Balades au calme dans Venise
Dorsoduro Centre
Une des 4 balades dans Dorsoduro, un sestiere très grand qui comprend la Giudecca. On partira de l'arrêt Ca Rezzonica (VP1) pour longer le rio San Barnaba et son bateau marchand à côté du Ponte dei Pugni. Puis on ira faire les ruelles au sud avec la calle della Tolet(t)a (oui, ici il y aura du monde … mais pas pour longtemps, rassurez-vous ensuite c'est quasiment le désert), pour atteindre le campo et l'église San Trovaso plein de surprises. On ira regarder les Zattere et la Giudecca en face, mais on marchera ensuite non pas sur les Zattere mais vers le complexe des Ognissanti avant de regarder le campo sans Basilio pour un café. Juste à côté, un excellent restaurant sur le grand campo séparant San Sebastiano et Sant'Angelo Raffaele, et l'église Sant'Angelo Raffale qui vaut une bonne visite. Traversant le petit pont en face, on longera le rio des Carmini pour voir la maison à la colonne du temple grec du cap Sounion (-440), surmonté d'un petit lion grec, puis on retraversera pour longer l'église des Carmini. Puis ce sera la fondamenta Gerardini et la fondamenta Rezzonico et le Ponte dei Pugni, qui nous mènera au fameux Musée de la Ca'Rezzonico. Cette balade nous fait passer dans la vraie Venise, minérale, aux quais bordés de bateaux, aux sottoportego surprenants.
La balade Dorsoduro Nord, couvre la partie ouest et nord (déserte en général mais très riche de choses à voir). Un autre, Dorsoduro Est Accademia, (extraordinaire et totalement déserte à quelques mètres des autoroutes à touristes), entre dans les détails autour de la Salute et des Zattere. Enfin, Dorsoduro Giudecca est consacré à la Giudecca. A noter aussi (proximité) un itinéraire consacré à l’île de San Giorgio Maggiore (jardins, église, Fondation Cini, musées). Libre à vous de mélanger et prendre des parties de chacun pour organiser vos journées.
Bien sûr, on ne passe pas loin des Carmini (Chiesa et Scuola ; Itinéraire Dorsoduro Nord), de l’Accademia (Dorsoduro Est) ou des Gesuati sur les Zattere (Dorsoduro Est). On est libre d’y aller dans cette balade mais ça rallongera beaucoup en temps.
Souvenirs et satisfaction garantis !
Mise à jour : v24 18/03/2020
Avec cet ouvrage (une vingtaine suivront, similaires, couvrant d'autres parties des sestiere (arrondissements) de Venise, les îles, et même le Brenta), vous découvrirez une balade originale, ponctuée de visites et d'anecdotes inoubliables. Très peu des milliers de touristes quotidiens à Venise connaîtront ce bonheur.
L'itinéraire est jalonné de 30 à 35 points intéressants (église, musée, palais, villa, scuola, bâtiment, etc.). Certains sont décrits séparément par des Guides en images, sur le site web (KDP ayant du mal à convertir). Ils sont notés JCS- xxxxxxxxxx dans le texte. Ils incluent un maximum de détails uniques, instructifs et rares (photo, auteur, date, raison d'être, contenu et personnages, historique, etc.). Cliquer dessus. La page principale du site est www.venise-balades-visites-culture.com
Notes techniques
Les numéros 01, 02, ... dans l'itinéraire se rapportent aux lieux numérotés sur la carte. Les lettres (a), (b), ... se rapportent aux endroits où on peut manger ou boire rapidement (en général très bon).
Pour les autres guides papier sur Venise, ils annotés dans les textes par une abréviation et la page du guide (avec les éditions ultérieures la page peut varier) :
VIS (à garder sur soi en permanence : Venise insolite et secrète, Thomas Jonglez et Paola Zoffoli, Editions Jonglez, ISBN 978-2-9158-0766-0), GV (Venise et la Vénétie, Guides VOIR, Hachette), EDV (le guide Encyclopédie du Voyage Venise, Gallimard), CM (Venise, Itinéraires avec Corto Maltese, Hugo Pratt, Guido Fuga, Lele Vianello, Lonely Planet, Casterman), GB (le Guide Bleu Venise Hachette), WE (Un grand Week-end à Venise, Hachette Tourisme).
Guides en photos disponibles (voir menu à gauche) pour :
San Trovaso (14), San Sebastiano (19), Angelo Raffaele (21), (facultatif : SM dei Carmini et Scuola dei Carmini), Ca’Rezzonico (29).
Rev3 17/04/201901 VP1 à Ca'Rezzonico. Prendre la calle del Traghetto qui longe le Palais (hôtel) Stern et arriver au
02 Le campo San Barnaba. Aéré, cool, siège d'un marché-brocante, avec des cafés autour et des super glaces chez GROM. A voir aussi son puits avec Saint Antoine de Padoue sur le côté opposé à la porte de l'église. Il y a des expositions dedans, mais je n'ai jamais pu la visiter. Pittoresque, la campo a été utilisé pour de nombreux films. Son église néoclassique est plantée au milieu sans offrir un grand intérêt. Rester sur la gauche et commencer la
03 Calle Lunga San Barnaba.
Cet endroit a donné le nom aux Barnabotti : c'étaient les nobles ruinés ou pauvres laissés pour compte après une faillite ou simplement après les héritages réservés aux ainés de la fratrie. Il y en eut de plus en plus et malgré leur statut de membres du Grand Conseil, beaucoup n'avaient rien pour vivre et même ils marchandaient leurs votes au Sénat aux Riches.
Il faut dire que les risques financiers, de tout temps, étaient aussi énormes pour ces noes contrats de transports de marchandises avec l'orient, même avec des galères militaires qui les accompagnaient, pouvaient être piratés. En plus les casinos partout dans Venise et le goût du luxe à tout prix en ont mis sur la paille plus d'un. Beaucoup tombaient dans une misère totale. Le Sénat leur allouait un subside et avait construit autour de San Barnaba des pâtés de maisons pour eux, louées à bas prix.
Tourner à gauche dans la Calle Lunga San Barnaba, arrivé à une osteria (Osteria San Barnaba)
(a) Osteria Ai 4 Feri Calle Lunga San Barnaba 2754, trattoria excellente (petits poissons légumes)
Prendre à gauche dans
06 Calle delle Turchette, traverser le traverser le rio del Malpaga par le pont du même nom (ex couvent des Ermites à la façade jaune sur la droite).
En continuant tout droit, on est sur la Fondamenta di Borgo qui est une courbe très longue et élégante, prenez-la jusqu’au pont suivant se trouvant tout près, et prendre à gauche dans
04. Calle delle Eremite (étroite, avec le sottoportego au milieu). On tombe alors sur
05 Fondamenta della Toleta et son rio, et également beaucoup de monde. Faire une digression sur la gauche et traverser le ponte Lombardo pour aller voir sur la droite un magasin orné d’une magnifique
06 Tête de licorne (on se demande combien de temps personne ne la volera …). Revenir sur ses pas, retraverser Ponte Lombardo, et continuer sur
07 Calle della Toleta, qui suit le rio, puis bifurque sur la gauche. Ici les cartes vénitiennes sont folkloriques (il faut avouer qu’avec ces canaux, ces sottoporteghi et ces ruelles étroites et biscornues, le géomètre n’a pas la vie facile). Toleta signifie tablette et selon la légende, elle fait référence à un bureau de péage placé sur le pont . Elle aboutit à
08 Fondamenta Sangiatoffeti ou Bolleni (à gauche). Prendre le quai à droite, et traverser au
09 Pont San Trovaso suivant (début du Campo San Trovaso où on ira juste après). Prendre à droite du pont
(b) Cantine del Vino gia Schiavi, super cichetti et vins
10 La Fondamenta Nani (le palais est juste là, mais on le voit mieux du campo San Trovaso en face).
De là on voit très bien l’atelier du squero où les spécialistes des gondoles les remettent en état. Il y en avait beaucoup à Venise, il n’en reste que quelques-uns. La gondole, spécialité exclusive de Venise, est l’embarcation emblématique de la ville depuis plus de 1200 ans. Conçue pour le transport des personnes, elle obéit à des règles de construction (taille, bois, fers, etc) très rigoureuses.
La gondole, spécialité exclusive de Venise, est l’embarcation emblématique de la ville depuis plus de 1200 ans. Conçue pour le transport des personnes, elle obéit à des règles de construction très rigoureuses (asymétrique, taille de 10,8 mètres sur 1,38), 280 pièces différentes en bois, fers, etc). A la proue, le fer, orgueil du fabricant qui y mettait son poinçon, est composé de nombreux symboles : en haut, le chapeau (cornetto) du Doge, la lunette du pont du Rialto, les encoches pour les 6 sestiere, avec le fer de derrière représentant la Giudecca, et on dit même que les espaces entre les encoches sont les îles …(Murano Burano Torcello).
La peinture noire a été imposée à tous afin de faire cesser les excès de décorations luxueuses que les Nobles s’attachaient à créer pour se distinguer.
Elle a aussi perdu son toit. (sauf pour les touristes, quelques gondoles en ont remis un).
Aujourd’hui, les « squeraroli » sont encore des hommes très vigoureux qui principalement maintiennent l’existant. Et ici à San Trovaso il y a encore de l’activité.
Pousser vers le canal de la Giudecca jusqu'aux
11 Zattere. On se trouve au milieu des fameux Zattere, les quais bordant la face sud de Dorsoduro, en face de la Giudecca. Sur la gauche (on visitera plus tard), l’église des Gesuati, et tout au bout la Punta della Dogana.
Zattere vient du nom des radeaux qui descendaient le Pô et d’autres rivières, et arrivaient à Venise aux quais et aux immenses entrepôts comme celui du sel pour décharger leurs cargaisons (et bien sûr refaire le plein pour repartir avec des denrées de Venise ou arrivées de l’Orient).
Prendre à droite, traverser le rio San Trovaso et remonter vers l’église en traversant le rio degli Ognissanti.
12 Campo San Trovaso.
Sur l’autre côté on a la première façade et un autre campo. , (avec même aussi, un peu d’herbe qui pousse ici par magie). Cette partie est toute minérale (il y fait chaud l’été), l’autre avec un petit carré de pelouse est plus frais, et les deux possèdent un joli puits.
Bien regarder cette façade, pour trouver les quelques différences avec l’autre façade (il y en a malgré leur ressemblance étonnante). Pourquoi deux façades ?? Voir plus loin avec la description de l'église.
En marchant vers l’autre campo herbeux, on voit bien mieux le
13 Palais Nani. Ici une anecdote bien vénitienne (très résumée) : une servante du palais alla un jour puiser de l’eau pour une vieille dame habitant à côté. Son seau s’arrête en chemin car un torse d’homme bloque la descente. Horreur dans le quartier, d’autant qu’on retrouve les deux jambes mutilées dans un autre puits, puis la tête (qui est embaumée et exposée au public pour la reconnaissance). … Mais un bout de papier trouvé sur ces restes est reconnu par un citoyen de Padoue : arrivé à Venise, il reconnait son frère décapité, et indique à la police qu’un palefrenier d’un palais Dolfin voisin aux Zattere aurait une relation avec la femme de son frère. La police arrête l’amant Stefano Fantini et la femme du trucidé, Veneranda Porta, qui furent décapités en 1780.
14 Eglise San Trovaso.
Voir absolument le guide en images REF JCS-Dorsoduro-San Trovaso.
Lun-Sam 14:30-17:30.
L'église a été longtemps fermée pour travaux, mais même ouverte, ses horaires de visite sont spéciaux.
Commençons par l'incroyable : si on peut admettre que l'église Zanipolo est une contraction de Giovanni et de Paolo, que celle de San Stae provient de Eustacio, que celle de San Canzian englobe dans son nom 2 Saints et une Martyre de noms semblables, il est difficile d'imaginer que Trovaso est un raccourci vénitien pour Gervasio et Protasio (les jumeaux Saint Gervais et Saint Protais en français).
Et encore plus pourquoi ils ont été choisis pour être les patrons de cette église. D'autant plus que leurs reliques se trouvent à Milan depuis l'an 386. Créée au 9ème siècle elle subit modifications et reconstructions en 1028, refaite complètement en 1585, 1987.
Deuxième incongruité de cette église : elle a deux façades, de forme palladienne, extrêmement semblables (il y a deux fenêtres supplémentaires et rectangulaires sur la façade ouest-sud-ouest donnant sur le rio San Trovaso).
Les raisons de ces deux façades (légende ou vérité ?) seraient que chaque entrée correspondait à la direction prise par les Nicolotti (de San Nicolo dei Mendicoli plus à l'ouest au bout de Dorsoduro, vivant de pêche et très chauvins), et les Castellani (en majorité des Arsenalotti, les ouvriers de l'arsenal, aussi chauvins et bagarreurs que les précédents) venant de Santa Margherita pour rejoindre cet endroit. Et à cause de leurs bagarres épiques et de leur rivalité féroce (voir plus loin le Ponte dei Pugni près de San Barnaba, ou celui de Santa Fosca, entre autres lieux de rencontres pour des combats très musclés), il fallait s'assurer qu'ils ne se rencontrent pas dans une seule et même entrée normale d'une église, d’où les deux façades et les deux entrées quasi identiques, chacune des factions ayant deux rangées de sièges indépendants.
A l'intérieur, assez clair, on trouve des Tintoret, des Palma le jeune (dont une belle Pieta) et des Domenico et Jacopo Tintoretto, entre qutres. La structure en croix et les deux entrées en font une église originale comme à Santa Maria Formosa, avec des chapelles partout.
La visiter par l'entrée ouest où un masque grimaçant est planté dans le mur au-dessus de la porte du campanile, (comme à Santa Maria Formosa). Le chœur montre un grand tableau (V. Ponga, 1910) des martyres des deux jumeaux, mais hélas trop loin du visiteur pour apprécier les détails (flagellation de Gervasio, décapitation de Protasio).
Revenir au sud et prendre sur la droite la Fondamenta Bontini qui longe le rio degli Ognissanti.
Normalement à partir de là, il n’y a plus personne. Et pourtant il fait bon s'y promener et regarder les maisons fleuries avec des altanes au sommet, espèce de terrasse "rajoutée" pour profiter de la hauteur et du beau temps. Cela doit être un vrai bonheur de prendre l'apéritif …), ou des palais de part et d'autre du rio (mais la foule est sur les Zattere juste à 20 mètres au sud).
15 Juste avant pont suivant (ponte Borgo), faire une digression à droite sur le quai de la Fondamenta Borgo sur le rio delle Eremite. Eremite car il y a une église de Jésus, Joseph et Marie (église des ermites), où arrivèrent les Augustiniens Ermagora et Fortunato.
Ici tout est calme, et au bout de 150m se retourner pour revoir le pont avec en fond une magnifique vue. Revenir et prendre le pont à droite, on arrive à
16 Eglise des Ognissanti.
Pas de chance, elle est toujours soit en travaux, soit fermée, mais on peut se promener dans l’entrée et les jardins.
Ce sont les moines cisterciens venant de Torcello devenue insalubre qui sont arrivés ici au 15ème siècle. En 1472, un hospice y est créé avec une première église et un monastère. Tout est refait en 1505, avec une église très haute à 3 nefs.
Napoléon liquide le lieu en 1806; qui tombe à l'abandon. En 1820 Giovanni Giustiniani reprend le quartier pour les personnes âgées, incluant l'église.
L’intérieur semble magnifique, mais faute d’avoir pu y pénétrer, pas d’informations ici; serait-elle dédiée aux patients de l’hôpital ?
Ne pas manquer de voir sur la droite un deuxième squero célèbre,
17 Le squero Tramontin, encore en activité. Mais on sent que la fin est proche et que des millions de connaissances et d’expertises vont bientôt passer dans l’oubli.
Ne pas continuer tout droit sur Calle della Chiesa mais prendre à gauche pour rejoindre un moment les quais des Zattere « Porto Lungo ». et tout de suite après, à droite pour entrer dans le
18 Campo San Basegio (San Basilio, dont l’arrêt du Vaporetto est au quai). Carré de calme avec un café sympa, excellent pour une pause quand il fait chaud.
On le quitte en remontant le rio di San Sebastiano et on aperçoit rapidement au pont suivant
19 San Sebastiano. (église Chorus, Lun-Sam 10:00-17:00), c'est l'église des débuts de Véronèse !
Voir le guide en images REF JCS-Dorsoduro-SanSebastiano qui dévoilera les multiples secrets cachés par le peintre et que peu connaissent.
Comme le Tintoret a entièrement décoré Santa Madonna dell'orto à Cannaregio, le Véronèse, encore tout jeune mais doué, s'est emparé de San Sebastiano ici.
Fondée sur une église elle-même remplaçant un oratoire dédiée à Marie et à Saint Sébastien (qui avait sauvé le quartier de la peste en 1464), l'église actuelle est bâtie à partir de 1506 par Antonio Abbondi (le Scarpagnino).
L'abbé Torlioni natif de Vérone, fit ajouter les 6 chapelles pour renflouer les caisses (vendues très cher aux Patriciens qui sautaient dessus). Il demanda à son ami le Véronèse d'en décorer l'intérieur. Celui-ci, encore tout jeune mais talentueux, a bien compris et a décoré tous les murs, et fait tous les tableaux ! On y voit au plafond trois épisodes de la vie d'Esther et Assuerus. Aussi, Saint Marc et Saint Marcellin au supplice, le martyre de Saint Sébastien bien sûr.
On y voit au plafond trois épisodes de la vie d'Esther et Assuerus. Aux murs les tableaux du Véronèse (Saint Marc et Saint Marcellin au supplice, le martyre de Saint Sébastien, 1565, l'orgue et ses panneaux peints, toujours par Véronèse, avec la Piscine probatique si fermé et la présentation au temple si ouvert, les fresques en trompe-l'œil des sibylles, etc), et dans le chœur un magnifique Madone en gloire avec les Saints Sébastien, Catherine, Pierre et François.
Egalement, l'orgue et ses panneaux peints, les fresques en trompe-l'œil des sibylles, etc, et dans le chœur une magnifique Madone en gloire avec les Saints Sébastien, Catherine, Pierre et François.
Pourquoi eux ? Simplement parce que cette commande de la famille Corner se devait de montrer des Saints dont les prénoms étaient ceux des illustres Corner (comme Catherine de Chypre). On y trouve aussi le buste et la pierre sépulcrale du peintre (par Matteo Cornero (1588), ainsi qu'un Titien à l'entrée (Nicola de Bari, 1563).
Ne pas manquer la sacristie, elle aussi magnifiquement décorée par le Véronèse (plafond) et par l'école de Pitati, par Antonio Palma, et par De Voos aux murs. REF GB 160, EDV 326, GV 128.
En sortant tourner à gauche pour le
20 Campo San Raffaele, et s'il est midi
(c) Pane Vino et San Daniele, super-restaurant pas cher, connu des vrais Vénitiens, sur le campo au calme et sous les parasols.
Sinon on peut se reposer un peu avant de poursuivre en traversant le campo et en longeant par la gauche l'arrière de l'église
21 Angelo Raffaele.
Voir le guide en images sur mon site
REF JCS-Dorsoduro-AnzoloRafaele
Il aurait existé ici une église au 7ème siècle, mais après moult reconstructions, l'église actuelle date de 1639, avec des travaux supplémentaires en 1740.
Au centre de la façade (côté rio), une niche abritant Saint Raphaël tenant par sa main Tobie et son chien. En forme de croix grecque, cette haute nef contient un orgue remarquable des frères Callido (1821) orné sur sa tribune de tableaux de Gian Antonio Guardi (frère de Francesco) avec des scènes de la vie de Tobie (1749).
Voir aussi une Cène de Bonifazio de Pitati, un retable de Saint Antoine du même artiste, dans l'autel deux statues de Gianmaria Morlaiter, le châtiment des serpents d'Antonio Vassillacchi (1588), dans la chapelle de l'Assomption un Palma le Jeune (Saint François reçoit les stigmates). REF EDV 327, GV 128.
Sortir vers le rio à droite, et passer le ponte del Cristo pour voir juste en face un Christ polychrome du 15ème siècle d'une part et d'autre part, à sa droite (si c'est ouvert) une porte (au 2364) qui donne sur un jardin : c'est le
22 Potager du palais Minotto, jardins potagers réservés au troisième âge avec ses cabanes et ses légumes (ça change du minéral vénitien) (aujourd'hui probablement fermé).
A partir de là, on reste sur la Fondamenta Barbarigo, qui devient Fondamenta Briati. C'est très calme, même les habitants semblent absents, mais cette enfilade de maisons et de palais vaut le voyage.
(d) Da Codroma, Ponte del Soccorso 2540 (tlf sauf Dim et Lun) cichetti, poissons
Depuis le ponte del Soccorso, on voit à droite le Palazzo Zenobio (Collegio Armenio) visité dans l’itinéraire Dorsoduro Nord, et à gauche la palazzina Briati Foscari, magnifique édifice gothique appartenant à l’Université Foscari), et juste après
23 Dans le jardin d’une belle maison,
(qui rappelle celles construites à l'époque par les Patriciens sur la Terre Ferme) se trouve à droite une colonne qui provient du temple de Poséidon au Cap Sounion en Grèce.
Elle date de 440 AVJC et fut rapportée comme butin par un amiral autrichien (Rancole) en 1826. Trônant au milieu du jardin avec d'autres antiquités, elle est surmontée d'un lion (du 19ème siècle celui-là) REF VIS 351.
Arrivé au pont suivant, on peut faire une digression vers le nord dans les quartiers plus récents mais sympathiques. (24) Par exemple au pont du rio Briati, à gauche dans Fondamenta Rossa, puis à droite et on traverse le rio pour la Calle Larga Ragusei, puis à droite dans le Rio Nuovo, à droite pour la Fondamenta Malcanton et on prend le deuxième pont à gauche pour rejoindre par la Calle del Forno le campo Santa Margherita. Facultatif en une journée, intéressant si on découpe la balade en 2 jours.
On continue jusqu’au prochain pont (Carmini) pour traverser devant
L’église des Carmini. On la délaisse car incluse dans la balade Dorsoduro Nord avec sa scuola en face, les guides en images si vous tenez à les voir : JCS-Dorsoduro-Carmini et JCS-Dorsoduro-ScuoladeiCarmini) : en regardant tout de même les patères de son porche donnant sur la Scuola, et en tournant, si le temps le permet, on peut faire le tour du
25 Campo Santa Margherita. On l’a déjà parcouru dans l’itinéraire Dorsoduro Nord. Passer à droite l'ancienne Scuola dei Varotari (Fourreurs) de 1725,
Elle rappelle que des canaux existaient autour d'elle avant qu'ils soient enterrés et que le campo prenne sa forme définitive au 19ème siècle. REF CM 110, EDV 330, GV127, GB 158.
Revenir à l’église des Carmini et prendre à gauche.
Tout de suite sur la droite, on a l’entrée du potager de l’église, avec aussi l’imposant campanile qui se dresse derrière.
Un endroit calme à ne pas rater si c’est ouvert.
C'est aussi le seul endroit où on pourra voir le très beau campanile de l'église en entier. Sa construction date de la moitié du 17ème siècle, par Giuseppe Sardi architecte très connu à l'époque.
En sortant, prendre à droite pour rejoindre le rio San Barnaba au
26 Ponte delle Pazienze. A bien regarder il n'y a même pas un chat sur le quai …
Contre le mur à droite, sur la maison rouge, un magnifique capitello avec une Vierge fleurie derrière une grille,
En face, un porche fermé aux piliers de marbre un peu penchés par le temps avec de la végétation rare mais toujours embellissante. Comme un peu partout à Venise, les sols sont fragiles malgré la virtuosité des constructeurs pour enfoncer des pieux, mettre des tonnes de bois et caler des blocs dans les canaux, l'eau pénètre partout et fait bouger les fondations.
Après le pont prendre le quai à gauche et on arrive vite au
27 Ponte dei Pugni. Fameux pont de Venise s'il en est, peint par de nombreux artistes. REF EDV 234 On y trouve (comme à Santa Fosca à Cannaregio), les traces de pas qui délimitaient le départ des fameuses batailles entre Nicolotti (venant de San Nicolo dei Mendicoli à Dorsoduro, rejoints par ceux de San Polo, Santa Croce et Cannaregio) et Castellani (venant du Castello au départ, essentiellement des Arsenalotti, rejoints par ceux de San Marco et Dorsoduro est), où les protagonistes s'empoignaient violemment et tombaient dans les canaux (il n'y avait pas de parapet) pour pouvoir planter leur drapeau (rouge ou noir) au milieu du pont. Les Nicolotti, partaient en bande provoquer les Castellani. Ils portaient un bonnet noir et une écharpe de même couleur. Les Castellani portaient un bonnet rouge et une écharpe rouge.
Il y avait entre ces deux factions des bagarres mémorables, quelquefois avec des morts, mais rarement, ils aimaient se bagarrer mais pour l’honneur plus que pour le pouvoir. Les « jeunes des banlieues » n’ont rien inventé (avec l’honneur en moins).
L’origine de ces combats fut peut-être le fait qu’un curé de San Pantalon pas loin près de Santa Margherita dans Dorsoduro s’était vu imposer une dîme par l’évêque de Castello donc de Venise. En réaction les habitants du quartier de San Pantalon étaient allés trucider l’évêque.
Et avec le temps des règles se sont construites et à la fin l’objectif n’était pas que de se taper dessus et se faire balancer dans le rio, mais de planter son drapeau au milieu du pont par tous les moyens.
Au début on les appliquait avec des duels à mains nues ou avec des bâtons, mais très souvent cela se terminait par une empoignade générale. En 1705 après un combat très violent (au couteau), on décida d’interdire les bagarres de poings (on utilisait aussi des baguettes et des bâtons). La rivalité se tourna vers d’autres compétitions comme les « pyramides d’Hercule », espèces de pyramides humaines très populaires à Venise, où la plus haute était déclarée vainqueur (mais cela n’empêchait pas les bagarres quand même).
Au musée de Nuremberg on peut voir un tableau de Josef Heintz le Jeune (1673) représentant le fameux combat sur le Ponte dei Pugni (Pugni signifie poings, et le pont était dépourvu de parapet). Le pont de Santa Fosca ( près de Strada Nova à Cannaregio, voir la balade Cannaregio Ouest) possède 4 traces de semelles aux coins, définissant les points de départ des assaillants devant planter leur drapeau au sommet du pont (quand ils y arrivaient …). Dans le même esprit, l’église de San Trovaso, déjà vue, comporte deux façades identiques (presque) et deux portails d’entrée.
Avant de traverser, ne pas manquer le bateau du maraîcher avec sa voile-parasol verte, vestige vivant des us et coutumes anciennes à Venise où les maraîchers des îles (Mazzorbo, Vignole, …) venaient vendre leur production ailleurs qu'au Rialto. Il y en a d'autres comme cela, en particulier au bout de la Via Garibaldi a Castello en allant vers San Pietro.
Traverser le pont et prendre le Rio Tera sur quelques mètres avant de tourner à droite dans Calle del Scaleter et revenir à droite vers le rio (ou prendre directement après le pont la Fondamenta Rezzonico pour atteindre
28 L’entrée et le jardin de la Ca’ Rezzonico. Havre de calme, avec un parterre de verdure, les vieux murs sont ornés de statues. Sur le portail, d’autres statues dont une Vierge protégée d’un toit en forme d’ombrelle (il y en a des dizaines comme cela dans la ville).
29 Visite du Musée (2h pour cette fois, il faut y aller plusieurs fois pour tout apprécier). Guide en images à venir sur JCS-Dorsoduro-Ca ’Rezzonico.
En 1649, Filippo Bon décide de reconstruire les deux vieilles maisons de famille avec l'architecte Baldassare Longhena (1597-1682). Archétype du style baroque et inspirée de la Ca'Grande Corner, elle est arrêtée en 1682 à la mort de Longhena, sans le 3ème étage, elle ruina la famille Bon et on la laisse avec un toit de bois.
C'est alors que Giambattista Rezzonico, Nouveau Noble par l'argent (il devint patricien en 1648 contre 1 million de ducats) la rachète pour 60000 ducats, et fait appel à Giorgio Massari (ou Masari) qui achève l'ensemble en 1753. Pendant ce temps, à l'intérieur, Tiepolo, Visconti, Diziani et Guarana peignent les plafonds et les murs. La maison fut rachetée par la Ville et transformée en musée en 1935, faisant appel à Lorenzetti pour remeubler et redécorer les pièces au goût du 18ème siècle, en récupérant les œuvres (tableaux, meubles, plafonds entiers, alcôves) depuis d'autres palais vénitiens et des fonds des autres musées civiques.
Les salles avec des plafonds de Tiepolo splendides, la série des scènes de la vie de Longhi, 264 tableaux à l'étage (Giordano, Piazzetta, Grassi, Pittoni, Palma, etc., ce musée mérite au moins 2 visites, donc pour cette fois, les salles décorées suffiront seules au bonheur du début de journée. Site web http://carezzonico.visitmuve.it/ REF EDV 332, GB 150, GV 126.
On peut sortir par la porte donnant sur le Canal et prendre à droite le petit pont de bois qui amène au Vaporetto.
FIN DE L’ITINERAIRE Dorsoduro Centre Ca'Rezzonico