Guide en images des églises de Venise

San Nicola da Tolentino (Santa Croce)

Histoire

Encore une histoire de réfugiés. En 1524, Gaétan Thene (ou Thiene) et Pietro Carafa, évêque de Teate (Chieti en italien) (futur Paul V) fondent à Rome l'ordre des Théatins (congregazione dei Chierici Regolari Teatini). Mais le saccage de Rome fin mai 1527 par l'empereur Charles V les fait fuir à Venise. Là ils rencontrent la confraternité de Saint Nicolo da Tolentini qui leur fait don de l'oratoire existant à cet endroit avec les petites maisons alentours.

En juin 1590, Vincenzo Scamozzi, élève de Palladio, est nommé pour construire une église plus grande et un couvent avec l'architecte Théatin.

La première pierre est posée en novembre 1591 sous le dogat de Pasquale Colonna, mais en 1595, Scamozzi est écarté par l'Ordre parce qu’il utilisait des matériaux chers et non adaptés.

L'église est consacrée le 20 octobre 1602 et dédiée à Saint Nicolas de Tolentino (ermite de Saint Augustin né en 1245, grand prédicateur, au monastère à partir de 1275 à Tolentino, et mort en 1305. Il sera canonisé dès 1325 (c'est le Patron des âmes du Purgatoire, des opprimés, des enfants en difficulté et de la maternité). L’intérieur quant à lui ne sera pas terminé avant 1671. Le grand porche en style classique fut posé sur la façade non achevée en 1706 par Andrea Tirali

De 1706 à 1714, Andrea Tirali est choisi pour faire (enfin) la façade palladienne aux colonnes corinthiennes imposantes. Il est notable que seule la façade, comme pratiquement beaucoup d'églises ici, est belle, mais elle cache tout le reste de l’édifice, et si l’on part de côté, on ne peut que voir les murs de briques et les fenêtres pas très gracieuses.

L’église est fermée en mai 1810 par … Napoléon, mais curieusement elle fut rouverte à la fin de l’année pour remplacer celle de Santa Croce détruite pour faire place aux jardins qui deviendront plus tard les Jardins Papadopoli tout à côté (direction Piazzale Roma).

A gauche derrière l’église, l’ancien couvent, assez grand, dévolu à l’université d’architecture de Venise.

Le campanile fait 47m de haut, on le voit très mal car il est derrière l’abside. Son tambour octogonal couvre le beffroi avec une balustrade, et un toit couvert de plaques de plomb.

Intérieur

Si l’extérieur est grandiose par ses colonnes et son allure de temple grec, l’intérieur est tout en baroque, mais sans excès. Enfin, on y trouvera bien tous les chérubins et les stucs baroques bien classiques d’une église de ce style, mais les chapelles, par exemple, offrent une certaine austérité (peut-être parce qu’elles sont généralement sombres, les ouvertures en haut n’apportant pas la lumière voulue). On a eu en fait une superposition d’une décoration palladienne (classique, colonnes, tympans, etc.), et d’une décoration baroque plus exubérante. Palma le Jeune a fourni pas mal d’œuvres ici (Annonciation pleine de putti, le Saint Jérôme secouru par l’ange, peut-être le chef d’œuvre de l’église, a été peint par Johan Liss en 1628 ; un Allemand, qui mourut de la grande peste de 1630 qui fit près de 50000 morts (dont Le Titien). A noter aussi un Sante Peranda et un Bernardo Strozzi (la Charité de Saint Laurent).

Une restauration récente a bien mis en valeur l’architecture intérieure, mais des murs sont encore en souffrance.

La coupole centrale est magnifique, un peu haute pour distinguer ses détails, mais bien éclairée quand il fait beau. Et en fait, c’est un remarquable trompe-l’œil, car l’ancienne coupole s’était effondrée et ne fut pas remplacée.

L'église contient les tombes de nombreux Doges (Giovanni I Corner, Giovanni II Corner, Francesco Corner, Paolo Renier, ainsi que le monument funèbre au patriarche Francesco Morosini par Filippo Parodi. L'intérieur classique palladien originel fut par la suite chargé, au 17ème siècle, par des décorations, statues grises, stucs et chérubins baroques. En forme de croix latine à une nef et 6 chapelles, son dôme au départ voûté est remplacé par un toit plat et une fresque en trompe-l’œil.

Supprimée en mai 1810 par Napoléon, elle est rouverte quelques mois après pour remplacer l'église Santa Croce fermée puis démolie pour faire place aux Jardins Papadopoli. L'orthographe est fantaisiste selon les sources : Nicola, Nicol,

Le couvent annexe est occupé par l'université d'architecture. Un boulet autrichien détruisit le dôme en 1849, il se trouve maintenant dans la façade, un peu comme à San Salvador.

Adresse : Fondamenta dei Tolentini, 265, Santa Croce

Horaires : Lun-Sam 08:30-12:00 et 16:30-19:00


Rev2 05/12/2018

En juin 1590, Vincenzo Scamozzi, élève de Palladio, est nommé pour construire une église plus grande et un couvent pour remplacer l’oratoire existant des Théatins (ou Téatins ?).

Scamozzi est écarté, mais l’église est consacrée en octobre 1602, il faudra attendre 1671 pour que l’intérieur soit achevé. La façade est réalisée par Andrea Tirali en 1714.

Hormis cette façade palladienne classique, le reste est de briques, on aperçoit derrière le haut campanile de 47m au tambour octogonal, aavec un toit en plomb.

L'intérieur est richement décoré, les chapelles et les pilastres sont remplis de tableaux. Du vrai baroque, murs blancs.

Mais on le verra les chapelles sont plus austères (et la lumière est déficiente avec ces fenêtres très haut perchées). Ici vue du côté gauche.

Le dôme à la croisée du transept, pour cette structure en croix latine où les transepts sont peu marqués.

Vue d’ici, cette coupole est claire, très décorée et impressionnante…

Vue du côté droit (le chœur était en réparation). (Visite par la droite)

Chapelle Sant'Andrea Avellino, avec l'Extase de Sant'Andrea (Sante Peranda, début 17ème siècle), statues de la Tempérance et de la Force.

Sur les côtés : Sant'Andrea passe un torrent porté par les anges, et Sant'Andrea tombé de cheval repris par les Anges, (Il Padovavino).

Chapelle Pisani, avec sur l’autel, San Carlo Borromeo en gloire (Camillo Procacini). Sur les côtés, Le Saint sauve une petite fille, et le Saint bénit des femmes.

Chapelle Soranzo, L'adoration des Mages (Sante Peranda). Sur les côtés, La décollation de Jean Baptiste et Salomé, et Le repas dans la maison d'Hérode (Bonifacio de Pitati); à gauche sur le pilier, un évêque (Saint Nicolas ?).

Transept droit, chapelle Corner, dédiée à la Vierge, La Vierge en gloire avec les Saints Jean Baptiste, Nicola da Tolentino, Francesco et Giorgio. Sur les côtés, 2 monuments aux Corner (1720), avec sur celui de gauche un haut-relief de Catherine Corner donnant la couronne de Chypre au Doge Paolo Renier (sa tombe est ici).

A gauche de la chapelle Corner, l'Extase de Saint François, Saint Magne et l'architecture céleste, avec en dessous le Sacré Cœur de Jésus.

("empruntée" à J Currell depuis Flickr, j'ai aimé cette photo, j'aurais pu m'en passer, mais hommage au photographe)

Magnifique fausse coupole (l'ancienne fut démolie au 18ème, il reste le tambour).

Les fresques en trompe-l’œil sont de Gaetano Zompini, (Christ en gloire avec des anges).

Le chœur est profond, des statues de Giusto Le Court.

L'autel très palladien en forme de temple à colonnes surmonté d’une coupole et du Rédempteur, est de Baldassare Longhena (1661). Note : j'ai "emprunté" les 2 photos du chœur, au Campiello (Stef?) car lors de ma visite il en travaux et fermé d'une bâche.

A droite l'Annonciation (Luca Giordano).

A gauche un monument hyper baroque imposant dédié au Patriarche (pas le Péloponnésiaque et doge) Francesco Morosini (Filippo Parodi, vers la fin 17ème); le chœur derrière contient l'orgue de Nacchini (1754), et une toile de Palma le Jeune (La dernière Cène).

Entre chœur et transept gauche, à voir deux belles toiles à ne pas manquer parmi toutes les autres.


San Girolamo inspiré par l'ange (Johann Liss, 1628).

La Charité de Saint Laurent (Bernardo Strozzi)

(il y a aussi un Saint Gaétan de Palma le Jeune, et d'autres Strozzi).

Chapelle de Saint Gaetano, Gaétan entouré des Vertus qui enchaînent les Vices, statues d'anges de Giusto Le Court.

Plus à gauche, la chaire en bois doré.

Avec en-dessous une icône de la Vierge Odigitria (de Candie? La Crète).

Chapelle des Foscari. Sur les murs latéraux : Sainte Cécile et Valeriano couronnés par les anges, les Saints Tiburzio et Valeriano décapités (Palma le Jeune). Sur la voûte, une fresque de la glorification de Sainte Cécile.

Au centre, le Martyre de Sainte Cécile (Camillo Procaccini, fin 16ème siècle). De part et d'autre, Sainte Agathe et Sainte Cécile (Agata e Cecilia) (Palma le Jeune).

Chapelle des Grimani (Saint Pierre), avec des œuvres de Palma le Jeune (et peut-être de ses élèves aussi), Le Christ en gloire entre la Vierge et Saint Pierre, de part et d'autre, Santa Appolonia et Santa Barbara.

Sur le côté droit, l'Annonciation, sur le côté gauche, La Visitation à la Vierge, et dans la voûte trois compartiments (La Dispense de l'indulgence, l'Offrande des Elémosines, et les Sacrifices de la messe pour les défunts).

L'Annonciation de Palma le Jeune.

Chapelle de la Pietà (dédiée à Saint Nicolas), La déposition (Sante Peranda), entourée de David et Salomon, sur les côtés, le martyre de Saint Agathe et à droite le Martyre de Saint Orsola.

Contre-façade gauche.