Guide en images des églises de Venise
San Giovanni Crisostomo (Cannaregio)
Histoire
Première église construite vers 1080 par la famille Cattaneo, en l'honneur du grand patriarche de Constantinople Jean Chrysostome (Giovanni ou Zuane Grisostomo à Venise). Elle est détruite par un incendie vers 1475. En 1488 on décide de la reconstruire à côté. Les travaux commencent en 1497, avec l’architecte Mauro Codussi (c’est sa dernière oeuvre car c’est aussi l’année de sa mort), puis continuent pour durer jusqu’en 1504 avec son fils Domenico. L’église est consacrée en 1525. Le plus gros problème de la reconstruction était un espace disponible très exigu, coincé entre les rues très passantes et également très étroites de cet endroit très passant entre San Marco, le Rialto et Cannaregio.
L’extérieur
La façade Renaissance, arrondie et harmonieuse, est quasi identique à celle de San Michele (aussi de Mauro Codussi), le campanile date de 1532. Elle est peu visible de la rue car la rue est très étroite, et on voit mieux son flanc gauche depuis le campo et la rue qui s’élargit ensuite (admirer le puits enserré entre des tables et des chaises). Elle est théoriquement en croix grecque mais de fait son plan est presque carré, cela se remarque surtout quand on est à l'intérieur, il suffit de constater les tailles réduites des chapelles, et la toute petite profondeur du chœur et des absides.
Avant d'entrer, occupez l'espace du restaurant sur le flanc gauche pour admirer la magnifique margelle du puits (fin 15ème, aux 4 têtes de lion) posé à côté de l'église (et entre des tables).
L’intérieur
L’intérieur est en croix grecque classique, avec une coupole centrale. Deux chapelles flanquent le chœur dont le maître-autel abrite le retable de Sebastiano del Piombo. Comme on le constate le manque de place a obligé Codussi à aplatir un peu le chœur qui est donc moins profond que ce qu’il aurait aimé faire (comme il l’a fait ailleurs avec des chœurs profonds surmontés de belles coupoles impressionnantes).
On voit là tout le génie de Codussi de s'adapter à l'étroitesse légendaire de Venise : il a répété le même coup de génie à la Scuola San Giovanni Evangelista à San Polo : pour faire les deux escaliers (montant et descendant) vers le premier étage, comme la longueur totale disponible n'était pas énorme, il a en fait rendu les murs de ces escaliers plus épais en haut qu'en bas. Du coup, et avec d'autres artifices tout aussi géniaux, il a donné l'illusion (parfaite) que ces escaliers étaient beaucoup plus longs (donc majestueux) que dans la réalité !
Donc l’église n’est pas grande. Les chapelles latérales sont minuscules, ainsi que le transept dont les côtés sont de petites niches abritant des autels aussi petits. Pour une fois à Venise, on se sent à l’étroit dans cette église. Mais c’est aussi ce qui fait son charme et sa différence, car de nombreux artistes très connus ont travaillé ici (Codussi bien sûr, mais aussi Del Piombo, grand peintre vénitien qui partit à Rome par la suite), les frères Lombardo sculpteurs, et Giovanni Bellini entre autres.
Sur Jean Chrysostome (Giovanni Crisostomo)
Jean Chrysostome est né à Antioche dans une famille aisée. Il devient vite Evêque de Constantinople, et il est resté célèbre pour son éloquence (Crisostomo signifie « bouche d’or »). Sa vie fut mouvementée : il a exclu des évêques, lutté contre les Juifs, les hérétiques, et devient impopulaire chez les Grands. Il finit par être accusé, on le dépose, et il est exilé sur une île. Le Pape Innocent le rappelle à Rome, mais sur la route du retour, à Comane, il meurt en 407 des mauvais traitements de ses gardiens. En 438 l’empereur Théodose le rapatrie à Constantinople. Il est Docteur de l’Eglise (Catholique, Orthodoxe et Copte).
Protecteur des épileptiques, il est le patron des orateurs et des présentateurs.
Adresse : Cannaregio 5889, Campo San Giovanni Grisostomo, (ou Crisostomo)
Horaires : tlj 08 :15-12 :15 et 15:00-19:00
Coincée dans la calle et à peine visible, la façade de San Crisostomo est de Mauro Codussi, (œil de bœuf et lunettes demi-cercles), c’est son fils qui la termine en 1504.
Première église en 1080, incendiée en 1475, on décide d’en construire une nouvelle à côté en 1497.
Le manque d’espace a fait fondre la taille des chapelles latérales et le chœur n’est pas très profond.
L’ensemble est élégant, mais sombre et on ressent le manque d’espace, au contraire des autres églises de Venise.
Flanc droit (on voit la chapelle du transept droit à droite).
Petit autel avec une niche et une magnifique Vierge dorée toujours très fleurie.
Saint Jérôme (Girolamo) en lecture, Saint Christophe et Saint Louis de Toulouse (Sant’Alvise) (Giovanni Bellini, 1513).
Transept droit, peu profond, presque une niche, avec la Vierge à l’Enfant avec le Rosaire, entourée de Domenico et Teresa (Saint Dominique et Sainte Thérèse).
Le choeur a été « aplati » par Codussi (voir l'introduction), faute de place en profondeur, mais reste élégant. Au centre le retable dédié à Chrysostome (Sebastiano del Piombo, ca 1510).
Gauche de l'autel :
En haut à gauche, Baptême du Christ (école du Véronèse), dessous, son ordination, à droite le Saint délivre un possédé
Les Saints Jean-Baptiste, Chrysostome (Crisostomo ou Grisostomo) (au centre en toge rouge), Théodore, Jean l'Evangéliste, Catherine, Lucie et Marie-Madeleine.
(noter l’air en colère de Marie-Madeleine regardant le spectateur)
A droite de l'autel :
Haut : Adoration des Bergers,
Bas : transfert du corps de San Giovanni Crisostomo à Rome.
A gauche :
Bas : le Saint apportant la Bonne Parole.
La coupole au-dessus de l’autel est aussi aplatie.
Trois « pendentifs » comme il y en a des centaines à Venise) du Tétramorphe. Ici Saint Marc (le lion pointe son nez à droite).
Saint Jean (aigle).
Saint Matthieu (l’homme, qui ressemble souvent à un ange). (restauration par Save Venice, 1970)
Flanc gauche avec la chapelle Bernabo (riche marchand de soie mort en 1438, ayant légué sa fortune à la Scuola della Misericordia) et ayant demandé une chapelle sépulture ici.
La Scuola demanda à Tullio et Pietro Lombardo de refaire la chapelle incendiée en 1475. C’est le Couronnement de la Vierge avec les Apôtres (ca 1500).
Le fond de l’église aussi est rapetissé mais l’ensemble est harmonieux.
Saint Antoine de Padoue (école de Vivarini).
Balustrade peinte pour l’orgue. Les 4 volets fermant l’orgue représentent Crisostomo, Onophrius, André, …
Et tout à droite Agathe.
Le plafond représente Dieu le Père et les Chérubins (fresques, Giuseppe Diamantini, mi 17ème siècle).