endroit dans Venise).
Jusqu'ici, c'est encore très similaire à Castello nord ou Cannaregio nord par exemple, l'architecture est "classique" et reflète l'état de Venise au moyen-âge.
Au bout, on longe, à droite le
19 rio dei Giardini et on le traverse par le pont.
Prendre l'allée à droite (24 Maggio), et on prendre la route (goudronnée !) légèrement à droite
20 Viale Quattro Novembre. On longe, entre deux belles rangées d'arbres, sur la droite les pavillons de la Biennale.
Sur la gauche de belles maisons avec jardins qui contrastent avec les blocs minéraux précédents immeubles. Est-on encore à Venise ? Y va-t-il des habitants ici ? C’est le dépaysement total, on se croirait dans la banlieue ouest de Paris vers Le Vésinet.
Poursuivre jusqu'au virage à droite, continuer et admirer le Parco della Rimembranze à droite, les maisons à gauche.
On ne dirait pas qu'on est à Venise : pas de palais en ruines, de grandes maisons presque neuves et modernes, de l'espace vert de la verdure à profusion. Pas non plus de traghetto, et les vaporetti s'arrêtent à deux stations seulement. Pas grand monde non plus. Et néanmoins on sent un esprit vénitien avec les murs en briques rouges et les allées pavées.
Aller jusqu'au carrefour avec (à gauche)
21 Calle Rovereto (ou plus loin calle Buccari). Les villas sont grandes et certaines sont magnifiques, ornées de jardins luxuriants. Prendre à droite
22 Calle Carnaro, aller tout droit et traverser le rio Sant'Elena, pour atteindre
23 L'église Sant'Elena sur l'île du même nom.
Cette île abrita un monastère dès 1175 et un hospice, l'église elle fut bâtie en 1205, dédiée à Sainte Hélène, dont le corps (supposé) fut ramené ici de Constantinople en 1211 (et transféré plus tard à Rome).
Des "Sainte Hélène", on en a plein Venise avec les fameux tableaux d'Hélène retrouvant la vraie Croix. Hélène, impératrice et mère de l'empereur Constantin, fit détruire le temple d'Hadrien dédiée à Vénus, et construit sur le site du Calvaire à Jérusalem, vers 326.
Lors des travaux elle organisa des fouilles et au fond d'un trou, elle "découvrit" la Vraie Croix". Elle la rapporta à Constantinople en grandes pompes. On y trouva en fait les 3 croix du Calvaire, mais une seule fit des miracles, prouvant ainsi son identité, d'où la légende d'Hélène et de la Croix de Jésus.
En 1806, le monastère est fermé par Napoléon, transformé en grenier à grains et les œuvres dans l'église éparpillées un peu partout.
Dans tout ce quartier, il n'y a pratiquement ni bar ni restaurant ce qui est un signe que les touristes ne s'y aventurent quasiment jamais.
En 1928, le portail original de l'église d'Antonio Rizzo, déplacé à Sant'Aponal, fut remis à sa place. L'île abrite aussi l'école militaire des Officiers Francesco Morosini. (visite impossible 2 fois, donc pas d'informations détaillées ; c'est une église gothique, au portail Renaissance, contenant un beau retable).
Après avoir vu le cloître, faire demi-tour, traverser le pont, prendre à gauche Viale Piave puis à droite
Après avoir vu le cloître, faire demi-tour, traverser le pont, prendre à gauche Viale Piave puis à droite
24 Entrer dans les jardins (s'il ne fait pas trop chaud, longer la mer sur Viale Vittorio Veneto, ou rester à l'ombre dans les allées).
25 Parcourir le Parco della Rimembranze (si on est fatigué, il y a l’arrêt du vaporetto Sant'Elena tout près), traverser la pinède magnifique Sant'Elena, et on arrive au
26 Pont enjambant le rio dei Giardini, permettant de flâner maintenant dans les Jardins Publics.
Ces jardins, on l'a vu, furent créés par Napoléon en 1807, d'abord en style italien, plus tard transformé en jardin anglais.
Les Giardini abritent la Biennale avec plein d'endroits interdits au public (sauf à payer), mais aussi plein d'œuvres "étonnantes" placées çà et là.
27 Traverser les jardins au gré de votre fantaisie. Il y a de belles statues de belles plantes et de beaux arbres.
28, 29 On peut s'arrêter sur un banc, ou bronzer sur un pré, ou prendre une glace, ou rentrer à pied ou par le vaporetto de Giardini.
FIN DE L'ITINERAIRE CASTELLO EST