Guide en images des églises de Venise

San Felice (Cannaregio)

Histoire

Sur une église vraisemblablement du 10ème siècle commandée par une famille noble (les Gallina), l’ensemble qui donne sur la Strada Nova est remanié profondément à la fin du 12ème siècle. Mais en 1531, avec le legs d’un Paroissien Giovanni dal Monte, on décide de la raser pour bâtir une nouvelle église en style Renaissance vénitienne « à la Codussi » (semblable à San Giovanni Crisostomo près du Rialto), et en modifiant son orientation (c’est fou le nombre d’églises qui ont changé d’axe à Venise lors de leur reconstruction), avec une forme en croix grecque (comme beaucoup à Venise). En 1552 un autre legs de Francesco Sorenzo (c’est fou le nombre de gens qui voulaient assurer leur salut …) permet d’ériger l’autel de la Scuola del Santo Sacramento. Les travaux se terminent en 1556 et le patriarche de Venise Giovanni Tiepolo consacre l’église pour la troisième fois en 1624.

Fermée par Napoléon en 1806, pillée par les Français (une "Cène" du Tintoret volée par Napoléon est restée au Louvre, et les autels présents vendus), elle est rouverte en 1810 mais complètement transformée.

Extérieur

Elle possède deux entrées et deux façades, presque identiques mais celle donnant sur le rio di San Felice possède un tympan en lunette alors que celui sur la Strada Nova est triangulaire. La façade sur le rio est dotée de l’ange thuriféraire probablement repris de l’ancienne église. On retrouve le nombre d’or dans l’architecture et le plan au sol.

La façade latérale aux mêmes motifs mais au tympan triangulaire, sans ornement (à l’époque la calle était très étroite avant l’arrivée de la Strada Nova en 1836).

Ce n’est pas une église inoubliable comme on en compte tant à Venise, mais elle a beaucoup de charme, sans excès de luxe et d’ornements.

Le haut campanile de 22 mètres n’est pas facile à voir de la rue, il a remplacé un ancien campanile roman.

Intérieur

L’intérieur est en croix grecque dans une forme générale carrée, sans ornements. 4 piliers rectangulaires soutiennent les arcatures, sous la coupole centrale hémisphérique. Elle conserve de très beaux restes : des statues de Giulio dal Moro (la Charité et l'Espérance, Madone à l'Enfant et deux bronzes de Saint Pierre et de Jean Baptiste), un Tintoret (San Démétrios et le Donateur Zan Petro Ghisi 1545).

L’église a été restaurée en 1957 et inaugurée par le patriarche Giuseppe Roncalli, le futur Jean XXIII. Le côté droit est en trois parties, avec des autels dédiés à des femmes, un orgue de Callido (1822) au-dessus des fonds baptismaux,. Le chœur est simple, avec un retable dédié au Saint (Felice) avec deux niches abritant des Saintes, et deux tableaux sur les murs d’un inconnu. Le côté gauche est aussi dédiée aux femmes avec une Vierge Immaculée splendide et une Vierge des douleurs « Addolorata » pas très belle mais touchante.

Sur San Felice (Saint Felix)

San Felice est né à Nola d'un père syrien, et il quitte l’Orient pour aller en Italie. Il se consacre au Christ et devient membre du clergé de Nola. Lorsque la persécution éclate, l’évêque Massimo part en exil, mais Felice reste. Il est arrêté, et torturé. Un ange le libère miraculeusement et le conduit à l'endroit où se trouve l’évêque. Felice étanche la soif de l'évêque avec du jus de raisin et le ramène à Nola. Il reprend son travail de pasteur, mais lors d’une nouvelle persécution, il échappe à plusieurs reprises à la capture grâce à une série de miracles. Il se cache ensuite dans une citerne où pendant six mois, il est soigné et nourri par une femme. Felice retourne ensuite à Nola où, par humilité, il renonce à l’épiscopat en faveur du prêtre Quinto. Il a vécu jusqu'à sa mort en ermite, cultivant un petit potager. Felice décède le 14 janvier 313 et, bien que n'étant pas immédiatement mort martyrisé, il a été vénéré comme un martyr et un confesseur de la foi.


Adresse : Campo San Felice, Cannaregio

Horaires : Lun-Sam, 09:00-12:00 16:30-19:30 (source : le site de l’église)

Site web : http://www.sanfelicevenezia.it (en italien) et

http://www.veneziamuseo.it/TERRA/Cannaregio/Felise/felise_ciexa_felise.htm

rev3 23/10/2019

Vue de San Felice depuis la Strada Nova, avec ses 2 façades Renaissance (une codussienne au tympan arrondi et une palladienne (triangulaire).

La façade sur le rio, après la reconstruction en 1531. Au-dessus du portail principal, statue du 13ème siècle (l’ange thuriféraire).

Le campanile haut de 23m est difficile à voir, il a remplacé l’ancien en style roman, mais en a gardé le style avec de longues lésènes.

Intérieur en croix grecque, murs blancs, une belle coupole à la croisée du transept. (visite à partir du flanc droit).

Coté droit par rapport à la porte d’entrée du rio.

Premier autel : Sainte Anne et la Vierge enfant (A Pascoli, 19ème siècle).

Anne est la mère de Marie, elle lui enseigne la lecture.

San Giuseppe et l’enfant Jésus, avec les Saints Pierre, Laurent, Justinien, Louis Gonzague et Osvald (autre source : Antoine, Pierre, Louis de Gonzague, Marc et d’autres) (Lattanzio Querena).

Le bel orgue des frères Callido (1822), restauré. En-dessous 2 statues accrochées au mur : le Christ mutilé, à droite et à gauche le Christ « passo » (traduction impossible, 16ème siècle).

En-dessous, les fonds baptismaux avec un Jean Baptiste en bronze de G. dal Moro que l’on reverra souvent ici.

San Demetrio (Demetrius) en armes avec le commanditaire en dessous Zuan Pietro Ghisi (Le Tintoret, 1545 ou 1547). Un des rares chefs d’œuvre ayant subsisté dans l’église.

Demetrius est un Grec, mais ici habillé en Romain avec son armure dorée et son manteau rouge et sa bannière.

Il vient de Salonique, mais on sait très peu de choses sur lui (il a été persécuté pour son prosélytisme chrétien en Serbie).

Le chœur, assez simple (ne pas oublier que tous les autels et presque toutes les œuvres ont été remplacés en 1810).

Retable central avec de San Felice présentant 2 dévots au Rédempteur, (Domenico Passignano 16ème siècle).

Le fond du tableau est doré à la feuille comme le voulait le donateur pour donner un air byzantin plus riche.

A droite dans la niche, statue de la Charité (Giulio del Moro, mi-16ème), noter aussi le petit bronze représentant Saint Pierre (ces statues de Del Moro décoraient un autel de la contre-façade avant le 19ème siècle).

Sur le mur de droite, le Miracle de Saint Pierre guérissant le paralytique.

Dans la niche de gauche, l’Espérance (G. dal Moro, mi 16ème siècle).

Sur le mur de gauche, la vocation de Matthieu (ici assis à une table avec des comptables et des administrés, il était hébreu et chargé de recouvrer impôts et taxes pour les Romains). Sous le tableau, petit bronze de Saint Jean (dal Moro).

Flanc gauche avec la porte de la sacristie au centre, où l’on voit au-dessus l’inscription du baptême ici de Carlo Rezzonico le 29 mars 1693, le futur pape Clément XIII. (anecdote : le curé et ses successeurs purent se faire appeler « Monsignore » par la suite !)

Intérieur de la sacristie.

Haut relief, le Christ ressuscité.

Flanc gauche : Niche dorée renfermant la Madone à l’Enfant (Giulio dal Moro). En-dessous, on voit les reliques de Saint Tryphon martyr (Trifone) derrière une vitre.

Mais c’est la Madone qui est magnifique.

Les reliques de Saint Tryphon comme indiqué.

La porte latérale qui donne sur la Strada Nova.

Pour finir, encore deux œuvres représentant des femmes. Une splendide Immaculée Conception (Rusteghello, 19ème siècle).

La lampe au-dessus est du 16ème siècle.

La Vierge des douleurs (Addolorata) (A. Politi, 19ème siècle).