Guide en images des églises de Venise

San Giovanni in Bragora (Castello)

Histoire

L'église est dédiée à Saint Jean Baptiste. C'est une des huit églises ordonnées par Saint Magne sur la volonté de Dieu, selon la tradition vénitienne, vers 829, après les incursions lombardes ayant fait fuir les populations dans les îles de la lagune au 7ème siècle. Pour cette église, Saint Magne devait voir se poser ici une compagnie de grues, et construire l'église sur place (voir la fin de l'introduction). 

Les dates sont folkloriques : certains y voient une église dès 586, rénovée en 817

Selon d'autres, on cite cette église pour la première fois en 1090 qui cite une reconstruction (la première de plusieurs autres …) à la fin du 9ème siècle pour accueillir les reliques de San Giovanni Elemosinario (dont l’église éponyme est au Rialto vers l’erberia). Elle est reconstruite en 1178 une nouvelle fois.

Mais le temps et les éléments l’abiment, et on fait appel aux dons pour la restaurer, surtout grâce aux indulgences prononcées par le Pape Callisto III lors de sa visite en 1455. En 1472 le curé Rizzardi se plaint de l’état lamentable de l’édifice. Finalement elle est donc de nouveau restaurée profondément, en style gothique tardif, vers 1475. Elle bénéficie de plus des largesses du Pape Paul II élu en 1464 (de son vrai nom Pietro Barbo, né et baptisé ici en 1417). Les travaux durent 40 ans et l’église est enfin consacrée en 1505. 

C'est l'église d'Antonio Vivaldi le prêtre roux (baptisé ici en 1678), du sculpteur Vittoria et d'autres célèbres Vénitiens.

Extérieur

L’église se trouve sur un grand campo tout près de la Riva degli Schiavoni, renommé Bandiera e Moro en souvenir des 2 Indépendentistes Vénitiens tués par les Bourbons en 1844). Il est entouré de très beaux palais, avec des arbres, un joli puits et des bancs. L’endroit en en général très calme. Elle se situe tout près de l’église San Zaccaria. Zacharie était prêtre sous Hérode, sa femme et lui, stériles et âgés, et ils désespéraient d'avoir un enfant malgré leur religiosité irréprochable. Dans la magnifique église de San Cassiano près de la Pescheria à Rialto, deux tableaux célèbrent Zaccaria et le miracle de la naissance de leurs fils Jean Baptiste.

La façade actuelle est toute de briques, grande et sévère, avec un sommet trilobé, qui rappelle vaguement celle des Frari en plus simple, ou la Misericordia à Cannaregio ou encore Sant’Aponal à Santa Croce. Les 4 gros piliers sont terminés par de petites pyramides, et divisent la façade en trois parties, comme l’est l’intérieur. Les côtes au sommet en quart de cercle correspondent aux nefs latérales. Le portail comporte une lunette gothique contenant (à peine visible) un Baptême du Christ du début 18ème siècle. Au-dessus du portail, décoré d’une frise en pierre d’Istrie dentelée, un grand oculus rond fait entrer la lumière, ainsi que deux fenêtres gothiques sur les côtés.

Le campanile se trouve sur la droite de l’église, derrière. Il est très ancien mais a dû être restauré  à la rénovation fin 15ème, puis démoli en 1568 et reconstruit, mais de nouveau détruit en 1826 pour être remplacé par l’actuel campanile très simple avec 3 belles cloches et un petit tympan triangulaire.


Intérieur

L'intérieur, de forme basilicale est à trois nefs séparées par huit colonnes ornées (celles près du chœur sont en pierre d'Istrie et carrées). 

Les nefs possèdent des autels et des chapelles latérales munies de grande fenêtre semi circulaires. Le plafond est en bois en forme de coque inversée (comme San Giacomo d’Allori ou San Pietro à Murano). Aux chapelles de droite existantes (San Giovanni et Saint Antoine), ont été rajoutées dans la nef gauche deux nouvelles chapelles faisant le pendant (Sacramento et Joseph de Cupertino), au 19 ème siècle.

Le chœur possède deux chapelles latérales. Avec le temps, les œuvres ont été modifiées, changées de place, restaurées ou refaites plusieurs fois du 14ème au 18ème siècle.

Si San Giovanni Elemosinario a fortement influencé la réputation de l’église, c’est Jean Baptiste et surtout le tableau de Gianbattista  Cima de Conegliano dans le chœur construit en  1498, qui est devenu rapidement l’emblème de San Giovanni in Bragora. Il a aussi réalisé le tableau de Saint Hélène Constantin et la Croix à gauche de la porte de la sacristie.

A noter également les magnifiques tableaux à l’entrée de la sacristie, dont une Vierge à l’Enfant au-dessus de la porte qui est datée du 12 ou 13 ème siècle, magnifiquement décorée.

On trouvera aussi dans le chœur des Palma le Jeune. Les Vivarini ont aussi contribué à la décoration, ainsi que des sculpteurs connus.

Sur Saint Magne

L'évêque Magno (Saint Magne) est un personnage primordial dans la légende du  développement de Venise au 7ème siècle. Né au 6ème siècle, d'abord ermite, il devient ensuite évêque d'Oderzo (Opitergium) et contribue à éradiquer l'arianisme dans les îles de la lagune (Venise n'existait pas, ni un gouvernement vénitien). Lorsque les Lombards s'emparent de la ville, il émigre en 639 sur une île qui deviendra Eraclée (Héraclée) où il fait construire une cathédrale. Dans la foulée, on lui prête des visions divines, et des songes imagés où il reçut l'ordre de bâtir 6 églises (d'autres disent 7 comme Sanudo, ou même 8 selon Dolfin) dans les îles réaltines au 7ème siècle.  Plus précisément :

Saint Pierre lui commanda San Pietro di Castello là où il verrait des bœufs et des moutons, 

Anzolo Rafaele (Angelo Raffaele, San Raphaele Archangelo) là où, lui indiqua l'Archange en songe, il verrait un rassemblement d'oiseaux, 

Santa Maria Formosa là où, lui dit la Vierge qui lui apparut sous la forme d'une femme belle plantureuse, il verrait un nuage blanc descendre et rester sur le sol.

San Giovanni in Bragora, (Saint Jean Baptiste), là où, lui ordonna le Saint, il verrait arriver une compagnie de grues. 

Santi Apostoli, car les douze apôtres lui dirent de regarder un lieu où se seraient posées douze cigognes.

San Zaccaria, pour le père de Saint Jean Baptiste

San Salvador, ou le Christ lui demanda de rechercher un nuage rouge descendant sur ce lieu où bâtir une église à lui dédiée (le Sauveur).

Santa Giustinia (près de San Francesco della Vigna), que le Saint martyr padouan lui demanda de construire là où une vigne porterait des fruits mûrs. Saint Magne est mort en 670, et fait l'objet de nombreuses œuvres de peintres et sculpteurs vénitiens.

Saint Magne est mort en 670 et fait l’objet de nombreuses œuvres de peintres et sculpteurs vénitiens.

(ref: http://www.slowtrav.com/blog/annienc/2009/05/san_magno_and_his_eight_church_1.html                                                                                                                                                                

Adresse : Castello, 3790 (Campo Bandiera e Moro)

Horaires : Lun-Sam 08:00-11:00 16:30-19:00 

Fête à Venise : le 11 novembre, les pâtisseries proposent les gâteaux (en forme de saint sur son cheval) et les enfants mangent des châtaignes, marchent en ville en chantant et en recevant des friandises, et on buvait le vin nouveau.

Rev4 25/10/2023

Supposée née de la vision de Saint Magne, vers 829, mais sans doute une première église vers l’an mille pour les reliques de Saint Elemosinario. 

Reconstruite en 1178, recommencée en 1475. La façade en briques rouges, au fronton trilobé, assez rigoureuse, de style gothique tardif, fin 15ème.

Les 4 gros piliers sont terminés par de petites pyramides, et divisent la façade en trois parties. Les côtés au sommet en quart de cercle correspondent aux nefs latérales. Le portail est en pierre d’Istrie finement dentelé. (seul luxe de cette façade). 

Le Pape Paul II et Vivaldi sont nés ici et y ont été baptisés. La reconstruction doit beaucoup à Paul II et son prédécesseur qui accorda des indulgences contre donations. 

Située sur un grand campo Bandiera e Moro, deux patriotes fusillés par les Bourbons, qui habitaient le palais Solderini ici à gauche.

Campo clair et agréable avec ses arbres, et entouré de beaux palais. Il n’y a jamais grand 'monde, bien qu'on soit à 200 m de la Piazza et 100m de la Riva degli Schiavoni. 

Palais Gritti (façade du 15ème siècle). 

Le campanile aussi a connu bien des vicissitudes, et finit par être 2 fois démoli, pour un plus simple avec ses 3 cloches à droite de la façade.

Intérieur à 3 nefs avec 8 colonnes ornées, dont deux carrées en pierre d'Istrie. Le plafond est en bois en forme de coque de navire renversé.

Le chœur possède deux chapelles latérales. Avec le temps, les œuvres ont été modifiées, changées de place, restaurées ou refaites plusieurs fois du 14ème au 18ème siècle. 

Au 19 ème siècle on a ajouté deux nouvelles chapelles (Sacramento et Joseph de Copertino), face aux chapelles de droite existantes (San Giovanni et Saint Antoine), 

Contre façade : le Christ devant le Calife (Palma le Jeune, commandée en même temps que le Lavement des pieds et dans le chœur avant). 

Tout de suite à droite au-dessus de la porte latérale, triptyque de Francesco Bissolo, Sant’Andrea tra Martino e Girolamo.

Première chapelle, chapelle de la Vierge des Douleurs (piétà). A gauche, la Flagellation, à droite, le couronnement d'épines.

Œuvre artistique allemande du 15ème siècle, terre cuite vernie. 

Triptyque, Vierge à l'Enfant entourée de St Jean Baptiste et de St André (Bartolomeo Vivarini, 1478). 

Auparavant dans la chapelle St Antoine à droite. 

Chapelle de San Giovanni Elemosinario, (Saint Jean l'Aumônier, dont l'église éponyme se trouve vers le Rialto) érigée en 1481 pour recevoir le corps du Saint (refaite en 1743 par Giorgio Massari, paroissien ici, sculptures de Anzolo Stae). 

Le Saint distribuant les aumônes (Jacopo Marieschi, 18 ème siècle). Elle fut érigée en 1481 pour recevoir le corps du Saint ( et refaite en 1743 par Giorgio Massari, paroissien ici, sculptures de Anzolo Stae).


A gauche, en bas le monument funèbre de San Giovanni Elemosinario (Anzolo Stae). 

Dans la lunette, procession de la translation du Saint (Jacopo Marieschi, mi 18ème). 

Splendides fenêtres et décorations des voûtes pour ces chapelles. 

Autour de la porte de la sacristie, trois œuvres magnifiques. 

A droite, Sainte Hélène et Constantin avec la Vraie Croix retrouvée,  (Giambattista Cima de Conegliano) (restaurée en 1988). 

Vierge à l'Enfant. Bas-relief polychrome de 1148 (vestige de l'ancienne église). 

A gauche, le Christ ressuscité, (Alvise Vivarini, 1498). 

Chapelle absidiale droite dédiée originellement à la Vierge et depuis 1507 sous la protection des familles Giustinian et Morosini. 

La chapelle changea de dédicace et devint la chapelle de Saint Antoine en 1730, mais l’icône de la Vierge fut conservée. 

Le chœur, où se trouve l’œuvre qui rend cette église célèbre. 

Alessandro Vittoria démolit le petit oculus pour une grand fenêtre, à droite, afin d'avoir plus de lumière sur le tableau. 

Le baptême du Christ (Giambattista Cima de Conegliano, 1494).

Le grand chef d'œuvre de l'église, il était originellement directement posé sur l’autel, puis surélevé contre le mur de 1,5m.

Le tableau est vraiment impressionnant pour l’époque où il a été peint.

Au-dessus du baptême, les anges et la colombe. 

A gauche : le Lavement des pieds (Palma le Jeune, 1595) et au-dessus le Sacrifice d'Abraham (Francesco Maggiotto, 1787). 

Le lavement des pieds, détail. 

Le sacrifice d'Abraham. (pour éprouver Abraham, Dieu lui demande d'égorger son fils Isaac, Abraham obéit, mais un ange arrête le couteau, Dieu sait qu'il est son serviteur) 

A droite :  en bas, la Cène (Paris Bordone), et plus haut, l’apparition de l’Ange à Elie (Francesco Maggiotto).  

Chapelle absidiale gauche (del Sacramento) originellement dédiée à Sant'Andrea (Scuola dei Sabbionai).

Christ bénissant, Alvise Vivarini , payé au peintre le 4 avril 1494, il se trouvait avant dans la chapelle San Giovanni Elemosinario.

Chapelle de Saint Joseph de Cupertino, 1834-1835. (San Giuseppe da Copertino). Saint Bernardin de Sienne en gloire avec Saints Roch, Antoine abbé, Marthe, Vincent Ferrier et Valentin. 


Chapelle de Sainte Thérèse d'Avila (pensée en 1805, mais réalisée en 1848), avec Saint Nicolas et des épisodes de sa vie (début 17 ème).