Guide en images des églises de Venise

Chiesa San Rocco (San Polo)

Histoire

La première église construite ici remplace en 1489 un oratoire de la confrérie de Saint Roch existant depuis longtemps. Elle serait l'œuvre de Bartolomeo Bon, la construction n'est pas rapide et la coupole n'est achevée qu'en 1508. Elle est dédiée à Saint Roch et à Sainte Suzanne (selon certains, Marguerite selon d'autres).

Comme toutes les autres, elle se détériore et en 1725 une rénovation interne complète a lieu sous la direction de Giovanni Antonio Scalfarotto, qui conserve le dôme et les chapelles.

La façade est refaite pour ressembler à celle de la Scuola juste à côté, par B. Maccaruzzi en 1765. Comme beaucoup d'autres,

Napoléon la fait fermer en 1806 avec la communauté des moines Augustiniens.

Extérieur

La belle façade, de style Renaissance, toute blanche, est homogène avec celle de la Scuola et ressemble beaucoup à d'autres églises de Venise avec un petit escalier, une façade à deux niveaux (bien que l'intérieur soit homogène), des niches abritant des statues, et un tympan arrondi à la Coducci. En haut et peu visible, un haut-relief en marbre de l'incontournable Giovanni Maria Morlaiter représentant Saint Roch guérissant des pestiférés. Il faut dire qu'après avoir abandonné tous ses biens à Montpellier sa ville natale, il a porté secours aux pestiférés. Il a contracté la maladie (évidemment) et s'est réfugié dans la forêt. Au sommet de la façade, sa statue avec si on regarde bien un chien à ses pieds. Car par miracle, un chien lui apportait chaque jour dans son abri du pain, volé à son maître (qui s'en aperçut, le prit et le guérit de la peste). Les 4 niches contiennent des statues de Vénitiens illustres.

A droite, le Doge Pietro Orseolo II (Pietro I est le 23ème, ici il s'agit de Pietro II le 26ème en 991), devenu "duc de Venise et de Dalmatie" après avoir conduit en l'an 1000 une expédition très punitive là-bas et annexé toute la côte dalmate (oui mais Zara et les Narentins faisaient beaucoup de mal aux navires vénitiens en Adriatique), et en haut Gregorio Barbarigo , évêque de Bergame et Padoue au 17ème siècle, né à Venise en 1625, mort à Padoue en 1697 (GM Morlaiter).

A gauche, (Gerardo Sagredo) Gérard de Csanad et en haut, San Lorenzo Giustiniani (aller voir San Pietro di Castello qui lui est quasiment entièrement consacrée).

Intérieur

L'église n'est pas grande, avec une nef unique, et un chœur flanqué de deux chapelles absidiales, les côtés décorés de deux autels et de grands tableaux superposés. Elle contient 8 Tintoret (normal vu ce qu'il y a dans la Scuola), un plafond (peu visible) du fameux Fumiani (il faut voir celui de San Pantalon situé tout près, 900 m2 en 40 toiles collées), représentant Saint Roch faisant l'aumône (les trompe-l'œil sont saisissants ainsi que le nombre de personnages, bien que ce plafond ne soit pas très visible). En plus des Tintoret on peut voir aussi des tableaux de Sebastiano Ricci, du Pordenone (qui a aussi fait le plafond du chœur), et la coupole du dôme décorée par Giuseppe Angeli. Saint Roch a aussi sa "tombe", mais il est mort et enterré à Voghera en 1348 où on dit qu'il a été tué (ou mort en prison) par les alliés du Pape le prenant pour un espion, et ses restes ont été rapportés en mars 1520 par deux moines ici (?). On l'invoque bien sûr pour toutes les épidémies mais aussi pour les maladies des tailleurs de pierre, des carriers, et aussi les maladies animales.

Crédits

Didier Descouens, temporairement pour la coupole sur Wikimedia Commons (que je prendrai la prochaine fois en photo, qui remplacera les quelques images pas très réussies mais faites dans la précipitation. Chi va piano va sano).

Sur Saint Roch

On peut lire tout et n'importe quoi sur cet homme dont on sait qu'il est né à Montpellier d'une famille aisée, et mort aux alentours de 1378 à Voghera en Italie. On sait aussi qu'il décida de tout vendre et de donner aux pauvres ses biens après la mort de son père puis de sa mère peu après. Enfin, il est probable que son pèlerinage en Italie l'a amené, en pleine période d'épidémie de peste dans toute l'Europe, à soigner les malades et à attraper finalement la peste lui-même. Ensuite c'est la fable du chien qui retrouve le saint contaminé réfugié dans la forêt et qui chaque matin vole à la cuisine de son maître le châtelain du coin un pain pour le lui porter (ainsi que la source jaillie miraculeusement près de lui pour étancher sa soif). Fable aussi la récupération et la guérison du saint par le châtelain qui le retrouve, et son retour où (en Allemagne ou à Toulouse ??) on le prend pour un espion du Pape. Enfin, contradictions aussi sur sa mort, en prison, ou par torture. Toujours est-il qu'il y a des dizaines de villages Saint Roch, des centaines d'églises Saint Roch dans toute l'Europe, et des milliers de statues et de tableaux de ses miracles, dont celui du Tintoret ici qui fit parler de lui par sa hardiesse. Nulle surprise non plus qu'il soit le patron des guérisseurs des maladies contagieuses.


Sur Sainte Hélène et la Vraie Croix (l'invention de la Croix)

La légende (enfin, la dernière, par Rufin d'Aquilée au 5ème siècle) : Hélène, chrétienne, est la mère de l'empereur Constantin converti en 337, elle retrouve la Vraie Croix du Christ lors d'un pèlerinage à Jérusalem (bien que plus probablement ce fut Constantin qui fut à l'origine de l'invention en voulant construire une basilique du Saint Sépulcre au Calvaire). Elle fait détruire le temple de Vénus bâti au Golgotha et lors de l'inspection des futurs travaux de la basilique avec des fouilles préparatoires, un ouvrier découvre (on dit le 3 mai 326, c'est précis) une citerne au fond de laquelle se trouvent trois croix dont l'une porte l'inscription : Iesus Nazarenus Rex Judeorum (INRI) (on dit aussi que ce fut la seule à guérir une mourante). Hélène fit trois parts de cette croix, l’une destinée à Jérusalem, la seconde à Constantinople, la troisième à Rome.

Plus tard, la légende enfle, s'enrichit et se diversifie considérablement dans toute l'Europe (avec des documents assez fantaisistes), et des dizaines de lieux dans le monde entier sembleraient posséder des morceaux de la Croix, le plus célèbre en France étant la Sainte Chapelle de Saint Louis.

Sebastiano Ricci a réalisé pour San Rocco ce très grand classique à Venise. Cette histoire se retrouve ailleurs dans Venise: dans toute l'église de Sant'Elena à Castello bien sûr, et, entre autres : à San Lazzaro dei Mendicanti (le Guercino), à la sacristie des Gesuiti (Palma le Jeune), à San Moïsé (Pietro Liberi), à Santa Maria Mater Domini (le Tintoret en 1561), à Sant'Angelo Raffaele (JB Zelotti), en statue à San Marcuola, Francesco Solimena à San Pietro di Castello, Gianbattista Cima à San Giovanni in Bragora, à l'église des Carmini, à l'Accademia (GB Tiepolo) et des centaines d'autres exemplaires ailleurs sans doute.


Adresse : Campiello San Rocco, San Polo

Horaires : Lun-Sam 10 :00-17:00 (sous réserves)

Rev4 29/12/2022

oratoire, dédiée à Sainte Suzanne et Saint Roch en 1488 mais largement modifiée.

En 1725 Scalfarotto refait tout l'intérieur (sauf la coupole et les chapelles) et Maccaruzzi en 1765 renouvelle la façade en la faisant dans le style de la Scuola.

Style Renaissance, sur deux niveaux, un joli portail et 4 niches, tout cela est archi classique à Venise. La rosace originelle de Bon est déplacée sur l'aile gauche.

Et Marguerite (référence au couvent de Santa Margherita à Torcello) a remplacé Suzanne. Au-dessus du portail, la gloire de Saint Roch avec anges et putti.

Plus haut, un haut relief de GM Morlaiter où Saint Roch guérit des pestiférés (il en a tellement cotoyés qu'il a attrapé la peste lui aussi et s'est caché dans une forêt).

Au sommet, Saint Roch, (en bas à sa droite, le chien avec un pain qu'il lui apportait dans la forêt). Il est né à Montpellier en 1327 (ou 1350) et mort à Voghera en 1378.

En bas à gauche, San Gerardo Sagredo (da Cnasad), évêque hongrois et martyr) (Giovanni Marchiori).

A droite, San Pietro Orseolo (26ème Doge de 991 à 1009, a annexé la Dalmatie) (Giovanni Marchiori).

En haut à gauche, San Lorenzo Giustiniani (aller voir San Pietro di Castello qui lui est consacrée) (Gian Maria Morlaiter).

A droite, San Gregorio Barbarigo (évêque de Bergame et Padoue au 17ème siècle, né à Venise en 1625, mort à Padoue en 1697). GM Morlaiter).

L'intérieur est très simple, une nef unique, deux autels sur les murs latéraux, et deux chapelles latérales entourant le chœur.

Mais les plus grands peintres ont sévi ici aussi : le Tintoret surtout, et Ricci, Fumiani, le Pordenone, Trevisani, etc. (visite par la droite)

Premier autel : Saint François de Paule (San Francesco da Paula, dont l'église est Via Garibaldi dans Castello) ressuscite un enfant (Sebastiano Ricci, 1733).

Jésus guérit le paralytique (le Tintoret), plus haut San Rocco capturé à Montpellier dans une embuscade où il tombe de son cheval.

Le miracle de Saint Antoine de Padoue. Il lui remet le pied, que le jeune s'était coupé parce qu'il avait frappé sa mère avec et l'avait blessée, son abbé lui ayant dit qu'il fallait le couper (Francesco Trevisani).

La chapelle droite dédiée à Saint Pie X, Pape de 1903 à 1914.

Mur droit du chœur, Saint Roch guérissant des pestiférés, (le Tintoret, 1549), au-dessus, Saint Roch frappé par la peste.

Maitre-autel de Venturino Fantoni, statues de GM Morlaiter et B. Bergamasco. Au-dessus, tombeau de Saint Roch (corps rapporté par 2 moines en mars 1520), au-dessus statue de Pietro Bon.

Saint Roch en prison visité par l'ange (le Tintoret, 1526).

(images à changer au prochain voyage ...)

Plafond de l'abside : gloire de Saint Roch, le Pordenone (1528).

Coupole : Saint Roch en gloire avec des tas de putti, repeint par Giuseppe Angeli au 18ème siècle.

Chapelle latérale gauche : dite du Saint Sacrement, avec son tabernacle en forme de petit temple en marbres polychromes, logé dans une niche dorée et encadré par 2 colonnes corinthiennes.

Autel à gauche : l'Annonciation de Francesco Solimena.

En bas, Jésus expulse les marchands du Temple (Giovanni Fumiani, ne pas rater son plafond immense de 900 m2 dans l'église San Pantalon tout près).

En haut, Saint Martin et Saint Christophe (le Pordenone).

Dommage que ce soit si haut, les deux personnages sont très réalistes et en même temps c'est pompeux. (WMC DD).

Premier autel à gauche : Sainte Hélène retrouve la Vraie Croix. (pour l'histoire de la Croix, voir l'introduction).

Contre façade : bel orgue de Pietro Nacchini (avec une restauration par les inévitables frères Callido). En dessous, de part et d'autre, statues de Sainte Cécile à droite (Giovani Marchiori) et David (du même).

Au plafond, Saint Roch donnant l'aumône avant son départ pour Rome (Giovanni Fumiani, ne pas manquer son plafond de 900 m2 à San Pantalon tout près).