Balades au calme dans Venise
Castello Centre
Cette balade traverse la partie centrale du sestière de Castello (il existe deux autres balades qui couvrent la partie Est et la partie Ouest).
Arrivé au quai de la station Arsenale, on reporte le musée historique naval à plus tard dans la balade Castello Est, (c'est à vous de voir mais il faudra plusieurs heures) et on démarre par l’Arsenal et son entrée Renaissance (qui fait partie aussi de l’autre balade dans Castello Est) et à côté l'église San Martino puis on va vers le nord en déambulant dans les ruelles et les quais déserts, jusqu'à l'extrémité Nord de la ville (Celestia). Cap ensuite vers l’ouest visiter l'immense église de San Francesco della Vigna (compter plus de 2 heures avec le Bellini de la sacristie et les deux cloîtres). On va y trouver aussi la Questure du Commissaire Brunetti (dans les films, pas dans la réalité où la questure est plus au sud, on y passe devant d’ailleurs un peu plus loin). Le quartier est calme et on prendra les ruelles vers le sud pour redescendre vers la Riva degli Schiavoni où des milliers de gens arpentent le quai pour prendre un bateau. Au passage on admirera les toiles de Vittore Carpaccio dans la Scuola degli Schiavoni, puis l'église orthodoxe de San Giorgio dei Greci dont on se demande quel jour son campanile va s'écrouler tant il est penché.
Une promenade typiquement vénitienne avec des ruelles étroites, des campi magnifiques et des légendes étonnantes.
Souvenirs et satisfaction garantis !
Mise à jour : v46 29/03/2020
Notes techniques
Les numéros 01, 02, ... dans l'itinéraire se rapportent aux lieux numérotés sur la carte. Les lettres (a), (b), ... se rapportent aux endroits où on peut manger ou boire rapidement (en général très bon).
Pour les autres guides papier sur Venise, ils annotés dans les textes par une abréviation et la page du guide (avec les éditions ultérieures la page peut varier) :
VIS (à garder sur soi en permanence : Venise insolite et secrète, Thomas Jonglez et Paola Zoffoli, Editions Jonglez, ISBN 978-2-9158-0766-0), GV (Venise et la Vénétie, Guides VOIR, Hachette), EDV (le guide Encyclopédie du Voyage Venise, Gallimard), CM (Venise, Itinéraires avec Corto Maltese, Hugo Pratt, Guido Fuga, Lele Vianello, Lonely Planet, Casterman), GB (le Guide Bleu Venise Hachette), WE (Un grand Week-end à Venise, Hachette Tourisme).
Guides en images des églises ou palais disponibles pour
Museo Storico Navale (02), San Martino Vescovo (05), San Giovanni in Bragora (7b), SottoportegodeiPreti (08), San Francesco della Vigna (15), RecitsetLegendes_CorteNova (21), Scuola San Giorgio degli Schiavoni (22), San Zaccaria (31).
01 Ponte del Arsenale De là on voit bien l'entrée du fameux arsenal de Venise, connu du monde entier au moyen-âge pour le travail à la chaîne sur les bateaux en construction. Il est créé en 1104 sur un chantier naval existant de moindre importance. Il est agrandi vers 1320 et en 1474, ce fut le plus grand chantier naval du monde (25 ha).
En 1203 il sert à construire les galères qui vont emmener les Croisés à Zara, Constantinople (et non pas la Terre Sainte comme c'était prévu), et commence la production à la chaîne de tous les éléments des bateaux : cordages, coques, calfatages, mâts, rames, voiles, et même nourritures (biscuits, viande séchée, etc). Le bateau passe d'un hangar au suivant dans la darse à l'intérieur, puis est poussé vers le hangar suivant.
Il y a aussi les dispositifs pour mettre en cale et réparer les avaries, bref une immense usine où travaillent près de 20000 personnes (les Arsenalotti). Ils gagnent peu d'argent, habitent près de l'arsenal dans de petites habitations (aujourd'hui ce serait des hlm), mais se considèrent comme les gardiens du Doge, le défendent en toute circonstance, et sont aussi respectés des Vénitiens.
Plus tard l'arsenal se transforme avec une entrée Renaissance, et la création de la grande darse pour augmenter les cadences.
En 1574, Henri III visitant Venise put voir commencer une galère le matin et la revoir terminée et opérationnelle le soir même. Les galères étaient propriété de l’état, qui les louait aux marchands. Il n’en reste que l’entrée Renaissance du 15ème siècle. De rage et pour éliminer toutes velléités futures,
Napoléon le fit détruire en 1797, fit fondre les canons, couler les galères et galéasses, et détruire le Bucentaure, le navire d’apparat du Doge. REF EDV 177 GV 119 GB 74 CM 37. (Note : on peut aussi traverser l’arsenal avec le Vaporetto 52 ou 23).
Entouré de 3 km de remparts, il reste imposant et un emblème de la ville, même s'il a périclité avec les changements des voies économiques, des techniques et outils de navigation.
Il fait toujours partie de l'armée (qui y a toujours des bureaux) mais il sert aussi de musée et d'accueil de la Biennale. Finalement il a été vendu en grande partie (deuxième moitié des années 2010) à des groupes privés qui le transforment pour accueillir d'autres activités.
On traverse le pont et on arrive devant la façade de San Biagio dei Marinai. Ce Temple fait partie du Musée attenant (par donation en 1958) et dépend de la Marine Italienne depuis 2001 après restauration. La première église est byzantine et date du 9ème siècle, puis elle est reconstruite en 1332. A la chute de la République elle est supprimée et grandement détériorée, mais sous la domination autrichienne elle est rouverte et les pavements de l'église Santa Anna détruite y sont placés. (heures de visite inconnues, elle serait ouverte le dimanche à 11h30 pour la messe, REF VIS 310).
Tout à côté, avec sa grande façade hlm en briques, le Museo Storico Navale.
02 le Museo Storico Navale, (hors Dim, 8 :45-13 :30) REF Guide en images JCS_Castello_Museo Storico Navale, GV 118, EDV 180, CM 35
On reportera à un autre jour (ou pas) la visite du Musée, un ancien entrepôt de l'arsenal (ce pourquoi il ressemble plus à une hlm qu'à un Musée de l'extérieur).
Il contient une maquette du Bucentaure, le bateau du Doge pour ses illustres invités ou ses cérémonies (Sensa, etc.); On pourra la faire un jour de mauvais temps, mais elle est incontournable.
Remonter Fondamenta del Arsenale.
03 Prendre le quai à droite du rio pour se diriger vers l'entrée. Avant le pont en bois, sur la droite, voir si une porte est ouverte et entrer dans les grands hangars pour voir un grand nombre de bateaux en taille réelle, dont une vraie gondole ancienne et des voiliers vénitiens.
04 Entrée des bureaux de l’Arsenal. La belle entrée d’Antonio Gambiello est une des premières œuvres de style Renaissance (1460) à Venise mises à part ses deux colonnes antiques.
A voir de belles statues qui ornent la grille de l'entrée, et de droite à gauche : deux petits lions de 2600 ans, «faméliques», ramenés par Enrico Dandolo de l’île de Delos.
Celui de gauche porte sur ses flancs des inscriptions runiques laissées par une horde de mercenaires norvégiens à la solde de l’empereur byzantin Michel IV Ils avaient envahi Athènes vers 1040 (parmi les traductions proposées toutes différentes : « Harald le Grand et Haakan conquirent ce port (le Pirée) avec de lourdes pertes dues à la révolte des Grecs ».
Celui de droite provient de la voie sacrée Lepsinas allant du Pirée à Eleusis.
Sur le mur, dans une demi-niche, le buste de Dante, qui visita l’arsenal en 1321 et le décrivit dans l’Enfer de la Divine Comédie (voir à la fin du document). La belle entrée d’Antonio Gambiello est une des premières œuvres de style Renaissance (1460) à Venise mises à part ses deux colonnes antiques.
Dante et Venise
Dans la Divine Comédie, il décrit ses impressions très fortes laissées par sa visite de l'Arsenal de Venise en 1321 (L'Enfer, XXI, 7-15, où il décrit l'autre crevasse de Malebolge, ses plaines vaines et son obscurité comparables à l'Arsenal) :
Quale nell'Arzana dei Viniziani
Bolle d'inverno la tenace pece
A rimpalmare i legni lor mal sani
Chè navigar non ponno - E'n quella vece
Chi fa suo legno nuovo e chi ristoppa
Le coste a quel piu viaggi fece;
Chi ribatte da proda e chi da poppa;
Altri fa remi e altri volge sarte;
Chi terzeruol et artimon rintoppa
Comme chez les Vénitiens, dans l'arsenal,
Bout en hiver la poix tenace,
Pour calfater les bateaux avariés
Qui ne peuvent plus naviguer – et cependant
L'un remet son bateau à neuf, et l'autre étoupe
Les flancs de ceux qui ont beaucoup vogué;
Qui cloue la proue, qui radoube la poupe;
Un autre fait des rames, un autre tord des cordes;
Qui rapièce les voiles, et de misaine et d'artimon
(Excellente traduction de Jacqueline Risset,La Divine Comédie, Garnier Flammarion, 2010, ISBN 978-2-0812-3155-9)
A voir mais si on a la chance de pouvoir pénétrer dans le hall d’entrée (enceinte militaire, demander poliment) : l’étalon de mesure de longueur Vénète REF VIS 304, sur le mur à gauche. Petite soif ? Le café Arsenal Bar au coin vous accueille sur sa terrasse.
Poursuivre sur la Fondamenta di Fronte, très belle avec ses maisons et ses petits ponts, regardez les portes et fenêtres, les statues de têtes de rhinocéros et de personnages, (plein de photos à faire !) vous arrivez à
05 Chiesa San Martino Vescovo, (11 :00-12:30 et 17 :00-18 :30 (Dim 10 :30-12 :30).
Voir le guide en images JCS_Castello_SanMartino_Vescovo, EDV 176 VIS 307,. A voir : le monument au Doge Francesco Erizzo, Madonna Dolorosa (Palma le Jeune), le plafond en trompe-l’œil de J. Guarana, la sacristie avec fresques de Zanchi , etc.
La suite demande un bon sens de l'orientation. En sortant, prendre le ponte Storto à gauche en diagonale, et tout de suite en bas, sous la plaque « Ponte Storto », entrer sous le porche, tout droit au fond, puis à gauche et tout de suite à droite à la maison rouge (c’est la très jolie et très étroite calle Gritti, rien à voir avec le plan !).
(a) Corte sconta,3886 C. del Pestrin (parallèle à Gritti) façade quelconque dans rue étroite, mais dedans et dans les assiettes, on change d’avis.
Au bout, face à la maison aux murs jaunes, tourner à droite (C. Crosera), puis 20 m plus loin, prendre à gauche la Calle del Forno (très étroite), puis à droite sur
(b) Tout près, Al Covo, 3968 Campiello della Pescaria très bonne adresse, chère mais méritée
06 Campiello del Piovan REF CM 39, rare avec ses arbres, en général désert malgré ses bancs accueillants pour une pause, et ses 3 puits dont un carré, en pierre d’Istrie, du 16ème siècle, avec un St Jean Baptiste, devant l’église San Giovanni in Bragora qu’on verra plus tard. Continuer sur le campo, tout droit dans Calle Malvasia Vecchia (très étroite), puis à droite sur le
07a Campo Bandiera e Moro, du nom de patriotes fusillés par les Bourbons (autrichiens) en 1844.
La place est assez vaste, on y voit de belles constructions, le palais Gritti-Badoer avec une façade du 15ème siècle (maintenant hôtel Residenza) avec à sa droite le palais Soderini où vivaient les Bandiera, la maison où est né Vivaldi le 4 mars 1678, le « prêtre roux » et musicien hors pair. Dans le coin à droite
A sa droite le palais Soderini où vivaient les Bandiera, la maison où est né Vivaldi le 4 mars 1678, le « prêtre roux ». Dans le coin à droite
07b L’église San Giovanni in Bragora. Un peu effacée dans un coin du campo, elle est tout en briques et son campanile roman est déporté et peu visible.
L’église vaut la visite avec sa façade de 1450 (lors d'une nième rénovation, en style gothique tardif), ses pilastres décorés, ses peintures : la Vierge à l’enfant d’Antonio Vivarini (1478), le Christ triomphant (Alvise Vivarini), le lavement des pieds (Palma le Jeune), la Cène (Pâris Bordone), et surtout le baptême du Christ dans le chœur (Cima de Conegliano, 1495).
Ici fut baptisé en 1678 Antonio Vivaldi (plaque sur le côté).
Voir le guide en images
JCS_Castello_SanGiovanni_in_Bragora, CM40, GV 118, EDV 176.
Sortir à droite de l’hôtel Residenza par la Salizzada del Pignater, et à peine 15 mètres plus loin à droite, remarquer le
08 Sottoportego dei Preti avec son cœur en brique derrière l’entrée, avec l’histoire : Orio le jeune pêcheur levait ses filets quand il voit la sirène Mélusine sortir de l’eau en disant « Libère-moi ! ». Il en tombe amoureux, la demande en mariage, Mélusine accepte d’avoir des jambes mais lui fait promettre de ne pas la voir les samedis jusqu’au mariage. Orio accepte, mais trois samedis plus tard il ne tient plus, court la voir, et elle se transforme en serpent, car un maléfice la frappe ces jours-là. Le serpent lui crie « Marie-moi et je redeviendrai femme ! ». Ils se marièrent, eurent 3 enfants, mais un jour Mélusine meurt. Par la suite il se rend compte que sa maison est toujours bien rangée et se demande pourquoi. Un jour il découvre un serpent dans la cuisine et le tue, mais ensuite sa maison est en désordre, et il se rend alors compte qu’il a tué Mélusine transformée en serpent. Depuis on posa au mur de la maison ce cœur de brique qui porte bonheur en le touchant. REF Récits et Légendes JCS_SottoportegodeiPreti, VIS 303 .
Poursuivre la salizzada tout droit pour
09 Ponte della Grana, Corte Grana, au bout à gauche, puis à droite sur la Piscina San Martin qu’on parcourt jusqu’au bout. Là, on tourne à gauche et on prend l’étroit boyau de la C. de le Muneghete qui nous mène au
10 Campo do Pozzi (ou Campiello Due Pozzi), où le puits unique aujourd’hui montre sur ses flancs des sculptures de deux puits, et où d’autre part on peut faire une pause au café de la place s’il est ouvert. Passer à gauche de la jolie maison aux volets verts (C. Magno).
Au milieu, admirez au-dessus du sottoportego del Anzolo, l’ange en pierre d’Istrie du 13ème siècle, et les 2 hérissons (14ème siècle) symboles de la riche famille Rizzo. (On pourra passer dans le sottoportego et aller voir au bout le rio delle Gorne et les murailles de l’arsenal, avec en plus ici, le calme absolu). Continuer la C. Magno, on admirera à droite la porte du palais Magno, puis avec un droite-gauche qui mène à la Corte Dona, puis à gauche, la Calle Dona qui nous emmène à l’air libre sur le ponte della Scoazzera enjambant le rio della Ternita, et on arrive à
11 Campo della Ternita, très minéral, comme le pont qui passe le rio della Celestia. Garanti vide de tout touriste comme les alentours). Prendre la fondamenta del Cristo à droite (ou la fondamenta Case Nuove) puis à gauche
12 Campo di Celestia, désert sauf si une ou deux dames viennent avec leurs petits chiens sur les 40 m2 d’herbe qui doivent leur être destinés. Traverser en diagonale vers la gauche de la maison ocre pour prendre, tout droit le Ramo del Oratorio menant au quai, que l’on suivra jusqu’au bout
13 Station Celestia (des vaporetti). Vues sur San Michele, Murano, les murailles de l’arsenal et à gauche le Fondamenta Nove.
Vues sur San Michele, Murano, les murailles de l’arsenal et à gauche les Fondamente Nove.
Autour de quartier est hyper calme et semble habité par des familles pas trop aisées avec des pâtés de maisons carrées avec des ruelles sans verdure, c'est un peu triste.
La lagune a l'air vide mais (pour une fois) il ne faut pas s'y tromper, ça circule sans arrêt, entre les vaporetti, les taxis, les ferries, les ambulances, et les liaisons avec les îles du Nord, sans compter les navettes de l'aéroport. Mais la vue est très belle des deux côtés.
Revenir par la C. Sagredo qui fait face à la station Celestia, passer les vestiges d’une ancienne porte de style baroque, puis sous le passage entre deux bâtiments, et prendre la
13a Calle del Cimitero à droite, la suivre dans ses méandres En face du 2780 sur le pilier, ne pas manquer les médaillons sculptés des deux bras croisés sur la croix avec une couronne d’épines autour, c’est l’emblème des Franciscains. Il y en d'autres dans Venise bien sûr. On est Calle drio la chiesa, continuer tout droit sur le campo della Confraternita, avec, sur la gauche, les piliers et le portail de
14 La Questure du Commissaire Brunetti.
Un incontournable pour les fans de la série télévisée. C’est le Palazzo Gritti, lieu de résidence des Nonces apostoliques. La vraie questure n’est pas là, mais c’est un joli site avec derrière les piliers le rio di San Francesco.
Toute la série des téléfilms du Commissaire Brunetti (et en français, comme les nombreux policiers de Donna Leon aux Editions Points Poche, à déguster sans modération) se passe à cet endroit. Mais les livres originaux eux se passent bien à la vraie questure que l'on verra par ailleurs, et moins intéressante au point de vue cinéma (mais Brunetti depuis son bureau contemple souvent l'église San Lorenzo qui n'en finit pas d'être fermée …).
Je parle de Brunetti pour au moins 3 raisons : 1 l'excellence de l'écriture de Donna Leon dans ses 25+ ouvrages où le Commissaire Brunetti enquête sur des sujets bien vénitiens (ou italiens) avec ses acolytes Vianello, Elettra, 2 les histoires de famille avec les enfants Chiara et Raffi, et Paola la mère, cuisinière hors pair mais intellectuelle raffinée sortie de la grande noblesse vénitienne (on peut voir leur terrasse à San Polo), et 3 ses multiples marches dans Venise où on peut le suivre et connaître ses goûts. Ne pas manquer non plus la série télévisée de ses enquêtes
Juste en face,
15 San Francesco della Vigna.(8 :00-12 :30 et 15 :00-19 :00) Très grande église (72m de long, 29 de large et de haut, aux proportions cabalistiques (base 3) très étudiées. Voir le guide en images REF_JCS_Castello_SanFrancescodellaVigna. De style Renaissance, c’est Jacopo Sansovino qui construisit l’intérieur, de 1534 à 1554, sur un terrain donné en 1253 où poussaient des vignes.
La façade en marbre d’Istrie est construite par Palladio en 1566. Pour financer la construction (comme à San Sebastiano et ailleurs dans Venise), on décide d’y construire des chapelles qui sont vendues à des riches mécènes contre 300 ducats et la possibilité de mettre leur blason, leurs bustes ou leurs dépouilles (le Doge Gritti dépensa 1000 ducats pour être enterré devant l’autel).
L’église regorge de choses à voir, entre autres : Vierge à l’Enfant (Negroponte 1450), Résurrection (Véronèse 1560), Catherine d’Alexandrie (Il Salviati 1575), la Cène (F. da Santacroce), un Tiepolo, la chapelle Sagredo, Conversation avec Ste Catherine d’Alexandrie (Véronèse 1551), la chapelle Badoer-Giustinian (Lombardo, fin 16ème), l’autel, refait par Baldassare Longhena en 1649 en baroque, le chœur derrière l’autel avec Le Christ bénit la Vierge (Palma le Jeune, 1604), l’Immaculée Conception (Gregorio Lazzarini, 1710), la chapelle Contarini (St François d’Assise), la chapelle Dandolo (Vierge avec St Bernard et les 2 Sibylles, Il Salviati, 1660).
Dans la Sainte chapelle vers le cloître, une très belle Madone à l’Enfant de Giovanni Bellini (avec St Jean Baptiste, Jacques,Girolamo ou Jérôme, et Sébastien, et le Donateur), sans oublier la sacristie … REF GV 115, CM 45, VIS 274-278 EDV 161 GB211
En sortant par la porte principale, voir les deux cloîtres et la façade, prendre tout droit C. San Francesco et tourner à gauche pour la C. Te Deum qui aboutit au
16 Campo Giustinia. L’ex-église ne montre plus qu’une façade du 17ème siècle, endommagée, elle servit d’école militaire en 1844, et est aujourd’hui un lycée scientifique. Voir aussi la Madone de Torretti dans la salizzada Giustinia (le mot désigne des piécettes) au coin du palais Contarini del ferro.
Il y a toujours du trafic soutenu de vedettes et autres barges sur le rio, venant du nord. Prendre le pont situé en face du grand porche du lycée et tout droit s’enfoncer dans la C. Zen (étroite) qui mène devant le
17 Palais de Marcantonio Bragadin (un super-héros militaire de Venise voir l'église Zanipolo) avec des plaques de marbre sur la façade à la gloire de celui qui résista à Famagouste en Chypre pendant 11 mois contre les Turcs de Selim II.
Il dut capituler, avec la promesse du Turc de laisser partir les Vénitiens, mais Selim le torture atrocement (le siège avait fait plus de 20000 Turcs tués, ça énerve …), le démembre puis le fait écorcher vif le 15 août 1571, sa peau part à Constantinople, mais elle est volée par Girolamo Polidoro en 1580 qui la rapporte à Venise. Elle se trouve depuis mai 1596 à l’église proche San Zanipolo (Giovanni e Paolo) dans une urne au-dessus du monument dédié au Capitaine de Chypre.
Ne pas manger sur ce campo (pièges à touristes, chers pas bons), qui par ailleurs est très sympa (oiseaux dans des cages aux fenêtres, chapelle plantée au milieu du campo).
Pour ceux qui trouvent Venise bondée, il y a en fait très peu de non-locaux ici, même avec la proximité de San Francesco della Vigna, et on n'est pas loin de Zanipolo et la Scuola di San Marco.
Prendre, au milieu du campo après le puits à gauche, la calle del Cafetier, et lorsqu’elle s’élargit, aller à gauche Calle Muazzo (jolie maison à l’angle avec balconnets).
Aller tout droit, et continuer la Calle Muazzo sur la gauche, qui nous permet de prendre tout de suite à droite le sottoportego Muazzo, avec un pont au fond, et on traverse alors
18 le rio S. Giovanni Laterano, continuer (campiello Cappello), tout droit et, au bout, par le petit ponte Cappello, traverser le rio della Tetta pour la Calle Capello, puis bifurquer à gauche sur San Lorenzo, on arrive peu après au
19 Fondamenta San Lorenzo avec l’église en face. San Lorenzo étant fermée depuis des années, on passe sur le pont (sur la droite, la vraie Questure de Venise, et sur la gauche le magnifique palais Cappello, rose à la façade gothique vénitien) puis le campo San Lorenzo par la droite, REF GV 115, BR283.
L'église a rouvert en juillet 2019 malgré l'énorme fissure qui la rend fragile. Elle fermera sans doute après la biennale, son intérieur étant aussi très dégradé, les œuvres disparues et la voûte prête à s'écrouler.
On traverse le rio par le pont à droite.
Au niveau du puits on tourne à droite dans la C. San Lorenzo qui fait ensuite un angle à gauche juste 20 m après le début, nous amenant au Fondamenta S. Giorgio dei Schiavoni. Là, prendre à gauche pour atteindre le
20 ponte Corte Nova, avec à gauche du pont un magnifique ensemble de l’administration (Centro Civico San Lorenzo) avec un grand cloître (privé, mais si c’est ouvert, y pénétrer, on est à la fraiche et il y a des bancs si l’on a pris soin d’acheter à boire au magasin juste avant les arcades).
Traverser pour aller dans la Corte Nova en face. A part un chat, j'ai pu voir une personne sortir de chez elle, c'est désert. On est dans le vieux Venise aussi par ici. Ne pas manquer, à peu près au milieu de la corte et à gauche.
21 le Sottoportego de Corte Nova, avec un porche ouvragé, contenant des tableaux de la Vierge.
L’histoire : durant l’épidémie de peste en 1630 (50000 morts à Venise), une adolescente (Giovanna) réalisa un tableau de la Vierge avec Saint Roch (le patron des pestiférés), Saint Sébastien, et Saint Laurent Giustinian (patron des épidémies).
Elle mit le tableau ici dans le sottoportego pour que les familles viennent y prier tous les jours. La peste qui continuait à sévir, s’arrêta précisément aux alentours du tableau, et les habitants du quartier furent épargnés.
Du coup le lieu devint célèbre, tableaux, fleurs, et processions s’y multiplièrent.
Ne pas manquer la pierre de marbre rose (rouge) qui fut posé en souvenir sur le dallage au pied REF VIS 287 et voir le guide en images REF JCS_RecitsetLegendes_CorteNova.de l’autel, et qui fonctionne exactement comme tout porte-bonheur.
Voir aussi l’arche de l’autre côté du sottoportego qui raconte l’histoire en vénitien et en rajoute (protection contre les bombes, et les autres guerres plus tard). REF VIS 287
Reprendre le ponte Corte Nuovo, et le Fondamenta San Giorgio dei Schiavoni jusqu’au prochain pont (de la Comenda), le traverser pour entrer dans
22 Scuola San Giorgio degli Schiavoni. (9:15-13:00 15 :00-18 :00 sauf lun am et dim pm)
Les Slaves (Dalmates, Croates, Albanais) sont venus s’installer très tôt à Venise (normal, Venise les a annexés pendant 600 ans, on les recrutait comme rameurs dans les galères).
Leur Scuola nait en 1451, et Carpaccio fait, de 1502 à 1507, des peintures au 1er étage (sur St Georges le Chevalier, Tryphon l’enfant, et Jérôme, ou Girolamo le Sage, les protecteurs des Dalmates), inspirées de la Légende Dorée de Jacques de Voragine.
Un siècle plus tard l'église est reconstruite et les toiles de Vettore Carpaccio sont placées au RDC au milieu des boiseries. La façade est du Sansovino.
Au premier étage, Georges entouré de Girolamo (Jérôme) et Tryphon et remarquables aussi, des toiles d’histoires de Saints et les Evangélistes, dans un décor exceptionnel. REF EDV 162, GV 118, GB 214, CM 41.
Au rez-de-chaussée (photos interdites brutalement), à partir de la gauche : le fameux St Georges terrassant le Dragon (qui demandait des sacrifices humains, dont la princesse), le Triomphe de St Georges (il libère la princesse et il achève le monstre en place publique), le Baptême des Sélénites, Tryphon exorcise la fille de l’empereur Gordien, la Prière au jardin des oliviers, la Vocation de St Matthieu, le Miracle du lion (terrorisant les moines mais amadoué par Girolamo lui ayant enlevé une épine de la patte), la Mort de St Jérôme (Girolamo), la Vision de St Augustin (dont le titre exact est en fait Vision de St Jérôme dans sa cellule).
S’il y a du temps, pousser à l’église (fermée en travaux lors de mon passage)
23 San Giovanni Cavalieri di Malta dite aussi San Giovanni dei Furlani ou St Jean du Temple (en sortant, tout de suite à gauche dans l’impasse longeant la Scuola). REF CM 40, VIS 288. Revenir à la Scuola, prendre à gauche le Fondamenta dei Furlani qui longe le rio.
Si vous avez faim : ne prenez pas tout de suite le pont à droite, mais aller à gauche le long de l’église San Antonin, à 30 m
(a) Osteria Ae Spezie, 3480 Sal. San Antonin et remonter ensuite au pont San Antonin
Sinon, tourner à droite sur le
24 ponte San Antonin, on est dans Salizzada dei Greci. Passer le joli campiello de la Fraterna et continuer dans l’étroit boyau (C. della Madonna) partant de sa gauche, pour aboutir au
25 Ponte dei Greci. Depuis le pont, belles vues sur les 3 rii dei Greci (sud), San Lorenzo (nord) avec le magnifique Palazzo Zorzi juste à droite (Zorzi vient de Giorgio) et San Provolo (Ouest).
Et au coin, le bar favori du commissaire Brunetti (c'est vrai, les cichetti sont délicieux, le café aussi).
(b) Ristorante alla Conchiglia, Fondamenta S. Lorenzo 4990, pâtes et autres plats
Prendre le quai qui mène à l’église orthodoxe
26 San Giorgio dei Greci. REF EDV 164, GB 213, GV112, CM 43 (9 :00-12 :30 14 :00-17 :00 sauf dim) l’église des Grecs avec l’iconostase du 16ème siècle. A côté, un musée des icônes dans la Scuola San Nicolo.
Le campanile de cette église est un mystère : il est tellement penché qu'on le remarque de très loin (en particulier depuis le quai des Schiavoni), et franchement il doit tomber un jour prochain (mais Venise a ses mystères …).
En sortant, (il y a beaucoup de niches votives sur les murs jusqu’à la Piétà) revenir au Ponte dei Greci, reprendre la Calle della Madonna, et au début de la Salizzada dei Greci.
Tourner à droite dans la Calle dei Greci, passer sous le St Georges face à vous, une chicane gauche-droite accède à la Calle Bosello, tout droit, on voit une très belle niche votive contenant une Piétà au fond, à ce moment tourner à gauche puis immédiatement à droite dans la Calle de la Pietà.
Si vous trouvez la rue de la Pietà et la bonne direction, continuez. Ce dédale de ruelles et de tournants à gauche ou à droite une idée du nombre de fois qu’on peut se perdre ou tomber sur un campiello fermé, un rio sans pont ou une grille). Il y a des Saint Georges partout, des niches votives abîmées et il fait sombre.
Suivre la Calle de la Pietà jusqu’à l’escalier sur la droite qui marque le début de la Piétà. Voir, au mur sous la niche votive
27 Plaque interdisant l’abandon d’enfants (déplacée ici, elle commence par « Malédiction et Excommunication … »). Le Pape Paul III avait interdit l’abandon d’enfants en 1548, mais comme à Venise la pratique était courante (avec les courtisanes, religieuses dans le péché etc.) les couvents plaçaient des roues d’abandon permettant de remettre un enfant juste né aux moniales en ne le laissant pas dehors. REF VIS 296
Quelques mètres après, sur la gauche (où se trouvait le couvent de la Pietà),
28 La roue d’abandon, (porte verte et tambour vitré en bois), avec à sa droite une fente où on pouvait laisser des dons aux sœurs qui s’occupaient des enfants abandonnés.
REF VIS 295. On est près de la porte de
29 L’église de la Pietà dont une rapide visite s’impose. Conçue par Massari (1736) pour être en même temps une salle de concert, elle renferme trois Tiepolo, un maître-autel de Gian Maria Morlaiter. Né à Venise en 1699, il a laissé ses magnifiques sculptures et ses statues dans un grand nombre d’églises à Venise (San Polo, Gesuati, la Salute, San Marcuola, SM del Giglio, Zanipolo, Sant’Alvise et bien d’autres), et un retable de la Visitation de Piazzetta.
Vivaldi a composé des dizaines de pièces sacrées pour la Pietà (il était le maître de violon du séminaire musical). REF EDV 174, GB 213, GV112.
Pour avoir une idée du nombre de personnes qui passent ici, compter les pieds ou les chaussures et diviser par 2 !
La Fondamenta des Schiavoni est l'exemple de ce qu'il ne faudrait jamais voir : des hordes de genssans culture, venant souvent de pays où Venise est une destination commerciale où il n'est pas nécessaire de savoir quoique ce soit pour venir la polluer.
Ajoutons-y des kiosques de bêtises appelées souvenirs, du bruit et des cris, et ici, oui, on a la Venise haïssable qui donne des envies de tout faire sauter.
Continuer, à droite, direction le Palais sur la Riva degli Schiavoni, passer le Ponte Pieta sans oublier un regard sur le rio dei Greci et le campanile (très) penché (depuis le début) des Greci, et, à travers les kiosques de chinoiseries et la foule compacte, s’arrêter un instant devant
30 la statue équestre du roi d’Italie Victor Emmanuel II (inaugurée le 1er mai 1887), entré à Venise en libérateur le 7 novembre 1866. Sur les flancs du monument, un rappel sur la domination napoléonienne (le traité de 1815 est déchiré) et celle, autrichienne, amenant la révolution par Manin en 1848 (hélas matée un an après).
FIN DE L'ITINERAIRE CASTELLO CENTRE