Guide en images des églises de Venise

San Giovanni Elemosinario (San Polo)

Eglise CHORUS

Histoire

Une première église serait fondée grâce à la famille Trevisan au début du Moyen-Age, certainement avant 1100 qui est la date connue de l’effondrement de son campanile. Elle devient paroissiale à la fin du 11ème siècle. Réduite à Commende en 1391 (pourquoi ?), elle est mise sous contrôle de San Pietro di Castello. En 1440 le Pape la « donne » au Collège des 12 Pauvres du Christ, dont le siège était à San Pietro. Mais les bisbilles avec la population finissent par mettre l’église sous la juridiction directe du Doge en 1487, et donc Saint Marc. 

Elle est ravagée par l’incendie du quartier Rialto en 1514. Le Scarpagnino (Antonio Abbondi) est chargé de reconstruire tout le quartier, et englobe la nouvelle église, en style Renaissance, insérée dans un ensemble cohérent de palais et de locaux, qui la rend difficile à voir. Mais c’était plus ou moins voulu (et pas la première fois à Venise), car l’église adossait son bâtiment à des maisons pour la location et à des locaux commerciaux et des places pour les marchands ambulants au rez-de-chaussée, moyennant des tarifs élevés car on était juste à côté des centres de décisions et financiers de la ville. L’église est terminée en 1531, et fut décorée par les plus grands artistes du temps.

Depuis 1808 elle est rattachée à San Silvestro.

En 1982 son état de délabrement et l’humidité font que la Ville la ferme et enlève les œuvres, pour une restauration massive. L’église est rouverte en mars 2011 et les œuvres remises en place.

Extérieur

Rien à dire, l’église est invisible, n’a pas de façade, remplacée par deux étages de fenêtres qui ne la distinguent pas des autres maisons.  

Son entrée se fait par une grille toute simple dans la Ruga Vecchia (San Giovanni, au numéro 479), et s’il n’y avait pas ces fresques sur la voûte on ne le saurait pas. 

Elle louait ses flancs aux marchands en plein marché du Rialto (où on ne trouve plus que des chinoiseries affreuses …).  

En revanche son campanile est imposant  et on peut le voir au carrefour suivant avec la Calle dei Orefici (ou Oresi, des joaillers), Il est curieux qu’à l’intérieur on trouve deux fenêtres à droite et à gauche des chapelles latérales. A noter que le campanile est l'original de la reconstruction au 16ème siècle.

Intérieur

L’intérieur est classique, en croix grecque dans une structure carrée. Le chœur est flanqué de deux chapelles.

L’ensemble a été (bien) restauré pendant 20 ans et est rouvert depuis 2002.

La proximité des marchands lui permit de recueillir des chefs d’œuvre des plus grands peintres. En effet de nombreuses Confréries et Scuole d’artisans et de bourgeois, qui étaient en général très riches ici de par les dons qui affluaient (pour soigner les pauvres mais pas que …) avaient des autels ou des chapelles dans les églises, et celle-ci était proche des quartiers financiers et commerçants (confréries des bouchers, des chausseurs, des joaillers, des marchands de vin, des pêcheurs, biavaroli, corrieri, gallineri e telaroli, etc). Du coup, San Giovanni Elemosinario, petite église sans envergure au départ possède des œuvres du Titien, de Pordenone, de Palma, etc. Les Vénitiens la nomment San Zuane de Rialto (un peu comme Zanipolo pour San Giovanni e Paolo).

Vasari raconte que le propriétaire de l’église a lui-même commandé le retable du maître-autel au Titien (Giovanni Elemosinario). Il fait le tableau puis s’en va à Bologne, et alors les Vénitiens, mécontents de son départ, commandent alors au Pordenone le Sainte Catherine, Saint Roch et Saint Sébastien pour la chapelle droite. Vexé, Le Titien revient à Venise et se met en colère. 

Le Lavement des pieds d’Antonio Vassilacchi (L’Aliense) fut commandé en 1591 par la Scuola dei Mercanti. 

Il y a un autre tableau de Saint Jean l’Aumônier dans une magnifique chapelle latérale de l’église San Giovanni in Bragora (où il est enterré), par Jacopo Marieschi (1743).

Sur Saint Jean l’Aumônier (Giovanni Elemosinario)

(note : selon les sources, même les plus sérieuses, les « vies » de ce Saint sont toutes différentes les unes des autres, contradictoires et très peu cohérentes).

Né en 556 (ou 559 ?) à Amathus (Amathonte ?) en Chypre, il est le fils du Gouverneur, noble et riche. Il se marie très tôt, a deux enfants qu’il perd par la suite. La légende dit qu’en rêve la Miséricorde lui dit de faire des dons aux pauvres. Il donna son manteau le lendemain à un nécessiteux, et tout de suite après, un homme s’approcha de lui et lui donna une bourse remplie d’or. Il part à Alexandrie où l’empereur Phocas (un usurpateur qui avait tué Maurice, dont Heraclius fut l’Exarque à Alexandrie, voir son tableau plus loin, et pour compléter, Heraclius tua Phocas ensuite et fut élu à sa place) le nomme Archevêque et Patriarche en 608. Il logea tous les pauvres de la ville dans son palais et accueillit en 614 les réfugiés des envahisseurs Sassanides. Il combattit aussi à la simonie et réorganisa les poids et mesures pour combattre aussi les fraudes. 

A sa mort en 619, son corps intact et des vêtements partent à Constantinople puis à Venise en 1249 où il repose dans San Giovanni in Bragora à droite de l’autel majeur (d’autres disent que son corps est à Presbourg depuis 1632 !)

Adresse : San Polo 1092 (ou 480)

Horaires : Lun-Sam 10:00 13:30

Rev4 11/01/2024


Une première église serait fondée grâce à la famille Trevisan au début du Moyen-Age, certainement avant 1100. Elle  est ravagée par l’incendie du quartier Rialto en 1514. 

Son entrée se fait par une grille toute simple dans la ruga San Giovanni (au numéro 479), avec au-dessus ce haut relief du Saint donnant aux Pauvres. 

S’il n’y avait pas ces fresques sur la voûte on ne le saurait pas. Elle louait ses flancs aux marchands en plein marché du Rialto (où on ne trouve plus que des chinoiseries affreuses …).  

Lo Scarpagnino (Antonio Abbondi) est chargé de reconstruire tout le quartier, et englobe la nouvelle église, en style Renaissance, et inséré dans un ensemble cohérent de palais et de locaux, qui la rend difficile à voir. Elle est terminée en 1531. 

Elle a gardé son campanile original de la reconstruction au 16ème siècle, qui est au coin du carrefour avec les Oresi (qui va au Rialto). 

Délabrée et humide, elle est fermée en 1982, restaurée entièrement avec les œuvres déplacées et restaurées aussi. Elle rouvre en 2011. 

L’intérieur est classique, en croix grecque dans une structure carrée. Le chœur est flanqué de deux chapelles. Les Vénitiens la nomment San Zuane de Rialto (un peu comme Zanipolo pour San Giovanni e Paolo). (visite par la droite) 

De nombreuses Confréries en général très riches (pour soigner les pauvres mais pas que …) avaient des autels ou des chapelles dans les églises, et celle-ci était proche des quartiers financiers et commerçants (confréries des bouchers, des chausseurs, des joaillers, des marchands de vin, des pêcheurs, biavaroli, corrieri, gallineri e telaroli, etc). 

Tout de suite à droite, sur la contre-façade : Crucifixion de Saint André (Leonardo Corona, 1590).

Couronnement de Saint Nicolas (Leonardo Corona, 1590).

Sur le mur latéral : Vierge à l’Enfant. 

Sur le mur droit, la Récolte de la Manne (Leonardo Corona, 1590). 

Plus à gauche, en haut : Saint Roch guérissant les pestiférés, (Palma le Jeune, 1590).

En bas : Martyre de Sainte Catherine, (Palma le Jeune, 1595). Née à Alexandrie, convertie après une vision de Jésus, elle convertit des savants. Elle refuse le mariage avec l’empereur Maxence qui alors la fait supplicier à la roue, mais la roue se disloque. Elle finit décapitée en 307. Patronne des filles à marier, des théologiens, des philosophes et des meuniers, plombiers, tailleurs, étudiants. 

Saint Roch guérissant les pestiférés

Chapelle latérale droite : Sainte Catherine, Saint Sébastien, Saint Roch (Le Pordenone, 1532). 

Dans la lunette, Sainte Catherine soignée par les Anges (Domenico Tintoretto). 

Magnifique chœur, petit mais très élégant. 

Dans la lunette centrale, la Résurrection.

A gauche, le Lavement des pieds d’Antonio Vassilacchi (L’Aliense). Il fut commandé en 1591 par la Scuola dei Mercanti. 

Tableau typiquement baroque à la Tintoret avec plein de personnages. 

Dans la lunette, la Prière dans le Jardin des Oliviers (Leonardo Corona).

Très bizarre, que fait donc ce personnage agrippé à la colonne ? Est-ce le peintre qui finit le nuage avec une espèce de  pinceau entre les doigts ? 

Noter que Domenico Tintoretto est le fils de Jacopo Robusti, dit le Tintoret, il a réalisé de nombreux tableaux ici, dans le style maniériste.

Saint Jean l’Aumônier, très beau tableau du Titien (1533). Celui de Marieschi dans la chapelle funéraire à Bragora lui ressemble. Le tableau fini, il s’en va à Bologne (faire le portrait de Charles V), et les Vénitiens, mécontents de son départ, commandent alors au Pordenone le Sainte Catherine, Saint Roch et Saint Sébastien. Vexé, Le Titien revient à Venise et se met en colère. Les 2 oeuvres cohabiteront.

A droite, la Crucifixion (Leonardo Corona). 

Toutes les Crucifixions à Venise ont un nombre invraisemblable de personnes au pied de la Croix, et très bien habillées. 

Chapelle de gauche : Pietà. 

Aile gauche : Heracleius (Heraclius) rapportant la Croix à Jérusalem (Palma le Jeune, 1590). Palma a fait le même en plus large aux Gesuiti (1620).

Exarque de Carthage, fidèle de l’empereur Maurice tué par le centurion Phocas qui le remplaça, il attaque Constantinople en 610.  Il renverse l’usurpateur Phocas et le tue. 

Devenu Empereur, il doit combattre des dizaines d’années contre un nombre incalculable de peuples musulmans envahissant son empire, (Sassanides, Avars, et surtout Perses).

 En 630, il récupère la Vraie Croix enlevée par les Perses auparavant à Jérusalem, et fait lui-même le chemin du Calvaire avec. 

A gauche, Saint Marc, à droite Saint Jean l’Aumônier (Marco Vecellio). 

Au centre, le curé Gian Maria Carnonali portant l’eau bénite au Doge Dona,.

Début du flanc gauche, Christ bénissant (anonyme), et une Annonciation sur les côtés. 

Contre-façade, mur gauche : L’Adoration des Mages (Carlo Ridolfi, 1642). 

Le Seigneur en gloire avec le Doge Marino Grimani et la dogaresse Morosina Morosini. (Domenico Tintoretto)

Ils sont entourés de la Confrérie des Poulardiers (Pollaioli) qui a payé le tableau. Chose courante à Venise, où toute confrérie se devait de posséder une chapelle, un oratoire ou un autel, et payer sa décoration et son loyer.

La magnifique coupole avec les fresques du Pordenone. Il a beaucoup travaillé ici car les Nobles l’aimaient bien, et l’ont mis en compétition avec Le Titien.