Balades au calme dans Venise

Cannaregio Ouest

Nouveau : cette balade et les visites sont dans mon nouvel ebook Kindle CANNAREGIO OUEST!

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Ce livre nous emmène dans la partie ouest de Cannaregio, un des 6 sestiere (quartiers) de la Sérénissime, autrefois bouillonnant de trafics et de commerces. La partie ouest de Cannaregio est éloignée de Saint Marc. Et par conséquent les hordes de touristes vomies des bateaux ou tour operateurs ne peuvent pas s'y aventurer par manque de temps. Ce coin est donc réservé aux amoureux de Venise et de la tranquillité ! Et de plus l'ouest de Cannaregio contient des trésors étonnants : l'ancienne pharmacie Ercole d'Oro (bon c'est encore sur strada nova donc encore peuplé mais après c'est le silence ..), où les intellectuels aimaient se retrouver entre les bocaux de vipères, crapauds et autres arsenics. On passera un bon moment dans la magnifique église Santa Madonna dell'Orto, la maison des Tintoret, et juste après l'église de Sant'Alvise (Louis de Toulouse, jamais venu à Venise, mais qui "inspira" Antonia fille du Doge Venier en 1388). Et puis il y a le quartier du ghetto, très original avec ses immeubles de 7 étages. On verra ensuite, après le ponte di Tre Archi, seul pont à 3 arches à Venise, sur le canal de Cannaregio, l'église San Giobbe (oui à Venise Job comme d'autres Prophètes, était un saint !), San Geremia e Lucia, la magnifique église des Scalzi que tout le monde ignore car la gare est à côté et il ne fait pas rater le train. Cette partie de Venise est attachante sans être une ruine moyenâgeuse, avec ses longs canaux parallèles et peu fréquentés où jadis les commerçants, les pêcheurs, les rameurs et les courtisanes animaient le quartier, etc. Sans compter bien d'autres surprises qui vous attendent ! Et personne, même pas les habitants mais où sont-ils ?

Le parcours est assez long et demandera une bonne journée si vous connaissez déjà bien la ville, mais plutôt deux pour tout apprécier tranquillement, avec un chapeau s'il fait chaud.

Souvenirs et satisfaction garantis !

Mise à jour : v46 30/03/2020

Notes techniques

Les numéros 01, 02, ... dans l'itinéraire se rapportent aux lieux numérotés sur la carte. Les lettres (a), (b), ... se rapportent aux endroits où on peut manger ou boire rapidement (en général très bon).

Pour les autres guides papier sur Venise, ils annotés dans les textes par une abréviation et la page du guide (avec les éditions ultérieures la page peut varier) :

VIS (à garder sur soi en permanence : Venise insolite et secrète, (Thomas Jonglez et Paola Zoffoli, Editions Jonglez, ISBN 978-2-9158-0766-0), GV (Venise et la Vénétie, Guides VOIR, Hachette), EDV (le guide Encyclopédie du Voyage Venise, Gallimard), CM (Venise, Itinéraires avec Corto Maltese, Hugo Pratt, Guido Fuga, Lele Vianello, Lonely Planet, Casterman), GB (le Guide Bleu Venise Hachette), WE (Un grand Week-end à Venise, Hachette Tourisme).

Cet itinéraire nous emmène dans la partie ouest de Cannaregio, un des 6 sestiere (quartiers) de la Sérénissime, autrefois bouillonnant de trafics et de commerces. La partie ouest de Cannaregio est éloignée de Saint Marc. Et par conséquent les hordes de touristes vomies des bateaux ou tour operateurs ne peuvent pas s'y aventurer par manque de temps. Ce coin est donc réservé aux amoureux de Venise et de la tranquillité ! Et de plus l'ouest de Cannaregio contient des trésors étonnants : l'ancienne pharmacie Ercole d'Oro (bon c'est encore sur strada nova donc encore peuplé mais après c'est le silence ..), où les intellectuels aimaient se retrouver entre les bocaux de vipères, crapauds et autres arsenics. On passera un bon moment dans la magnifique église Santa Madonna dell'Orto, la maison des Tintoret, et juste après l'église de Sant'Alvise (Louis de Toulouse, jamais venu à Venise, mais qui "inspira" Antonia fille du Doge Venier en 1388). Et puis il y a le quartier du ghetto, très original avec ses immeubles de 7 étages. On verra ensuite, après le ponte di Tre Archi, seul pont à 3 arches à Venise, sur le canal de Cannaregio, l'église San Giobbe (oui à Venise Job comme d'autres Prophètes, était un saint !), San Geremia e Lucia, la magnifique église des Scalzi que tout le monde ignore car la gare est à côté et il ne fait pas rater le train. Cette partie de Venise est attachante sans être une ruine moyenâgeuse, avec ses longs canaux parallèles et peu fréquentés où jadis les commerçants, les pêcheurs, les rameurs et les courtisanes animaient le quartier, etc. Sans compter bien d'autres surprises qui vous attendent ! Et personne, même pas les habitants mais où sont-ils ?

Le parcours est assez long et demandera une bonne journée si vous connaissez déjà bien la ville, mais plutôt deux pour tout apprécier tranquillement, avec un chapeau s'il fait chaud.

Souvenirs et satisfaction garantis !

Mise à jour : v46 30/03/2020

Notes techniques

Les numéros 01, 02, ... dans l'itinéraire se rapportent aux lieux numérotés sur la carte. Les lettres (a), (b), ... se rapportent aux endroits où on peut manger ou boire rapidement (en général très bon).

Pour les autres guides papier sur Venise, ils annotés dans les textes par une abréviation et la page du guide (avec les éditions ultérieures la page peut varier) :

VIS (à garder sur soi en permanence : Venise insolite et secrète, (Thomas Jonglez et Paola Zoffoli, Editions Jonglez, ISBN 978-2-9158-0766-0), GV (Venise et la Vénétie, Guides VOIR, Hachette), EDV (le guide Encyclopédie du Voyage Venise, Gallimard), CM (Venise, Itinéraires avec Corto Maltese, Hugo Pratt, Guido Fuga, Lele Vianello, Lonely Planet, Casterman), GB (le Guide Bleu Venise Hachette), WE (Un grand Week-end à Venise, Hachette Tourisme).

Guides en photos des églises disponibles (voir l'onglet Eglises dans le menu en haut) pour

San Felice (03), Capella del Volto Santo (06), Madonna dell'Orto (14), Sant'Alvise (19), San Giobbe (24), San Geremia(28), Scalzi (29)


01 Départ Station Ca' d'Oro (VP1). Passer le long de la Ca d'Oro (voir la balade Cannaregio Est). La Ca' d'Oro est un musée qui demandera des heures pour être visité, sans compter son architecture magnifique et les vues sur le Grand Canal. Suggestion : on en fait une journée couplée à Querini Stampalia ou le Musée Naval à Castello par mauvais temps.

Arrivé sur Strada Nova, tourner à droite pour le campo Santa Sofia, regarder le Canal et son traghetto, puis entrer discrètement dans la

02 Ca'Sagredo, hôtel de luxe aujourd'hui, dont la visite (discrète) permettra d'admirer l'escalier et les fresques monumentales de la Chute des Géants de Pietro Longhi (1734) ainsi que les salles somptueuses ornées de fresques et stucs de Mazzetti et Stazio (1718) de cet ancien casino de jeu. REF VIS 203, EDV 149. Reprendre la strada Nova par la gauche (oui il y aura du monde ici, car c'est le lien unique entre la gare et Castello San Marco), et visiter l'église

(a) Da Bera Campiello della Chiesa, 2315, pizzas et prosecco extra

03 San Felice.

Voir le Guide en images sur la page web REF-JCS-Cannaregio-San Felice.

Elle possède deux entrées quasi identiques (mais en regardant bien …), une donnant sur le rio à droite, (tympan en lunette, codussienne), et l'autre sur la Strada Nova (tympan triangulaire, palladienne).

La première église ici date du 10ème siècle, elle est remanié profondément à la fin du 12ème siècle. Mais en 1531, on décide de la raser pour bâtir une nouvelle église en style Renaissance vénitienne "à la Codussi" en modifiant son orientation (c’est fou le nombre d’églises qui ont changé d’axe à Venise lors de leur reconstruction), et le patriarche de Venise Giovanni Tiepolo consacre l’église pour la troisième fois en 1624. La façade sur le rio est dotée de l’ange thuriféraire probablement repris de l’ancienne église.

On retrouve le nombre d’or dans l’architecture et le plan au sol.

Elle a subi des pillages successifs (une "Cène" du Tintoret se trouve au Louvre), mais conserve de très beaux restes : des statues de Giulio dal Moro (la Charité et l'Espérance, Madone à l'Enfant), un Tintoret (San Demetrio et le Donateur Zuan Petro Ghisi 1545).

Touchant aussi le premier autel avec Sainte Anne et la Vierge enfant (A Pascoli, 19ème siècle).


(b) La Cantina, Strada Nova 3689, assiettes appétissantes, panini

Traverser le rio di Noale (belle vue à droite sur le Palazzo Corner Contarini, et à gauche de l'autre côté du Grand Canal, de la Ca' Pesaro).

Du monde ici ?

Oui car c'est l'artère empruntée par tous ceux (Vénitiens et touristes) qui débarquent de la gare Santa Lucia ou de la Piazzale Roma pour rejoindre la partie nord de la ville (et à l'inverse, pour sortir de Venise à partir des bus de la Piazzale ou la gare). Et c'est quasiment jour et nuit. En plus elle a été très élargie en 1872 à la construction de la gare, on y trouves des dizaines de restaurants. 100m plus loin sur la gauche, entrer dans la

04 Spezieria all'Ercole d'Oro (pharmacie), au 2223, qui possède une salle de l'ancienne pharmacie (avec ses boiseries de noyer, ses pots, ustensiles et décorations), où les érudits vénitiens aimaient se rencontrer pour discuter, et où on produisait des potions à base de venins et des pilules purgatives ("del Piovan", du curé) de réputation internationale. REF VIS 235. Continuer et partir à droite vers le

04a Campo de Santa Fosca, son église, et sa statue du moine Paolo Sarpi. C'est un célèbre Vénitien, et un grand théologien. Né à Venise il oeuvra pour les Servites (église du Volto Santo), mais est connu pour avoir défendu Venise en 1606, en butte avec le Pape Paul V.

Venise avait interdit deux ans plus tôt toute création de congrégation ou autre lieux religieux sans l'autorisation de la République (plus quelques autres interdictions douloureuses pour les deniers du culte ...).

En 1605 le Pape Paul V exige l'abrogation des lois puis frappe Venise d'interdit en avril 1606 en des termes très violents (droit de prendre les biens de tous les Vénitiens n'importe où, interdiction du clergé de célébrer, etc.). En réponse, Venise expulse les Jésuites et les Capucins (entre autres) en septembre !

Et Sarpi défend la position de Venise par de nombreux écrits. Ami de Galilée, il publie énormément, dont une histoire du Concile de Trente.

Attaqué et grièvement blessé en octobre 1607 tout près d'ici par des assassins sans doute armés par le Nonce romain de San Francesco della Vigna, il est transpercé de 5 coups de couteau dont un au crâne. Sarpi est soigné et miraculeusement guéri aux frais de la République, et meurt en 1627. Il est très honoré ici.

Il n'y a plus foule ici et cela va aller encore mieux ensuite.

S'arrêter sur le pont de Santa Fosca : aux quatre coins du pont on y trouve 4 traces de pas définissant les points de départ des fameuses batailles sur les ponts entre Nicolotti (venant de San Nicolo dei Mendicoli à Dorsoduro) et Castellani (venant du Castello, essentiellement des Arsenalotti). REF VIS 232 et voir la balade JCS-Dorsoduro-Centre pour toutes les informations sur ces événement. En plus ces ponts n'avaient pas de garde-fou et les participants tombaient dans l'eau, la plupart ne sachant pas nager ! Beaucoup d'autres ponts comme aux Carmini, à San Zulian celui de San Barnaba ont été le siège de ces batailles fameuses et bien réglées où les protagonistes s'empoignaient violemment, l'objectif (hypocrite) étant de planter leur drapeau (rouge ou noir) au milieu du pont. REF VIS 233. Traverser le pont et partir à gauche (Fondamenta Diedo).

REF VIS 233. Traverser le pont et partir à gauche (Fondamenta Diedo).

Cent mètres après environ, sur la droite, ne pas manquer le minuscule

05 Campiello Diedo et le Palazzo Diedo. Penétrer dans le Campiello sur la droite du quai, et dans la ruelle étroite, au-dessus d'une porte au 2386a, un lion unique aux ailes de chauve-souris REF VIS 227 CM 55.

Peu nombreux sont ceux qui l'ont vu ! Continuer sur le quai (Fondamenta Daniele Canal) et arriver à la porte de

06 Santa Maria dei Servi et Capella del Volto Santo. Voir le Guide en images sur la page web JCS-Cannaregio-Cappella del Volto Santo, et REF EDV 144, VIS 231. En 1317, les habitants de Lucques s'exilèrent en masse suite à la prise du pouvoir par le seigneur Castracani lors de la guerre opposant Guelfes et Gibelins. Plus de 300 Lucquois s'installèrent à Venise (moyennant finances …), et y continuèrent leurs métiers de producteurs de soieries.

Venise a toujours su attirer les immigrants venus de villes ou d’états qui les persécutaient. Que ce soient des Italiens comme des Siciliens ou des Frioulans, ou des étrangers venus de Grèce ou d’Orient, ceux-ci apportaient sinon leur fortune, du moins leur expertise dans des métiers de haut niveau (taille, mosaïques, tissus, soie, menuiserie, tapisserie, commerçants etc) et souvent ils devaient payer tribu contre leur séjour à Venise.

Ils fondèrent la Scuola del Volto Santo (Sainte Face), à côté du couvent et de l'église des Servi (Servites) établie aussi au 14ème, mais incendiée avec l'église (qui sera rasée) au 19ème siècle, et transformée en résidence pour étudiants. On ne voit du quai que la chapelle, haute construction en briques qui a survécu. Voir la porte de Santa Maria dei Servi, et demander la permission de visiter la chapelle du Volto Santo (plafond, autels, statues).

Sortir et revenir au palais Diedo et après tourner à gauche sur la Fondamenta Grimani (belle madone au fond sur le mur, puis à droite la Fondamenta Moro (on commence à être bien seuls), prendre le pont à gauche pour le



07 Campo San Marziale. Voir REF EDV 145, GV 141 pour des détails sur l'église San Marziale (je n'ai jamais pu la visiter …), un plafond de Ricci, un Titien, un autel baroque étonnant et un Tintoret au moins, il faut y entrer si c'est ouvert.

L'église date du 12ème siècle, avec une légende amusante sur son lieu actuel : ce serait un jeune pêcheur travaillant très loin à Rimini, qui avec son couteau coupa un morceau d'une Vierge en bois et le plaça dans une barque. La mer la conduisit après plusieurs mois à cet endroit.

L'Eglise et le Sénat décidèrent de la placer dans une église à elle consacrée ici. Elle fut rénovée au 17ème siècle, mais les heures d'ouverture sont rares.


Les 2 images ici sont de Nicole N. qui se reconnaîtra, et que je remercie de me les avoir envoyées et de m'autoriser à les publier.

Traverser le rio della Misericordia

(c) Diana Misericordia 2519 Zoccolo, langoustines grillées, tortellinis

et aller à droite on passe devant la façade immense du

08 Palazzo Lezze. Construit par Baldassare Longhena pour la famille Lezze (installée à Venise depuis le 10ème siècle et d'origine de Lecce dans les Pouilles), il date de 1617. Sur ses murs au niveau des balcons, on peut découvrir des hauts-reliefs (4) en référence à l'alchimie et à la franc-maçonnerie : des harpies, un personnage nu sous sa cape.

On ne sait si une Loge maçonnique se trouvait dans le palais. REF VIS 222, CM 56. Après le palais tourner à gauche en longeant la Scuola Nuova della Misericordia (Sansovino 1534), REF EDV 148, CM 56.

Après le palais tourner à gauche en longeant la Scuola Nuova della Misericordia (Sansovino, 1534), REF EDV 148, CM 56, traverser le pont de bois (belle vue à droite sur le petit port et à gauche sur le rio della Madonna dell'Orto), et regarder la façade de

09 Santa Maria della Misericordia. (fermée) sur le campo dell'Abbazia (pavé de briques à chevrons). Longer tout droit vers la mer l'église et passer la grille de la

10 Jardinerie Laguna Fiorita au 3546. Si c'est ouvert, entrer et visiter ce coin de verdure génial, les murs jaunes, rouges, bleus, qui tranchent avec l'impression très minérale de tout le quartier. C'est ici que le Tintoret a peint le Paradis pour la Salle du Grand Conseil du Palais des Doges. Revenir au campo dell'Abbazia et passer à droite sous les arcades de la Scuola Vecchia della Misericordia, REF EDV 148, longeant le rio, admirer ensuite le fronton du porche de l'entrée avec la Vierge de la Miséricorde (abritant sous sa cape les membres de la Scuola), ainsi que la vue du rio, des barques et un ancien squero dans un peu de verdure derrière un pont au parapet de bois, avant de prendre à droite

11 la Calle (Corte ?) Vecchia, qui mène à la Sacca della Misericordia. Sur la droite, c'est le grand bassin, abritant autrefois un squero, (chantier de bateaux), à la forme d'un chalet alpin, REF EDV147. Après le pont prendre à gauche, longeant le rio Madonna dell'Orto et le


12 Palazzo Contarini del Zaffo, célèbre famille vénitienne qui a aussi un palais Renaissance à Dorsoduro sur le Grand Canal après l'Accademia (normalement, on ne doit voir absolument personne à cet endroit). REF GV 139, EDV 147. Pousser les grilles si elles sont fermées pour entrer dans des jardins insoupçonnés.

Ne pas manquer en face le

13 Palazzo Mastelli, du 15ème, (dit aussi Palazzo del Cammello), bien délabré mais encore magnifique, et sur sa façade la sculpture d'un chameau. Les frères Mastelli (Antonio Rioba, Afani et Sandi), arrivés à Venise vers 1112 de Grèce (la Morée, cad le Péloponnèse).

Ils s'installent et s'enrichissent du commerce avec le Levant ("mastelli" signifient "baquets" en référence aux monceaux d'argent et de pièces gagnés par leur commerce en Grèce).

Ils possédaient tout le quartier jusqu’à la Madonna dell'Orto, y compris la maison du Tintoret, et ont encore leur Campo (Campo dei Mori avec les statues des Mori). On arrive à

14 Madonna dell'Orto, une église (Chorus) et un cloître remarquables (l'église de la famille Tintoret, Jacopo et Domenico, enterrés ici. (comme San Sebastiano est l'église du Véronèse).

L'église abrita la statue d'une Madone "trouvée" dans le jardin attenant (en fait, le commanditaire de la statue ne la trouva pas géniale et la mit dans le jardin, mais elle fit des miracles).

Le Tintoret et sa famille (son père était teinturier) habitaient tout près. Apprécier aussi le remarquable cloître s'il est ouvert.

L'histoire fabuleuse du Tintoret se retrouve absolument partout à Venise, son énergie et son talent, mais aussi son orgueil, lui ont permis des prodiges.

Un seul exemple : la Scuola Grande di San Rocco à Dorsoduro, où il a soudoyé les gardiens pour peindre avant tous les autres le plafond de l'albergo et être finalement retenu pour continuer !). Son œuvre est immense et ici même il a tout fait avec son fils Domenico. Je ne me souviens pas avoir visité une église à Venise sans me trouver soudain en face d'une œuvre du Tintoret ! Il faut dire que sa réputation, sa vitesse de conception et d'exécution et son atelier ont fait des miracles pendant très longtemps, malgré son caractère de cochon et son orgueil qui ne lui attira pas que des amis.

Pour apprécier la visite (extérieur et intérieur), il faut absolument voir le Guide en images sur la page web Santa Madonna del'Orto , EDV 146, GV 140.

Deux immenses toiles se trouvent de part et d'autre du chœur (voir le guide en images), sur celle de gauche il se représente en porteur du Veau d'Or. Les autres seraient le Titien et d'autres peintres célèbres (voir le guide en images).

Un must absolu !

A droite avant la chapelle absidiale du tombeau de la famille, la Présentation de Marie au Temple avec tous les attributs décrits dans la Bible (voir le guide en images sur léglise pour tout comprendre, c'est incroyable). Je suis rarement resté aussi longtemps devant un tableau, même si celui-ci ne bénéficie pas d'une lumière optimale.

La statue trouvée dans le jardin qui a tout fait démarrer, avec une légende très douteuse mais qui a réussi pleinement.

En sortant, traverser le pont pour le

15 Campo dei Mori. On y retrouve les 3 frères Mastelli, avec des statues (penchées, abîmées et curieusement enfoncées dans les murs).

La figure au coin (Antonio Rioba) possède un nez en fer (du 19ème, en réalité une blague faite à la statue par on ne sait pas qui, mais qui est restée), REF GV 140, CM 57, EDV 146.

On peut faire une pause sur le campo, pas de risque de foule ici. Tout de suite à gauche du campo, se trouve

16 La maison du Tintoret. (3398) Jacopo Robusti y est né, y a vécu de 1574 à 1594 (d'où la décoration de la Madonna dell'Orto). Belle maison, avec un quatrième Maure (sans doute un chamelier des Mastelli),

et une figure d'Hercule et sa massue au-dessus entre deux fenêtres. REF VIS 221 Faire demi-tour et continuer sur Fondamenta dei Mori, s'arrêter devant

17 Le Palazzo Arrigoni (qui appartenait à l'abbé Onorio Arrigoni collectionneur d'antiquités), superbement restauré (hôtel).

On est dans la partie la plus pauvre de la ville maintenant, c'est très tranquille, même les touristes sont rares, mais à l'époque du commerce florissant, il y avait de très grandes fortunes et de somptueux palais ici, et une animation marchande et de divertissement jour et nuit.

La Fondamenta change de nom pour "della Sensa", du nom du rio della Sensa, où se pavanaient à l'époque les "courtisanes" en gondole, les prostituées attendant leurs clients, et où plus tard les rameurs vénitiens s'entraînent car le rio est très calme. REF GV 141. On trouve trois très longs canaux parallèles à la lagune, aux noms changeants mais ça donne une impression d'espace surnaturel

(d) Anice Stellato Fond. della Sensa 3272 très bon restaurant, cichetti

Arrivé au restaurant Anice Stellato, prendre à gauche pour la Calle del Capitello (capitello signifie niche votive, petite chapelle dans le mur en général avec une Vierge, un lumignon et des fleurs, ou un autre saint ou une image pieuse), qui mène au rio Sant'Alvise et à

18 L'église Sant'Alvise. (Chorus)

Voir le guide en images sur la page web JCS-Cannaregio-Sant' Alvise , CM58.

A voir l'église on ne se doute pas qu'il y a un immense complexe derrière, de bâtiments et de cloîtres. Alvise, c'est Louis d'Anjou fils ainé de Charles II d'Anjou roi de Naples qui renonça à la couronne pour son frère et entra chez les Franciscains.

Evêque de Toulouse à 22 ans, il meurt 6 mois plus tard et est canonisé en 1317. En 1388, il apparut en songe à la patricienne Antonia Venier. Celle-ci convainquit son père Antonio alors Doge de Venise de financer l'église et le couvent pour les Augustines.

L'extérieur est trompeur, on ne voit que la façade et un long bâtiment, mais le complexe de Sant'Alvise est immense !

L'église est gothique (15ème, transformée au 17ème), simple à l'extérieur (un joli portail en pierre d'Istrie),

A l'intérieur, le chœur des Sœurs avec grilles en fer forgé, des peintures du 15ème, 16ème et 17ème, par Bastiani, Damiani, Santa Croce, et un magnifique Giambattista Tiepolo (Couronnement d'épines et Flagellation 1738), deux Palma le Jeune (sous caution), un plafond peint plat plus récent , un autel de la Madone à l'Enfant de Gian Maria Morlaiter.

Repartir sur Calle del Capitello. Traverser le rio della Sensa, (Calle del Malvasia), et prendre à droite la Fondamenta dei Ormesini sur le rio della Misericordia, jusqu'au pont qui mène au

19 Ghetto Nuovo. Venise la tolérante attribuait des quartiers aux immigrants innombrables qui se réfugiaient ici. Les Juifs sont arrivés à Venise avant 1150, et probablement systématiquement dirigés dans l'île de Spinalonga, qui fut renommée Giudecca (marécages, distante du Rialto, difficile d'accès). Au 15ème siècle Venise les expatria à Mestre sur le continent, mais sans doute les hommes d'affaires qui manipulaient des quantités de bons et de mouvements d'argent, les firent revenir en ville, dans ce quartier. Ils ne pouvaient pas travailler.

En 1527, ils durent déménager dans ce quartier où existaient d'anciennes forges (geto signifie fusion en vénitien).

Seulement trois ponts reliaient l'île au reste de la ville. En cherchant un peu on voit encore de gonds, et des trous pour fermer les portes avec des barres.

20 au Ponte Vecchio à gauche de la place du Ghetto Nuovo, on voit encore les trous des gonds des portes, REF VIS249 et la nuit on verrouillait les portes avec des barres de fer, car tous les soirs la population était enfermée ici avec interdiction de sortir.

Les Juifs étaient très mal traités même s'ils étaient nécessaires au "business". Ils durent un temps porter une rouelle jaune sur la poitrine, (plus tard, un chapeau; le jaune au Moyen-Age était la couleur de l'infamie, folie ou crime).

Avec l’afflux de la population juive à Venise chassée de partout en Europe, et leur confinement obligatoire dans cet espace, on autorisa les immeubles à être construits sur 6 voire 8 étages. C’est le seul endroit où on dépasse les 3 étages dans la ville (il y a quelques coins avec 4 étages, mais c’est rare, étant donné l’instabilité du sol).

Il fallut même créer un 2ème quartier en 1541 (vecchio, entre le nuovo et le rio di Cannaregio au sud-ouest), puis un 3ème quartier (novissimo,) à côté en 1633. REF EDV 140, CM 59, GV 145.

21 De la place, prendre à droite et traverser le Ghetto Vecchio, passer la

22 Synagogue et sa Scuola, oon arrive sur le Canal de Cannaregio. C'est la deuxième voie la plus empruntée de Venise car elle mène à l'aéroport et au Nord, vers Fondamenta Nove et les îles à l'est.

Prendre à droite, et marcher jusqu'à

23 Tre Archi, Le seul pont à 3 arches de Venise (1688), construit en dur par Andrea Tirali, un architecte très connu de Venise (mais il y en eu tellement, Tirali était appelé "le tyran" parce qu'il était dur avec ses ouvriers mais aussi ses donneurs d'ordre).

Le quartier est loin du centre, c'est très très calme si on va vers la lagune, mais les vaporetti et beaucoup de bateaux y passent.

On est ici sur le canal qui conduit les vaporetto vers le nord de Venise (Fondamente Nove, San Michele, Murano, l'aéroport) et à cette extrémité ouest de la ville, nombre de maisons sont délabrées (certaines sont tout de même en réfection).

Traverser le pont et aller tout droit à l'église

24 San Giobbe. (Chorus) Une façade quelconque mais l'intérieur vaut le détour. L'église, sur les restes d'un oratoire à Saint Job, financée par Cristoforo Moro pour 10 000 ducats (Saint Bernardin lui avait prédit qu'il deviendrait Doge, ce fut le cas, et donc ...) est construite par Antonio Gambello, terminée en 1493 par Pietro Lombardi.

Voir le guide en images sur le site ou cliquez ici REF JCS-Cannaregio-SanGiobbe, EDV 139, CM 64.

Elle s'enrichit de chefs d'œuvre vénitiens au 16ème (Bellini, Carpaccio, Basaiti, beaucoup sont partis à l'Accademia), présente des œuvres de Querini, Pitati, Zanchi, une chapelle au magnifique plafond en faïence vernissée de Luca della Robbbia, et le tombeau de Cristoforo Moro mort en 1471.

Repartir vers le canal, et suivre le Fondamenta di San Giobbe, puis Savorgnan vers le Grand Canal.

(e) Ai Tre Archi, Fond. San Giobbe. Terrasse le long du canal et à l'ombre, bonnes spécialités

Remarquer sur la droite la

25 Calle Riello, Large au début, elle est bordée de maisons (en mauvais état) et avec les pavés cela donne une atmosphère très minérale et une ensemble très vénitien (je n'ai jamais vu personne dans cette rue). Continuer le long du canal jusqu'au

26 Ponte delle Guglie (pont des Aiguilles) ainsi nommé pour les quatre pinacles aux extrémités de ses parapets, ce pont est le plus passant de Venise après le Rialto, c'est la voie entre la gare tout près et la strada nova menant à Castello et San Marco.

Remarquer les pierres de voûte de ses arches décorées de grotesques saisissants (surtout si vous empruntez un vaporetto, ne les manquez pas).

En face, la Pescaria de Cannaregio, à l'entrée de la Strada Nuova joli bâtiment avec une altane au sommet, bien agréable. Poursuivre tout droit pour longer le Palazzo Labia et voir le

27 Grand Canal, ainsi qu'une des entrées de San Geremia. Revenir et tourner à gauche (Salizzada Geremia) pour arriver au

28 Campo San Geremia. Grande place très animée, traversée toute la journée par les Vénitiens mais aussi par les touristes chargés de valises, munie des cafés où s’asseoir n'est pas donné, et des kiosques hideux. Mais aussi, la façade du Palais Labia (siège de la RAI), et celle de la magnifique église San Geremia (Santa Lucia).

28a Le palais Labia (du début 18ème, pour cette riche famille catalane qui contribua pour une grosse somme à la guerre de Candie). Il contient des fresques splendides de Tiepolo sur la vie de Cléopâtre, à l'intérieur des trompe-l'œil magnifiques de Colonna, et des tapisseries bruxelloises. GV143, GB188, EDV138.

Sur ce campo se passaient des chasses aussi mémorables que cruelles à base de taureaux prélevés dans les abattoirs. Les chasseurs, habillés en tenue lâchaient des chiens violents qui écorchaient les taureaux, et on en tuait quelques-uns, (ce ne serait plus acceptable aujourd'hui).

Cette fête, et d'autres, célébraient la victoire du Doge Vital Michiel en 1162 contre le patriarche d'Aquilée Ulrico qui voulait à tout prix prendre possession du patriarcat de Venise.

Il fut puni par un tribut annuel, consistant à apporter à Venise un taureau, 12 cochons et 12 pains ! Même si la peine fut oubliée quelques années plus tard, le Doge continua le rituel, supprima les cochons, et au 16ème siècle institua sur la Piazzetta des fêtes mémorables avec feux d'artifice, machines en présence des ambassadeurs.

28a L'église San Geremia. construite par le prêtre-architecte Carlo Corbellini en 1754, elle est inspirée de la Salute (ronde), mais les façades ont été refaites en 1861 et 1871 suite aux bombardements destructeurs des Autrichiens en 1849. Voir le guide en images sur le site ou cliquez ici REF JCS-Cannaregio-San Geremia,

De plus un pyromane endommagea la façade donnant sur le Canal en 1969, qui a dû être refaite entièrement. Le campanile lui est du 12ème siècle.

Elle possède deux autels principaux, 8 chapelles, le chœur étant flanqué de deux chapelles latérales. Du campo on n'en voit qu'une tout petite partie, avec de plus un porche très abimé qui ne donne pas envie d'aller voir. Depuis un vaporetto on la voit mieux dans sa largeur avec ses grandes façades blanches, mais le tout est immense.

Elle contient de nombreux et beaux Palma le Jeune, la chapelle de Sainte Lucie (Lucie avait son église pas loin, qui fut démolie pour créer la gare Santa Lucia de Venise, on a rapatrié son corps ici en 1863, et le futur Jean XXIII, le patriarche Roncalli de Venise, lui plaça son masque doré en 1955). REF EDV138.

En sortant, retraverser le campo pour voir le Parc Savorgnan (îlot de verdure avec le palais Venier), et reprendre ensuite le Rio Tera Lista di Spagna,

(f) Brek à Lista de Spagna 124 (un self mais …frais et pas cher, pâtes salades piadina,)

ou célèbre pâtisserie Dal Mas Lista de Spagna 150

Rue très commerçante et toujours bondée, pour arriver devant le Grand Canal avec en face San Simeon Piccolo. Juste à droite,

29 L'église des Scalzi, de l'Ordre des Carmes déchaussés (les Scalzi), dont la pauvreté et l'humilité sont les deux principes majeurs. Elle conserve la tombe du dernier Doge (Ludovico Manin). Voir le guide en images JCS-Cannaregio-Scalzi.

En 1656 elle est démolie et reconstruite par Baldassare Longhena, avec une façade de Giuseppe Sardi en marbre blanc de Carrare financée par le riche Cavazza en 1680. L'ensemble est de style vénitien baroque et est dédié à Sainte Marie de Nazareth, une statue provenant de l'île de Lazzaretto Vecchio au sud. Mais le luxe ne reflète pas forcément l'idée originale des Carmélites Déchaussés. De nombreux aménagements furent faits sous la domination autrichienne après Napoléon.

Le plafond de GB Tiepolo s'est effondré pendant la guerre suite aux bombardements mais l'église reste l'une des plus baroques et surchargée de statues et de chapelles immenses.

Le terme Déchaussé signifie juste que les moines ne portaient pas de chaussettes, mais ils avaient tout de même des sandales aux pieds.

Monter sur le pont des Scalzi pour assister au trafic incessant de bateaux et de vaporetti enchevêtrés, et les rives verdoyantes du Grand Canal.

Ce n'est pas la meilleure image de la ville ici, et c'est même pourquoi les autorités ont imposé des contrôles pour limiter les foules se déversant dans le quartier.

Avec plus de 30 000 arrivées (et départs il faut l'espérer) par jour, cela devenait intenable.

On y voit aussi les fameux "Vu Compra", Africains immigrés clandestins, vendant les sacs (souvent des vrais ! mais fabriqués sous le manteau la nuit dans des usines de grandes marques italiennes), des lunettes et autres objets.

Le drap sert à replier très rapidement les sacs pour s'enfuir en courant. Il y en a moins avec le temps, la police fait parfois le ménage, mais ils restent discrets et souriants. Ils portent ce nom car ne parlant pas la langue (un peu le français) ils disent aux passants : "Vous, Achète !".

(on pourra lire le tome 14 des enquêtes de Brunetti de Donna Leon qui les décrit bien : "De sang et d'ébène").

30 La station Ferrovia Santa Lucia, devant la gare, toujours bondée de touristes déversés des quais ou du parking un peu plus loin.


FIN DE L'ITINERAIRE CANNAREGIO OUEST