Guide en images des églises de Venise
San Lio (Castello)
Histoire
Une première église avec 3 nefs est bâtie ici au 9ème siècle financée par les Badoer, dédiée à Sainte Catherine d'Alexandrie. Au 11ème siècle, elle est reconstruite, et dédiée à Saint Léon IX (Leo, ou Lio en vénitien).
Léon IX fut un des rares Papes ayant soutenu la volonté d'indépendance de Venise et l'importance ecclésiastique de Grado. Grado est reconnu fin 1024 par Rome comme Patriarcat, contre Aquilée dont le patriarche Poppo avait ravagé la ville en 1023. En 1027 au Synode de Latran, Grado perd de nouveau son statut, revient dans le giron d'Aquilée, mais les Vénitiens n'acceptent pas. En 1043 le Doge Domenico Contarini reconquiert Grado, mais en 1044 Grado est attaqué de nouveau par le patriarche d'Aquilée. Le Pape Léon IX soutient alors Venise, y fait une visite, excommunie Poppo, et le Doge Contarini récupère Grado. Fin des hostilités sur 40 ans. Et dédicace de la nouvelle église en 1054, bâtie sur l'ancienne, à ce Pape peu ordinaire, avec trois nefs et à la mode vénéto-byzantine. Début 1400, On lui apporte quelques modifications de style gothique (la rosace de la façade, aujourd'hui disparue),
On peut voir à l'Accademia une toile de Mansueti de 1494 de cette église sur le campo : le miracle de la relique de la Sainte Croix à San Lio, où en 1474, la relique de la Sainte Croix se fit trop lourde pour être transportée aux funérailles d'un homme à la réputation douteuse !
Extérieur
Au début du 16ème siècle, les Lombardo (Pietro et Tullio son fils) sont chargés de reconstruire l'ensemble, et un portail finement sculpté avec des ajouts Renaissance (dont la chapelle Gussoni) et des modifications si importantes qu’elles nécessitent (!) une re-consécration en 1619.
En 1783, une nouvelle restauration a lieu avec une façade plate et simple fermant la rosace et les bas-côtés (on met 4 fenêtres et un oculus trilobé en haut du tympan triangulaire, et au-dessus du portail une inscription) et surtout un intérieur à une seule nef.
Le campanile qui s'élevait sur la gauche depuis 1054 sur le campo San Lio (séparé de l'église par une maison) est bien visible sur la carte de Barbari de 1500. Il fut amputé de moitié vers le milieu du 16ème, puis détruit lors de la restauration de 1783, il ne reste que quelques pierres, incluses dans les maisons à gauche de l'église, avec deux vestiges de petites ouvertures arquées l'une sur l'autre et encadrées de pierre d'Istrie (personnellement, même avec ces informations, je n'ai pas trouvé, peut-être à l'angle de Calle Carminati sur la gauche du campo ?).
Intérieur
L'intérieur, carré et plutôt sombre malgré de nombreuses fenêtres en hauteur, contient quelques chefs d'œuvre dignes d'importance : le plafond de Giandomenico Tiepolo, un Palma le Jeune, les frères Lombardo pour l'architecture et les sculptures, mais les grands maître vénitiens ne semblent pas avoir été appelés.
Ici sont conservés les restes de Sainte Francine, et (dit-on, sans garantie mais plausible) le corps du peintre Canaletto (baptisé et peut-être aussi inhumé ici, sa maison se trouvant juste à côté Corte Perini (prendre la Salizzada San Lio sur la droite de l'église, et le sottoportego Perini sur la droite qui mène au Corte). A la deuxième occupation française en 1810, l'église perd son statut de paroisse et est rattachée à Santa Maria Formosa.
Adresse : Campo San Lio, Castello
Horaires : (sous réserves) Lun-Sam 09:00-16:30 (autre source tlj 09:00-12:00)
rev6 06/03/2023
Le portail d'entrée, du 16ème siècle aux colonnes doriques. L'ancienne église du 9ème siècle, vénéto-byzantine, avait 3 nefs, et fut reconstruite en 1054.
Elle fut dédiée au Pape Léon IX (Lio), qui a défendu en 1045 l'indépendance de Venise contre Aquilée et son Patriarche Poppo.
La nef unique possède 4 autels latéraux et deux chapelles latérales de part et d'autre du chœur.
Flanc droit (visite par la droite).
Diverses œuvres dédiées à la Vierge, au-dessus, un tableau (non montré ici, car très difficile à photographier), représentant Sainte Catherine d'Alexandrie (Patronne de la première église) attribué à Palma le Jeune.
Marie en gloire avec les Saints Martin (de Tours, très populaire à Venise, voir le guide en images de San Martino), François, Dominique, Marina, Marc, Joseph.
(Martino Vescovo, Francesco, Domenico, Marina, Marco Evangelista, Giuseppe), école vénitienne du 17ème siècle.
En hauteur, la Dernière Cène, Marco del Moro (début 16ème siècle) avec une inscription indiquant la consécration de l'église en 1619 après la restauration.
L'autel indique qu'ici repose le corps de Sainte Faustine, et à gauche de l'autel une Piétà du 15ème siècle (attr. à L. da Verona).
Chapelle Gussoni (dont le palais n'est pas loin), bas-relief d'Antonio Lombardo et son fils Tullio, de style Renaissance. Canaletto serait enterré dans cette chapelle.
La Piétà et quatre Saints, (Tullio Lombardo), sur les pilastres jumelés, sont sculptés deux satyres (le péché) et des fruits et grains (dons obtenus du sacrifice du Christ).
La restauration par "Save Venice" en 1999 mit à jour derrière la couche de plâtre ces fresques en grisaille de la voûte de la chapelle.
Le maître-autel, tout en marbres multicolores, avec un tabernacle très ouvragé, et colonnes avec des niches contenant des statues de Saints.
Sur le mur gauche, la Crucifixion, de Pietro della Vecchia, avec les trois donateurs (impassibles) en bas à gauche.
Derrière le tabernacle, Jésus soutenu par les Anges et les Saints, de Palma le Jeune.
Cet autel est curieusement très étroit et les toiles sur les murs sont difficiles à apprécier.
Ce n'est pas le meilleur Palma, et de plus il est difficile à voir.
Sur le mur droit, le lavement des pieds (A. Merli) (1738), et le bel orgue avec des décorations dorées de Pietro Nacchini (1754).
Voûte du chœur, l'Ange descend conforter Elie (18ème, attr. à P. Moro).
Icône de la Vierge et l'Enfant.
Vue du flanc gauche.
Chapelle de gauche, Sainte Barbara, Saint Louis Gonzague, et Saint Vincent Ferrer (Barbara, Luigi Gonzaga, Vincenzo Ferreri), école de Piazzetta (attr. à L. Gallina).
Plafond de la chapelle gauche.
Deuxième autel à gauche, le Couronnement de la Vierge, avec Saint Pierre, Saint André, Marc l'Evangéliste, Jean Baptiste, et Saint Anne. (école du Titien, mi 16ème).
Les fonds baptismaux, où fut baptisé Il Canaletto en 1697, Allégorie de l'Eglise et des vertus chrétiennes (attr. A G. Zompini, 17ème).
L'apôtre Jacques le Majeur (Giacomo il Maggiore), le Titien (1558).
Commandé par la confraternité de la Scuola Piccola dei Capeleri di Feltro. Le tableau, œuvre tardive du Titien, est bien abimé. (plus à gauche, Saint Léon IX, Palma le Jeune).
Balcon de la contre façade, avec l'orgue de G. Callido (1784) entouré de 2 statues de bois de Sainte Barbara et Saint Cécile.
Les panneaux décorés racontent l'histoire de David (et Goliath). Ici David tranche sa tête après l'avoir descendu d'un coup de fronde.
Il montre au peuple la tête du géant Phillistin haut de 2m80.
Sur une pique il la promène sous les remparts.
Au plafond, les fresques de Giandomenico Tiepolo, (il s'est régalé, il y aurait plus de cent angelots) ...
… illustrant la Gloire de Saint Léon, l'exaltation de la Croix et les Vertus cardinales (1783).