Balades au calme dans Venise

Cannaregio Est

Nouveau : cette balade et les visites sont dans mon nouvel ebook Kindle CANNAREGIO EST !

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Cette balade nous emmène dans la partie est de Cannaregio, un des 6 sestiere (quartiers) de la Sérénissime. Très différente de la partie ouest quasi déserte, on y trouvera plus de monde près des axes entre la gare et la basilique ou les rues commerçantes. Mais en prenant les ruelles cachées, plus personne ! Et si on veut tout voir, il faudra peut-être découper cette balade en deux journées.

On part de l'arrêt du vaporetto à Ca'd'Oro. La Ca' d'Oro au début peut même faire l'objet d'une demi-journée entière et vous pouvez la remettre à plus tard un jour pluvieux. Juste en face on visitera l'église Santa Sofia cachée derrière ses maisons, puis on ira au nord par des ruelles sympas jusqu'à découvrir les Gesuiti, magnifique œuvre de marbres multicolores du sol au plafond, avec des œuvres inoubliables, y compris dans la sacristie. En poursuivant vers le nord on arrive aux Fondamente Nuove jusqu'au quai des Mendicanti. Sur la place où trône Colleoni sur son cheval, on visitera (long) l'église de Zanipolo et l'ex-scuola di San Marco. On redescendra au sud pour la magnifique Santa Maria dei Miracoli, et les alentours pittoresques. Puis une visite à la curieuse San Canziano, suivie tout près de l'imposante Santi Apostoli et sa Catherine de Chypre à la vie stupéfiante. 

De nouveau rôdant dans les ruelles biscornues et sombres, on finira la journée avec San Lio, pas très loin du Rialto.

Souvenirs et satisfaction garantis !

Mise à jour : Rev6 06/03/2023

L'itinéraire est jalonné de 30 à 35 points intéressants (église, musée, palais, villa, scuola, bâtiment, etc.). Certains sont décrits séparément par des Guides en images, sur le site web (KDP ayant du mal à convertir). Ils sont notés JCS- xxxxxxxxxx dans le texte. Ils  incluent un maximum de détails uniques, instructifs et rares (photo, auteur, date, raison d'être, contenu et personnages, historique, etc.). Cliquer dessus. La page principale du site est www.venise-balades-visites-culture.com

Notes techniques

Les numéros 01, 02, ... dans l'itinéraire se rapportent aux lieux numérotés sur la carte. Les lettres (a), (b), ... se rapportent aux endroits où on peut manger ou boire rapidement (en général  bon).

Pour les autres guides papier sur Venise, ils annotés dans les textes par une abréviation et la page du guide (avec les éditions ultérieures la page peut varier) : 

VIS (à garder sur soi en permanence : Venise insolite et secrète, Thomas Jonglez et Paola Zoffoli, Editions Jonglez, ISBN 978-2-9158-0766-0), GV (Venise et la Vénétie, Guides VOIR, Hachette), EDV (le guide Encyclopédie du Voyage Venise, Gallimard), CM (Venise, Itinéraires avec Corto Maltese, Hugo Pratt, Guido Fuga, Lele Vianello, Lonely Planet, Casterman), GB (le Guide Bleu Venise Hachette), WE (Un grand Week-end à Venise, Hachette Tourisme).

Guides en images des églises disponibles pour : 

La Ca d'Oro (01), Santa Sofia (02), Gesuiti (06), Zanipolo (09b), Santa Maria dei Miracoli (12),  San Canziano (13), Santi Apostoli (15), San Lio (27).

01 VP1 à la Ca D’Oro, Visite du Musée. Venir tôt si possible pour être tranquille (il y a toujours un peu de monde, mais rien à voir avec la Piazza). 

Visiter l’extérieur (escalier, pavements) et l’intérieur (2h30 environ)Tlj 08:15-19:15 (Lun 08:15-14:00) REF GV 144, GB195, EDV 148  et le Guide en images REF JCS-Cannaregio-CadOro .

Sortir sur Strada Nova à droite et voir

02 Santa Sofia et son joli clocher roman, à peine visible à cause des façades de maisons placées devant sa façade (on la voit mieux depuis le campo Santa Sofia). Voir le Guide en images REF  JCS-Cannaregio-Santa Sofia.

Tourner ensuite à gauche dans la Calle del Cristo qui rejoint la Calle Priuli et jeter un œil à 

03 Palazzo Abbadesso, un hôtel magnifique avec un petit jardin abrité (je n’y ai pas séjourné, la pub est gratuite, pour l’environnement), poursuivre avec le Campiello Priuli, traverser le Ponte Priuli (joli pont sur l’aussi joli rio Santa Sofia), aller à droite, petit pont et arcades, puis à gauche dans

04 Ruga due (ou Do) Pozzi où on peut effectivement admirer les deux puits. Au fond, le ponte Sant’Andrea, (le grand calme à 100m de Strada Nova) puis Calle Zanardi, plus étroite, et qui fait comme souvent un zig à gauche et un zag à droite pour arriver au pont enjambant le rio santa Catarina, prendre à droite le 

05 Fondamenta Zen, tout droit jusqu’au Campo dei Gesuiti, à gauche on aperçoit l’église

    (a)   Cichetteria Bar Puppa , 4800 salizzada del Spezier, cichetti délicieux, pâtes et risotto

06 Gesuiti. (ou Santa Maria Assunta) Tlj 10:00-12:00 et 15:30-17:30 Un joyau de Venise (malgré ses détracteurs), toute de marbres polychromes et veinés, et des fresques impressionnantes, la visite est obligatoire et inoubliable même si elle est très différente des grandes classiques vénitiennes. REF EDV 152, GV 142, GB 194, REF JCS-Cannaregio-Gesuiti

Les très mauvaises relations entre les Jésuites (affiliés directement au Pape) et Venise (résolument réticente de ce côté-là) entraînent leur expulsion en 1606. 

Elle fait suite à la Bulle de Paul V ayant jeté l’anathème sur la République. Mais pas seulement : d'abord la République récupère tous les biens (énormes) de l'Ordre, et ensuite elle élimine les centaines de confesseurs et enseignants des nobles, qui les incitaient  très fort à donner de plus en plus, et à léguer leurs biens pour leur salut. 

Mais ils reviennent 50 ans plus tard, peuvent acheter les lieux (contre espèces sonnantes pour alimenter la coûteuse guerre de Candie), et bâtissent en 1714 une grande église due à Domenico Rossi, sur les bases de l’ancienne église des Crociferi. L’ordre des Porte-Croix (Crociferi) y avait bâti une église au 12ème siècle. Il reste l‘oratoire sur la gauche du campo au 4905, à visiter absolument aussi si vous y êtes entre 15h30 et 18h30 (d’autres disent Jeu-Sam-Dim 09:30-12 :30), avec 8 toiles de Palma le Jeune sur l’histoire des Crociferi REF VIS 197 EDV 152). 

Les Crociferi furent chassés et leur ordre supprimé en 1656 par le pape Alexandre VII pour mœurs dissolues. 

L’église baroque, en croix latine, est terminée en 1729, avec les subsides de la riche famille Manin  (enterrée ici).  

L’église baroque, en croix latine, est terminée en 1729, avec les subsides de la riche famille Manin (enterrée ici). 

A l’intérieur, la chaire toute en draperies de marbres bluffantes, et tout le reste en marbres aussi, magnifiques et uniques : les marches de l’autel, les sols et les colonnes. Ne pas oublier non plus le tableau du Martyre de Saint Laurent (le Titien, 1555) considéré comme un chef d’œuvre de scène nocturne (il y en a un autre de Palma le Jeune de 1582, plus réaliste, dans San Giacomo dell'Orio à Santa Croce). Il y a aussi une Assomption du Tintoret dans le transept gauche. Et encore, le splendide plafond aux stucs d'Abbondio Stazio et aux fresques de Francesco Fontebasso.

Passer quelque temps devant l'escalier menant au chœur, couvert d'une draperie en marbre extraordinaire. Et aussi, examiner en détail la chaire de Bonazza et son baldaquin ocre imitant une tenture en velours. 

Passer dans la sacristie souvent oubliée de la visite, voir une collection unique de 20 tableaux de Palma le Jeune. Certains retracent (en enjolivant) l'histoire de l'Ordre des Crociferi, depuis le Pape Anacletus son fondateur (79-90, 3ème Pape après Pierre et Lino), en passant par Pie II qui réforme sa Constitution, jusqu'à Alexandre VII qui la confirme puis les exclut. Palma le Jeune a aussi peint Sainte Hélène découvrant la vraie Croix (il y en a partout à Venise) et l'empereur Héraclée la rapportant de Jérusalem. 

En sortant, se diriger au nord vers les

07 Fondamente Nove. Ce sont les quais du Nord de Venise, ils s’étendent sur plus d’un kilomètre. Ils ont été bâtis en 1589, en pierres pour protéger les enfouissements de terre comblant la lagune.

Bâtis à près de 100 mètres au-delà de la terre vénitienne, ils permirent, par le comblement avec des pierres et de la terre pratiquement depuis l'emplacement de San Giustinia), de gagner une surface importante sur la lagune pour construire des maisons, l'hôpital etc.. L'image de Venise faite par Jacopo de Barbari en 1500 le prouve.  

Partir à droite, passer le ponte Dona (photo) enjambant le rio dei Gesuiti, continuer et traverser le rio dei Mendicanti tout en regardant San Michele et Murano, tourner à droite sur

08 La Fondamenta dei Mendicanti. Oui, on est passé dans le sestiere de Castello. A gauche on suit les murs de l’hôpital civil logé dans des bâtiments autrefois ecclésiastiques. 

L’église San Lazzaro dei Mendicanti, dont on voit la façade, fut construite par Scamozzi (façade de Giuseppe Sardi de 1673) au début du 17ème siècle et consacrée en 1636 (à voir : Sainte Hélène et la Croix, unique œuvre à Venise du peintre bolognais Guercino).   REF  EDV 159 

Le lazaret créé en 1224 accueillait les lépreux (avant qu’ils ne soient parqués sur l’île au large du même nom). Au 17ème siècle, il devient l’hospice pour les mendiants et les pauvres.

A droite, les maisons délabrées mais belles, l’ancien squero (fabrique et entretien des gondoles et autres bateaux, photo), et le Corte Berlendis donnant directement sur le rio. Continuer et arriver au Campo San Giovanni e Paolo

09a Campo San Giovanni e Paolo. Il est très grand (et en général animé), et hormis les vues sur la Scuola et la grande église, il supporte la statue du Condottiere Bartolomeo Colleoni (1400-1475). 

Devenu en 1448 Capitaine Général de Venise (qui sur la Terre Ferme employait des troupes de mercenaires grassement payés), il combat pour la République les Milanais en 1441. En effet Venise avait des marins mais peu de fantassins, et elle devait faire appel, moyennant des fortunes, à des mercenaires ou condottiere ayant des armes et des soldats. Colleoni fait du bon travail et devient riche et arrogant. 

A sa mort, il lègue à Venise 100000 ducats, mais contre la promesse d'une "statue de lui sur la Piazza face à San Marco". Comme il était mort, il ne vit pas ce que le futur lui réservait !

Car le Conseil avait depuis longtemps interdit toute statue sur la Piazza. Plusieurs Doges en avaient eu envie aussi pour leur gloire, mais le Conseil leur avait clairement opposé une résistance absolue pour limiter leur mégalomanie. Même Napoléon n'y arriva pas non plus.  Solution : on lui érigea cette très remarquable statue équestre de Verrochio sur le campo, l’astuce étant qu’il se trouvait bien en face de San Marco (mais de la Scuola Grande di San Marco, pas de la Piazza !). 

De plus, son visage est tourné vers la place, pas la Scuola (double astuce)!

Sur le campo, la tradition faisait qu’on faisait les éloges funèbres des doges, REF GV 114, EDV 159, CM 18.

Aujourd'hui c'est une place animée pleine de cafés, et un carrefour entre les sestiere de Castello et de Cannaregio. 

09b Eglise San Giovanni e Paolo (Zanipolo est le terme vénitien ). (Castello 6363, REF GV 116, GB 208, EDV 157, et surtout le 

Guide en images sur ce site à REF JCS-Castello-Zanipolo.

http://www.basilicasantigiovanniepaolo.it/, Tlj 07 :30-19 :00 

La légende veut que le doge Jacopo Tiepolo, voyant un vol de colombes au-dessus de ce terrain marécageux, en fit don aux Dominicains en 1234 pour y bâtir une église. Agrandie en 1340, elle n’est terminée qu’en 1430. Dédiée à 2 obscurs martyrs du 3ème siècle (Jean et Paul, et non pas les Apôtres), elle est en forme de croix latine, imposante (101 m de long, 45 m de large, 32 m de haut). L'ouvrage est de Bartolomeo Bon jusqu'aux chapiteaux, et la frise est de Domenico Fiorentino  

C'est un vrai vaste musée comme aux Frari, où on peut facilement passer une demi-journée. (le mieux est d'y revenir voir les détails d'une partie). Avec plus de 500 photos, je me résigne à en montrer quelques-unes seulement.

La partie basse de la façade est caractérisée par 6 niches gothiques abritant des tombeaux de Doges (25), ici à gauche Jacopo et Lorenzo Tiepolo, et Marino Morosini à droite. Le grand porche est orné de 6 colonnes en marbre apportées de Torcello en 1459 (après son déclin, Torcello a longtemps servi de stock de pierres, de marbres et de colonnes pour les constructions dans Venise).

Le magnifique chœur polygonal de Mattia Cornero commencé en 1619 possède sur chaque côté nombre de statues, et la tombe de Michele Morosini mort en 1382. 

L'intérieur comme aux Frari semble immense. Ses dimensions ont demandé de fortes colonnes mais aussi, des poutres massives de bois (décorées) pour maintenir l'ensemble. 

C'est ici que se trouve l’urne funéraire du héros de Famagouste (la guerre de Candie entre Turcs et Venise), Marc Antonio Bragadin  (voir la page web Histoire de Venise, année 1571). La grisaille en haut peu visible est très réaliste et montre le dépeçage de Bragadin. Vaincu par Selim II , il part négocier contre promesse d’impunité. Mais le traître Pacha le fait prisonnier. 

Il est torturé pendant 10 jours puis dépecé le 17 août 1571 Sa peau remplie de paille est promenée à Constantinople. Un Véronais Girolamo Polidoro la dérobe en 1580 à l'arsenal, elle est conservée depuis 1596 dans l'urne ici (fresque de Giuseppe Alabardi). 

Bragadin, qui avait son palais tout près après le pont de San Giustinia, avait lutté plus d'une année contre les envahisseurs turcs qui lorgnaient sur l'île depuis des siècles, et que Venise défendait pour ses grandes richesses (huile, vin, grains, olives, etc.). 

Il y a aussi (et entre autres chefs d'œuvre) le polyptyque de Saint Vincent Ferrer (Bellini), les fresques de Piazzetta, le pied de Catherine de Sienne, le couronnement de la Vierge de Cima de Conegliano, des Véronèse, Bassano, Liberi, Pitati, etc. , sans oublier la sacristie. En fait on ne compte plus les tombeaux, tableaux et autres inscriptions présents dans cette église, qui fait vraiment penser à celle des Frari à San Polo. 

Il y a aussi (et entre autres chefs d'œuvre) le polyptyque de Saint Vincent Ferrer (Bellini), les fresques de Piazzetta, le pied de Catherine de Sienne, le couronnement de la Vierge de Cima de Conegliano, des Véronèse, Bassano, Liberi, Pitati, etc. , sans oublier la sacristie. En fait on ne compte plus les tombeaux, tableaux et autres inscriptions présents dans cette église, qui fait vraiment penser à celle des Frari à San Polo. 

La sacristie  est magnifique et contient des Palma le Jeune, Vivarini, Il Vicentino, Bassano, en l'honneur des Dominicains).

09c Ex Scuola Grande di San Marco. Installée ici en 1437, la Scuola est ensuite incendiée en 1485, d’où sa reconstruction en 1486-89 par Pietro Lombardo et Giovanni Buora, avec des compositions de marbre en trompe-l’œil et des bas-reliefs de Tullio Lombardo (fils de Pietro). Suite à des différends avec les architectes initiaux, c’est Mauro Codussi en 1495, qui continua l’édifice et refit la façade supérieure dans son style particulier. 

A voir (détails), sur les huisseries de l’entrée, des graffiti représentant des voiliers du 15ème  REF CM 18, et (si vous le trouvez, à 30cm de hauteur entre la porte d’entrée et la façade droite de la scuola), le graffiti du cœur humain (voir la légende sur REF VIS 263) Aujourd’hui c’est l’hôpital de Venise. 

Rouverte au public (gratuit) depuis novembre 2013 après d’importantes rénovations, on y visite les salles magnifiques dont la Salle capitulaire avec un autel de Sansovino et un Palma le Jeune (Christ en gloire), et des tableaux très grands (Tintoret, Marchiori, etc) reproduits numériquement (la Scuola a été dépouillée de toutes ses œuvres en 1797 par Napoléon, puis les Autrichiens !) REF EDV 159, GB 208, GV 114, CM 18  et (bientôt une page web et un guide en images Scuola di San Marco). 

En sortant de Zanipolo, aller tout droit et prendre le ponte Cavallo (on revient dans Cannaregio), puis

 10 Calle larga Giacinto Gallina, tout droit, on traverse le rio della Panada, pour revenir dans Cannaregio

    (b)   Da Alberto (juste au pont) 5401, Calle Giacinto Gallina (041 523 8153, sauf Dim, pour le soir  réserver), excellents amuse-gueule et cichetti infinis pour midi)

et on arrive au 


11 Ponte del Piovan.  (piovan = prêtre) Pour le plaisir des photos, faire un aller-retour à droite jusqu’au 5409 sous les arcades et le sottoportego del Magazen, qui longent le rio (ponts, palais), revenir au ponte del piovan (admirer la balustrade), traverser sans oublier la vue vers Santa Maria dei Miracoli qui se découvre sur la gauche. Continuer sur le Fondamenta del piovan, et prendre le pont à gauche pour visiter

12 Santa Maria dei Miracoli. (Chorus) Lun-Sam 10:00-17:00. 

Voir le guide en images JCS-Cannaregio-SM dei Miracoli et aussi REF GV 114, CM 12, GB207, EDV 151). 

Chef d’œuvre de la Renaissance de Pietro Lombardo, son architecte et aussi le sculpteur de 1481 à 1489 (mais sur un projet original de Mauro Codussi), qui célèbre une icône miraculeuse de la Vierge à l’Enfant (peinture de 1408 sur l’autel). 

De forme rectangulaire et longue, coincée entre un canal et une rue étroite, l’église montre  ses murs extérieurs donnant l’illusion que l’église possède un étage. Admirer les frises et le campanile. 

Les murs sont garnis de magnifiques plaques de marbres polychromes, récupérées à la fin du chantier de Saint Marc, qui sont fixées avec des crochets sur le bâtiment pour les protéger de l’eau salée qui remonte dans les briques. 

La façade à 3 niveaux (le premier est à chapiteaux corinthiens, le deuxième est une fausse loggia à chapiteaux ioniques), se termine par un fronton semi-circulaire avec trois oculi, une rosace et deux cercles de marbre polychrome. Le portail abrite une statue de la Vierge de Giorgio Lascaris (1480). Une jolie coupole se dresse au-dessus du chœur, tandis que le petit campanile est situé au fond presque intégré à la nef. Prophètes (Pennachi, 1528), et les murs en marbres polychromes remarquables. Examiner le barco au plafond intérieur en bois illustré de tableaux avec Sainte Claire qu'on retrouve ailleurs.

A l’intérieur, un plafond de 50 caissons de bois dorés avec Saints et de tableaux (il y avait un couvent de Clarisses avant le 18ème siècle).

Le chœur est situé en hauteur après un escalier de 14 marches. Au fond sur l’autel, la Vierge à l’Enfant de Nicolo di Pietro (1408). 

Revenir au pont déjà pris et aller à gauche sur le campo Santa Maria Nova, longer le campo, et faire quelques pas à gauche pour la Calle del Spezier, on y trouve une pharmacie fameuse à double titre. 

12a Pharmacie Alle Due Colone (Cannaregio 6045)

Cette pharmacie centenaire (mais aujourd'hui refaite) possède, au pied de sa vitrine, un trou rond curieux : c'est la trace d'un mortier qui servait à piler les ingrédients de la Thériaque, fameux "médicament" millénaire, officialisé par Galien au 3ème siècle (ne manquez pas de lire le Récit sur La Peste, la Thériaque et autres remèdes à Venise, qui relate les nombreuses pestes  ayant entraîné la création de potions et de remèdes, ainsi que la création de 2 églises, la Redentore à la Giudecca, et la Salute, à Dorsoduro. 

La thériaque était le "remède ultime" contre absolument tout, et était sévèrement contrôlée par l'administration (voir le récit).

On se servait de mortiers et de chaudrons pour piler en public les 65 ingrédients de la thériaque (venin de vipère, opium et bien d'autres), et au fil des ans les mortiers ont fini par laisser des traces dans les pavés devant les pharmacies habilitées à produire la thériaque. Ici, on trouve un trou rond assez profond, mais d'autres traces existent dans tout Venise (voir le récit). On se rend compte aussi qu'on marche sur des pavés millénaires …

La pharmacie est célèbre aussi à cause du procès qui l'a opposée à une autre pharmacie dénommée "Alle due colone", (au campo San Polo, voir la balade San Polo Santa Croce 1 ), procès  gagné qui condamna l'autre pharmacie à buriner la moitié d'une colonne de son enseigne et devenir "Alla Colona e mezza" !!).

Revenir Campo Santa Maria Nova s’engager dans la calle tout droit (pas de nom !!!) et tourner à gauche sur Calle del Campaniel qui longe l’église

13 San Canziano (San Canzian) seule info sur REF EDV 151, voir plutôt le guide en images REF JCS-Cannaregio-SanCanziano Les passants prennent les deux portes latérales et traversent le fond de l'église pour passer au lieu de la calle dehors ! Et son histoire est intéressante.

Tourner à droite pour longer encore sa façade, passer le campo San Canzian tout droit puis le

14 Ponte San Canzian, (avec à droite le sottoportego del traghetto, nom incongru à cet endroit …), on est dans l’étroite calle de la Malvasia qui s’ouvre sur un grand campiello de la Cazon très romantique avec un arbre notable.

Le traverser tout droit et prendre la ruelle (à droite du panneau), puis, après un angle droit, tourner à gauche dans la calle del Manganer. Au bout, aller à gauche dans le Campo drio della Chiesa, au fond du campo prendre à droite  pour arriver à

15 Campo et église dei Santi Apostoli. Vaste et belle église qui mérite vraiment le détour, même s’il ne reste presque rien de l’originale du 11ème ni de la reconstruction en 1575. Plus d’infos sur REF JCS-Santi Apostoli (Cannaregio),  et REF VIS 201, GV 143, EDV 150

Ne pas manquer la chapelle Cornaro ou Corner et le montage politique pour récupérer Chypre, voir le guide en images REF JCS-RécitsetLégendes-CatherineCorner

 

La chapelle abrite aussi la Communion de Sainte Lucie de Giambattista Tiepolo (1746), où on notera en bas à droite une coupelle contenant les yeux de la sainte.  

A voir aussi la chute de la Manne de Véronèse à gauche du choeur, une Cène de Cima de Conegliano à droite, et les fresques au plafond (Communion des Apôtres et Exaltation de la Croix de Fabio Canal (1753).

Sur le campo en général très animé et passant, des terrasses ombragées pour faire une pause. En sortant sur le campo, ne pas aller à droite sur la Strada Nova, mais se diriger vers le 

16 Pont qui enjambe le rio dei SS Apostoli, le traverser et prendre à gauche sous les arcades le sottoportego Falier, (ne pas prendre à droite la calle Dolfin), puis le

17 Sottoportego del magazen,  à droite jusqu’au bout où on trouve le

    (c)    Fiaschetteria toscana, S Giovanni Crisostomo 5719 (tlj sauf Mar et Mer midi) une valeur sûre de Venise

18 Campiello Flaminio Corner, et prendre à gauche la Salizzada San Canziano et aller tout droit, traverser le rio Tera del Bagatin, continuer dans la salizzada (si ouvert, voir le corte Gherardi sur la gauche), au 5549 ne pas manquer de tourner à gauche dans

19 Calle Boldu (étroite),  qui débouche sur le Campiello Santa Maria Nova. Admirer à droite le

20 Palais Bembo Boldu (au 5999) avec sur sa façade la sculpture de l’ «Homo Sylvanus », bonhomme poilu et sauvage, tenant un bouclier représentant un soleil. Ce dieu des forêts des Romains, à l’origine de l’homme et gardien des bois, fut récupéré par le Christianisme naissant (comme d'autres "saints : Sylvestre, Sylvain, Georges ou Christophe n’ont jamais existé). Histoire sur REF VIS 185 CM 14. 

Continuer tout droit dans la calle dei Miracoli, traverser le ponte dei Miracoli qui permet de revoir l’église de marbre, et prendre à droite calle fianco la chiesa puis à gauche 

21 Calle Castelli. La suivre jusqu’au rio,

22 Tourner à droite, ne pas prendre le pont, mais continuer jusqu’au ponte del Cristo, le traverser (on entre dans le sestiere de Castello), calle del Cristo et on arrive au

23 Campo Santa Marina. Large, minérale, calme et aérée, cette grande place a le mérite d'être lumineuse toute la journée. 

Note : on est près de l'église Santa Maria Formosa, son campo et du palais-musée Querini Stampalia (décrits dans la balade Autour du Rialto Est). Compter 2 ou 3 heures pour les visiter. Dans ce cas, continuer sur calle Marcello tout droit, et au lieu de tourner à droite dans calle del Dose, poursuivre tout droit et on arrive au campo.

Poursuivre tout droit dans la calle Marcello (remarquer sur la gauche le portique du palais Marcello Pindemonte), et juste après, tourner à droite dans la

24 Calle del Dose. Dans ce quartier de Borgoloco, se trouvaient beaucoup d’auberges  (alBERGO) et aussi des maisons et des chambres à louer (LOCO) pour les ouvriers de l'Arsenal ou du Palais), d'où le nom de ce quartier populaire et pauvre. Arrivé au rio del Mondo Novo, prendre à gauche (pas le choix) puis le premier pont à droite (belles portes et jolie maison gothique à sa gauche).

25 Ponte et Calle del Paradisio

Rue du Moyen Age, avec  ses maisons gothiques à encorbellements (les fameuses barbacanes, qui étaient réglementées). Elle tire son nom des illuminations lors des fêtes.

« L’Arc gothique du Paradis » (penché aujourd'hui) entre les façades montre, du côté du  canal,  la Vierge de Miséricorde protégeant un moine, avec les écussons des Foscari, et de l’autre côté la Vierge protégeant un noble et une femme, avec l’emblème des Foscari (le lion) et  celui des Morosini (deux fleurs).

Selon la légende, ce serait les Foscari qui l’auraient commandé au mariage de Pellegrina Foscari et Alvise Mocenigo en 1491. Mais les historiens pensent plutôt que c’est parce que les deux familles achetèrent les maisons de part et d’autre (plus probablement, l’arche daterait de 1410 env.).

Au bout, vécut Veronica Franco, la plus célèbre courtisane de Venise, née en 1546 et morte en 1591, peut-être la maîtresse du Tintoret (il l'a peinte dans son tableau "Danae" en 1570 aujourd'hui au MBA à Lyon), et avec laquelle Henri III de passage (voir le Palais des doges) passa une nuit. REF EDV 171. Elle était aussi cultivée et poétesse. 

Elle côtoya  de nombreux nobles (Andrea Tron, Marco Venier) et écrivit beaucoup d'ouvrages (recueils de lettres, de poésies, biographies) qui la rendirent riche. Elle créa même une fondation pour les prostituées et leurs enfants. Une vie mouvementée qu'on imagine pas à cette époque. Prendre à droite la

 26 Salizzada San Lio, (très passante, palais du 13ème) poursuivre jusqu’à

27 L’église San Lio. Dédiée à Saint Léon IX au 11ème, elle a été reconstruite au 18ème avec une seule nef. Elle possède un beau portail, et l’intérieur mérite le détour : le plafond de Giandomenico Tiepolo (Saint Léon en gloire et l’Exaltation de la Croix), et le retable de Palma le Jeune sur l’autel, et la chapelle Renaissance Gussoni (rescapée de la reconstruction) abritant un Titien tardif (Saint Jacques Apôtre en chemin, patron des chapeliers). 

Léon IX fut un des rares Papes ayant soutenu la volonté d'indépendance de Venise et l'importance ecclésiastique de Grado. Grado est reconnu fin 1024 par Rome comme Patriarcat, contre Aquilée dont le patriarche Poppo avait ravagé la ville en 1023 


En 1027 au Synode de Latran, Grado perd de nouveau son statut, revient dans le giron d'Aquilée, mais les Vénitiens n'acceptent pas. En 1043 le Doge Domenico I Contarini reconquiert Grado, mais en 1044 Grado est attaqué de nouveau par le patriarche d'Aquilée. Le Pape Léon IX soutient alors Venise, y fait une visite, excommunie Poppo, et le Doge Contarini récupère Grado.

Fin des hostilités sur 40 ans. Et dédicace de la nouvelle église en 1054, bâtie sur l'ancienne, à ce Pape peu ordinaire, avec trois nefs et à la mode vénéto-byzantine. Début 1400, On lui apporte quelques modifications de style gothique (la rosace de la façade, aujourd'hui disparue).

Au début du 16ème siècle, les Lombardo (Pietro et Tullio son fils) sont chargés de reconstruire l'ensemble, et un portail finement sculpté avec des ajouts Renaissance (dont la chapelle Gussoni) et des modifications si importantes qu’elles nécessitent (!)  une re-consécration en 1619. 

En 1783, une nouvelle restauration a lieu avec une façade plate et simple fermant la rosace et les bas-côtés (on met 4 fenêtres et un oculus trilobé en haut du tympan triangulaire, et au-dessus du portail une inscription) et surtout un intérieur à une seule nef. Ici sont conservées les restes de Sainte Francine, et (dit-on, sans garantie mais plausible) le corps du peintre Canaletto (baptisé et inhumé ici, sa maison se trouvant juste à côté Corte Perini). 

Voir REF EDV 171 et le Guide en images REF JCS-Castello-San Lio

    (d)   L’Olandese volante Campo San Lio 5658 super salades avec des noms de bateaux

Poursuivre en suivant le panneau « per Rialto » dans la calle al ponte San Antonio tout droit calle della Bissa,

    (e)    Osteria Alla Botte, calle della Bissa 5482 (pour le soir), fritures, pâtes extra

et on arrive au (pour le coup exceptionnellement, toujours plein de monde car c'est un carrefour incontournable).

28 Campo San Bartolomeo. Tout en longueur, c’est un carrefour  très animé toute la journée, avec sa statue de Carlo Goldoni (notre Molière italien) sculpté par Antonio del Zotto (1883). Carlo Goldoni a écrit plus de 200 pièces, pour la plupart des comédies mettant en scène des personnages de la vie quotidienne en Italie (l’uomo di mondo, en 1738, est son premier grand succès). 

Après être nommé directeur du théâtre San Angelo à Venise, il est critiqué par Carlo Gozzi et part à Paris au théâtre des Italiens, enseigne l’italien aux nobles de la Cour, il écrit ses pièces en français ainsi que ses Mémoires. Ses pièces (amusantes, optimistes et  réalistes) sont encore très appréciées comme celles de Molière en France. Sa maison se visite au Palazzo Centoni Calle dei Nomboli 2794 San Polo, et son théâtre se trouve plus bas dans la calle del Ovo après la Via 2 Aprile sur la gauche du campo.  REF GV 94, EDV 176, GB 173. 29 Rejoindre (il suffit de suivre le flot montant)

29 le Rialto pour prendre un vaporetto. Les photos n'ont pas montré beaucoup de touristes sur cet itinéraire  pourtant passionnant.


FIN DE L’ITINERAIRE CANNAREGIO EST