Guide en images des églises de Venise

San Polo (San Polo)

Eglise  Chorus

Histoire

La première basilique ici date de 837 sous le règne du Doge Pietro Tradenico et de son fils Giovanni, ce qui en fait une des plus anciennes églises de la lagune. Elle est en style paléochrétien (vénéto-byzantin) à trois nefs, dont il ne reste que le parterre. 

Elle est refaite au 12ème siècle en style roman après un incendie.

Mais très abîmée par la suite, elle est totalement restaurée au 15ème siècle, en style gothique tardif de l’époque  portail de la façade en pierre d'Istrie de Bartolomeo Bon, rosace à peine visible dans les constructions ultérieures externes, fenêtres latérales), et à la fin du siècle, l'abside est refaite avec deux fenêtres semi-circulaires, ainsi que le nouvel oratoire du Crucifix sur l'ancien narthex (également emplacement de l’atrium de l'église primitive). 

En 1804 une restauration aussi radicale que malheureuse par Davide Rossi, a lieu avec l’oculus rond sur la contre-façade, mais aussi avec la couverture du magnifique toit en bois en coque renversée et, pire, les colonnes ioniques qui défigurent l'église romano-gothique de départ.

Les structures néoclassiques ajoutées en 1804 et la couverture intérieure du toit en bois furent enlevées lors d'une dernière restauration en 1930 pour restaurer l’architecture gothique. Mais l’éclairage de l’église est très faible.

Extérieur

L’église se trouve au début de l’immense Campo San Polo, entouré de plusieurs magnifiques palais. 

Les palais à droite sont en courbe car ils donnaient sur un rio incurvé qui a été comblé ensuite. Se succèdent le Palais Maffetti-Tiepolo fut construit par l'architecte Domenico Rossi en 1712, et aussi le palais Soranzo (gothique), et le palais Donà, du début du 16ème siècle.

Sur le côté opposé du Campo, on peut voir l'angle du palais Corner Mocenigo, de l'architecte Michele Sanmicheli.

La place est très grande et on y faisait beaucoup de fêtes et de courses de taureaux. On y organisait aussi des jeux d’argent, des courses de taureaux et des échanges de marchandises, que les Nobles ne supportèrent plus, au point que tout cela fut interdit en 1611 et une plaque gravée en fait mention sur les murs de l’église sous le haut relief de la Vierge à l'Enfant avec Pierre et Paul.

Du campo on voit parfaitement son abside, agrémentée de nombreux hauts reliefs (pas toujours d’origine). Par contre la rosace de l’autre côté dans la contre façade n’est que très peu visible car cachée par les constructions.

Le campanile de 26 mètres date de 1362 (au plus, la date est gravée) et il est à part de l’autre côté de la rue. Simple et carré, il est juste orné de longues lésènes, sous un clocher dont les faces offrent trois ouvertures. On peut voir les pièces croisées du beffroi. Au-dessus (assez classique à Venise), une tour  le tout surmonté d’une tour octogonale avec un balcon en pierre d’Istrie et un toit conique en tuiles. 

A sa base, on voit deux lions (qui pourraient provenir de la première église byzantine ?). L'un combat un serpent, l'autre tient une tête humaine. La légende dit que c'est une allusion à Carmagnole (Francesco Bussone, né en 1382 à Carmagnole d'où son surnom), qui libéra Milan pour les Visconti, se marie avec Antonia en devenant comte  de Castelnuovo, mais après des accusations de ses détracteurs jaloux auprès de Filippo Maria Visconti, dut s'enfuir sur les terres du Duc de Savoie, qui n'en veut pas et finalement il part pour Venise en 1424. Venise l'embauche comme condottiere (mercenaire), il bat les Milanais en 1427, mais, de nouveau, devient suspect aux yeux de la Sérénissime pour son manque d'ardeur. En 1432, Venise le rappelle et le condamne à mort. Deux fois suspect, une fois sauvé. 

Une autre légende attribuerait cette tête au Doge Marino Falier qui ourdit une révolution contre la République même (et, après son exécution,  son image fut noircie pour toujours dans la Salle des Conseils du Sénat au Palais des Doges).

Intérieur

L’intérieur est un long couloir à 3 nefs séparées par de lourds piliers, il n’est pas grand, et possède un narthex  (l’oratoire du crucifix) contenant la Via Crucis de Gian Domenico Tiepolo (fils de Giambatista) qui a mis toutes sa famille dans les tableaux des étapes du Calvaire du Christ.

Palme le Jeune a décoré le chœur, Vittoria a sculpté les bronzes de chaque côté de l’autel. La chapelle du Saint Sacrement à droite, est d’inspiration lombarde avec les fresques du 18ème siècle de Gioacchiono Pozzoli et sur les murs des tableaux de Giuseppe Porta dit Il Salviati et la Vierge du Véronèse. Et inévitablement on a un Tintoret avec la Cène.

On dit que c’est ici que Lorenzino de Medici (Lorenzaccio) fut tué par deux assassins en 1548 lorsqu’il allait rencontrer son amant dans l’église San Polo (pratique courante à l’époque, raison pour laquelle l’église de San Cassiano pas très loin fut fermée avec des chaînes pour prévenir ces habitudes sacrilèges). Mais il avait lui-même tué son cousin Alessandro alors duc de Florence. Et c’est Cosimo son cousin successeur d’Alessandro qui envoya les dénommés Bibboni et Volterra, à Venise pour trucider Lorenzino. Les tueurs s’enfuirent se réfugier dans l’église du saint Esprit. (source : Churches of Venice).

Adresse : Campo San Polo, 2102 San Polo

Horaires : Lun-Sam 10:00-17:00

Rev4 17/01/2024

Le campo San Polo est un des plus grands de la ville. Les palais à droite sont en courbe car ils donnaient sur un rio incurvé qui a été comblé. Ici le palais gothique Soranzo. 

Le campo est célèbre  pour ses fêtes publiques, mais aussi pour son marché, déplacé depuis le Rialto, puis appelé « des pauvres ». On y organisait des jeux d’argent, des courses de taureaux et des échanges de marchandises, que les Nobles ne supportèrent plus, et tout cela fut interdit en 1611.

Sur le côté opposé du Campo, on peut voir l'angle du palais Corner Mocenigo. 

La première basilique ici date de 837 sous le règne du Doge Pietro Tradenico et de son fils Giovanni, ce qui en fait une des plus anciennes églises de la lagune, en style paléochrétien (vénéto-byzantin) à trois nefs, dont il ne reste que le parterre. 

 Elle est refaite au 12ème siècle en style roman après un incendie.

Mais très abîmée par la suite, elle est totalement restaurée au 15ème siècle, en style gothique tardif de l’époque  (portail de la façade en pierre d'Istrie de Bartolomeo Bon, et à la fin du siècle, l'abside est refaite avec deux fenêtres semi-circulaires, ainsi que le nouvel oratoire du Crucifix sur l'ancien narthex (également emplacement de l’atrium de l'église primitive). 

En 1804 une restauration, "radicale" et lamentable, a lieu avec la couverture du magnifique toit en bois en coque renversée, et aussi les colonnes ioniques qui défigurent l'église romano-gothique de départ.

Tout ceci fut enlevé lors d'une dernière restauration en 1930 pour restaurer l’architecture gothique. Mais l’éclairage de l’église est très faible.

L’église est dédiée à Saint Paul Apôtre.

Plusieurs hauts-reliefs sont ancrés dans la brique des murs extérieurs,  Ici en bas, la plaque interdisant les jeux. 

Au-dessus, un haut relief polychrome avec la Vierge et l'Enfant entourés de Saint Pierre et Saint Paul (14ème). 

En face, examiner la colonne tronquée (la pharmacie s’appelait « aux 2 colonnes », elle perdit son procès contre une autre homonyme près des Miracoli, et dut faire couper une colonne sur son emblème ! 

L’entrée avec son portail de Bartolomeo Bon (fin 15ème). La première église date de 837, il ne reste que le sol, elle est refaite au 12ème siècle, puis restaurée au 15ème en style gothique tardif. 

Très mal restaurée en 1804, elle est réhabilitée en gothique en 1930. Le plafond en bois est redécouvert. Ici entrée de l'oratoire du Crucifix (narthex)

Le campanile date de 1362. 

A sa base, on verra deux lions, l'un combat un serpent, l'autre tient une tête humaine.  

La légende dit que c'est une allusion à Carmagnole (Francesco Bussone, né en 1382 à Carmagnole d'où son surnom), célèbre condottiere (mercenaire) qui libéra Milan pour les Visconti. 

 

Il se marie avec Antonia en devenant comte  de Castelnuovo, mais après des accusations de ses détracteurs jaloux auprès de Filippo Maria Visconti, dut s'enfuir sur les terres du Duc de Savoie, qui n'en veut pas et finalement il part pour Venise en 1424.

Venise l'embauche comme condottiere (mercenaire), il bat les Milanais en 1427, mais, de nouveau, devient suspect aux yeux de la Sérénissime pour son manque d'ardeur. 


En 1432, Venise le rappelle, téméraire il revient, et se retrouve condamné à mort. 

Deux fois suspect, une fois sauvé.  (vue depuis la porte d'entrée qui est sur le côté).

(en réalité, ce lion est beaucoup plus ancien !) 

Intérieur simple à 3 nefs, le narthex étant à gauche de l'entrée et le chœur à droite vers le Campo.  

Le grand crucifix devant le chœur date du 18ème siècle.

Ici on voit la nef droite avec la porte d’entrée au milieu. Les colonnes ioniques, datant de la restauration manquée de 1804, ont été conservées.

Le toit en carène inversée (visite par la gauche depuis la porte d’entrée).

Sur les murs au-dessus des piliers les 4 Evangélistes dans des médaillons. Ici Marc et le lion. 

Jean et l’aigle. 

Matthieu et l’homme ailé. 

Luc et le taureau. 

La Vierge de l’Assomption avec les Saints (atelier du Tintoret, 16ème) 

Mur du narthex, à gauche, la Dernière Cène (Jacopo Robusti, Le Tintoret, 1568). Où n’a-t-il pas peint un tableau ? 

La scène est assez originale, le chien n'est pas là, un pauvre reçoit du pain.… 

L'inévitable orgue des frères Callido, avec sa date 1763. 

Mur du narthex à droite,. Saint Sylvestre baptise Constantin (Paolo Piazza, 17ème). 

Nef gauche (assez abimée).

Le Sacré Cœur de Jésus (Jacopo Guarana, 1802).

Les fonds baptismaux. 

Il y a un nombre impressionnant de Jean-Baptiste sur les couvercles des fonds baptismaux à Venise.  

L'apparition de la Vierge à Saint Népomucène (Giambattista Tiepolo, 1754).

Prédication de Saint Paul (apôtre à la conversion duquel l'église est dédiée), (Paolo Piazza, 1621). 

La chapelle gauche du chœur, avec les Noces de la Vierge, Paolo Caliari (Véronèse), 1580, avec dans le tableau, une madone de Lorette (plus tardive), et à gauche portrait de Saint Pierre (anonyme).

Crucifix devant le chœur, du 18ème siècle.

La structure du chœur est très simple (modeste même par rapport à la chapelle suivante à droite), même si les œuvres viennent d’artistes les plus célèbres à Venise. 

Les statues de Saint Paul à gauche, et de Saint Antoine à droite d'Alessandro Vittoria.  Retable de la Conversion de Saint Paul (Palma le Jeune, 1600). 

Mur gauche du chœur. A droite, Saint Pierre envoie Marc évangéliser Acquilée (Palma le Jeune, 1625). 

A gauche, remise des clefs à Saint Pierre (Paolo Negretti dit Palma le Jeune, 1625). 

Sur le mur droit du chœur, libération de Saint Antoine (à gauche). 

A droite, la Tentation de Saint Antoine (Palma le Jeune, 1600). 

Chapelle de droite, dite du Saint Sacrement, en style néoclassique, et son ouverture vers le ciel. 

Elle est beaucoup plus belle et plus richement décorée que le chœur.  

La montée au Calvaire (Giuseppe Porta dit Il Salviati, 16ème). 

Fresques de Gioacchino Pozzoli, 18ème siècle (histoires de l'Ancien Testament). 

Dans la coupole, un Groupe d'anges (Pozzoli). 

La Déposition (Il Salviati). 

Le lavement des pieds. 

En revenant sur la nef droite vers l’entrée : Madone à l'enfant (Pietro Zandomeneghi, 19ème siècle). 

Le clou de San Polo est sans conteste son narthex, qui abrite une Via Crucis extraordinaire de Gian Domenico Tiepolo au début de sa carrière. 

Giandomenico est le fils de Giambattista Tiepolo, le frère de Lorenzo, et le neveu de Francesco Guardi ! 

Jésus condamné à mort, et Jésus chargé de la Croix.

GianDomenico a beaucoup travaillé avec son père à Santa Madonna dell'Orto.

Jésus tombe pour la première fois, et Jésus rencontre sa mère. 

Simon de Cyrène aide Jésus à porter la croix, et Véronique aide Jésus. 

La Véronique porte une tenue sublime. 

Jésus tombe pour la deuxième fois, et Jésus console les femmes pieuses, ici Tiepolo a peint les membres de sa famille.

A gauche, Elena sa fille, mariée à Francesco Guardi, puis à droite, de haut en bas, Angela Maria la cadette, Anna Maria la fille ainée, la petite Orsetta Gaspara, et derrière à droite, qui tourne la tête, Cecilia, sa femme. 

Jésus tombe pour la troisième fois, et Jésus dépouillé de ses vêtements (ces tableaux ne furent pas du goût de tout le monde, Tiepolo fut raillé pour ses couleurs brillantes et ses personnages très typés). 

Jésus cloué sur la croix.

Jésus mourant sur la croix, et le corps de Jésus descendu de la croix.

Jésus déposé au sépulcre, et Saint Philippe de Neri prêchant aux pauvres. 

A gauche, Saint Philippe en prières.

Au plafond, les anges de la gloire. 

La Résurrection. 

Le dôme au-dessus de l'autel.