Guide en images des églises de Venise

San Canziano (Cannaregio)

Histoire

La tradition indique qu'une première église est fondée vers 864 par des réfugiés venant d'Aquilée (envahie par les Allemands), ville où ont été martyrisés les trois saints auxquels elle est dédiée (et que les Vénitiens ont raccourci en un seul mot) : Canziano, Canzio, et une sœur Canzianilla (la fresque du 18ème, dans l'ovale de la façade en haut du portail, montre ces trois martyrs).

Les premiers documents attestant l'existence d'une église vers la fin du 10ème siècle datent cependant de 1040. Reconstruite en 1105 après un incendie, elle est reconsacrée en 1351. Le plan de Barbari de 1500 en montre une église à trois nefs avec la centrale surélevée par des fenêtres latérales.

En 1550 l'église presque en ruines est complètement reconstruite en style Renaissance tardif mais en conservant sa structure basilicale. En 1760 et 1764, des modifications internes sont réalisées par Giorgio Massari, qui lui donnent son aspect actuel.

L'extérieur

Cette église est curieuse : on y entre et sort par deux portes latérales parallèles à la rue étroite qui borde sa façade (qui fait dire qu'elle est toujours habitée), et de plus, si ses flancs sont soit sinistres et délabrés soit cachés par des maisons accolées, sa façade est à peine visible vu la largeur de la rue.

La façade est en trois parties, en style toscan. Restée inachevée faute d'argent lors de sa reconstruction au 16ème siècle, elle est terminée grâce à une donation en 1706, sur des plans d'Andrea Gaspari. Relativement palladienne, son tympan triangulaire en haut surmonte un ovale et un grand portail central bordé de deux ailes semi triangulaires. Et le buste (apparemment disparu ?) du donateur Michaelis Tomasi surmonte le portail (comme il l'avait probablement demandé en échange de son legs de 2000 ducats).

Le campanile de 24 mètres se trouve près de l'abside, en briques, et se termine par un toit pyramidal, il fut reconstruit entre 1532 et 1542.

L'intérieur

L'intérieur est équilibré et porte les modifications apportées par Massari entre 1760 et 1764, avec une nef centrale surélevée avec 8 fenêtres latérales et un plafond qui s'arrête au début du chœur (celui-ci est séparé par une arcature en plein cintre). Les nefs latérales sont marquées par six colonnes corinthiennes en marbre (dont deux de granit africain très anciennes). Elles contiennent 4 autels dédiés tous à la Vierge. Ces autels ont été réalisés en 1730, et tous aux frais de l'abbé d'alors, Sebastiano Molin. Le chœur est surmonté d'une coupole octogonale, il possède deux chaires (de B. Maccaruzzi, fin 18ème), et est flanqué (à la mode toscane) de deux chapelles dont une contient le sarcophage de Saint Maxime (Massimo, premier évêque de Cittanova en Istrie). Massari a aussi refait la contre façade avec la tribune de l'orgue portée par 6 colonnettes corinthiennes en bois.

On n'y trouvera pas que des chefs d'oeuvre de grands peintres ou sculpteurs mais Zanchi, Segala, Letterini, Le Court et Angeli y apportèrent de jolies contributions du 18ème siècle ainsi que Ranieri et peut-être Longhena.

Anecdote : dans les archives de l'église, le livre des morts mentionne le décès (probablement de la terrible peste qui sévissait alors) de Tiziano Vecellio (le Titien) qui habitait tout près : "27 agosto 1576, Messer Tizian pitor è morto de ani centotre amalato de febre".

Adresse : Campo San Canziano, Cannaregio (près des Miracoli)

Horaires : (pas d'information , mais les portes semblent toujours ouvertes)

Site web : très peu, voir surtout les détails sur

http://www.veneziamuseo.it/TERRA/Cannaregio/Canzian/canz_ciexa.htm

et dans une moindre mesure

http://www.churchesofvenice.co.uk/cannaregio.htm#sancan

rev6 04/01/2023

San Canzian(o), coincée entre la rue et les habitations. La légende la date de 864 par des réfugiés d'Aquilée, ville où ont été martyrisés les trois saints auxquels elle est dédiée (sœur Canzianella, Canziano, Canzio).

Première église "attestée" fin du 10ème siècle, et reconstruction en 1105 après un incendie. Le campanile de 24 mètres a été reconstruit en 1532. En ruine en 1550, l'église est reconstruite en style Renaissance.

Engoncée dans les habitations, elle se situe entre deux campi assez vastes, mais sa façade, elle, donne sur la ruelle étroite.

La porte d'entrée latérale qui a son homologue de l'autre côté. Beaucoup choisissent de traverser l'église plutôt que la rue !

La façade est de style toscan, en 3 niveaux, relativement palladienne avec son tympan triangulaire qui surmonte les ailes des nefs latérales.

Au-dessus du portail, on peut voir une inscription en honneur du donateur Tommasi (legs de 2000 ducats, 1706), sous une niche qui abritait son buste, et au-dessus, un ovale avec des restes (invisibles) d'une fresque du martyre des trois Saints.

Structure à 3 nefs, avec 2 chapelles absidiales de style toscan entourant le chœur, lui-même flanqué de deux chaires (B. Maccaruzzi, fin 18ème).

Vers 1760 Giorgio Massari créa les 8 fenêtres en demi-lune de la nef centrale, et refit le choeur sur une base octogonale autour du bel autel baroque.

Le pavement fut refait en 1786, ici on voit la seconde porte donnant sur le campo Santa Maria Nova et les 2 autels de la nef droite

La nef gauche, aussi avec ses deux autels. (visite par la droite).

Premier autel : La Vierge des douleurs avec le Sacré Cœur et des Saints (Vergine addolorata con il sacro Cuore di Gesu e Santi) (B Letterini, 1730).

Deuxième autel (toujours au frais du curé Sebastiano Molin, 1730) avec un tableau de la Vierge du Carmel avec Jésus, …

… Saint Jean Népomucène et d'autres Saints (Bartolomeo Letterini, peintre vénitien, fin 18ème).

Chapelle absidiale droite (de Santa Lucia, puis de San Massimo Vescovo). Les marbres et les stucs furent fournis par les propriétaires de la chapelle, les Widmann dont le palais est tout proche. Sur l'autel deux anges portent une urne funéraire contenant Saint Maxime transporté ici par un Badoer. Au-dessus la statue baroque de Massimo (C. Moli, 1639).

Le chœur est isolé par un grand portique avec 4 hautes colonnes. Autel de marbre, simple, financé par les paroissiens en 1875.

Retable avec le Père Eternel en gloire avec San Canziano et San Massimo (attr. à P. Zoppo del Vaso, 18ème).

A droite, la multiplication des poissons (D. Zanchi).

A gauche, la Piscine Probatique (D. Zanchi, ce ne sont pas des chefs d'œuvre …) où on sacrifiait les animaux et où Jésus faisait des miracles et discutait avec les notables Juifs.

Plafond du chœur octogonal, Glorification de San Massimo (G. Segala, 17ème).

Matthieu et l'homme ou l'ange (c'est bien un homme, mais il est souvent représenté en l'air voire avec des ailes ...).

Aux coins dans les pendentifs comme très souvent, les Evangélistes, ici Marc et le lion (18ème siècle).

Jean et l'aigle.

Luc et le taureau.

Chapelle absidiale gauche (dite du Crucifix, puis de San Venerando, puis de la Sainte Epine), concédée à la famille Rinaldi en 1631.

La Vierge et Saint Philippe de Néri (N. Renieri, ca 1635). Sur les côtés, bustes de Sebastiano et d'Antonio Rinaldi (17ème).

Nef gauche.

Portail de la sacristie. Au-dessus de la porte de la sacristie : buste du Curé GM Grattarol (qui a payé les sculptures) par Giulio Le Court, au-dessus cénotaphe de Angelo Comello mort en 1816 (A. Bosa).

Nef gauche, deuxième autel : toile de l'Immaculée Conception avec deux Saints (B. Letterini, 18ème).

Premier autel avec l'Assomption (G Angeli, qui fut élève de GB Piazzetta, 18ème).

On est loin de Tiepolo ou du Titien, mais ce tableau mérite attention par sa composition laissant un vide au centre pour séparer mieux les "Terrestres" de la Vierge qui s'envole..

Contre-façade : de part et d'autre de l'orgue, les portes figurant San Massimo et San Canziano (G Contarini, fin 16ème, au style titianesque).